Chapitre 27
— Non.
Ilgog cilla, décontenancer. Kana avait répondu sans hésiter à sa requête, pire... elle avait soudain l'air embarrasser, comme s'il venait de demander à une vierge effaroucher de baiser. Elle s'écarta de lui et il la laissa faire, confus. Qu'avait-il fait de mal ? Elle avait demandé un rencard, elle était d'accord avec ça pourquoi ce revirement soudain.
— Je ne comprends pas, admit-il.
Elle porta la main à sa bouche, comme pour cacher son embarras.
— Je ne danse jamais au premier rencard, grommela-t-elle finalement.
— Pardon ?
Elle serra les poings et croisa les bras, avec l'air scandalisé.
— Je ne danse jamais à deux au premier rencard, c'est juste... c'est un truc de serpent d'accord ?
Ah, il avait donc fait un impair d'ordre culturel. Ilgog n'avait pas vraiment eu le temps pour un cours accéléré de culture ophidienne.
— Pardonne-moi, trésor, je ne voulais pas te scandaliser, je l'ignorais.
— C'est idiot, souffla-t-elle. Mais pour nous, danser à deux est plus intime que coucher, c'est... c'est créer une connexion avec l'autre personne, on ne fait pas ça au premier rencard.
Ilgog aurait accepté son refus sans justification, mais il hocha tout de même la tête.
— Je comprends.
Kana sembla soulager et hésita une seconde avant de s'avancer vers lui. Elle posa deux mains sur son torse et poussa vers l'arrière. Ilgog mit une seconde à comprendre avant de reculer, jusqu'à ce que ses genoux butent contre une chaise.
— Assieds-toi, ordonna-t-elle en se léchant nerveusement la lèvre supérieure.
Il obéit et elle lui fit poser les mains sur l'accoudoir en les serrant doucement, puis elle s'éloigna. Il crut l'entendre marmonner un « je regrette de ne pas avoir mis cette fichue robe » qui le fit sourire. Ilgog savait qu'en choisissant une robe pour Kana, il y avait de grandes chances qu'elle la refuse, mais il l'avait quand même fait. Il ne voyait pas d'autre moyen de lui offrir une robe de son peuple autrement, et avait espéré que l'envie de la porter dépasserait son ego. Mais ça n'avait pas été le cas, malheureusement, il adorerait la voir habiller de couleur plutôt que du noir de deuil qu'elle abordait depuis qu'il la connaissait. Kana était faite pour porter des arcs-en-ciel.
Elle s'arrêta au milieu de la piste et leva les mains pour défaire son chignon. Ses cheveux se déployèrent sur ses épaules, d'épaisse mèche chocolat qui serpentait doucement jusqu'au milieu de son dos. Elle lui donnait envie d'y plonger les doigts pour les peigner et en sentir leur douceur et leur poids.
Lorsque Kana commença à déboutonner son chemisier, il resta interdit.
— Kana... souffla-t-il la bouche soudain sèche.
— Ça va, reste assis.
Elle jeta son chemisier sur une chaise, dévoilant un soutien-gorge noir, simple et élégant. La plupart des changelines ne portaient pas de soutiens-gorge pour des tas de raison, mais ça ne semblait pas être le cas de Kana, et bizarrement, ça lui plaisait et le frustrait tout à la fois. L'habit cachait ses seins et les soulignait tout en subtilité.
Kana s'approcha de la table qu'il avait dressé pour elle, et attrapa le bout de la nappe dans un souple tissue noir. Ilgog se figea en s'avançant vers le bord de la chaise persuadé qu'elle allait tout casser, mais elle tira sur la nappe d'un coup puissant et sec et la libéra de sa vaisselle sans que celle-ci ne bougeât.
— Tu ne me fais pas confiance, gurmuso ?
Il eut un petit rire halluciné.
— Tu es pleine de surprise, trésor.
Elle lui fit un petit clin d'œil et enleva son pantalon. Ilgog oublia de respirer lorsqu'elle se débarrassa de ses chaussures et de son bas en deux temps trois mouvements, apparaissant en sous-vêtement que quelque seconde avant qu'elle n'attache la nappe au niveau de ses hanches, comme un paréo qui laissait une longue fente dévoilant sa jambe droite.
Kana était magnifique, mais c'était difficile d'ignorer les multiples cicatrices qui marquaient sa peau brune. Ilgog rêvait de pouvoir y passer les mains et la bouche, si ce n'est pour les effacer, au moins pour les rendre plus douces à porter.
Kana s'avança jusqu'à lui d'un pas chaloupé, remplie de sensualité et de danger, comme la vipère prête à attaquer qu'elle était et elle posa une main sur son torse, le repoussant au fond de son siège.
— Soit sage, ordonna-t-elle avec un petit sourire.
De la femme scandalisée à l'idée de danser avec lui, il n'y avait plus aucune trace. Il avait face à lui une femme qui pouvait mettre des rois à genoux, ce qui se dégageait d'elle en cet instant était à couper le souffle et c'était avant qu'elle se place au centre de la scène improvisé, et fasse signe au musicien de jouer.
Ilgog oublia de respirer. Lorsque les premières notes résonnèrent dans la pièce et que Kana commença à danser. Lentement tout d'abord comme si c'était son corps qui influençait la musique, et non pas l'inverse.
Au début, elle bougea doucement, une ondulation de ses hanches, une flexion de ses bras, ses doigts effleurant l'air comme s'ils cherchaient quelque chose d'invisible. Les pointes de ses pieds nus effleuraient le sol, et ses mouvements s'intensifièrent peu à peu.
La lumière tamisée de la pièce soulignait la courbe de ses épaules et la ligne de son cou. Ses cheveux, légèrement décoiffés, flottaient autour d'elle à chaque tour qu'elle esquissait.
Et puis, elle ferma les yeux. Sans la contrainte du regard extérieur, elle dansait comme si elle était seule au monde. Comme elle ne l'avait pas fait depuis des années, il le devinait. Ses bras s'élevèrent au-dessus de sa tête dans une arabesque élégante, ses hanches ondulaient comme mue par une volonté propre, ses pieds glissèrent sur le sol en un rythme envoûtant, et tout en elle semblait vibrer d'une vie qu'il n'avait jamais vue auparavant.
Ilgog avait entendu parler des danses serpentines, de leur élégance, de leur sensualité, mais la rumeur était bien fade face à ce qu'il voyait. Le corps de Kana était une œuvre d'art en mouvement, qui accélérait un peu plus, elle commença à tournoyer, ses pas précis guidant une course endiablée qui faisait voler ses cheveux et sa jupe.
Ilgog n'aurait su dire combien de temps il resta à la regarder, incapable de détourner les yeux. Le monde autour d'eux s'effaça, et il ne resta que cette scène, cette alchimie entre la musique et Kana.
Lorsque la musique ralentit et s'éteignit finalement, elle s'arrêta et tomba à genou juste face à lui. Sa poitrine se soulevait légèrement sous l'effet de l'effort, et ses yeux brillèrent lorsqu'elle les ouvrit à nouveau. Sa jolie peau sombre était voilée de sueur sous l'effort. Elle croisa son regard, et un sourire naquit sur ses lèvres, comme si elle savait exactement l'effet qu'elle venait de produire.
Ilgog, lui, n'avait toujours pas respiré, les mains si fermement accrochées aux accoudoirs de sa chaise. Il comprenait mieux pourquoi elle les y avait appuyés. Bordel, il pourrait provoquer une guerre pour cette femme. Il déglutit difficilement en prenant une respiration douloureuse.
— Merci, coassa-t-il difficilement.
Kana gloussa, elle rayonnait, comme si danser avait réveiller quelque chose en elle qu'il n'avait jamais vu.
— Traditionnellement, l'homme vénère la femme pour la remercier de la danse, souffla-t-elle en se relevant et en tapotant ses lèvres du bout du doigt.
Ilgog se leva et réalisa qu'il était à l'étroit dans son pantalon. Le sourire de Kana s'élargit, cette petite allumeuse était contente d'elle. Il sourit à son tour et tendit une main pour l'inviter à rester près de lui.
— Tu veux que je t'embrasse, Kana ? demanda-t-il pour être sûr.
Elle déglutit, puis hocha la tête.
— Oui. Je ne pourrais pas me l'expliquer, mais tu m'attirer, Ilgog, ça me rend folle. Je veux surmonter mes peurs. Avec toi.
Il tendit une main pour remettre une de ses mèches derrière son oreille.
— Certaines choses ne s'expliquent pas.
Il glissa les doigts le long de l'arrêté de sa mâchoire jusque sous son menton et lui fit relever la tête vers lui. D'un regard il s'assura de son consentement avant de se baisser vers elle. Les lèvres de Kana étaient douces et chaudes, mais elle, elle était raide.
— Kana, gloussa-t-il contre sa bouche. Laisse-toi aller, trésor.
— Je ne veux pas te mordre, hoqueta-t-elle.
— Je n'ai pas peur, ai confiance en toi.
Elle soupira et hocha la tête.
— Ferme les yeux.
Elle obéit et il sourit de plus belle avant de revenir caresser ses lèvres avec les siennes, aussi léger qu'un papillon. Il le fit plusieurs fois jusqu'à ce qu'elle se détende, puis il l'embrassa brièvement avant de reculer et de venir lécher du bout de la langue sa lèvre supérieure. Encore un baiser, et il mordilla la lèvre inférieure. Elle fondit entre ses bras et il l'attira plus près de lui, pressa ses lèvres contre les siennes et cette fois-ci, elles l'accueillirent avec délice et l'entrouvrir doucement pour lui.
— Bonne fille, ronronna-t-il.
Elle se raidit instantanément et lui marcha volontairement sur le pied. Ilgog gloussa parce qu'avec ses petits pieds nus, elle ne lui fit pas du tout mal, mais perdit l'équilibre et il en profita pour l'attirer plus près de lui. Ilgog l'embrassa encore, mais avec plus de force et d'autorité et elle répondit avec tout le piquant de son caractère. Ses lèvres avaient un goût de sel et de bonbon.
Ilgog se redressa et tourna la tête vers le musicien. Il siffla pour attirer son attention et lui jeta une bourse pleine de pièces.
— Referme la porte en partant.
Il ne demanda pas son reste et fila aussi discrètement qu'il était arrivé.
— Plus de musique ? souffla Kana.
— Pas pour la suite.
Il lui prit la main et l'attira vers la petite estrade à moitié plongée dans le noir. Il alluma une lumière électrique qui en éclaira le centre, et se plaça de sorte à voir la réaction de Kana face à son cadeau. Elle écarquilla les yeux de stupeur et un rire incrédule lui échappa.
Sur la scène se tenait un trône en métal couvert de confortable coussin de velours rouge.
— Tu m'as demandé de te vénérer, ma reine, alors voici ton trône.
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Je sais exactement ce que vous allez dire X) oui je coupe au meilleur moment, mais croyez moi quand je vous dit que vous préférez que je coupe maintenant plutôt qu'au milieu du prochain chapitre !
J'espère quand même que ce chapitre vous a plus ! J'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire personnellement ! :)
Kiss
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