Il n'y avait rien de pire que l'inaction. Kana ne supportait plus d'être ainsi désœuvré. Elle en venait à détester Ilgog d'avoir réveillé son envie de vengeance pour finalement la plonger dans l'impuissance.

Ils ne pouvaient pas aller à l'Underground, l'arène de combat clandestin, car il se trouvait trop profondément sur le territoire des Lucav, et s'y rendre sans autorisation était une déclaration de guerre. Kana avait proposé d'y aller sans Ilgog, mais celui-ci avait été sans appel. Kana avait déjà tenté de la jouer solo et elle avait failli se faire prendre, elle comprenait qu'elle ne pouvait pas y aller seul. Ça ne rendait pas la situation moins frustrante.

Anya avait repris du service, et chaque jour elle faisait un rapport sur la situation, pour l'instant, leur proie n'avait pas été vue là-bas, de toute façon. Ilgog faisait les démarches pour avoir l'autorisation d'aller jusqu'à l'Underground. Et elle... elle faisait des services au restaurant, et lisait, à défaut de dormir.

Les souris d'Ilgog avaient des lectures... vraiment scandaleuses. Et addictive.

Et c'est pourquoi, à défaut de se venger, elle se retrouvait assise dans l'appartement de Kady, sur un pouf rose bonbon, entourer d'une dizaine d'autres souris, dont Anya et Constance, d'autre serveuse, mais aussi quelqu'une qu'elle ne connaissait pas, en train de débattre du roman qu'elles avaient lu.

Enfin, les souris débattaient et Kana les écoutait parler sérieusement de l'intrigue de cette romance, comme si les personnages étaient réels en se demandant comment elles pouvaient être aussi détendues en sa présence. Mais aucune ne lui avait fait sentir qu'elle n'était pas la bienvenue, et une inconnue – Kana ne se souvenait pas de son nom – lui avait même proposé une boisson chaude.

— Sauf que si, son comportement à la fin est ultracohérent par rapport au personnage, puisqu'il est dit dès le début qu'il est du genre à se flageller, qu'on aime ou qu'on n'aime pas, c'est son caractère et c'était dit ! T'es pas d'accord Kana ? l'interpella Kady.

Kana cligna des yeux et revint au moment présent. Les souris la regardaient comme si soudain son avis était la chose la plus précieuse au monde.

— Euh... ouais ? je crois.

Kady lança un regard victorieux à Anya qui fit un mouvement de la main impatient, vaincue.

— Allez, il est déjà tard, soupira Kady.

En moins de temps qu'il fallait pour le dire, la dizaine de petites souris piaillèrent et babillèrent en ramassant leur affaire, parlant déjà du livre qu'elles liraient pour la semaine prochaine, et en moins de temps qu'il fallait pour le dire, l'appartement fut vidé.

Kady attrapa un feutre noir sur son bureau et fit signe à Kana de sortir. L'appartement de la petite souris était au même étage que celui d'Ilgog, et Kana se demanda pourquoi elle sortait.

— Tu vas faire quoi avec ça ? osa-t-elle demander.

Les souris ne s'embarrassaient pas trop de savoir-vivre, avait remarqué la vipère. Quand elles voulaient savoir quelque chose, elle posait la question et après avoir subi un interrogatoire sur sa relation avec Ilgog, elle savait qu'elles étaient d'horrible petite fouineuse.

— Je vais dessiner sur le visage de Neo, tu sais qu'il continue de dormir dans la salle du restaurant ? C'est ridicule.

Des petites fouineuses très honnêtes, songea Kana en riant intérieurement. Quelque temps plus tôt, elle aurait pu s'inquiéter pour Kady, après tout, Neo restait un prédateur dangereux et elle, une petite chose fragile, mais elle savait maintenant qu'elle devait plutôt avoir pitié de Neo.

— J'espère qu'il ne l'aura pas effacé d'ici demain.

Le sourire de Kady se fit diabolique et elle lui fit un signe de main alors que Kana entrait dans l'appartement. Elle en fit rapidement le tour, surprise de constater qu'Ilgog n'était pas là. Il ne lui avait pas dit qu'il était occupé ce soir-là...

Kana secoua la tête, ils n'étaient pas en couple, il ne lui devait rien, il n'avait même pas donné suite à sa demande de rencard, ça faisait deux jours.

Kana alla jusqu'à la chambre, et fut surprise de découvrir une grande boîte rectangulaire sur le lit, agrémenter d'une petite note.

Son cœur accéléra et elle prit le papier. Pas de fioriture, une écriture très simple qui disait simplement « Rendez-vous dans la grande salle à 21h30 »

Il était 21h. Elle ouvrit la boîte et en tira une robe, et son cœur fit un bon. C'était une robe au multiple jupon de patchwork au couleur de l'arc-en-ciel, avec un corsage orange vif brodé de feuillage et deux petites bretelles qui tombait sur les épaules. C'était le genre de robe que portaient les serpents et celle-ci était particulièrement belle. Un élan de nostalgie la prit en ce souvenant des robes qu'elle portait dans son nœud, et des souvenirs plus anciens de jour heureux d'été, où elle s'endormait blottir sur les jupes de ses mères.

Elle enfouit son visage dans le vêtement, se laissant aller une seconde à son sentiment avant de le reposer. L'attention était charmante, mais Ilgog pouvait se brosser s'il pensait pouvoir l'habiller comme une poupée. Question de principe.

Kana se contenta de mettre la robe sur un cintre et d'aller se rafraîchir dans la salle de bain avant de descendre en pantalon et débardeur noir dans la salle. Pas de Kady ni de Neo, d'une façon ou d'une autre, Ilgog était parvenu à se débarrasser d'eux. Peut-être même que Kady était dans le coup.

La salle était plongée dans le noir, et quelques bougies disséminés à des endroits stratégiques et un lustre éclairait le centre, libérer de toutes ses tables sauf une, dressé pour un repas à deux. Un rencard. Ilgog lui avait préparé un rencard.

Il se tenait près de la table, vêtue d'une chemise blanche et d'un pantalon noir, il était très beau, surtout avec la lueur de contrariété dans son regard en constatant qu'elle n'avait pas mis la robe. Kana sourit.

— Salut, dit-il en lui tendant une main.

Comme aimanté, elle glissa les doigts dans les siens alors que rien ne le justifiait.

— Salut, souffla-t-elle.

Les notes d'une musique s'élevèrent de nulle part et Kana sursauta, fouillant la salle du regard jusqu'à voir sur l'estrade des musiciens à moitié plonger dans le noir le garçon qui jouait de la musique dans la rue. Il maniait son accordéon comme personne, sur un air assez lent pour être apaisant, mais qui lui donnait quand même envie de danser. C'était le genre de musique qu'elle entendait chez elle.

Ilgog avait donc fait ses recherches, songea-t-elle.

C'était adorable de sa part.

Il glissa une main dans le creux de ses reins, attirant son attention d'une simple pression de ses doigts.

— Je me suis dit que tu aurais peut-être envie de danser... avec moi ?

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J'ai tellement imaginer le prochain chapitre que j'ai trop hâte que vous le lisiez !

D'ici là, j'espère que ce chapitre vous à plus ! Moi j'ai adorer l'écrire !

Et je vous dis à très vite pour la suite !

Kiss