Chapitre 25.

Kana était stupéfaite de sa propre audace, quelques heures après, lors de son service du soir. Elle n'arrivait pas à croire qu'elle ait osé réclamer un rencard et qu'Ilgog ait juste dit « d'accord ». Rien de plus, et leur petit-déjeuner avait repris normalement comme si la veille elle ne s'était pas frottée contre lui sur son canapé.

— Kana, tu es distraite, fit remarquer Kady, un plateau plein de verre vide calé contre sa hanche.

Kana secoua la tête. Super, elle se laissait aller à des rêvasseries comme une midinette de quinze ans ! Elle avait passé l'âge !

— Ce n'est rien j'ai juste...

La voix de Kana s'éteignit dans sa gorge lorsque la clochette de la porte d'entrée du restaurant sonna, laissant entrer un visage qu'elle connaissait bien. La bile lui monta dans la gorge alors que son cœur faisait un arrêt, glaçant son sang. L'homme entra, il ne l'avait pas encore vue, il portait des vêtements simples, de civil, ses cheveux bruns soigneusement coiffés. Il avait changé, la dernière fois qu'elle l'avait vu, son visage était sali de sueur, sa coiffure défaite et sa moustache broussailleuse.

Et son uniforme de soldat, à moitié défait.

Le plateau de Kana se fracassa au sol et, enfin, il la regarda.

Si Kana avait été moins tétanisé, elle aurait pu lire les diverses émotions sur le visage de son violeur, un soldat parmi d'autre, mais un soldat plus intelligent que les autres, mais elle ne le vit que tourner les talons et fuir.

Et quand une proie fuit, un prédateur le poursuit. Kana se lança à sa poursuite sans écouter ce que Kady lui hurla. Elle surgit dans le froid de la nuit, mais il avait déjà tourné, elle s'élança dans une ruelle puis une autre, mais aucun signe de ce mirage... il avait disparu.

Le souffle court créant de la buée devant son visage, Kana tourna sur elle-même.

— Kana ?

Elle sursauta en entendant Kady, qui l'avait suivi.

— Ça va ?

Tâchant de reprendre son souffle, elle secoua la tête.

— J'ai cru voir quelqu'un...

— Je l'ai vu aussi, viens.

Kady lui prit la main et l'emmena jusqu'au restaurant, la faisant entrer par la porte de derrière.

— Qu'est-ce qui se passe ? demanda Ilgog en surgissant.

— On ferme le restaurant, annonça Kady.

Ilgog fit immédiatement demi-tour et tonna si fort que le restaurant fut fermé en quelques minutes seulement.

Une heure plus tard, Kana, Kady et Ilgog étaient regroupés dans une petite pièce à l'arrière du restaurant, entourés des autres souris qui travaillaient ou vivaient dans le quartier. Celle qui était en mission n'avait pas pu revenir, mais elles seraient briefées par le bouche-à-oreille. L'atmosphère était tendue, une énergie nerveuse emplissant la pièce alors que Kana expliquait, avec des mots hésitants, mais une détermination farouche, ce qui s'était passé.

Comment en était-elle arrivée là ? À faire confiance à Ilgog pour l'aider à vaincre ses démons, et aux souris pour lui transmettre des informations ?

— Il faut que nous trouvions cet homme, dit Kady en répartissant du papier et des crayons sur la table. Il est un danger pour Kana et potentiellement pour d'autres.

Le cœur de Kana se serra lorsque tout le monde hocha la tête, comme si ça allait de soi qu'elles l'aideraient. Ilgog croisa les bras, son expression fermée. Il était rare de le voir aussi grave.

— D'accord, commença-t-il. Kana, décris-le-nous aussi précisément que possible.

Kana inspira profondément. Ses mains tremblaient alors qu'elle attrapait un crayon.

— Il... il a des cheveux bruns, soigneusement coiffés, mais pas trop courts. Il était propre... Pas de barbe, mais une moustache fine, pas comme avant. Avant, elle était... broussailleuse, sauvage. Ses yeux... Je crois qu'ils étaient noisette.

— Et son visage... Quelle forme? demanda une des femmes présentes.

Kana fronça les sourcils, visualisant son bourreau avec une clarté douloureuse.

— Anguleux, avec des pommettes saillantes. Il avait... un air sévère, même quand il souriait. Mais cette fois, il n'a pas souri. Il... il avait l'air terrifié. Comme s'il m'avait reconnue.

Les crayons grattèrent sur le papier tandis que Kady et deux autres femmes s'appliquaient à réaliser des croquis en fonction des détails que Kana fournissait. Kady faisait parfois un commentaire, puisqu'elle l'avait aperçu aussi. Le bruit était le seul son dans la pièce, mis à part le souffle rapide de Kana et les murmures entre certaines des femmes qui semblaient elles aussi reconnaître une partie de la description.

La porte s'ouvrit soudain, attirant tous les regards. Anya entra, un bandage frais encore visible sous son manteau. Elle s'appuyait légèrement sur une canne, mais ses yeux brillaient d'une énergie farouche.

— Vous avez besoin d'aide ? demanda-t-elle, jetant un regard circulaire à l'assemblée.

Kana se leva instinctivement, partagée entre soulagement et inquiétude.

— Anya, tu ne devrais pas être là, tu...

Anya leva une main pour la couper.

— Laisse tomber, Kana. Je vais bien. J'ai entendu les souris s'agiter, je n'aime pas être tenu à l'écart, vous savez. Maintenant, dis-moi ce qui se passe.

Kady lui tendit le croquis le plus abouti. Anya l'étudia en silence, ses yeux s'élargissant à mesure qu'elle reconnaissait les traits dessinés.

— Ce... ce salaud, murmura-t-elle, sa voix tremblante de colère. Je le connais.

Tout le monde dans la pièce retint son souffle.

— Où est-ce qu'on peut le trouver ? demanda Ilgog, son ton dur et résolu.

Anya releva la tête, son visage marqué par une rage contenue. Elle prononça lentement, comme si chaque mot était un coup porté à un ennemi invisible :

— Tu vas détester...

Kana sentit un frisson glacé lui parcourir l'échine.

— Où ?

— De l'autre côté de la ville... tu le territoire des Lucav.

Le silence qui suivit fut lourd, ponctué seulement par le bruit d'une chaise qui grince lorsqu'Ilgog se leva.

— Le Nébuleux ?

— Nan... l'autre.

— Cessez d'être aussi obscure et cracher le morceau, y'a quoi de si terrible du côté Lucav de la ville ? s'impatienta Kana.

— Les Lucav sont la famille de renard qui possède ce que je ne contrôle pas, expliqua Ilgog, mais ça, elle le savait déjà. Je fais dans l'information ils font... dans des choses plus immorales. Prostitution, combat clandestin, drogue. Pour un ancien soldat comme ce type, c'est les combats clandestins, Fox Lucav possède le Nébuleux, mais il ne verse que dans le combat clandestin, j'avais espéré... mais c'est l'arène de Zorro Lucav, l'aîné des fils Lucav, dont il est question. Et là-bas, c'est l'enfer, Kana.

Kana dégluti en hochant la tête.

— Mais l'enfer, je l'ai déjà vécu, rétorqua-t-elle. Et j'en suis devenu la reine.

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Allez, hop, la parenthèse bisous et câlin est terminé (elle reviendra roh, vous inquiétez pas) mais il est temps de faire un peu avancer l'intrigue vous en pensez quoi ?

Moi j'ai hâte !

Kiss


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