Chapitre 22

— Ramène-moi au campement, ordonna Kana en arrivant dans la salle vide du restaurant.

Kana ne paniquait pas. Elle était même super calme, son cœur battait vite parce qu'elle avait marché rapidement pour quitter le bureau d'Ilgog. L'instant de paix qu'elle avait ressentie entre ses bras n'avait duré qu'une minute, puis elle était partie précipitamment. Maintenant elle voulait juste s'éloigner, et... le campement d'Athos, sa meute, n'était pas la pire idée qui lui était venue à l'esprit.

Neo bondis presque de sa chaise où il s'était préparé à passer la nuit.

— Ça va ?

— Oui, ramène-moi.

Neo hocha la tête et jeta un coup d'œil dans la salle, mais elle était vide. Ils sortirent par la porte principale qui serait fermée dans quelques minutes et le trajet se fit dans le silence le plus complet.

— Est-ce qu'il ta... hésita Neo à l'entrée du campement.

— Non. Bonne nuit, Neo.

Kana se dirigea vers sa cabane, une petite construction bancale en bois, temporaire. Il n'y avait pas de verrou, mais elle n'avait pas d'affaire précieuse alors c'était sans importance. Elle se coucha sur la paillasse à peine confortable, et en serrant les cuisses, sentit l'humidité qui y résidait encore.

Ce qui s'était passé avec Ilgog avait été intense et elle ne voulait pas y penser. Mais le sommeil se refusait à elle et toute la nuit, elle regarda la porte.

Quand le soleil filtra à travers les planches mal assemblées de sa cabane, Kana s'aperçut qu'elle s'était quand même endormie, au bout du compte. S'étirant douloureusement, elle sortit. Le campement était en plein mouvement. L'espace où se tenait les habitations était entouré d'une haute clôture de brique et de braque, une piètre protection, le sol en terre battue était dépourvu d'herbe à force de passage et les quelques arbres qu'il y avait eu dans l'enceinte du lieu avait depuis longtemps était coupé pour alimenter le grand feu de camp au milieu. L'espace était d'une tristesse...

Kana reconnu sans peine ses camarades de meutes, des survivants, comme elle. Un rappel constant de son passé récent et de son enfer. Tarik la panthère discutait avec Neo le léopard, il releva la tête, sans doute alerté par sa présence. Plus loin Lilith la renarde marchait vers la forêt, suivit comme toujours de son ombre Hunter le jaguar. Et à quelque mètre de sa cabane, elle entendait le tchak régulier de Nikolaï, l'ours, qui coupait du bois. Kana fit la moue et se dirigea vers Tarik. Un jour, il faudrait parler de la place de Nikolaï dans leur meute, elle ne comprenait pas que son alpha le garde.

— Je suis content que tu sois rentré à la maison, Kana.

— Je ne reste pas.

Elle était partie de sa meute pour une bonne raison. Et si elle y était retournée, c'était parce qu'elle avait besoin d'un moment seul loin d'Ilgog pour comprendre ses émotions et ce qui s'était passé. Ça n'avait pas juste été... un moment intime. Ça avait été plus que ça, et cette nuit lui avait fait du bien.

Tarik n'eut pas l'air ravi.

— Tu ne peux pas vivre chez lui, Kana.

— Je peux faire ce que je veux, je suis libre.

Tarik grimaça.

— Oui, bien sûr, mais...

— Mais rien du tout, j'appartiens toujours à Athos, mais je n'ai aucune obligation de résider sur le territoire, tant que je reviens de temps en temps.

Tarik hocha la tête, résignée.

— Je veux juste que tu ailles bien.

Kana sourit. Tarik n'avait pas l'air d'aller bien, mais elle comprenait pourquoi. L'homme suivait une thérapie, pour se remettre de ce qui leur était arrivé. C'était tout à son honneur, la meute payait volontiers pour ça, malgré leur faible revenue. C'était de toute évidence un chemin difficile qu'il avait emprunté, mais il avait de bonnes raisons de le faire : la femme qu'il aimait était partie. Il ne pouvait la récupérer que s'il parvenait à surmonter ses démons.

— Ilgog me fait me sentir bien, murmura-t-elle.

Il eut l'air surpris.

— Une proie ?

— Je ne la ramènerais pas trop sur le sujet, si j'étais toi. C'est toi qui nous as montré la voie.

Tarik ricana en passant une main à l'arrière du crâne.

— Elle me manque.

— Je sais, tu es très courageux.

— Et si elle ne voulait plus de moi ?

— Alors tu avanceras en sachant que tu as fait tout ce que tu pouvais pour aller mieux, pour toi avant tout.

Il hocha la tête et tendit la main, mais n'effleura pas tout à fait sa joue. Le cœur de Kana sombra, parce qu'elle savait que personne ici ne verrait plus jamais la femme qu'elle était, mais garderait en tête la créature brisée et violée qu'elle avait été.

— Reste autant que tu veux.

— Je repars ce soir.

Il acquiesça encore et repartie s'occuper de chose et d'autre. Kana aida de son mieux, esquivant Nikolai autant qu'elle le pouvait. Elle récupéra ses quelques vêtements pour les ramener chez Ilgog, alla ramasser de la nourriture – tout irait à la meute, elle n'avait pas l'intention de piocher dans leur pauvre réserve alors qu'elle se nourrissait gratuitement chez Ilgog. Gratuitement ? L'idée la laissa perplexe. Elle allait devoir demander à Ilgog ce qui lui en coûtait de vivre sous son toit et de manger sa nourriture.

Quand il fut l'heure, elle se prépara pour partir, mais Lilith l'interrompit. De toutes les personnes qui s'en était sortie, Lilith était la seule autre femme, ce qui les avait naturellement poussés à être amie. Et Kana savait exactement pourquoi elle venait la voir.

— Non.

— Non ?

Kana secoua la tête pour appuyer son refus.

— Tu n'as pas besoin de prendre la relève, Lilith, je gère, dit-elle.

Quand la dette avait été contractée auprès d'Ilgog, Lilith avait la jambe cassée. Elle avait promis qu'une fois guérie, elle prendrait la suite de Kana, mais... Kana ne voulait pas renoncer à sa place auprès d'Ilgog. C'était son travail, maintenant.

— Mais Kana...

— Profite de tes nuits avec ton gros chat, se moqua-t-elle d'un ton léger. Je connais le job maintenant, ce serait une perte de temps d'échanger, surtout que tu as un travail, et je pourrais ne pas en trouver.

Elle eut l'air soulagée et Kana sourit tendrement. Lilith n'avait pas eu de poison pour se protéger, elle...

— Comme tu veux... juste... c'est quoi, ça ? demanda Lilith en tapotant sa propre gorge.

Kana écarquilla les yeux en posant vivement la main sur son cou, là où Ilgog l'avait embrassé à défaut de ses lèvres. Il n'avait quand même pas...

— Hum... demande à Hunter ! Je vais être en retard, rougit Kana en s'éloignant rapidement vers Néo.

Est-ce que Tarik l'avait vu ? Et Neo ? Si Ilgog lui avait laissé un suçon, il allait en entendre parler.

— Ramène-moi à la maison.

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Hello vous !

J'espère que ce chapitre vous à plus ! Je me suis bien amuser à l'écrire !

Pour rappel en ce moment il y a un calendrier de l'avent sur mon instagram dans lequel je vous livre, entre autre, plein de petit secret, alors n'hésitez pas à venir faire un tour ! C'est anna.ariabinsky.auteure !

Kiss


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