Chapitre 11
Kana dévala les marches qui menaient au restaurant. Elle était en retard pour le service du midi. À défaut de rentrer au campement et d'aider là-bas, Kana avait pris un service supplémentaire le midi, se reposant trois heures avant le service suivant du soir. Ça lui évitait de ressasser sa lâcheté et elle ne supportait plus l'inaction, après deux ans d'enfermement dans un endroit sombre d'où on ne la sortait que pour se battre ou la violer, elle préférait ne pas rester sans rien faire.
— Kana, appela Ilgog en sortant de son bureau alors qu'elle nouait son tablier blanc de soubrette – cette tenue était vraiment ridicule.
— Quoi ?
— Dans mon bureau, maintenant.
— Je suis en retard, souffla-t-elle.
— Maintenant, Kana. Chaque seconde d'attente est une heure supplémentaire sur ton contrat.
Elle ne put retenir un hoquet de frustration et elle lui emboîta le pas dans son bureau en marmonnant un « enfoiré ».
— Je t'ai entendu.
— Je ne cherchais pas à être discrète, grommela-t-elle en fermant la porte derrière elle.
Curieusement, être enfermé avec Ilgog ne l'effrayait plus. Elle observa la pièce, c'était la première fois qu'elle y mettait les pieds et en y réfléchissant, ça l'étonnait un peu. Ilgog n'aurait-il pas dû l'emmener ici pour signer son contrat ? Mais non, ils l'avaient fait dans la grande salle. En fait, c'était même Kady qui lui avait fourni le contrat et Ilgog était resté derrière le bar.
Kana fronça les sourcils à ce souvenir en détaillant la pièce. Austère avec une petite fenêtre en hauteur, une bibliothèque et un bureau encombré avec une simple chaise en bois derrière.
— Un problème ? demanda Ilgog après l'avoir laissé observer les alentours.
— Où est ton trône ?
Il cilla.
— Mon trône ?
— Ouaip, je ne sais pas, pour un homme qui passe son temps à se vanter de son pouvoir sur cette ville, je m'attendais à ce que tu aies un, tu sais, une salle avec un piédestal et un trône sur lequel tu sièges quand tes espionnes viennent te faire leur rapport ?
— C'est une idée ridicule. Je ne suis pas là pour siéger sur un trône bêtement, je prends mes rapports là où mes souris me trouvent quand elles ont des informations. Je suis trop occupé pour les attendre quelque part.
Kana renifla et contourna le bureau pour s'asseoir sur la pauvre chaise, les pieds sur le meuble.
— Ah, en fait tu voulais juste t'asseoir sur mon trône, si j'en avais eu un.
— Démasquée, se moqua-t-elle.
— J'en achèterais un juste pour t'y asseoir, plaisanta-t-il.
L'image d'Ilgog la poussant à s'asseoir dans un trône avant de s'agenouiller entre ses jambes pour la vénérer et... oh ! Elle battit des cils en dévisageant Ilgog qui la regardait tout aussi intensément. Avait-il pensé à la même chose ? Non... improbable, Ilgog ne voulait pas d'elle, elle était trop... salie.
— Tu me voulais quoi ? Je te rappelle que je suis censé prendre mon service, alors ne t'avise pas de me rajouter des heures alors que c'est toi qui me retiens ici ! grommela-t-elle.
— Ton homme existe, mais ça fait longtemps que personne ne l'a fréquenté en dehors de son cercle intime. Il ne sort presque pas, personne ne sait où il habite, mais il a des espions. J'ai des infos et une idée pour le débusquer, mais elle ne va pas te plaire.
Kana s'était figé dès les premiers mots. Elle ne s'était pas attendue à ce qu'il lui apporte réellement des informations et maintenant, elle ne savait qu'en faire.
— Sir Réginald était paranoïaque, ça ne m'étonne pas, marmonna-t-elle en retenant la nausée qui lui montait dans la gorge.
Ça lui était arrivé de lui parler, après... après. C'était déjà humiliant d'être son jouet, mais quand il faisait comme s'ils étaient un couple, alors qu'elle était encore soumise au lien, le corps souillé, c'était pire que tout. Parce que Sir Réginald lui parlait comme à une vraie personne, ça signifiait qu'il reconnaissait ses capacités de réflexion, ne la voyait pas comme une esclave ou un animal. Il s'était plu à lui rappeler son existence, qu'elle n'était pas qu'un corps, mais un être doué de conscience et que malgré tout, elle était à sa merci. C'était ça qui le faisait bander.
— Kana ça va ?
Elle serra les dents et reposa ses pieds à terre, se sentant soudain vulnérable. Elle détestait ça.
— OK, et c'est quoi le plan ?
— J'y ai longuement réfléchi, et je le déteste déjà, mais les rumeurs prétendent qu'il est adepte du contrôle. Il a préféré tuer sa femme que la laisser retourner vivre chez sa mère, il déteste perdre ce qu'il considère comme lui appartenant.
— Viens-en au fait, je n'ai pas toute la journée.
Ilgog soupira en passant une main sur son crâne.
— Je pense que si tu joues les appâts, il ne résistera pas à l'envie de te récupérer, admit-il.
Le cœur de Kana tomba dans ses talons alors qu'un frisson d'horreur la secouait.
— Ton plan, c'est de me remettre entre ses pattes ? haleta-t-elle d'une voix plus aiguë que la normale.
— Non, s'écria-t-il furieux. Certainement pas.
— Je sais pas si tu réalises à quel point ce type est un sociopathe ! À l'instant où il mettra la main sur moi il... il...
— Je sais, gronda Ilgog en faisant un signe de main apaisant.
— Non, tu ne sais pas ! Tu ne sais rien ! Il est hors de question que je me livre à ce type parce que je ne pourrais pas m'enfuir cette fois ! Il sera super prudent, je ne pourrais jamais le vaincre sur son terrain.
Kana avait conscience qu'elle devait avoir l'air hystérique, mais elle n'arrivait pas à croire qu'Ilgog puisse ne serait-ce que suggéré l'idée.
Il traversa à ce moment-là la pièce et attrapa son visage entre ses mains. N'importe qui aurait fait ça se serait fait mordre sur le champ, mais la vipère de Kana se figea à son contacte, attentive, forçant Kana à l'être aussi.
— Jamais, écoute-moi bien, trésor, jamais je ne laisserais ce sale type effleurer ne serait-ce qu'un seul de tes cheveux. Je le tuerais cent fois avant qu'il n'ait pu te regarder. Mais je ne sais pas où il vit, et la seule chose qui peut le faire sortir de l'endroit où il se terre, c'est toi.
Kana prit une grande inspiration, essaya de calmer les battements paniqués de son cœur pour se raccrocher à sa raison, à sa logique. Ilgog n'avait aucune raison de lui mentir, elle ne pourrait pas rembourser sa dette si elle retombait entre les mains de Sir Réginald. Sauf si...
— Tu as l'intention de me vendre pour rembourser la dette de ma meute ? siffla-t-elle.
La main qui enserrait son visage se resserra brusquement et il prit un air sombre et dangereux qui fit faire un looping à l'estomac de Kana.
— Je monnaie des informations, gronda-t-il tout bas. Pas des gens, je ne suis pas un putain d'esclavagiste.
Elle le croyait. Elle le voyait dans ses yeux et une part incompréhensible d'elle lui faisait confiance.
— D'accord, souffla-t-elle avant de dégager son visage. Alors c'est quoi le plan, comment tu forces un homme à sortir de son trou ?
Ilgog parut se détendre et elle songea que ce plan ne semblait plus le déranger tant que ça quand il s'appuya contre le bureau, les bras croisés et un sourire taquin aux lèvres. Oh, elle allait le détester, c'était sûr.
— Eh bien, chère Kana, en t'emmenant en rencard.
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Oh, j'aime toujours autant leur dynamique...
C'est mon dernier jour en Polynésie ! (ceux qui me suive sur le réseaux savent !) le prochain chapitre sera donc publier depuis la France et avec un peu de chance, je gérerais mieux mes horaires que depusi que je suis en vacance (haha c'est assez amusant parce qu'en fais, on sait bien que non X) autrice en retard vous savez)
Bon, c'est pas le sujet ! J'espère que ce chapitre vous aura plus ! Moi je me suis bien amusée en l'écrivant ! Et je vous dis à la semaine prochaine !
Kiss
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