Chapter 34

Evana,

J'avais la gorge nouée alors que j'étais installé inconfortablement sur mon siège, faisant face à mon grand-père qui semblait ailleurs, les yeux concentrés sur son journal, le Irish Independant.
Ses lunettes retombaient sur le haut de son nez et sa moustache lui donnait un air beaucoup plus froid qu'il n'en était. Mon regard se portait sur la pendule préhistorique qui était accroché sur le mur en pierre du salon. Dans la cheminée, le bois craquait sous les feux qui dansaient, je commençais à avoir chaud. J'otais mon écharpe et avalais durement ma salive, dans quelque minutes, Dario allait débarquer mais je n'avais encore pas partagé un mot avec Papy. J'avais assuré Dario que je voulais discuter avec mon grand-père avant qu'il n'annonce qu'on sortait ensemble et qu'en plus de cela, Dario comptait nous emmener à Londres avec lui.
Des gouttes perlaient sur mon front, je prenais une gorgée de mon café maintenant refroidit, en bougeant inconsciemment la jambe, stressée comme je suis, je n'arrivais pas à m'en empêcher.

— Papy, je....
À peine avais-je commencé qu'il me répondait.

— Tu sors avec ton ex-mari n'est-ce pas ?

Dis comme ça, c'est très bizarre.

Comment-tu à su ? Je demandais.

— Il y a des signes qui ne trompent pas, il pointait ses yeux.

Je regardais ma main où ma bague avait repris place sur mon annulaire, je ne savais quoi lui répondre, il était la seule famille qui me restait et je ne voulais pas qu'une distance se crée entre nous à cause de mes décisions. Mon grand-père laissait son journal et ôtait ses lunettes qui pendaient à présent à son cou grâce à un filon auquel elle était attachée.

— Je sais que je n'étais pas très présent dans ta vie jusqu'à maintenant et qu'on se voyait que très rarement. Mais aujourd'hui, je suis près de toi et je suis prêt à te soutenir quelque soit ta décision.

Il avait posé une main sur la mienne et tapotait, j'étais au bord des larmes, il me soutenait vraiment...
Je l'avais enlacé et le remerciait, tout en pleurant.

— Ton père et ta mère ne sont pas là pour te voir heureuse, mais je suis là moi, je ne compte pas partir de ce monde sans te voir joyeuse.

— Parle pas comme ça papy, ne parle pas de mourir, je le grondais.

Il se levait et s'approchait de son grand meuble du salon, il sortait une clé de sa poche et ouvrait le tiroir où il en extirpait une boîte.
Il le déposait devant moi, sur la table et lorsqu'il l'ouvrait, un petit parchemin en cuir y apparaissait.

— Qu'est-ce que c'est ? Je lui demandais.

Il déballait le cuir et de petites fioles étaient rangés en lignes distincts avec des légendes en dessous, j'avais réussis à lire : Ambre, musc, bois....

— Je me base sur ces petits parfum pour créer les miens, je les ai moi-même cueillis et conçu en France. Je veux te les donner.

— Papy, je ne peux pas accepter ça, tu sais très bien que je travailles dans l'entreprise pour t'aider, je n'y connais pas grand chose en parfum...

— Tu es la seule personne à qui je fais entièrement confiance, la seule.

La femme de ménage débarquait dans le salon et me souriait avant de s'adresser à mon grand-père en lui annonçant la venue d'un invité.
Dario se tenait derrière la femme et me regardait sans retenue, un sourire se dessinait sur ses lèvres et il s'approchait de mon grand-père, il voulait lui serrer la main mais papy, lui, lui faisait une petite accolade. Dario paraissait surprit et je tentais de retenir un rire.

Dario lui avait apporté un vin français, son préféré. Et papy l'avait accepté alors que Dario se plaçait près de moi, papy le taquinait.

— Evana m'a parlé de votre réunion.
Il soutenait le regard de Dario.

— Écouter dans le passé il.....

— Non non non, je ne veux pas savoir ce qu'il s'est passé pour que vous divorciez, je ne me préoccupe pas d'avant. Je veux juste savoir si tu es à la hauteur de supporter ma fille, c'est un cadeau que son père et sa mère m'ont faite et je dois m'assurer qu'elle aille bien tu comprends ? Il lançait

— Oui monsieur.

Je n'avais jamais vu Dario aussi tendu, il avait prit ma main dans la sienne mais il me l'écrabouillait.

— On va un peu tester ta force et ta résistance si tu es d'accord ?

Attendez c'est une blague ? Papy ne m'a pas dit qu'il allait faire ça.

— Papy, mais on avait pas....

— C'est bon Eva, t'inquiète pas, m'arrêtait Dario.

Mon grand-père ordonnait à la femme de ménage de préparer quelques plats et pendant qu'ils soient prêts, il proposait à Dario de jouer aux échecs. J'ignorais qu'il savait jouer, alors qu'ils avançaient les pions, je les observais discrètement.
Mon grand-père était concentré un maximum et Dario me lançait des regards de temps en temps.

Désolé Dario, j'ignorais que ça allait prendre cette tournure...

Au bout d'une vingtaine de minutes, Dario prononçait ces mots dont je ne connaissais la signification :
— Échec et mat.

J'attendais de déceler leurs émotions pour comprendre qui avait gagné alors que les pions étaient posés sur les côtes du plateau.
Dario me fit un rapide clin d'œil et j'ai compris, c'était le vainqueur.

Les plats arrivèrent enfin et on sentait les épices dans toute la maison. Je prenais une cuillerée de ma soupe et c'était plutôt bon mais alors d'où venait ces odeurs ? Les assiettes de Dario venaient et je cernais, je jettais un regard interrogateur à mon grand-père mais pour toute réponse il me murmurait « Chut ».
J'avais prise ma tête entre mes mains en observant Dario avec pitié. Le poulet avait prit une couleur rougeâtre et la soupe avait une couleur plus foncée que la nôtre, j'arrivais à sentir les piments alors que j'étais à l'autre bout de la table.

Dario ne contestait même pas et mangeait, à chaque bouchée son visage se décomposait et il buvait de l'eau à chaque fois qu'il en trouvait l'occasion, c'est lui qui avait vidé la moitié de la carafe et je lui avais tendu un peu de pain pour apaiser sa souffrance, il devait brûler.

Son visage avait rougit et je commençais à avoir peur pour sa santé. Il avait même le hoquet et je me sentais mal pour lui.
— Papy, ça suffit, j'ai pas envie qu'il finisse à l'hôpital.

— T'en fais pas, il aura un dernier test et je le laisserais tranquille.

Il avait pointé du doigt les bouteilles d'alcool posé sur la table. Je secouais la tête pour le supplier mais il ne m'écoutait pas.

— Sers nous quelques verres Evana.

Je faisais ce qu'il me disait à contre coeur, on commençait par le champagne et j'étais serveuse toute la soirée. Après le quatrième verre j'avais arrêté de compter. Il était bientôt minuit et les dizaines de bouteilles étaient bien entamés.

Dario murmurait quelques mots et je ne comprenais rien, il parlait dans un langage d'extraterrestre. Ce qui était complètement incompréhensible.
Je l'avais accompagné jusqu'à le canapé et il marchait difficilement, les yeux mi-clos, il s'était assoupi. Pendant ce temps, papy enfilait sa veste et alors que je lui demandais où il allait, il m'affirmait qu'il avait oublié des choses dans son bureau et qu'il pouvait pas attendre demain.

— Papy, Dario veut m'emmener à Londres avec lui, je lui annonçais devant la porte.

— Si c'est là bas que tu seras heureuse, vas-y, il est plutôt résistant ton mari, du menton il désignait un Dario complètement saoul. Il a l'air de tenir à toi.

— Il est important pour moi.

Il m'assurait qu'il le savait et m'indiquait qu'on pouvait faire comme chez nous, la femme de ménage avait déjà quitté son travail depuis bien longtemps et c'est un de ses chauffeurs qui l'accompagnait jusqu'à l'entreprise.

Alors que je débarrassais le bordel qu'ils avaient semés, Dario m'appelait d'une voix enfantine. Ça ne collait tellement pas avec lui que j'en souriais.

— Dis-moi Dario, pourquoi tu as fais ça ? Tu n'as rien à prouver à personne, tu pouvais très bien refuser.

Il m'avait prit par la main et je m'étais assise sur le canapé alors qu'il me tenait la main, allongé sur celle-ci.

— Ça, c'est le problème des femmes, elles ne comprennent pas qu'on peut tout faire pour elles. Si je refusais, j'allais donner l'impression que tu en valais pas la peine, que je me serais défilé.

Il s'était redressé et plissais plusieurs fois les paupières pour pouvoir me regarder.

— Et j'en vaut la peine ?

— Je peux tout faire pour toi.
Il m'avait embrassé à pleine bouche et l'odeur de l'alcool me remontait au nez, il en avait tellement ingurgité et il tenait encore debout.

— Dario, je murmurais.

— Hmm ?

— Papy nous a donné le feu vert.

Il avait soudainement ouvert les yeux, comme s'il avait prit une douche froide. Il m'avait serrer dans ses bras et ne cessait de me déposer des baisers sur toutes les parties de mon visage.

— Je viens à Londres avec toi, je terminais.

Il avait finit par s'endormir dans mes bras.

Avis ? ❤️🥂

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