Chapter 24
Evana,
Je m'étirais avec le sourire au visage, pour la première fois depuis des mois, j'avais dormis sans faire de cauchemar. J'ignorais qu'une si petite chose pouvait me rendre aussi heureuse. J'avais oublié cette sensation que procurais corps qui se reposait !
Par contre, quelque chose n'allait pas, j'avais une crampe à la main. J'ouvrais soudainement les yeux, Dario était là, accroupi et endormi, sa main m'avait emprisonné. Ses cheveux étaient désordonnés et sa bouche était entrouverte, mon coeur battait nerveusement dans ma poitrine et j'hésitais à le réveiller ou non.
"Mademoiselle Hayz, voulez-vous prendre pour époux Monsieur O'Connor ?"
Je secouais la tête, en ignorant pourquoi ces flashbacks venaient me hanter. Je n'arrivais pas à croire que je mettais endormie dans ma chambre en la compagnie de mon ex-mari...
Le téléphone sonnait sur ma commode, j'essayais de le récupérer mais j'étais trop loin et une de mes mains était bloqué. J'essayais de m'approcher au maximum, il restait très peu de distance. Je jettais des coups d'œil de temps en temps pour voir si Dario était réveillé, j'étais près de Dario et à moitié recroquevillée sur moi-même et j'essayais d'attraper l'outil avec ma main gauche et j'y parvenais enfin. Mais ces yeux noisettes m'avaient vite repéré, comme un radar. Je n'arrivais plus à me détacher d'eux, son front s'était collé au mien et je me suppliais intérieurement qu'il ne fasse pas ça.
— Evana...
Ne murmure pas mon prénom comme ça.
— Evana, ton téléphone est entrain de sonner.
Je me levais soudainement en m'éloignant de lui pour répondre à l'appel.
— Oui, bonjour?
— Madame Hayz, c'est le Daly College, nous vous appelons pour vous dire que vos enfants...
— Qu'est-ce qu'ils ont ? Ils vont bien ? Je me précipitai.
— Ils vont bien mais vous feriez bien de passer ici, ils sont mêlés dans une dispute. Un de leur camarade se plain de douleurs abdominales parce que votre fils l'aurait frappé.
Je faisais les cents pas sous les regards interrogateurs de Dario.
— Je serais là bas d'ici une trentaine de minute.
Je raccrochais et prenais ma tête entre mes mains. Je ne devais pas craquer maintenant, pas devant lui.
Suis-je une mauvaise mère ? Qu'est-ce que je fais de travers bordel !
— Les enfants se sont disputés à l'école, je vais devoir aller parler avec leur professeur.
— Je t'accompagne, il me proposait.
— Non, je vais me débrouiller.
— Ce n'était pas une question mais une affirmation.
Qu'est-ce qu'il pouvait être chiant parfois !
Alors que Dario conduisait jusqu'à l'adresse que je lui avais communiqué, j'essayais de créer un monologue dans ma tête pour être assez crédible et pour que les enfants ne recommencent pas ces bêtises.
— Ce sont des enfants, bien sûr qu'ils feront des erreurs, ça ne fait aucunement de toi, une mauvaise mère.
Il sait lire les pensées ?
Arrivés devant le petit portillon de l'école, on se dirigeait vers le bureau des professeurs et toquait avant d'entrer. Cette dernière nous regardait derrière ses lunettes et ses sourcils nous prouvais son air de mécontentement. Elle nous installait et appelait les enfants de la salle d'en face où elle les avait gardé pour qu'ils se calment tous.
Léon et Arun, ainsi que deux autres enfants se mettaient en face de nous.
— Marcus et Ridyan sont venus me voir durant la récréation en me disant que Léon et Arun les avaient frappés. Marcus se plaint de douleurs au ventre et Ridyan a une blessure à la jambe, expliquait la femme d'une trentaine d'année d'un air fatiguée.
— Et vous avez demandé à Léon sa version des faits ? Demandait Dario.
— Pardon mais vous êtes..?
— Le père de Léon.
— Pourtant sur le dossier des enfants madame Hayz m'avait assuré qu'elle était divorcée, elle me fixait en tournant son stylo entre ses doigts.
Tu ne me fais pas peur, idiote.
— Je n'ai rien à vous justifier mais si vous êtes rongée par la curiosité, je peux vous dire que je travaille avec mon ancien mari et que nous sommes collègues, on s'entend à merveille. Pouvez-vous maintenant vous intéresser au cas des enfants ?
Son visage s'était décomposé, elle se raclait la gorge et arrangeait ses vêtements.
— Léon et Arun, s'ils s'excusent, je ne préviendrais pas les parents des deux autres enfants en vous laissant dans une situation délicate. Avec des excuses envers ces enfants, le sujet serait clos. Mais vos enfants sont têtues et ne veulent pas assumer leurs fautes.
Je regardais tour à tour, d'abord Léon puis Arun qui gardaient la tête baissée.
— Têtue ? Ça me rappelle quelqu'un, susurrait Dario.
Je lui écrasais le pied et il poussait un cri.
— Aïe ! Je parlais de moi-même, calme-toi ! Il me chuchotait.
— Arun, Léon, dites pardon à vos camarades de classes.
Ils refusaient de m'écouter.
— Si vous ne le faites pas, on reste ici jusqu'à la nuit. Vous me connaissez et vous savez que je ne blague pas.
Les deux garçons se regardaient et souriaient, j'aurais bien aimé leurs ôter leurs sourires ! J'étais convaincue que mes enfants n'avaient rien fait mais je devais quand même leurs montrer le droit chemin.
— Pardon, murmurait Léon et Arun le suivit.
~
— Maman, sérieusement ? C'est ça notre punition ? Se plaignait Arun.
— Arun m'a juste protégé maman, les garçons me dérangeaient et il les a tapé.
Des gants sur les mains, je ramassais les feuilles d'automne qui avaient décorés notre jardin.
— Ce n'est pas une raison pour taper quelqu'un, qu'est-ce que je vous ai appris ? On a dit pas de bagarre n'est-ce pas ? Pourquoi vous ne m'écoutez pas ?
Dario s'incrustait à la conversation comme d'habitude.
— Moi aussi je me suis beaucoup battu quand j'étais petit, j'étais un peu comme le Rocky Balboa de l'école, il lançait en mettant les feuilles dans le sac poubelle.
Je lui montrais mon poing.
— Mais ce n'est pas bien de ce battre les enfants, c'est très mal !
— Ils ont mal parlé à Arun ! On se défendait maman.
J'enlevais l'un de mes gants et posais ma main sur la tête d'Arun, en le questionnant sur ce qu'ils lui avaient dit, au début, il n'avait pas voulu me répondre mais il avait ensuite craché le morceau.
— Quand j'ai défendu Léon, ils m'ont demandé pourquoi je m'en mêlais, parce que j'étais pas son vrai frère, qu'on se ressemblait pas. Ils ont même dit que j'étais un clochard, mais tu sais c'est quoi le pire ? C'est que c'était vrai...
Face aux larmes d'Arun, je n'avais pas pu me retenir, j'avais moi aussi pleurée en le prenant dans mes bras. Ses mains chaleureuses m'entouraient et j'avais déposé de dizaines de baisers sur ses joues.
— Il ne faut pas avoir le même sang pour être frère Arun, ça vient du coeur. Vous ne vous ressemblez peut-être pas, mais vous êtes unis par les sentiments, puis Léon te considère comme son frère. N'est-ce pas Léon ?
— Oui papa.
Arun se détachait de moi pour aller dans les bras de Dario. Pour la première fois, il avait enlacé quelqu'un d'autre à part moi et Léon.
Il avait souvent du mal à faire confiance aux gens et n'était donc pas très tactile avec eux, mais il s'était directement réfugié à Dario.
— Vous êtes quelqu'un de bien, il constatait.
Léon lui balançait des feuilles dessus et Arun retrouvait son sourire et se laissait emporter à ce jeu. Ils courraient tout les deux et on les observait s'amuser avec Dario.
— Tu as sauvé ce garçon Evana, il était dans la rue et tu l'as sauvé.
— Il était mon espoir et j'étais le sien, c'est tout, qu'est-ce que tu as cru ?
Il passait une main dans ses cheveux.
— Je pensais que, tu sais, que c'était le fils de ton copain ou de ton conjoint.
J'eu un sourire dont j'ignorais la raison. Je recevais au passage des feuilles mortes et me fit pousser par l'un des enfants. Je glissais alors que le sol était encore humide à cause de la pluie d'hier, je m'étais rattrapée sur Dario et nos lèvres s'étaient frôlés.
Mais il ne m'avait pas laissé retomber en arrière et m'avait maintenue.
J'étais comme cette révolution d'un astre , j'avais beau faire un long voyage et aller loin, je revenais toujours au même point de départ. Dario.
Lorsque je l'avais vu quelques années plus tard, j'avais l'impression que mes cicatrices sont réapparus. Et pourquoi mon coeur continuait de l'accepter ? Et si ce n'était pas moi qui revenait mais lui ? Et si c'était nous deux ? Et si on se retrouvait ?
J'avais lié nos lèvres sans me préoccuper des conséquences.
Le vent criait alors que les feuilles voltigeaient sur nos têtes. Les oiseaux, les maisons, la planète entière était en plein sommeil, comme si seulement nous deux étions réveillés dans ce rêve irréel. Il faisait froid en ce mois d'août mais la chaleur brûlante de ses lèvres me protégeait de ce temps glacial.
— Pour l'amour d'une rose, le jardinier est le serviteur de mille épines...*
(*Proverbe turc)
Sa citation n'était plus qu'un murmure dans mes oreilles, ses mots ne me quittaient plus la tête et mon cœur était chamboulée. Il avait déposé un baiser sur mon front avant de me tourner le dos et s'en aller à l'intérieur de la maison.
Vos avis ?😍❤️
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top