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Bonjour à tous !
Voici la suite de Professeur de mon cœur ! :)
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— Veuillez pardonner mon retard. Bonjour, je suis Mr Tomlins...
Mais ce dernier s'arrêta soudain lorsque Harry se tourna vers le nouvel arrivant.
— Harry ?
— Louis ?
Un toussotement rompit ce silence devenu gênant. Le directeur regarda les 2 adultes devant lui à tour de rôle et osa enfin poser sa question.
— Vous vous connaissez ?
Mais personne ne lui répondit. Thomas fixait son père et son professeur, en souriant de toutes ses dents, tandis que ces deux derniers restaient de marbre en se dévisageant.
— Messieurs ? s'impatienta-t-il en haussant légèrement la voix.
Cela les fit revenir à la réalité.
—Hum, hum, toussota Louis en se tournant vers l'homme. Oui, nous nous connaissons. Nous allions à l'école ensemble, il y a bien longtemps.
Puis, pivotant de nouveau vers Harry :
— Il y a bien longtemps...
Et le silence s'imposa de nouveau. Voyant que ces deux-là pouvaient en avoir pour longtemps sans qu'il y mette son grain de sel, il se décida à prendre la situation en main.
— Bon, Mr Styles, si nous vous avons fait venir, c'était pour discuter du comportement insolent de votre fils envers son professeur.
Harry sursauta quelque peu suite à cette intervention et revint à la réalité. Il ignora dorénavant son ancien meilleur ami, et se concentra sur son fils. Ce dernier baissait le regard, n'osant pas lire la déception sur le visage de son père.
— Mr le directeur, je ne comprends toujours pas ce qui lui a pris d'agir ainsi. Thomas a toujours été un garçon d'une tenue exemplaire en classe. Il n'a jamais été puni, n'a jamais eu de mots dans son carnet, et surtout, il n'a jamais été convoqué !
—Remettez-vous en question les raisons qui nous ont poussées, Mr Tomlinson et moi-même, a convoqué votre fils ce jour ?
— Non, bien sûr que non. Il a lui-même reconnu ses fautes. Non. Ce que je voulais vous faire comprendre, c'est que cette attitude ne lui ressemble pas. Il n'a jamais fait ça. Ce n'est tout simplement pas lui.
Le directeur se lève de son fauteuil, contourne son bureau, pour s'asseoir sur ce dernier, face à Thomas.
— Peut-être que votre fils a été perturbé par tous les changements qui sont survenus dans sa vie ces dernières semaines ? suggéra-t-il en regardant le concerné droit dans les yeux.
— Je peux vous assurer que ce n'est pas le cas. Thomas s'est très bien acclimaté à sa nouvelle vie à Tibah. Il s'est même fait un copain dès son premier jour d'arrivé.
— Certes, passons, répondit-il en écartant cette possibilité d'un revers de la main. Quoi qu'il en soit, votre fils doit être puni. Il doit comprendre que...
— M'sieur, m'sieur ! parla brusquement Thomas, en baissant les yeux soudain. Désolé de vous avoir coupé la parole, m'sieur. Je sais que c'est mal poli, je ne voulais pas, m'sieur. Mais si j'ai fait tout ça, c'était pour que mon papa retrouve son meilleur ami ! J'accepterai d'être puni comme vous voulez m'sieur, et je promets que je ne recommencerai plus. De toute façon, j'ai réussi, je les ai réunis, donc j'ai plus de raison de continuer. Je vais redevenir sage comme avant, promis !
— Thomas, souffla Harry. Il ne t'est pas venu à l'idée de simplement me donner l'identité de ton professeur ?
— Bah non, papa ! Si je t'avais dit que c'était ton Louis, tu serais pas forcément venu le voir, tu pouvais l'ignorer ! Comme l'histoire avec Cédric et Anne, eh bien Cédric ne voulait jamais aller la voir ! Je voulais être sûr que tu le revois, moi !
Puis, il s'avança vers son père, qui avait rougi suite aux mots de son fils sur son Louis, sortit la petite photo de la poche arrière de son jean et la lui tendit.
— Tiens, papa, j'en ai plus besoin.
Sur cette photo, on pouvait voir Louis, passant la langue dans un sourire provocateur et Harry, à ses côtés, lui faisant un bisou sur la joue.
Louis aperçut la photo et ce que personne ne remarqua, ce fut les discrètes rougeurs qui apparurent sur ses joues. Personne sauf Thomas, qui sourit de nouveau de toutes ses dents.
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Allongé dans son lit, tournant et retournant sans cesse pour trouver la position idéale, Harry ne parvenait toujours pas à trouver le sommeil, sa journée défilant devant ses yeux de manière interrompue.
Jamais, ô grand jamais, il n'aurait cru le revoir dans ces conditions.
La surprise qu'il avait lue dans ses yeux, il ne savait toujours pas comment l'interpréter. Ils étaient restés tous deux muets, l'un en face de l'autre. Harry avait même cru voir ses joues rosirent quelque peu, mais il avait sûrement dû rêver.
Certes, comment Louis aurait pu se douter que Thomas était bien son fils ? Après tout, Harry ne portait plus le même nom de famille qu'à l'époque du lycée, et de ce fait, Thomas non plus.
Bien sûr, il y avait la ressemblance, car Patrick et lui avaient fait appel à une mère porteuse, et Harry avait été le donneur. Cependant, des bouclés aux yeux verts, il n'y en avait pas qu'un seul sur terre...
Le silence qui les avait envahis, Louis et lui, ne pouvait signifier qu'une chose. Quinze années s'étaient écoulées, ils avaient chacun fait leur vie de leur côté, rencontré de nouvelles personnes. Ils n'étaient plus les mêmes qu'au lycée, et après tout ce temps passé loin l'un de l'autre, sans donner aucune nouvelle... peu d'amitié y résisterait, très peu...
Et visiblement, la leur n'avait pas survécu à tout ça.
Si Harry était honnête et regardait son parcours – marié, un enfant, divorcé, propriétaire d'une boulangerie – Louis avait probablement de lourds bagages derrière lui, lui aussi.
Bon sang, un parti comme lui était forcément marié et père de famille ! Après tout, il était hétéro et plutôt beau gosse...
Non, il devait se faire une raison. Leur amitié était bel et bien une histoire ancienne, il ne devait plus y penser et se focaliser plutôt sur le froid qui a régné entre eux durant tout l'entretien avec le directeur de l'école de Thomas. Ils ne s'étaient même pas adressé la parole en sortant de la salle ! Ce n'était pourtant pas faute de l'avoir voulu, du moins, pour Harry.
Ils étaient à présent deux étrangers, deux simples étrangers... Et ça faisait mal, si mal. Cela l'avait surpris, d'ailleurs. Car après toutes ces années, et surtout après son mariage, certes raté mais tout de même, il était certain que ses sentiments pour le mécheux étaient de l'histoire ancienne.
Apparemment, il avait eu faux sur toute la ligne. Car, s'il ne l'admettrait jamais à haute voix, il en avait bien conscience : il n'avait suffi que d'un bref regard azur pour que son cœur rate un battement et que les papillons s'envolent dans son ventre comme un ado de 15 ans !
Le couloir s'alluma soudain, le sortant de ses pensées. Lorsqu'il regarda l'heure, son réveil indiquait 2h34.
« Je vais avoir une sale tête à l'ouverture de la boulangerie, et c'est déjà dans moins de 4 heures », pensa-t-il en soupirant.
Il se dirigea vers la porte de sa chambre, pour voir son fils dans le couloir.
— Pourquoi ne dors-tu pas, Thomas ? Que fais-tu ?
— Je vais juste faire pipi, papa. Promis, je traine pas !
Il voulut retourner dans sa chambre, mais des coups à la porte d'entrée l'interpellèrent.
— Papa, pourquoi y a quelqu'un qui tape à la porte en pleine nuit ? C'est qui ? demanda le garçon, la main sur la poignée des toilettes.
— Thomas, tu vois bien que je sors de ma chambre, et que je n'en ai pas la moindre idée ?
— Oh, c'est vrai, gloussa-t-il. Je suis bête !
Puis, pas plus perturbé que cela, mais surtout encore plein de fatigue, il laisse son père seul dans le couloir et rentre dans les WC.
Harry, intrigué et quelque peu méfiant, descend au rez-de-chaussée, ouvre le placard de l'entrée pour se saisir de la batte de baseball et tourne lentement la clé.
Une main sur la clenche, l'autre sur son arme de fortune, il prend une profonde inspiration pour se donner du courage.
Dans son ancien appartement, jamais il n'aurait ouvert en pleine nuit sa porte, jamais. Mais là, il était à Tibah, son village natal où la vie était un long fleuve tranquille et où il ne se passait jamais rien. Il ne risquait donc pas grand-chose, même si son instinct lui criait de prendre des précautions – d'où la batte...
Alors, quand enfin il ouvrit le battant en grand, il resta figé un instant avant de lâcher son arme et de se tenir au chambranle pour éviter de tomber de surprise.
Même si tout son être bouillonnait sous le coup de toutes ces émotions qui le chamboulaient, son visage resta impassible.
Il ne savait que faire. Lui sauter de joie au cou, comme avant ? Lui claquer la porte au nez ? Ou l'embrasser sauvagement ?
Non, définitivement pas la dernière...
Alors il ne bougea pas et continua de le fixer, jusqu'à ce que le mécheux fasse le premier pas. Il s'approcha de Harry, posa sa main sur la sienne, sur le chambranle et lui décocha un sourire chaleureux.
Harry n'eut pas besoin de plus, car, même si les années les avaient séparés –physiquement, il n'en subsistait pas moins une connexion rare et profonde entre eux.
Ils lisaient dans le regard de l'autre, et Harry y voyait tant de regrets. Il savait exactement ce à quoi Louis pensait, car il en avait fait de même pour le reste de la journée.
Leur amitié lui manquait, il lui manquait.
Et il s'en tiendrait à cela...
...pour le moment.
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