Je jette mon sac sans ménagement sur le canapé, et me laisse tomber sur une chaise. Je suis épuisée. Enfin les grandes vacances ! Deux mois à me la couler douce... Je me lève tranquillement et vais me servir un verre de lait et des biscuits. Ma mère est encore au travail, je suis seule à la maison. Quelle belle vie ! Je m'installe confortablement dans un fauteuil et m'endors paisiblement.

J'ouvre doucement les yeux. Ma mère se trouve devant moi. Il doit être vingt heures. Elle commence à parler :

" Léonie, j'ai une chose à te dire. "

Quoi encore ? me dis-je. Je n'ai pas besoin d'ennuis maintenant.

" J'ai décidé de t'inscrire pour un camp durant trois semaines. Tu y vas dans un mois. C'est à la montagne.

- QUOI ?????" je hurle. Ah non ça, jamais ! Je me sens vidée de tout mon sang. Vingt et uns jours dans un centre, avec des inconnus ? Non. Non, non, non, non ! Mais je sais que je n'ai pas le choix. J'ai juste envie de tuer ma mère. Pourquoi m'inflige-t-elle cela ? Je pars d'un pas rageur vers ma chambre et claque la porte. Je me jette sur mon lit en pestant. Je retire ce que j'ai dit : ma vie est horrible. Je vais vous expliquer : je ne supporte pas le contact avec les autres. Je n'ai aucun ami, et cela me va ainsi. Pour moi, l'expression " Seule on va plus vite, mais ensemble on va plus loin " est fausse. En tout cas, dans ma tête. Je suis disons... Une intello, comme ils m'appellent. La vraie expression serait " Seule, je vais non seulement plus vite, mais aussi plus loin, et c'est encore mieux fait ". Les autres ne m'aiment pas. Ils me trouvent différente. Voilà pourquoi je n'ai aucune envie d'aller dans ce centre infernal. C'est la fin de ma vie. Surtout que... Je suis dotée de dons extraordinaires... Et ça ne me facilite pas les choses. Parce que, voyez-vous, ces " dons " sont très difficiles à contrôler... Ça dérape souvent... Et jamais en bien !