Jour 4

Je me réveille en sursaut. Je viens de faire un affreux cauchemar, dans lequel Éloïse et Tiphanie me torturaient. J'en ai encore des frissons. Je regarde ma montre : il est 5h28 du matin. C'est beaucoup trop tôt ! Je n'ai dormi que quatre heures... Oui, mais je ne suis pas fatiguée. Je me lève et vais m'accouder au balcon. Dehors, la lune étincelle. Je me retourne, et découvre que le lit de Léon est vide, encore. Mais où peut-il bien partir, à cette heure-ci ? Je sors de la chambre, descend les escaliers et débouche dans le jardin. Il n'est pas là non plus. Je soupire et m'assois sur un banc. Je regarde la montagne qui me fais face. Soudain, je l'aperçois, descendant de la montagne par le sentier que nous avons emprunté hier. Il court dans ma direction. Il s'arrête devant moi, rouge et essoufflé.

" Mais où étais-tu ? je m'exclame.

- Aucune importance. Et toi, qu'est-ce que tu fais là ?

- Aucune importance, je réplique.

- Très drôle.

- Je veux juste savoir ce que tu faisais en montagne à 5h00 du mat !

- Je me promenais pour me changer les idées. Ça te va comme réponse ?

- Mouais....

- Donc, et toi, que fais-tu là ?

- Je prends l'air pour oublier mon cauchemar ", je réponds d'une voix tremblante. Il s'assoit à côté de moi et me prend dans ses bras. Immédiatement, mon cauchemar s'envole et n'est plus qu'un mauvais souvenir. Je lui rend son étreinte.

" Merci, je me sens beaucoup mieux, maintenant, je murmure.

- Avec plaisir ", souffle-t-il. Nous restons ainsi quelques minutes. Finalement, il me lâche et demande :" On commence par quoi, aujourd'hui ?

- Piscine. Et après jeux calmes.

- Ah oui. Ça va être une belle journée. " Je souris.

" Je crois que je vais retourner me coucher, je murmure en me frottant les yeux.

- Oui, moi aussi. Je suis exténué. " Nous retournons dans notre dortoir.

9h00

J'ouvre doucement les yeux. Un rayon de soleil entre par les volets entrouverts, et vient me chatouiller le nez. Je me lève et me rend à la salle commune pour manger mon petit-déjeuner. J'y trouve Léon en train de déguster une tranche de brioche. Je m'installe en face de lui et fais mine de me passionner pour mon jus d'orange. En fait, je suis plongée dans mes pensées. Il me reste 18 jours environ à passer dans ce centre, et pourtant j'aimerais ne jamais le quitter. Et je ne pensais pas que je dirais cela un jour. Le truc, c'est que j'aime tout ici; mes collègues de dortoir, le paysage, le jardin... Bref, je me sens chez moi, et je n'ai aucune envie de m'en aller. Il faut que je me ressaisisse, après tout, il me reste quand même un sacré bout de temps avant de partir, autant en profiter. Je chasse mes pensées, lorsque Anna vient s'asseoir à côté de moi.

" Écoute, Léonie, je trouve que cette dispute a assez duré. Je te présente mes excuses pour toutes mes insultes et j'aimerai qu'on devienne amies.

- Oui. Moi aussi, je te demande pardon. Pour ce que j'ai dit de toi à ma mère... Mais je te jure que je ne le pense plus du tout maintenant ! Au contraire ! Il fallait juste que j'apprenne à te connaître. Et je veux bien être ton amie !" me réjouie-je.  Elle m'ébouriffe amicalement les cheveux. Léon éclate soudainement de rire.

" Pfff ! J'aurais dû vous filmer, toutes les deux ! rit-il. C'était juste HI-LA-RANT !!!" Je me joins joyeusement à lui, et Anna aussi. Nous sommes tous les trois effondrés de rire. À ce moment là, le directeur apparaît sur l'estrade.

" Dépêchez-vous de bouffer, les mioches ! La piscine est prête ! " s'exclame-t-il. Il pourrait quand même soigner son langage ! Nous nous hâtons de finir nos encas, et d'aller nous préparer. Léon décide d'aller se changer aux toilettes, pour nous laisser de l'intimité. Il faut dire que ça a des inconvénients d'avoir un garçon dans son dortoir. Une fois dans la chambre, je farfouille dans ma valise pour trouver mon maillot-de-bain. Au bout de quelques minutes je sors un... Deux pièces ??? Mais... Mais, je ne mets que des une pièce ! C'est pas vrai ! Je me jette aux pieds d'Anna.

" Je t'en supplie, dis-moi que tu as un une pièce à me prêter !!! je m'écrie.

- Non, pourquoi ?

- Je ne peux quand même pas mettre ça ! dis-je en montrant mon maillot.

- Eh bien, essaye-le pour commencer !

- Tu crois ?

- Mais oui, vas-y ! " Je me change rapidement, et lorsque j'ai fini, je me tourne vers elle. Elle ouvre deux yeux ronds.

" Je suis horrible, c'est ça ? je soupire.

- Oh que non ! Tu es époustouflante !

- N'importe quoi. " Elle m'amène un miroir. Bon, d'accord, il se peut que je sois jolie. Mais bon, pas de quoi en faire une histoire !

" Si après ça, Léon ne te tombe pas dans les bras, c'est qu'il a vraiment des goûts de _____ !

- Oh arrête un peu ! Je ne suis pas amoureuse de lui !

- C'est ce qu'on verra à la fin des vacances ! " Je soupire un peu. Elle se change, puis nous nous précipitons vers la piscine. Elle se trouve dans le jardin, donc heureusement qu'il y a un grand soleil ! J'avance timidement vers le bassin principal, en priant pour que Léon ne soit pas arrivé. Pas de chance, il est là, en train de nager. J'essaie de me faire toute petite, mais c'est sans compter sur Anna, qui l'appelle aussitôt. Il tourne la tête vers nous, et là il se pétrifie sur place. Il m'observe de haut en bas. Mon amie se met à rire devant la tête du garçon. Lui, il est toujours complètement immobile. Mes joues me brûlent si fort que j'en ai mal. Je décide d'entrer dans l'eau. Avec un peu de chance, la fraîcheur apaisera mes rougeurs. Mais Anna me tire par le bras pour qu'on rejoigne Léon. Je secoue vigoureusement la tête avec la force du désespoir, mais elle a une sacrée poigne ! Impossible de me défaire de sa prise ! Nous arrivons devant notre ami, qui n'a toujours pas bougé d'un millimètre. En fait, il est en train de me fixer. Je commence sérieusement à me sentir mal-à-l'aise. Anna pose une main sur son épaule.

" Eh ça va ? On dirait que tu as vu un fantôme ! " dit-elle avec un sourire en coin. Je me retiens de lui donner un coup de coude. Il reprend soudainement contenance :" Moi ? Bien sûr que ça va, pourquoi ?

- Parce que ça fait quinze minutes que tu es immobile..., soupire-t-elle.

- Ah...Euh...Bah.... On va nager ? " Il est rouge. Vraiment rouge. Et moi j'ai juste envie de m'enfuir à toute jambes.

" Très bien, on va nager", acquiesce la blonde. Ils s'exécutent. Mais mon corps est complètement pétrifié, résultat je ne bouge même pas le petit doigt. Ils se retournent tous les deux et me regardent sans comprendre. Je m'accroche au bord. La tête me tourne et tous mes membres me font souffrir atrocement. Mais qu'est-ce qui m'arrive ? Anna se précipite sur moi.

" Tu te sens bien ? " J'aimerais lui répondre que non mais ma langue est aussi sèche que du bois. Des tâches de couleur se mettent à danser devant mes yeux. Mon crâne résonne comme une grosse caisse. J'entends que mes amis s'affolent, puis c'est le trou noir.

J'ouvre faiblement les yeux. Anna se trouve à côté de moi. Je suis allongée sur mon lit. Mon ventre me fait horriblement mal.

" Qu'est-ce qui m'est arrivé ? je murmure.

- Eh ben... Tu as tes règles.

- QUOI ?

- Ouais. Tu nous as fait une peur bleue tout-à-l'heure. Même que si Léon ne t'avais pas ramenée à la surface, tu aurais pu te noyer ! Et on a compris lorsqu'il y a eu une tâche de sang autour de toi. Voilà, voilà, tu sais tout !

- C'est un cauchemar, c'est ça ?

- Oh, n'en fais pas tout un drame ! Après tout, on est des filles... Ça fait partie des inconvénients. Mais tu verras, on s'y fait vite ! me rassure-t-elle.

- Et la piscine ? Il l'ont nettoyée ?

- Oui. Les autres étaient un peu déçus de ne plus pouvoir se baigner, mais aucun ne t'en veux. Ils savent que ce n'est pas ta faute. D'ailleurs, ils m'ont donné tout ça pour toi, dit-elle en désignant une table croulant sous toutes sortes d'objets et de lettres.

" Sinon... Il est où Léon ? j'interroge.

- Ah, bah... Depuis qu'il a compris pourquoi tu t'étais évanouie eh ben... Il reste pétrifié. Je l'ai amené dans son lit, mais il n'a toujours pas bougé. J'espère qu'il est encore vivant !

- Anna !

- Oh ça va ! C'est juste une blague ! Essaye de le faire bouger, toi. " Je me lève difficilement. Mes jambes tremblent et ont du mal à me porter jusqu'à son lit. Mon ami a pourtant les yeux ouverts.

" Léon ? Léon, tu m'entends ? Est-ce que ça va ? " dis-je, toujours faiblement. Il sursaute violemment, puis me regarde comme si j'étais une revenante. Il me serre soudainement dans ses bras, si fort que je pousse un petit cri. Génial, il a fait revenir mes maux de ventre.

" Je vais bien, tu vois ? je souffle doucement.

- Je vois surtout que tu es pâle comme la mort et que tu tiens à peine sur tes jambes. J'en conclue donc que tu ne vas pas aussi bien que tu le dis. " Je recule, surprise.

" Je vais vous laisser entre filles. De toute façon, il faut que j'aille prendre l'air ", soupire-t-il. Je le laisse passer sans comprendre. Anna s'occupe de moi, et me donne toutes les informations sur les règles. A la fin, je suis habillée et propre, mais vachement épuisée. Elle me rallonge dans mon lit, me ramène à manger puis m'ordonne de dormir - ce que je fais immédiatement.

Quelques heures plus tard

Je me réveille, cette fois beaucoup plus en forme. Je regarde ma montre : il est 15h24. Je n'ai pas raté les jeux calmes ! Je saute du lit et me précipite à la salle commune. Léon et Anna sont assis à une table au fond, en pleine partie de Monopoly. Je vais m'asseoir à côté d'eux.

" Alors, ça va mieux ? Tu as bien dormi ? me demande Anna tout en avançant son pion.

- Oui, grâce à toi !

- Bah, je suis passée par là moi aussi. Je devais t'aider. " Léon semble gêné par la conversation, c'est pour ça que je décide de me taire.

" Quand vous aurez fini, ça vous dirait de jouer à Uno ? dis-je.

- Ah...En fait, on viens d'en faire une partie ! Même que je lui ai mis la pâtée ! me répond la jeune fille.

- Alors... à l'île interdite ?

- Oh oui, bonne idée ! J'adore ce jeu ! s'exclame-t-elle.

- Euh... Moi je ne connais pas..., intervient Léon.

- C'est pas grave, je vais t'expliquer ! j'assure.

- Ça tombe bien, je viens de gagner !!!" s'écrie Anna en tirant un billet du jeu. Léon pousse un soupir dépité : il a encore perdu. Je ramène la boîte de l'île interdite.

" Donc, le but c'est de récupérer les cinq éléments, terre, air, feu et eau avant que la totalité de l'île soit inondée ... ", j'explique. J'énumère les règles du jeu à mon ami, qui boit visiblement mes paroles. Une fois qu'il a comprit, nous jouons une partie. C'est un jeu d'équipe, donc il est assez content : soit on perd tous, soit on gagne tous. Nous nous amusons beaucoup, si bien qu'on ne voit pas le temps passer. Au bout de six parties, le directeur annonce l'heure du dîner. Nous nous mettons à table, dans la bonne humeur. Léon me dévisage tout de même étrangement, mais je fais comme si je ne le voyais pas. Au menu ce soir :

- Entrée : salade vinaigrette.

- Plat Principal : pizzas

- Dessert : glaces.

En clair : c'est délicieux !

A la fin du repas, nous allons prendre nos douches, puis nous regagnons notre chambre. Léon est toujours autant dans les nuages. Je me couche dans mon lit, mais comme j'ai dormi tout-à-l'heure, je n'ai pas du tout sommeil. Mon ami vient s'asseoir à côté de moi.

" Toi non plus, tu n'es pas fatiguée ? me demande-t-il.

- Non. Et... Pour ce qu'il s'est passé à la piscine....

- Ah oui.... Eh bien ? 

- Merci de m'avoir remontée. " Il éclate de rire.

" Je n'allais quand même pas te laisser sous l'eau, voyons ! " Je souris à sa remarque.

" Tu étais bizarre, aujourd'hui. Deux fois de suite tu es resté immobile, dis-je.

- Ah ça...." Il se frotte la nuque, visiblement mal-à-l'aise.

" C'est que...La journée a été riche en événements !

- Ça n'est pas vraiment une réponse....," je remarque.

- J'AI EU PEUR POUR TOI, D'ACCORD ?" me crie-t-il. Je suis estomaquée. Pourquoi hurle-t-il ? Je n'ai rien dit de mal !

" Ça va, ne te mets pas en colère !

- Je ne suis pas en colère. Juste inquiet. J'ai cru que je te perdais, à la piscine !

- Tu sais bien que ce n'était pas ma faute !" je soupire. Il se lève brusquement et sors de la chambre en claquant la porte.

" Eh ben dis donc ! Quelle conversation ! s'exclame Anna, en riant un peu.

- Ne m'en parle pas. Mais qu'est-ce qui lui prend ?

- J'ai une petite idée... Enfin, ce n'est pas sûr, donc je préfère ne pas t'en parler. " Elle fait un petit sourire en coin, ce qui ne présage rien de bon.

" Tu crois que je devrais le rejoindre ?

- Je ne crois pas.... J'en suis sûre ! Dépêche-toi ! " Je hoche la tête puis me précipite hors de la chambre. Je débouche encore une fois dans le jardin. Il est assis sur un banc, le visage dans les mains. J'hésite encore à aller le voir, il n'a sûrement pas envie de me parler.

" Viens, qu'est-ce que tu attends ?" murmure-t-il. Mais comment a-t-il fait pour m'apercevoir ? Je vais m'asseoir à côté de lui. Le silence qui s'installe est assez pesant. Dois-je parler ou me taire ? Je n'ai pas plus le temps de m'interroger.

" Je suis désolé d'avoir crié. C'était nerveux, soupire-t-il.

- Oh. Euh... Je comprends. Tu ne viens pas te coucher, sinon ?

- Non, je dois encore réfléchir un peu, et l'air du soir est assez agréable.

- Bon. Alors bonne nuit. " Je retourne au dortoir. Anna m'attends sur son lit.

" Alors ?

- Rien, il respire et ne veux pas se coucher tout de suite. C'est bon ? " Elle me regarde de travers. Je me couche dans mon lit, mais le sommeil ne veux pas venir. Je me tourne et me retourne, mais finalement, j'arrive à m'endormir, en revivant toute ma journée, en mille fois pire.

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