Chapitre 4
Ne tenant pas compte des dégâts sur son passage, Bella continuait sans relâche de tâtonner les murs et les meubles qui lui faisaient obstacle. Dans son avancé elle heurta quelque chose qui se brisa au sol. Elle sentit sur ses pieds quelques éclats effleurer sa peau, mais poursuivit en gémissant de douleur lorsqu'elle avança sur les éclats. Sa tentative était vouée à l'échec, elle le savait, mais qu'avait-elle d'autre comme option ?
Il fallait qu'elle trouve cette porte, il fallait qu'elle sache où elle se trouvait avant que la peur de l'inconnu ne soit plus supportable. Elle fonça droit devant elle, les mains en avant et rencontra un mur puis ce qui ressemblait à une grille en fer forgé. Elle suivit les dessins sur celle si alors qu'elle pouvait sentir la chaleur du soleil sur son visage. Ce n'était pas le bon chemin et en pivotant sur la gauche elle réalisa désespérée, qu'elle était revenue au point de départ.
- Alors tesoro, comment se passe cette visite ?
À cette voix grave Bella sursauta et baissa sa main vers la droite pour se saisir de la lampe de chevet sur la table de nuit qu'elle avait touché quelques minutes plus tôt.
De toutes ses forces elle la balança en direction de la voix. Celle-ci émit un bruit sourd pour terminer brisé au sol.
- Raté trésor...
Massimo tenta de garder son calme quand elle souleva le pichet d'eau pour le balancer à son tour, mais elle le prit par surprise en le brisant à ses pieds. Avant qu'il n'est eu assez de temps pour faire le tour du lit elle s'était déjà saisie d'un éclat de verre qu'elle tenait si fort dans sa main qu'une goutte de sang était déjà visible.
- Ça suffit ! Rugit-il en fonçant vers elle alors qu'elle donnait des coups de lame de verre devant elle dans l'espoir risible de le blesser.
Si au début la situation semblait suffisamment sous contrôle pour s'en délecter, c'est au moment où il fit le tour du lit que la vision de ses pieds en sang l'obligea à réagir avant qu'elle s'ouvre les pieds entièrement.
Vif, Massimo la désarma sans mal car souffrante de ses blessures aux pieds, la jeune femme avait cédé en criant de douleur. Il la souleva assez pour qu'elle ne touche plus le sol et la jeta sur le lit. Elle resta figé sur le matelas, les paumes de mains ouvertes devant elle, les yeux perdus sur le plafond.
Massimo balaya les morceaux de verre sur le sol pour aller récupérer la sacoche dans l'armoire.
Il revint vers elle, le regard noir, enragé et l'ouvrit sur le lit pour récupérer le nécessaire pour la calmer.
- Non attendez ! S'écria-t-elle après qu'il ait tapoté le flacon. Je vous en prie ne faites pas ça !
Le visage déformé par la colère, il dévisagea l'inconnue qui ne pouvait le voir et dont le regard se perdait sur son épaule sans jamais trouver le sien. De toute évidence elle avait réussi à deviner ses intentions et il décida d'en profiter pour asseoir son autorité une bonne fois pour toute.
De sa main libre, il glissa ses doigts autour de son menton pour crocheter ses joues froides.
- Et pour quelle raison je ne le ferais pas ? Demanda-t-il froidement.
Ses grands yeux azur larmoyants s'écarquillèrent de peur et Massimo était presque sûr que sa voix en fût la raison.
- J'ai...compris, dit-elle des trémolos dans la voix. Je vais rester sage je...le promets.
Massimo resserra ses doigts sur ses joues, balayant rapidement la pitié qu'elle lui faisait ressentir à cet instant.
- Si jamais vous ne mettez pas en application ces sages paroles, je n'aurai aucune pitié en retour. Ai-je été suffisamment clair ?
Elle hocha de la tête rapidement, le regard tourné sur la droite, une larme solitaire glissant sur sa joue froide.
Massimo retira ses doigts de ses mâchoires et se redressa lentement sur lit sans la quitter des yeux.
Une grimace pinça son visage pâle et il se leva rapidement en jetant un bref coup d'œil à ses pieds blessés.
Il revint avec une trousse de secours et commença d'abord par retirer les éclats de verre enfoncés dans sa peau. Elle le laissa la soigner non sans lui faire comprendre qu'elle le craignait à travers de lourdes respirations.
- Est-ce que les autres femmes sont ici ?
- Non il n'y a que vous.
Bella dont les paupières tremblaient pour résister aux larmes, décida d'insister à ses risques et périls.
- C'est parce que je n'ai pas suivi les règles du jeu ?
- Vous avez essayé de fuir, n'importe qui aurait essayé à votre place. Je vous ai trouvé c'est tout ce qui m'importe.
- Et...Viviana ?
- Elle est morte, lâcha-t-il en reposant son pied sur le lit qu'il venait de terminer de bander. Maintenant vous avez le choix, reprit-il en se relevant du lit. Vous pouvez vous battre inutilement, vous blessez inutilement ou alors coopérer.
Bella se mordit l'intérieur de la joue en quittant le plafond des yeux pour les diriger vers la voix.
- Qui êtes-vous ? Qu'est-ce que vous me voulez ?
- Répondez à mes questions et ensuite j'envisagerai de vous répondre.
- Je...suis aveugle, je n'ai pas vu votre visage, je n'ai pas...vu le visage de qui que ce soit. Je ne dirais rien.
Un silence glacial accueillit son plaidoyer et Bella sut avant même qu'il réponde que ça ne serait pas suffisant.
- Votre cécité ne vous aidera pas à vous sortir de là tesoro, mais seulement la vérité. Je n'ai pas l'intention d'être plus clément avec vous à cause de votre handicap. Je ne fais pas dans la charité.
- Dans ce cas tuez-moi maintenant qu'on en finisse, répliqua Bella en tournant les yeux de l'autre côté.
- Ça serait du gâchis, répondit son kidnappeur avec une tristesse feinte. Soyez plutôt reconnaissante d'être tombée sur le pire des hommes avec quelques valeurs et principes qui font que vous êtes encore en vie.
Le pire des hommes ?
Son cœur qui s'était que brièvement calmé gronda à nouveau de battements désordonnés.
- Je doute que cette...information me rassure, murmura-t-elle en fermant les paupières.
- Je ne suis pas là pour vous rassurer, mais pour obtenir ce que je veux. Criez, hurlez, battez-vous autant de temps que vous le souhaitez, à la fin, j'aurai ce que je veux.
Bella préféra ne pas répondre. À quoi bon ? Elle l'entendit seulement partir d'un pas où résonnait sa colère et la porte se referma tout simplement, en la laissant piégée et seule dans cet enfer dont il était le régnant.
Ses plantes de pieds lui faisaient atrocement mal et sa paume de mal légèrement coupée ajoutait de la douleur à la douleur. Ça ne s'arrêtait pas, comme une longue agonie. Sa gorge la brûlait à cause de la faim, quant à la soif elle venait de briser le pichet qui contenait l'eau dont elle avait besoin pour calmer ces brûlures incessantes.
Épuisée, effrayée, Bella persistait à vouloir lutter contre ce monstre parce qu'elle avait tout simplement peur d'être tuée ou bien vendue comme l'avait fait l'autre homme avant lui. La brise marine commençait à devenir plus fraîche et le chant des criquets apparaissait comme sa seule distraction pour se maintenir éveillée. Elle ne voulait plus dormir par peur de se réveiller dans un autre endroit, dans un autre cauchemar encore plus douloureux que les précédents. Alors Bella lutta de toutes les façons possibles pour ne surtout pas fermer les yeux.
Pour ce faire elle se releva sur le lit tout en se focalisant sur le chant des criquets. Elle s'efforça à se concentrer sur les bruits qui l'entouraient et les odeurs que cette petite brise de vent emmenait jusqu'à elle.
Cet exercice l'aida à calmer les battements de son cœur mais pour combien de temps ?
Bella eut sa réponse lorsque quelques minutes plus tard la porte se rouvrit pour se refermer sèchement. Au début elle avait pensé qu'il pouvait s'agir de Mirelle, mais les pas ne correspondaient pas à ceux d'une femme. Ajouté à cela, les effluves qui se mirent à flotter dans l'air pour venir chatouiller son nez étaient identiques à ceux de l'inconnu. Avant qu'elle n'ait pu s'habituer à sa présence froide et inquiétante, elle sentit le matelas s'affaisser sous le poids de l'homme. Derrière ce parfum sauvage elle remarqua une odeur de friture agréable et qui la fit déglutir d'appétit.
- Voilà ce qui va se passer, commença-t-il en déposant quelque chose le lit. Je vous offre deux possibilités. Vous me donnez votre nom et vous aurez ce que vous avez réclamé à Mirella. Si vous refusez, je vous attache au lit et je vous place une sonde alimentaire, car mon intention n'est pas de vous laisser mourir de faim.
Assaillie par la peur, Bella exhala un soupir tremblant en écoutant les expirations impatientes de son geôlier.
- Viviana a dit que vous alliez me tuer et que vous étiez le diable, osa-t-elle dire le menton tremblant.
- Son premier dire est erroné puisque vous êtes toujours en vie, le second en revanche est une vérité que je n'ai pas l'intention de nier. En revanche, jusqu'ici, je n'ai pas encore torturé d'âme innocente, ne me forcez pas à le faire aujourd'hui.
Bella enfonça ses ongles dans sa paume de main en dévisageant l'obscurité.
- Les hommes qui vous on enlevé sont des amateurs, reprit-il sur le même ton froid et calme. Ce qui indique qu'ils n'ont pas agi seuls. Des personnes plus expérimentées sont derrière cela et sont à ce jour encore libre. Ce qui signifie tesoro que vous êtes encore en danger et je ne peux pas concéder à vous rendre votre liberté tant que je n'ai pas retrouvé tout ceux qui sont impliqué dans ce trafic. Mes lois sont mes lois et je concéderai à vous les expliquer plus tard si vous êtes sage.
Il marqua une pause qui lui glaça le sang.
- Je veux un nom et ce qu'il s'est passé, reprit-il sur un ton exigeant et implacable. Votre silence ne vous aidera en rien, si ce n'est de me faire perdre du temps et je n'ai pas de temps à perdre. Soyez plutôt reconnaissante d'être tombée sur moi plutôt que sur l'homme qui vous a acheté comme on achète un paquet de bonbons et qui est peut-être en ce moment même en train d'attendre sa livraison.
Insensible et froid, Massimo n'éprouvait aucune pitié à lui dire la vérité avec un tel détachement. Ses beaux yeux azur devinrent brillants de larmes et après quelques hésitations elle céda.
- Be...Bella...je m'appelle Isabella Hudson.
Un prénom magnifique qu'il s'abstient soigneusement de commenter pour ne pas la couper dans son élan.
- Je suis venue en Italie pour retrouver ma grand-mère maternelle. J'ai été accueillie par un guide qui m'a accompagné dans mes recherches. Elles m'ont conduites à me rendre jusqu'à Scilla puis à Messine en Sicile. Ensuite je n'arrive pas à me rappeler, j'ai...j'ai un trou noir.
Elle se frotta les yeux pour effacer les larmes qui menaçaient de couler.
- Je me rappelle seulement m'être réveillée dans cette maison sale et j'étais attachée.
La sincérité qui se dégageait de ce récit l'obligeait à croire qu'elle lui disait la vérité.
- Grazie Bella, dit-il en poussant le plateau sur le lit. Ces informations vont m'aider et je suis certain que le reste vous reviendra incessamment sous peu.
Ses yeux entourés de longs cils se tournèrent dans sa direction mais sans jamais se poser dans les siens.
- Je m'appelle Massimo Di Marzio, mais vous le saviez déjà.
Oui elle le savait, mais faire de lui un inconnu l'aidait à ne pas se l'imaginer dans son esprit. Elle avait trop peur de lui dessiner un visage qui pourrait le terrifier davantage et plus elle rassemblait des éléments à son sujet plus la tentation de le créer dans son imagination devenait trop dangereuse.
Soudain elle sentit sur son poignet des doigts chauds et fermes l'encercler. Elle sursauta dans la seconde qui suivit ce geste mais il l'ignora.
- Doucement principessa, je veux simplement vous guider.
Le cœur battant à la chamade elle sentit ses doigts rencontrer quelque chose de chaud.
- Mirella a préparé ça pour vous, expliqua-t-il en libérant son poignet. Des morceaux de poulets à la chapelure doré à l'huile d'olive et des frites. Un repas qui ne nécessite pas l'utilisation de couverts. Un accident est si vite arrivé.
Bella déglutit, morte de faim.
- À votre gauche il y a deux bouteilles d'eau, reprit-il de sa voix chaudement teintée de son accent italien dont il semblait contrôler le degré de son intensité. Les verres et les carafes sont bannis de cette chambre jusqu'à nouvel ordre. À droite vous trouverez une crème au chocolat. J'espère que ce dîner saura vous sustenter.
Elle ne pouvait s'empêcher de trembler à cause de sa présence qui inondait la pièce d'une énergie très sombre et elle avait beau essayer de les contrôler, rien n'y faisait. Pourtant elle s'entendit murmurer un faible " merci " à peine audible qu'il entendit pourtant.
- Mais de rien Isabella, glissa-t-il en prenant soin de détacher volontairement chaque syllabe de son prénom.
Il se leva du lit en ajoutant.
- Mirella viendra nettoyer les dégâts plus tard et ensuite elle vous conduira à la salle de bains pour prendre un bain.
Bella osa à peine acquiescer ses directives en glissant sa main sur le plateau. Elle y trouva une cuillère à dessert qu'elle toucha jusqu'à son extrémité.
- Elle est en plastique, précisa-t-il sur un ton badin. Au cas où vous auriez pour projet de creuser les murs. On est jamais trop prudent.
Elle entendit ses pas s'éloigner et la porte se referma avec un peu plus de douceur que lors de son arrivée.
Bella ne savait pas si ce cauchemar était moins pire que le premier, et restait sur ses gardes tant qu'elle ne serait pas libre. Qui est-il ? Elle ne le savait toujours pas et n'était pas sûre de vouloir le savoir.
Viviana elle-même l'avait crains tout comme elle se souvenait des supplications d'Antonio avant qu'il le tue. Elle se souvenait de la peur glaçante qu'elle avait entendu dans sa voix lorsque cet homme avait pénétré la maison en imposant le silence.
Cet homme était dangereux.
Seulement elle ne savait pas à quel point il l'était et si sa vie avait réellement de l'importance pour lui.
Le diable happait les âmes innocentes...
Il ne les sauvait pas...
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