Chapitre 39
Un frisson délicieux naquit dans le creux de ses reins quand il glissa ses doigts le long de sa colonne vertébrale. Elle sourit, le visage caché dans l'oreiller.
- Petite sorcière, chuchota-t-il à son oreille en continuant de balader sa main dans son dos.
Ils avaient à peine dormi et l'aube venait tout juste de se lever. Faire l'amour avec Massimo Di Marzio c'était comme se rendre volontairement captive d'un plaisir insatiable. Bella se retourna pour lui faire face et n'avait jamais été aussi heureuse qu'à cet instant, car il y avait dans le regard de l'homme de l'apaisement, de la satisfaction, et même un soupçon de douceur qui hélas ne suffisait pas à adoucir totalement la brutalité de ses traits.
Son corps hâlé et massif n'était rien comparé à ce qu'elle s'était imaginée. Les veines de ses muscles ressortaient comme si sa peau était sans cesse tendue par la force émanant dans chaque parcelle de son corps. Il possédait une telle musculature que pendant un court instant elle avait pris peur avant que la chaleur inonde tout son être jusqu'à son esprit.
- Tu dois avoir faim, supposa le mafieux en passant son pouce sur sa bouche.
- Oui, énormément faim, mais ça peut attendre encore un peu.
- Je t'ai déjà privé d'un dîner, je vais pas faire obstacle au déjeuné même si je serais plus que ravi de poursuivre notre activité sportive.
Il déposa un baiser sur sa bouche et se leva en lui exposant son corps nu. Elle rougit, incapable de se concentrer sur autre chose que cette virilité qui mouvait dans chacun de ses muscles.
- Tu devrais passer quelque chose en vitesse, je n'aime pas partager, lança-t-il en décrochant le combiné.
- Comme quoi ? Ma robe ?
- Non, va dans la salle de bains tu trouveras ce dont tu as besoin pour cacher ce corps qui m'appartient.
Il lui lança un regard qui la fit fondre intérieurement et se leva pour aller se vêtir dans la salle de bains pendant qu'il passait commande.
Elle y trouva des chemises d'homme et en passa une qui lui arriva jusqu'aux genoux. Bella en profita pour examiner son reflet dans le grand miroir et crut enfin apercevoir un infime bonheur sur ses traits pourtant fatigués.
Le cœur battant à la chamade parce qu'elle redoutait sans cesse que son comportement versatile se manifeste, Bella quitta la salle de bains avec hésitation. Pour le trouver elle fut contrainte de tourner la tête un peu plus à gauche et le trouva sur le balcon, une serviette de bains nouée autant de ses hanches. Quelle femme même saine d'esprit ne craquerait pas devant cet homme ?
Bella connaissait déjà la réponse.
- C'est mieux ? Lança-t-elle depuis les baies vitrées ouvertes.
Il se retourna en tirant sur sa cigarette tout en dardant un profond regard sur elle.
- C'est parfait tesoro...
- Tu es conscient que tu te comportes comme un homme de Neandertal, lança Bella en le rejoignant, un sourire amusé aux lèvres.
- Oui, c'est un peu ce que je suis, un primate qui protège ce qui est à lui, confirma-t-il l'air très sérieux en se glissant derrière elle au moment où elle posa ses mains sur la rambarde pour admirer la mer bleue qui embrassait le paysage jusqu'à le dominer totalement.
- Les hommes ne sont pas tous comme ça, enfin je suppose.
- Et c'est pour ça que certaines femmes fuient leur mari après un an de mariage. Chaque femme est différente et on des désirs différents ainsi que les hommes. Moi je suis un homme implacable qui aime l'autorité et qui n'aime pas qu'on s'approche de ce qui lui appartient.
Il écrasa sa cigarette pour poser à son tour ses mains sur la rambarde puis s'avança jusqu'à ce que son dos rencontre sur torse massif.
- Je pourrais par-exemple te prendre ici, maintenant tout en sachant que certaines personnes pourraient nous voir afin de leur montrer à qui tu appartiens.
- Tu ne le feras pas.
- Tu es sûre de toi principessa.
- Oui, car comme tu me l'as dit tu n'es pas un homme qui partage, répondit-elle en se retournant pour le défier.
Un fugace sourire se fendit sur ses lèvres puis l'air grave, il posa sa grande main sur sa joue.
- Tes yeux Bella, est-ce qu'ils vont bien ?
- Oui, ils vont bien, j'ai mis les gouttes et je vais très bien.
Elle posa sa main sur la sienne avec un sourire assez triste.
- J'ai du mal à distinguer ta main mais je sais qu'elle est là.
- C'est toujours mieux que rien, lui dit-il en caressant sa pommette.
On sonna à la porte et il se détacha d'elle pour aller ouvrir afin de récupérer le petit déjeuner.
Attablées, Bella se restaura avec entrain sous le regard soucieux du mafieux qui n'avait presque rien mangé.
- À quoi tu penses ? Demanda-t-elle en espérant qu'il ne la rejette pas immédiatement.
- Je pense à George Stanford, dit-il sur un ton âpre. Je n'en reviens pas d'avoir oublié ce détail. En voulant à tout prix te ramener là-bas je suis passé à côté de l'essentiel. Te protéger.
- Tu as tué assez de monde pour moi qui m'oblige à te contredire. Tu m'as protégé comme jamais personne ne l'a fait pour moi hormis Théodora qui a été un pilier à ma vie. George Stanford est resté volontairement dans l'ombre. Tu ne pouvais pas savoir.
- C'est mon travail de savoir Bella.
Il se redressa en se passant une main dans la barbe.
- Tu comptes faire quoi ?
- Il te cherche Bella, lâcha-t-il sans ambages
- Qu...quoi ?
L'air grave, il poursuivit.
- Roberto m'a laissé un message ce matin, je l'ai lu seulement tout à l'heure. Il a fait des recherches et il se trouve qu'il te cherche. Visiblement il ne voulait pas seulement se contenter d'intimider l'aveugle, il voulait prendre ce qu'il a trouvé.
- Les enfants, murmura-t-elle d'une voix angoissée.
- J'ai un plan Bella, mais pour l'exécuter il faut se rendre à New York.
- Non, refusa-t-elle aussitôt.
Son refus attira l'attention du mafieux qui fronça des sourcils.
- Non ? Répéta-t-il en l'interrogeant du regard.
- Je ne veux pas me rendre à New York, trouve un autre plan.
- Et puis-je savoir pourquoi ?
Elle se leva avec empressement pour fuir la confrontation mais il la rattrapa par le poignet.
- De la communication, tu as oublié ? N'est-ce pas ce que tu voulais de moi ?
- Je sais comment ça va finir Massimo, je ne suis pas stupide.
- Oh si tu l'es ! S'agaça-t-il l'air rembrunit. Surtout si tu penses à ce que je pense en ce moment. Je n'ai pas l'intention de te renvoyer là-bas pour me débarrasser de toi.
- Dans ce cas pourquoi m'emmener ?
- Tu ne t'es jamais demandé si je voulais en connaître davantage sur toi maintenant que tu connais toute ma vie ?
Abasourdie, elle cilla en secouant imperceptiblement de la tête sous le regard pesant de l'homme. Il apparaissait sous un jour qu'elle ne lui connaissait pas et elle se sentit déstabilisée.
- Tu ne t'es jamais demandé si j'avais envie de visiter le centre dans lequel tu as passé plus de quinze ans ? Que tu me fasse découvrir ce monde différent du mien ?
- No...non...je ne me suis jamais posé la question parce que je ne pensais pas que ça pourrait t'intéresser, admit-elle en fouillant dans son regard.
- Eh bien tu t'es trompée alors si tu me fais suffisamment confiance, nous allons faire ce voyage ensemble.
Ce n'était pas réellement une question mais une affirmation.
Les narines frémissantes le mafieux se retourna pour se reprendre sa place.
- Tu n'as pas le droit de m'en vouloir d'être aussi méfiante Massimo. Je te rappelle que depuis que je suis revenue tu as passé plus de temps à trouver un moyen de me chasser qu'à me garder auprès de toi.
Elle marquait un point et le sut aussitôt lorsqu'il marmonna dans sa barbe.
- Je veux simplement faire ce voyage avec toi Bella. Je veux connaître ta vie, et je pense être en position de te le demander. Tu sais tout de moi, jusqu'à la perte de mon enfant. À mon tour d'en savoir un peu plus sur toi.
Bella s'approcha les bras croisés.
Il avait l'air sincère, ce qui la poussa à lui faire confiance.
- Tu as raison, finit-elle par dire en posant sa main sur son épaule. Je suis désolée j'ai paniqué.
- Ce qui est tout à fait normal, lui dit-il en attrapant sa main pour l'emprisonner dans la sienne. Tu as raison sur un point. J'ai passé plus de temps à te chasser qu'à te montrer que je désirais l'inverse. La colère m'a empêché de réfléchir, mais désormais je suis en mesure de réfléchir. Ce voyage nous fera du bien et je dois rectifier mon erreur.
Il ramena sa main à sa bouche pour embrasser l'intérieur de sa paume.
Bella lui répondit par un sourire, mais intérieurement elle était inquiète de faire ce voyage. Elle n'avait rien perdu de ses pressentiment qui toute sa vie et encore maintenant l'avaient aidé à se méfier, à ressentir le danger d'où qu'il vienne, sauf dans cette église parce qu'elle avait toujours pensé que la maison de Dieu était un endroit sécurisé.
En son for intérieur elle voulait faire ce voyage, mais quelque chose l'empêchait de s'en ravir pleinement.
- Quand veux-tu partir ?
- Aujourd'hui.
- Aujourd'hui ? Répéta-t-elle en peinant à masquer son inquiétude.
- Oui, je veux en finir au plus vite avec George Stanford, dit-il sur un ton qui ne souffrait d'aucune réplique possible. Plus tôt sera le mieux.
Bella tenta en vain de réprimer son inquiétude mais ce ne fut pas suffisant.
- Je sais que tu as peur, mais tout ira bien Bella. Cette fois-ci je sais ce que je fais. Personne ne te fera plus jamais de mal, tu as ma parole.
Il se leva sans lâcher sa main et de l'autre crocheta ses mâchoires pour déposer un baiser sur ses lèvres qu'elle devinait glacées par la peur.
- Je dois passer quelques coups de fil pour préparer notre voyage. Tu devrais terminer de manger.
Il ne lui laissa aucune chance de répliquer et s'en alla en direction de la chambre.
Elle aurait voulu que les battements de son cœur soient destinés pour le mafieux qui venaient de s'enfermer dans l'autre pièce, mais ils étaient causés par la peur qui lui rongeait le ventre.
Seulement elle lui faisait confiance. Suffisamment confiance pour le suivre jusqu'à New York pour le meilleur et pour le pire.
Deux heures plus tard, Bella était toujours vêtue de sa chemise lorsqu'il entra dans la chambre. Impeccablement habillé, il l'embrassa d'un regard amusé.
- Tu comptes m'emmener à New York dans cette tenue ?
- C'est tentant cara, dit-il d'une voix suave en s'adossant au mur. Tes bagages sont arrivés, mais d'abord j'ai une surprise pour toi.
- Laquelle ? S'enquit Bella en fronçant des sourcils.
La porte s'ouvrit à nouveau et une femme d'âge moyen apparut. Bella n'eut pas besoin de la détailler davantage pour bondir du lit et sauter dans ses bras.
- Mirella ! C'est vous !
- Comment avez-vous deviné ? S'exclama Mirella avec un rire joyeux. Signore Di Marzio vous lui avez dit ?
- Inutile de me le dire, murmura-t-elle avec une émotion dans la voix. Je sais que c'est vous.
Bella la serra fort en humant son parfum rassurant, les yeux fermés puis s'écarta pour la regarder.
Elle était petite, les cheveux très noirs et attachés en arrière. Les joues rondes, le visage lissé d'une douceur maternelle, Mirella était exactement comme elle l'avait imaginé.
- C'est un miracle, dit Mirella en lui prenant les joues. Un véritable miracle. Lorsque Signore Di Marzio vous m'a appris ça je n'ai pas pu résister. Il fallait que je viennes vérifier ça par moi-même.
- Je suis heureuse de vous voir, vous m'avez tant manqué.
L'émotion était si forte qu'elle se jeta à nouveau dans ses bras pour la serrer très fort.
- Je suis navré de mettre un terme à ces émouvantes retrouvailles, mais l'avion nous attends. Il faut que tu te changes Bella.
- Oui, Signore Di Marzio a raison, ajouta Mirella avec hâte. Allez vous préparer Signorina et de toute façon on va se revoir très vite.
Bella acquiesça en forçant un sourire.
Tout se passait trop vite, beaucoup trop vite et un goût métallique persistait dans sa bouche sans savoir d'où il venait. Ce fut pire une fois dans l'avion car elle avait l'impression qu'elle ne verrait plus jamais la Sicile.
- Est-ce que tu as déjà entendu parlé de l'omerta ?
Surprise voire déstabilisée par sa question et le regard noir qui l'accompagnait Bella ne répondit pas immédiatement.
- Je ne vois pas, je ne parle pas, je n'entends pas.
- Perfecto, dit-il tout bas.
- Pourquoi ? Pourquoi me demander ça ?
- Parce que l'omerta fait partie intégrante de ma vie Bella. C'est le pilier essentiel de la mafia.
- Je ne comprends toujours pas.
- Je ne l'ai pas appliqué sur toi parce que tu possédais l'un des codes.
Des lueurs indescriptibles traversèrent son regard noir et Bella se sentit fébrile tout à coup.
- Je ne vois pas, murmura-t-elle la gorge nouée.
Il inspira brutalement sans la quitter des yeux et ajouta au moment où elle songeait au pire.
- Ne pas l'appliquer sur toi a été la meilleure décision de toute ma vie. Ne l'oublie jamais...
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