Chapitre 23



Au tréfonds de son âme, Bella savait que c'était mal, mais dès lors qu'il écrasa sa bouche contre la sienne elle perdit la raison, et son esprit refusait désormais de communiquer. Il pressa ses pouces sur ses pommettes, cherchant à franchir le barrage de ses lèvres hésitantes. Une onde de chaleur remonta jusqu'à sa gorge et tandis qu'il se fondait sur sa bouche avec autorité, Bella ferma les yeux et même si l'obscurité restait inchangé, cela renforçait l'intensité qui la submergeait de toutes parts. Enhardie, elle entrouvrit les lèvres et un son rauque chargé de satisfaction rugit dans la gorge du mafieux. Jamais au grand jamais elle avait ressentit de tels sensations. C'est comme si elle se trouvait suspendue dans le vide, retenue à la seule force de son baiser.

Sa langue exigeante chercha la sienne, la poussant ainsi à suivre son rythme effréné et sensuel. La cœur battant à la chamade, Bella dont le souffle commençait à s'amoindrir leva ses mains pour agripper sa chemise. Il déploya ses main et les balaya dans ses cheveux tout en l'embrassant avec fougue.

Un autre son rauque vibra dans sa gorge alors qu'il explorait sa bouche avec plus de férocité. Elle vacilla sur la chaise, et ce fut pire lorsqu'il s'arracha de ses lèvres. La bouche engourdie, Bella tenta de reprendre son souffle mais il captura à nouveau ses lèvres puis les abandonna encore. Il pressa ses pouces sur ses pommettes, la bouche proche de la sienne.

Les sens annihilés, paralysée, Bella éprouva une myriade d'émotions et cette fois-ci aucune d'elle était contradictoire et elle se refusait à ce que l'une d'elle le soit et affecte cet instant hors du temps.

  - J'avais tort de penser que je pourrais continuer à faire semblant, dit-il d'une voix très rauque en retirant ses mains de son visage.

Elle relâcha sa chemise en expirant un soupir tremblant. Son pouls s'accéléra et continuait de s'accélérer sans qu'elle puisse inverser l'effet dévastateur qui couraient dans ses veines.

Massimo fixa ses lèvres gonflées par son baiser et éprouva une profonde satisfaction qu'il n'avait jamais ressenti jusqu'à ce jour. Elle avait l'air piégée dans une longue et délicieuse ivresse tandis que son regard voilé se perdait sur la nappe blanche.

À peine venait-il d'achever ce baiser qu'il brûlait de lui en donner un cette fois-ci plus sauvage.

Cependant sa conscience le poussa à se raisonner et il recula tout en savourant le goût sucré de sa bouche sur ses lèvres.

  - Tout va bien principessa ?

  - Pourquoi avez-vous fait ça ? Demanda-t-elle d'une voix encore tremblante d'un plaisir difficile à cacher.

Il mit ses lunettes noirs en se carrant dans le dossier de la chaise avec une impression agréable de surpuissance.

  - Parce que j'en avais envie et en générale lorsque je veux quelque chose ou que je désire quelque chose, il me le faut immédiatement. Jusqu'ici j'étais parvenu à réprimer ce que je veux, mais à quoi bon continuer quand je peux déceler dans vos yeux que vous en aviez envie également ?

Elle émit un petit rire confus.

  - Je ne...

  - Osez un peu me dire que vous n'avez pas apprécié ce baiser Isabella, la coupa-t-il en serrant les accoudoirs. Je suis certain que vous êtes grisée, exaltée et que vous vous demandez déjà comment est-ce possible d'avoir aimé.

Elle devint alors de plus en plus confuse et rougissante. Du bout des doigts elle toucha ses lèvres encore imprégnées de son emprise.

  - Vous avez profondément aimé et vous vous rendez coupable d'avoir aimé parce que ce baiser vient d'un homme que vous êtes censé détester.

  - Je ne comprends pas où tout cela va vous mener, répondit-elle en relevant la tête.

  - À obtenir ce que je veux.

  - Et que voulez-vous ? Me séduire et me mettre dans votre lit est-elle la dernière étape de ma captivité ? Je suis...

  - Oh je sens poindre une colère à peine contenue mais qui est faussement dirigée contre moi hum ? Vous avez besoin de moi et vous voulez de moi pour la simple et bonne raison que je vous traite comme égal aux autres femmes et vous aimez ça principessa.

Elle ouvrit la bouche puis la referma sans un mot.

  - Je ne suis pas comme tout les autres qui passent leur temps à vous manier comme une petite chose fragile qu'il ne faut surtout pas briser et vous aimez secrètement ça. Appelez cela comme vous voulez cara, poursuit-il d'une voix grave et chaude. Un syndrome de Stockholm par exemple ou une envie de sauter à pieds joints dans un monde méconnu et dangereux, mais les faits sont là.

Bella serra le poing jusqu'à enfoncer ses ongles dans sa paume en se maudissant à voix basse. Il avait peut-être raison et ça l'effrayait autant que ça l'excitait. Avec lui, tout semblait différent et imparfait.

  - Quant à moi, n'oubliez pas que je prends ce que je veux quand je veux et ou je veux.

  - Est-ce là des paroles rassurantes ?

  - Une réalité que j'ai trop longtemps banalisée à vos côtés maintenant levez-vous Bella.

  - Quoi ?

  - J'ai dit levez-vous et approchez, ordonna-t-il d'une voix ferme.

Elle frémit en se levant et posa sa main sur la table pour se guider tout du long.

Une main attrapa son bassin et elle fut tiré en arrière jusqu'à sentir ses fesses se poser sur ses genoux.

Elle ferma les yeux lorsqu'elle sentit son souffle sur son épaule. Progressivement il plaça ses doigts sur sa peau et un frisson remonta le long de son échine. Massimo éprouva une sensation qui le força à serrer les mâchoires jusqu'à s'en faire mal aux muscles. Bien que conscient qu'il s'était exprimé avec une certaine rudesse dans la voix, il savait au fond qu'il avait eu raison. De ses mains tatouées il se résigna seulement à lui toucher les épaules et à ramener sa bouche contre sa peau délicieusement parfumée.

   - Je tiendrai ma promesse de vous rendre la liberté, déclara-t-il contre son épaule. Mais pour l'instant, je voudrais qu'on laisse l'avenir nous écrire la suite jusqu'à votre départ. Peu importe ce qui se passera et peu importe si c'est mal ou non.

Elle tourna progressivement la tête dans sa direction jusqu'à ce que sa bouche ne soit plus qu'à quelques centimètres de sa bouche. Il espérait une réponse de sa part mais savait au fond qu'elle était trop confuse pour lui répondre maintenant.

Alors il réfréna la tentation de l'embrasser à nouveau et agrippa ses hanches pour qu'elle se lève.

    - Vous avez un maillot de bain ? Mirella vous a informé de ma proposition ?

  - Oui, murmura-t-elle en levant les yeux plus haut comme si elle cherchait le soleil.

  - Perfecto mia cara, dit-il en se levant pour la guider à l'autre extrémité de la table. Je propose que l'on prenne ce petit-déjeuner et en fin de matinée nous irons à la plage. Ce n'est pas parce que vous ne voyez pas que vous ne pouvez pas en profiter.

Bella ne savait plus quoi penser du comportement du mafieux qui ce matin paraissait déterminé et différent.

Ce baiser ?

Elle s'en souviendrait sans doute toute sa vie et bien qu'elle se sentait coupable de l'avoir accepté et aimé, Bella n'arrêtait plus de songer aux dires du mafieux. C'était peut-être mal et dangereux, mais elle ne pouvait pas s'empêcher d'avancer dans cette mauvaise direction, vers ce chemin sinueux et imprévisible.

Peut-être parce qu'elle commençait à croire en sa parole et qu'au fond elle était consciente que tout aller s'arrêter.

  - Eh bien principessa, vous avez de l'appétit ce matin.

Elle glissa prudemment sa main vers la cuillère en esquissant un léger sourire.

  - J'ai énormément faim, confirma-t-elle en essayant de deviner ce qui se présentait dans la coupelle.

  - J'ai également très faim, mais je doute que l'on parle de la même nourriture tesoro...

Elle ne put s'empêcher de rougir en approchant le fruit à sa bouche. L'instant d'après elle entendit les pieds de sa chaise griffer les dalles qu'elle imaginait en marbre. À ses pas, elle décela qu'il se rapprochait.

  - Mirella est ici, elle va rester avec vous un moment, lui expliqua-t-il. J'ai une réunion importante ce matin.

Elle hocha de la tête et frissonna lorsqu'il plaqua un furtif baiser dans ses cheveux.

À l'évidence, maintenaient il faisait ce qu'il voulait et n'avait pas l'intention de réprimer les nombreuses tentations qu'il lui avait confié.

  - Est-ce que c'est mal ? Lança Bella lorsqu'elle fut certaine d'être seule avec Mirella.

  - Vous avez l'impression que c'est mal ?

  - Oui, murmura-t-elle d'une voix à peine audible.

  - Ce qui serait étrange, c'est de ne pas en avoir conscience ou bien même de ne pas éprouver des doutes, dit-elle doucement.

Bella lui répondit par un léger sourire qui masquait en réalité des myriades de pensées contradictoires.

De l'autre côté de la villa, Massimo venait de pénétrer dans son bureau pour y retrouver Nikki, Vincenzo et Roberto.

  - Tu es sûr qu'il ne s'agit pas d'une illusion de sa part, lança Nikki.

  - Maintenant tu penses qu'elle est folle ? S'enquit-il en levant un sourcil.

Il déverrouilla la bibliothèque pour pénétrer dans la salle privée.

  - Elle a été perturbé pendant assez longtemps Massimo, avant que tu parviennes à la charmer. Il se peut qu'elle l'ait imaginé. Je doute fort que l'un de tes hommes soit capable de faire ça.

  - Et c'est exactement ce que je veux découvrir, déclara-t-il en s'installant dans le fauteuil en face des écrans. Avec les vidéos de surveillance je vais pouvoir retracer la journée qui correspond à ses dires.

Massimo remonta les bandes jusqu'à cette fameuse nuit.

  - Je pense qu'elle a eu une hallucination Massimo, finit par dire Roberto lorsque la bande s'arrêta à huit heures du matin.

Les mains jointes devant sa bouche, Massimo ne réagit pas à sa remarque et resta les yeux fixés sur les écrans.

  - Remonte un peu dans la journée, demanda Vincenzo.

  - Elle a dit que ça c'était passé dans la nuit, lança Nikki.

  - Dois-je te rappeler qu'elle a quelque difficulté avec la notion du temps, répliqua Vincenzo. Il se peut qu'elle se soit trompée.

Massimo recula la bande à une vitesse modérée pour qu'aucun détail lui échappe.

Progressivement le fil de la journée défila et peu à peu il commençait à croire que Nikki avait peut-être raison...

  - Encore, ordonna son ami en appuyant sur la touche pour accélérer.

  - Vincenzo...

  - Ne négliger aucun détail, coupa-t-il en jetant un furtif regard sur Nikki.

Massimo demeura silencieux et alors qu'il n'y croyait plus...

  - Là ! Stop ! Avance !

Massimo avança la bande puis la stoppa au moment où Bella se réveillait.

  - C'est au moment de se lever et c'est plusieurs jours en arrière de ce qu'elle a dit, dit Vincenzo. Ce n'est pas une hallucination, elle a juste confondu les jours.

Massimo se redressa lentement sur le fauteuil alors que devant ses yeux défilait des images qui commençaient à faire bouillir son sang.

La jeune femme se redressait sur le lit en se frottant les yeux l'air désorienté pendant qu'un homme venait de passer le seuil du balcon.

  - Dìo ! Qui est-ce ?

La vision noircie par les images qui progressaient devant lui, Massimo se sentit impuissant.

Lui qui lui avait promis de la protéger continuait impuissant à regarder ces images sans pouvoir les arrêter. Sur la vidéo, l'homme sortait son téléphone portable et commençait à prendre des photos. Massimo serra les dents lorsqu'il essaya de toucher ses cheveux avant que la jeune femme recule sur le lit pour se glisser dedans.

Il pouvait déceler sa crainte à travers l'écran et quand il la vit rabattre les draps sur elle pour se cacher, il se leva violemment du fauteuil, la respiration folle.

  - C'est un livreur, il fait partie de l'entreprise qui livre les fruits et les légumes dont Mirella a besoin. Ce n'est pas le même homme que d'habitude.

Il poussa un hargneux juron en se passant une main dans la barbe.

  - Comment ça a pu m'échapper ! Quelle heure est-il ?

Il consulta l'heure et réalisa qu'elle correspondait à celle exacte de la livraison quotidienne.

Rapidement il cliqua sur le tableau tactile pour avoir accès à la caméra qui ciblait la terrasse et n'attendit pas que son cerveau analyse la situation.

Le voir à sa proximité lui fut suffisant pour s'élancer à l'extérieur de la salle en sortant son arme.

  - Qu'est-ce c'est ? Demanda Bella en ouvrant ses paumes.

Elle sentit les mains de Mirella lui glisser quelque chose dans les siennes.

  - C'est un rouge-gorge, chuchota-t-elle.

Bella sourit, le visage illuminé en sentant l'oiseau s'agiter un peu dans ses mains.

  - Il est tout le temps là, il n'est pas craintif.

L'oiseau s'accrocha à son index et elle commença à le caresser doucement.

Flûté, aiguë et décousu, son chant la fit sourire davantage sans se douter un instant que ce chant particulièrement apaisant allait se fissurer au cœur d'une rafale de balles...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top