» 3.8 - pawn
▪ HOUSE OF METAL by CHELSEA WOLFE▪
❝ J'aime la douleur que tes baisers me procurent. — Mike Smith ❞
•—•
AUDACE
Je me réveille en sursaut, haletante et encore effrayée par l'énième cauchemar qui vient hanter mes nuits.
Le soleil s'insinue doucement dans la chambre de Nathan par l'énorme baie-vitré à ma droite. Je me frotte les yeux pour m'accommoder à la lumière qui m'éblouie.
Il faut dire que hier soir, quand il m'a réveillé parce qu'il était d'après lui, en manque de moi, je n'ai pas vraiment prêté attention à l'apparence de cette pièce. J'étais bien trop occupée sur les gestes du brun qui s'amusaient à jouer avec mon short de pyjama.
En parlant de ce dernier, il dort paisiblement sur le ventre, une de ses mains sous son oreiller.
J'observe alors sa chambre. Son grand lit beige trône au centre tandis qu'un dressing et une salle d'eau se dessinent un peu plus loin. Tout un pan de mur est fait en bois blanc. Au milieu de celui-ci, un écran incurvé dernière génération semble flotté en l'air.
Un radio-réveil sous forme d'anneau doré est posé sur sa table de chevet avec en son centre, l'heure : il est presque huit heure.
Je décide de me lever et de rejoindre discrètement ma chambre. J'enfile un sweat à Nathan qui traîne et lorsque j'ouvre la porte, celle dans face fait de même. Je tombe nez à nez avec Cameron. Son regard descend sur mes jambes dénudées tandis qu'il replace ses lunettes et je tire un peu plus sur le seul vêtement que je porte, embarrassée.
Il me sourit tendrement puis descend les escaliers comme s'il n'avait rien vu et je libère tout l'oxygène qu'il restait dans mes poumons. J'aurais très bien pu tomber sur Mike ou Lizzie, et la gêne n'aurait pas été la même.
Après m'être habillée, je me dirige vers la cuisine où de la musique s'y échappe. En poussant la porte, j'observe sans grande surprise Violette qui danse tout en mixant un smoothie à la couleur rouge.
— Salut, je m'exclame d'un petit signe de main.
Elle se retourne en souriant et dégage une mèche de ses cheveux blonds qui lui cachait la vue.
— Baisse le son Atom.
La musique réduit instantanément et je cherche la chose qui a fait ça.
— C'est une intelligence artificielle installée dans la maison, m'explique la blonde en m'attirant derrière les fourneaux. Atom ferme les volets de la cuisine.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Les volets se ferment et nous sommes rapidement plongées dans le noir complet.
— C'est...
— Cool, extraordinaire, incroyable, spectaculaire, énumère Violette alors que je mets à rigoler. Essaye toi aussi.
Je reprends mon sérieux, me racle la gorge :
— Ouvre les volets Atom, et lance une musique entraînante.
Une musique qui bouge débute et je sens la main de la blonde venir se poser sur mes épaules. Elle commence à secouer la tête et les hanches au gré des tonalités et je la suis. On se met à danser un collé-serré en rigolant à huit heures du matin.
A la fin de la chanson, elle explose de rire et je la suis. Violette est quelqu'un d'extrêmement spontanée. Sans même la connaître, on lui fait naturellement confiance. Lizzie arrive à son tour dans la cuisine dans un peignoir en soie, elle baille en mettant la main de sa bouche. Ses cheveux noirs sont coiffés en un chignon fait à la va-vite qui manque de tomber à chacun de ses pas.
— Matin, marmonne-t-elle en courant se servir une tasse de café noir.
Je m'assois sur un tabouret haut et pose mes coudes sur l'îlot central fait de marbre. Lizzie s'ajoute à ma droite tandis que la blonde continue de cuisiner. Je récupère le verre de smoothie qu'elle me tend et ingurgite le contenu en un rien de temps : c'est délicieux.
— J'avais pensé à un truc, intervient Violette en renversant de la pâte à crêpe dans une poêle. C'est bientôt Noël !
Je cligne des yeux pendant plusieurs secondes comme pour assimiler correctement cette information. Noël ? Bientôt ?
Je trifouille ma watchphone et en effet le calendrier indique que nous sommes le quatorze décembre. Ces derniers mois sont passés si vites alors que j'ai l'impression que c'était encore hier. J'ai perdu et trouvé tellement de choses en ce si petit laps de temps, que je n'ai plus aucune notion du jour que l'on est.
Lizzie baille une nouvelle fois en se penchant pour récupérer la crêpe chaude que la cuisinière vient de déposer dans une assiette propre.
— On pourrait aller faire du shopping, Audace pourrait découvrir les magasins et ça serait l'occasion d'acheter un cadeau pour Mike.
— Il m'a dit qu'il ne voulait rien pour son anniversaire, rétorque la brune.
J'essaye de suivre leur échange mais j'ai l'impression qu'elles parlent une autre langue.
— C'est quand son anniversaire, j'interviens alors.
— Le vingt-six, mais il n'aime pas le fêter.
— On dirait qu'il n'aime pas grand chose, je murmure en grimaçant.
Liz ouvre la bouche puis se rembrunie en relâchant la tension dans ses épaules :
— Disons qu'il n'a pas eu une enfance facile, et que ça lui rappelle des mauvais souvenirs.
Je baisse les yeux, je crois avoir gâché l'ambiance.
— Enfin, ce shopping alors ?, insiste Violette en brandissant sa spatule.
— Va pour samedi !
Un sourire se met à illuminer la pièce et la bonne humeur refait son retour quand je lance une musique. Les deux filles se mettent à chanter à tue-tête.
— Pitié, je ne veux pas devenir sourd maintenant, râle Mike en rentrant dans la cuisine.
Lizzie rigole en lui envoyant sa pantoufle et il marmonne encore plus. Ses yeux rencontrent les miens et il me regarde bizarrement. Comme s'il détenait un secret qui pourrait m'anéantir, comme s'il me cacher quelque chose d'important.
Je suis coupée par Nathan qui nous rejoint. Lorsqu'il passe pour aller embêter Violette en la mettant sur son dos, il frôle mon épaule de ses doigts et m'envoie un sourire. Il l'a soulève du sol alors qu'elle hurle qu'elle doit surveiller ses crêpes.
— Si elle crame, ça sera la tienne.
Les deux rigolent et l'atmosphère semble plutôt légère.
— Cam n'est pas là ?, demande le brun en la reposant sur ses pieds.
— Déjà partie travailler.
Je suis légèrement soulagée que Lizzie m'annonce ça, je n'aurais pas aimé qu'il parle de ce qu'il a vu plutôt.
Nathan et moi n'avons pas encore défini notre relation, je ne sais pas si nous le ferons, mais pour le moment ça me convient. J'ai d'autre priorité que de me mettre en couple et je ne suis pas certaine de ce que je ressens.
***
— Bien, nous allons pouvoir commencer ce nouveau cours, tonne la voix d'Houston qui fait des aller-retours devant moi.
Il déambule, les mains dans son dos et semble très excité par les évènements qui va suivre. Je grimace en tournant doucement mes poignets liés aux accoudoirs de la chaise, c'en est presque douloureux. Sans parler du petit objet métallique que l'on pas mis dans le cou et qui me démange.
Tout mon groupe habituel est là et tous les nouveaux sont menottés. J'observe les anciens dans les gradins occupés à régler je ne sais quoi.
— La torture physique ou mentale est quelque chose que vous devez apprendre à contrôler. Réussir à garder son masque alors qu'on vous fait souffrir est la clé pour être un bon guerrier. Parce qu'un soldat ne se laisse jamais abattre.
J'inspire et expire calmement pour déjà trouver la stabilité qu'il me faut afin de tenir mon masque, comme il le dit.
— On vous a tous posés une plaquette circulaire de la taille d'une pièce de monnaie dans le cou. Chaque ancien, ici présent, détient en sa possession, une batterie qui transmettra à chacun d'entre vous, une décharge électrique. Le voltage sera décidé par moi-même. C'est simple, je veux que vous trouviez votre point de contrôle. Que vous arriviez à faire la part entre vos ressentis et vos émotions. Une note vous sera attribuée et elle comptera dans le tableau. Commençons.
Il frappe dans ses mains en se tournant vers les anciens :
— Premier cran.
Je remarque qu'il tourne tous leur bouton. Je serre les dents, anxieuse mais je ne reçois qu'une très légère secousse. Ça ne fait pas mal, cependant ce n'est pas agréable non plus.
Houston sourit, visiblement satisfait de cette première étape. Le silence est toujours présent.
— Deuxième cran.
Cette fois-ci, je dois serrer les dents plus forts. Le choc est brutal et extrêmement court. Le temps que mon corps ne perçoive le coup, la décharge a déjà quitté mes veines.
— Troisième cran.
Des cris se mettent alors à fuser et je ferme les yeux pour me concentrer sur mon impassibilité. La décharge est plus longue, plus douloureuse. Je sens mes muscles qui se contractent : ils tétanisent. Et même lorsqu'elle est passée, mes doigts restent crispés aux accoudoirs de la chaise.
— Quatrième cran.
Sa voix se fait plus féroce.
L'électricité me coupe l'inspiration que je prenais. Les mêmes symptômes que précédemment reprennent le contrôle de mon corps. Ma cage thoracique se compresse et je commence à avoir dû mal à respirer. Lorsque la décharge s'arrête, je suffoque en relâchant mes épaules. Aucun cri n'a franchi la barrière de mes lèvres, contrairement à la plupart des autres qui hurlent à mourir, et je me félicite de cet effort surhumain.
Je perçois des supplices et des pleurs mais je m'empêche de faire tomber mon masque.
Cela semble irrité Houston qui me foudroie du regard, comme s'il s'attendait particulièrement à ce que je m'effondre. Je lui souris comme pour lui montrer que je ne compte pas flancher.
Il lève alors un sourcil.
— Cinquième cran. Tyler, ajoute-t-il, septième cran pour Ravenwood.
Je contracte ma mâchoire, prête tandis que j'entrevois Lizzie lever la tête vers moi, inquiète. Je n'ai pas le temps de m'y attarder que mes abdos se serrent violemment, le courant arpentant mon sang. Je n'arrive plus à respirer, une veine marque même mon front. Une douloureuse brûlure commence à prendre forme là où le dispositif est installé. Mes joues virent aux rouge sang.
Si la décharge ne s'arrête pas je vais mourir.
Les yeux perfides de mon entraîneur s'approchent de moi. Je suis devenue complètement sourde aux cris de mes coéquipiers.
Je tente juste de respirer mais mon cœur qui se crispe m'empêche d'effectuer tout mouvement.
Je redouble d'efforts, lève le menton et ouvre la bouche :
— Je n'ai pas peur, je marmonne, la voix entrechoquée de soubresauts.
Mon corps se relâche subitement et ma tête pend désormais vers le sol, alors que mes membres tremblent encore. L'air regagne doucement mes poumons et je reprends mes esprits, nauséeuse.
J'ai un mal de crâne incroyable et la brûlure dans mon cou me donnerait presque l'impression que la puce est maintenant implantée dans ma chair.
— Bien, ajoute Houston en se raclant la gorge pour reprendre contenance. Passons directement à la torture psychologique.
Il s'en va rejoindre les anciens pour leur en donner l'ordre, quelques mètres plus loin.
J'inspire et expire pour contrôler les douleurs que mon corps vient de subir. Je sens encore les courbatures de mes muscles endorlis .
— Merci, grogne le garçon qui est à côté de moi et qui s'en sortait plutôt bien.
Son merci n'a rien de gentil, c'est plus un reproche comme si j'étais la responsable de ce revirement. Il me foudroie du regard puis se concentre sur Houston.
— À mon trois, diffusez le venin.
Je fronce les sourcils, je ne suis pas sure de comprendre ce qu'ils vont faire.
— 1...2...
Houston me fixe dans le blanc des yeux, son sourire malsain toujours scotché à ses lèvres. On dirait qu'il a reçu l'ordre de me torturer comme bon lui semble.
— 3, susurre-t-il, tout spécialement pour ma personne.
Mon corps se dresse de lui-même contre le dossier de la chaise alors qu'un liquide provenant de la puce s'insinue dans ma peau. Un léger coup d'œil vers mes doigts, me laisse entrevoir mes veines se colorer d'un noir intense. Je divague tandis que ma tête bascule vers l'arrière.
Lorsque je reprends finalement mes esprits, je suis seule dans une pièce. Je passe une main sur mon front bouillant, et me rends compte à ce moment précis que je ne suis plus ligotée. La chaise à elle aussi disparu puisque je me trouve debout au centre.
Une onde d'incompréhension me traverse et je porte mes doigts à mon cou, là où devrait se trouver la puce : mais il n'y a rien. C'est comme si je venais de me réveiller d'un rêve. Comme si Nathan, Lizzie, Mike, Violette et même Houston n'étaient que des inventions faites par mon subconscient.
Et cette théorie dresse les derniers poils de mes avant-bras.
Je me dirige activement vers la porte. Mes doigts restent en suspens devant la poignée, hésitante puis en l'ouvrant, je suis surprise de voir qu'elle donne sur le haut de mes escaliers.
Je reconnais mon entrée de maison, le miroir accroché juste en face de la porte. A ma droite, il y a la chambre de Will et la salle de bain, alors qu'à gauche c'est la chambre de maman.
Je tourne la tête vers la pièce noire, cependant, c'est désormais ma chambre. Mon lit double est fait et mes baskets sont balancées au pied de ce dernier. Sur mon plaid blanc, mes cours de neurosciences sont étalés avec mes stylos en vrac.
Un rire me sort de ma contemplation. Il provient de la chambre de Will. Je m'y engage alors, une boule dans le ventre.
— Mon perso est meilleur que le tien.
— N'importe quoi, je vais te trucider, tu vas voir.
Je fronce le nez à l'entente de ces voix, le souffle me manque presque. William est là. Il est vraiment là avec Dean. Mes yeux s'humidifient d'eux-mêmes.
— Audace, je t'ai entendu rentrer, intervient mon frère. Pas la peine de me faire peur.
Je presse ma main sur ma bouche alors que mon meilleur ami semble me remarquer. Il ébouriffe les cheveux de Will et se relève de son lit pour venir vers moi. Il me sourit en me prenant dans ses bras. Je m'agrippe fortement à lui, ça fait si longtemps.
— Tu m'as tellement manqué, je soupire en passant ma main dans ses cheveux noirs corbeau.
Il ricane en me pinçant la joue, ne prétend pas attention à mes larmes de bonheur.
— Depuis hier matin ?
Je cligne plusieurs fois des yeux, en me reculant légèrement. J'ai l'impression d'être dans un univers parallèle.
— Aller viens, je t'ai promis de t'aider à faire à manger avant que ta mère rentre !
— Ma mère est en vie ?
Mon cœur s'emplit d'un soulagement sans nom. Tout semble parfait. Comme si j'avais retrouvé tout ce que j'avais perdu.
— Oui, évidemment, rigole-t-il, c'est quoi cette question Aude ?!
Je secoue la tête et il m'attire vers la sortie. Alors que je veux dire quelque chose à Will, Dean me devance :
— Will dernière partie, après tu bosses !
Mon frère râle dans sa barbe mais accepte tout de même. Comment savait-il que j'allais dire ça ?
Je me sens embrumée et perdue dans ma propre maison. Je descends les escaliers en redécouvrant les marches quand Dean reprend la parole :
— Ah aussi, ton père a envoyé un message pour dire de ne pas l'attendre, il rentrerait tard.
Je rigole ironiquement en stoppant le brun.
— Très drôle.
Dean fronce les sourcils et mon rire s'estompe. Une étrange sensation empreint mon organe prisonnier dans ma poitrine.
Espoir. Désespoir.
Deux mots si semblables alors qu'ils sont contraires. Comme pour rappeler qu'il n'y a qu'un pas entre les deux. Qu'une chute pour tomber au plus profond.
— Dean, mon père est partit il y a des années de ça, tu le sais bien.
Il dépose sa grande main sur mon épaule, à demi-sérieux :
— Les cours, ça te monte à la tête, chérie.
Il s'introduit dans la cuisine sans s'attarder plus sur moi. Et quand je fixe mon poignet, un tournis me prend. Je n'ai pas de montre. C'est quoi ce délire ?
Je commence à manquer d'air et inspecte les alentours en hyperventilant. Je ne sais pas ce qui m'effraie le plus : que toute cette histoire soit la réalité ou que Hoffenwald n'était qu'un rêve.
Je rejoins la cuisine en tanguant, mes maux de tête me rendent cingler. Je n'arrive pas à faire la différence du mensonge et de la réalité qui m'entoure. Un couteau traîne sur le plan de travail et je l'empoigne vigoureusement, les yeux larmoyants.
San réfléchir, je plante la pointe dans mon doigt et observe la lame dépourvu de sang. Mon index ne présente également aucune coupure.
— Ce n'est pas réel, je murmure en dégageant mes mèches de cheveux rebelles.
—De quoi, soupire passablement mon ami.
— C'est comme l'immersion, je continue pour moi-même. Rien de tout ça n'est réel.
Alors que je compte m'enfuir, la poigne de Dean s'abat violemment sur mon bras.
— Où vas-tu comme ça ?
J'éloigne mon visage du sien, les yeux grands ouverts. Le mot danger clignote dans mon esprit et j'essaye de me détacher de lui. Je commence à avoir peur de cette personne que je connaissais par cœur.
— Ne t'en vas pas, pleurniche Will qui apparait derrière Dean, à sa gauche, en un clignement d'œil. S'il te plaît de m'abandonne pas.
Mes yeux alternent entre les deux garçons, mes lèvres serrées , je me sens oppressée, contrôlée.
— Ne veux-tu pas goûter à nouveau à cette vie perdue, susurre ma mère à son tour, désormais à sa droite.
Je me mets à sangloter en tirant toujours sur mon bras.
Rien de tout ça n'est réel, mais dieu sait le nombre de fois que j'ai fait ce vœu en soufflant mes bougies d'anniversaire, en admirant une coccinelle s'envoler ou une étoile filante traversée le ciel sombre.
— C'est ce que tu as toujours voulu non, nous retrouver n'est ce pas ?
Une part de moi veut rester, une part de moi ne veut jamais se réveiller.
Néanmoins, je sais aussi que c'est un test, qu'Houston me torture psychologiquement avec les gens que j'aime et les choses que j'aurais aimé connaître comme mon père ou une vie plus simple.
— Mais ce n'est pas réel maman, je dis d'une voix ferme et dénouée d'émotions. Et vivre dans le mensonge me détruira plus que d'affronter la réalité.
Je sens une larme franchir mon œil alors que je m'octroie des mains de mon premier amour. Leurs visages disparaissent et même si mon cœur se fissure, je sais que je fais le bon choix.
Je n'appartiens plus à ce monde. Je n'appartiens plus à cette vie.
Je me réveille d'une inspiration brève et essuie la perle d'eau salée qui dégouline le long de ma joue.
Je suis de nouveau au Complex, face à Houston et les anciens. Lizzie me sourit, soulagée et un regard vers mon entraîneur ravive une étrange colère dans mes veines. Parce que j'ai mal à l'intérieur. Je ne pensais pas que cette torture pouvait autant m'impacter. Moi qui a toujours maintenu le plus longtemps, le plus haut et le plus fort les barrières de mes émotions.
C'est comme si malgré la résistance de mes murs, ils s'effritaient comme des grains de sables.
Je semble être la seule éveillée et je me surprends à avoir réussi si aisément.
Mes sens sont aux aguets et j'ai une soudaine envie de laisser cours au fil de mes pensées.
— Vous ne pouvez pas me détruire, je lâche le cœur battant.
Les anciens qui n'avaient pas prêté attention à mon réveil, lèvent à ce moment la tête. Houston intensifie son regard, remarquant que c'est bel et bien à lui que je m'adresse.
— Hoffman ne peut pas me détruire.
Il fronce les sourcils en penchant sa tête sur le côté. Il n'est pas certain de ce que je dis, j'ai moi-même l'esprit embrumé.
Ses yeux noirs se teintent également d'une méchanceté malsaine. Il n'a pas l'air d'apprécier mes opinions. Tant mieux.
— Hoffman a peur de moi parce que je n'ai pas peur de lui, je reprend en ricanant, à moitié folle. Parce que peu importe ce qu'il me fera, ça ne pourra pas être pire que ce que j'ai déjà vécu. Je n'ai rien à perdre, je ne peux que gagner.
Le quarantenaire s'offusque, perdant son sang-froid et se retrouve à quelques centimètres de moi. Il dégaine son arme d'un clignement de paupières et colle le canon sous ma gorge. Ses doigts se crispent tandis que je lève un sourcil.
Je n'ai pas peur. Je n'ai plus peur. Et je n'aurais plus jamais peur.
Je refuse de me laisser descendre par des hommes qui se pensent supérieurs autant physiquement que mentalement.
Je refuse de devenir un pion dans leur jeu qu'ils peuvent écraser lorsque bon leur chante.
— Tu te crois intelligente parce que tu as des capacités hors-normes ?, grogne-t-il en me foudroyant du regard.
Il enfonce un peu plus son pistolet dans ma jugulaire, m'empêchant de respirer convenablement. Cependant, l'adrénaline qui afflux dans mes membres, ne bride en aucun cas ma désinvolture.
— Tout ce que tu vas gagner c'est un aller-simple dans la fosse.
— Alors allez y, je chantonne mesquinement. Faites plaisir à Hoffman et pressez la détente.
Mes yeux défient les siens dans une bataille que je ne suis pas certaine de remporter, pourtant aucun de nous ne flanche.
Son index n'est qu'à deux doigts de libérer la balle qui pourrait m'être mortelle. Je ne suis pas certaine qu'il est le droit d'exécuter ses élèves en plein cours, mais avec Houston rien ne m'étonnerait en réalité. Surtout pas avec l'arme froide qui me prive d'air.
Sous mon plus grand étonnement, Mike apparaît dans son champ de vision. Son visage est plus fermé et sérieux qu'à son habitude.
Il pose sa main sur l'épaule de mon bourreau qui ne prend même pas la peine de le regarder. Il préfère garder notre ultime contact visuel.
Notre duel fait office de spectacle au vu du nombre de regards qui nous entourent.
Me tuer lui permettrait d'instaurer un respect et une dévotion imprenables. Alors que le contraire, le décrédibiliserait éternellement.
C'est que ses yeux transmettent aux miens.
Le brun se penche et lui murmure alors quelque chose que je suis incapable d'entendre dans l'oreille.
Mon coach contacte durement la mâchoire puis je sens finalement sa prise de relâcher, me laissant respirer de nouveau.
Il baisse son pistolet non sans secouer sa main, qui elle était prête à me descendre.
— Dégagez, hurle-t-il, dos à nous.
Mike me jette un bref coup d'œil et s'en va tandis que Lizzie vient m'aider à défaire mes liens.
La mort m'épargne aujourd'hui, m'offrant un autre lendemain pour mieux mourir.
—————————————
(Chapitre non corrigé) ils le sont jamais i know 😭
Comment vous allez vous ?
Je suis refaite de savoir qu'ils vont rouvrir les restaurants, je vais enfin pouvoir retourner dans mon resto italien préféreeeeee😇
Y'a trop de trucs dans ce chapitre alooors ça vous a plu ?😭
Après qu'on m'ait demandé, voici mon insta : @w.of.t.q
Bref à très vite les amies 🥰
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top