» 3.2 - over

▪ FAREWELL LIFE MUSIC by ARN ANDERSON ▪

Comment ne pas répondre à la violence par la violence ? — Audace Ravenwood
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NATHAN

Mon arme à la main, je monte à toute vitesse les escaliers. Mon sourire ne m'a toujours pas quitté.

Cette fille est incroyable, remarquable, impressionnante. Beaucoup trop d'adjectifs me viennent à l'esprit. Ce qu'elle a fait sur la place tout à l'heure, c'était du jamais vu. Une première et en totale impro.

Houston a dû en perdre son sourire et Hoffman a quant à lui dû se retourner plus d'une fois dans son immense résidence à Hellysium. Je crois, en fait, je me suis même certain que c'est interdit. Mais personne ne l'a jamais stipulé dans les règles, parce qu'aucun des organisateurs a une fois pensé qu'un novice serait capable le faire.

Elle a mis cette meuf si rapidement hors d'état de nuire que même les soldats n'ont pas eu le temps d'intervenir. C'était spectaculaire et surtout filmait par les drones. Si elle n'est pas première dans le classement, je ne comprends pas. Plus personne ne peut la dépasser maintenant.

Je rentre dans le salon abandonné et retrouve Mike qui recharge son arme. Par contre lui, n'a clairement pas apprécié qu'elle lui tire dessus. Même si c'était drôle à voir, elle ne sait pas encore viser avec précision mais ça viendra.

— Montre-moi ton bras, je lui dis.

Son épaule est moche, parce que mine de rien, les balles sont douloureuses. Un énorme hématome s'étale du début de sa derrière jusqu'à l'intérieur de son coude : d'une couleur bien violette.

— Tu l'as trouvé ?

Je lève les yeux vers lui tandis qu'il me sonde et je finis par secouer la tête. Je ne veux pas qu'il sache que je l'ai combattu et que je l'ai laissé prendre le dessus. J'avais juste ce besoin de la voir, de lui montrer la fierté que j'avais pour elle. J'en ai profité que les caméras n'étaient pas sur nous pour sortir. J'aurais dû l'éliminer, cependant, je refuse de la faire perdre après tous les efforts qu'elle vient d'effectuer.

Si Hoffman l'apprenait, il lui couperait surement la tête. Puis la mienne. Mais je me suis assuré que l'on soit bien seuls et si par mégarde, je m'étais trompé : on se battait. Il ne devrait donc pas avoir de doutes.

— On devrait dégager d'ici, je reprends en descendant la fermeture éclair de ma combinaison. Ils ont trouvé la pièce, vaut mieux se placer à un nouvel emplacement.

Je retire mon bras blessé de la manche et inspecte la profondeur. La lame m'a à peine effleuré néanmoins, ça a largement suffi pour me faire une entaille.

— Comment tu t'es fait ça ?, demande-t-il, suspectant ma blessure.

C'est vrai que faire ça devant lui n'était pas très intelligent.

— J'ai glissé sur de la ferraille.

Mike ricane et je sais que ce n'est pas parce qu'il se fout de ma gueule mais parce qu'il ne me croit pas :

— Depuis quand on se ment l'un à l'autre ?

Je hausse les épaules préférant faire l'idiot qu'avouer que je n'ai pas pu l'éliminer. Je me rhabille, récupère mon arme et prends la fuite.

— C'est bien ce que je pensais, s'exclame mon pote. T'es incapable d'agir comme un soldat depuis qu'elle te tourne autour.

— Peut-être que j'ai simplement envie d'être un homme, j'avoue en me retournant vers lui.

Il sourit ironiquement et me rejoint :

— Tu diras ça à Hoffman quand il te fera brûler sur la place publique, crache-t-il en me bousculant.

Je l'observe partir sans moi. Je crois que Mike la déteste pour de bon maintenant alors que moi je l'aime encore plus.

***

AUDACE

Mes pas se font le plus discret possibles, car malgré le début de coucher de soleil, les tirs camouflent le silence entre Mikhail et moi. Nous marchons depuis un bon bout de temps. Mon partenaire n'a visiblement pas la relation temps-distance. Puisque son immeuble tout proche se trouve être à l'autre bout de la ville.

De plus, il nous faut éviter les zones trop grandes qui nous exposeraient aux rues principales, cela rallonge considérablement le temps de trajet. Mais je ne m'en plains pas. Nous avons déjà une pièce et une arme, il faut dire que la chance est de notre côté pour le moment.

— On y est presque.

J'acquiesce quand un tir me passe juste sous les yeux. J'attrape le bras du blond et l'attire dans l'habitation la plus proche.

Nous nous cachons contre le mur. J'inspecte mon partenaire sous tous les angles, cependant il ne semble pas toucher. Je soupire de soulagement.

Je positionne l'arme près de mon visage et cherche d'où provenait la balle. Je remarque une fille, toute en noir, allongée sur le toit de la façade d'en face. Elle ressemble à une tireuse d'élite dans cette position. Je refile le fusil à mon coéquipier qui fait de même.

— Tu penses pouvoir l'avoir d'ici ?

Il hausse les épaules, incertain :

— Je ne sais pas, mais si je rate elle va nous repérer.

Tout à l'heure, il m'a fait confiance à la fontaine. C'est à mon tour de faire de même.

— Tu vas réussir, je dis en me rappelant la positivité de Lizzie.

Il finit par hocher la tête et pose son arme contre son épaule comme si elle pesait une tonne. Inspire et positionne son doigt à quelques centimètres de la détente. En expirant, la balle part et vient se fracasser dans le canon de l'autre pistolet.

J'entends la fille hurler de rage en s'éloignant de son point de tirs tandis que Mikhail rit nerveusement.

— Avoue que tu as pris des cours, je rigole en posant ma main sur son épaule, épatée par ce qu'il vient de faire.

On ressort précipitamment de la demeure et reprenons notre course effrénée. Nous n'avons pas vraiment le temps de savourer nos talents.

***

La nuit est tombée depuis une heure et Mikhail analyse les environs, perché sur le toit du gratte-ciel le plus de Bartow. Je regarde les étoiles, étalée sur le dos. Tout ce qui est arrivé aujourd'hui est dingue. Je me crois en plein rêve.

L'adrénaline qui coule dans mes veines me donne le tournis mais j'en re-veux encore et encore. Comme une drogue. Cette sensation incroyable : être face à un danger a quelque-chose d'excitant, de tentant. J'aime me dire que je déjoue la mort, que je brave les interdits de la vie.

Je ne me pensais pas suicidaire, mais être sur le fil du funambule, un pied dans le vide me fait ressentir plus de choses que je n'ai jamais ressenti de toute ma vie. Le risque de tomber rend la traversé si unique. Peut-être que finalement je comprends ce que ressentait William sur ce ring, la liberté de ton prochain mouvement. Ton choix de basculer ou d'avancer la jambe tendue.

C'est exaltant, c'est nouveau, et c'est surtout addictif.

Sans parler de la compétition, après les risques que j'ai pris, je veux gagner. Je veux trouver les trois pièces. Je veux voir mon nom tout en haut du classement. Je veux sortir vendredi matin, la tête haute sans avoir été touchée.

J'ai l'impression de découvrir un nouveau trait de mon caractère. Je suis plus déterminée et compétitive que jamais.

— Audace, résonne la voix de Mikhail, me sortant de ma contemplation.

Je me redresse et m'approche du bord. Le vide sous mes yeux est effrayant mais je n'y prête pas attention. Il me donne l'arme et je place la vision infrarouge face à mon œil droit. Il me décrit les zones à regarder et je suis ses ordres.

A sept cents mètres, je dirais, se trouve un rassemblement de masse rouge et orangé : des corps donc de potentiels anciens. La zone est dégagée sans grande surprise et la place comporte une grande statue.

C'est impossible de pouvoir récupérer une pièce. La statue est pile au centre, et je suppose que c'est donc là que se trouve l'objet. De plus, chaque immeuble qui entoure la zone est surveillé par des anciens. Si une seule personne se présente à l'entrée, des dizaines de rafales vont lui tomber dessus.

— Celle-là risque de poser problème, confirme mon binôme.

Il appuie légèrement sur le canon de l'arme, la dérivant vers un autre point.

— Celle-ci en revanche, semble jouable.

J'observe avec intérêt, le regroupement est plus petit et des cachettes ou solutions de repli sont envisageables.

— On part là-dessus, je conclus en me dirigeant vers la sortie.

Nous redescendons tous les étages de l'immeuble et empruntons une ruelle secondaire. Elle nous permet de courir plus vite et d'arriver donc beaucoup plus rapidement au point décidé. Nous nous arrêtons à quelques mètres. Mikhail en profite pour évaluer le nombre d'anciens qui nous entoure.

— Six.

Je hoche de la tête, trouver la pièce dans le noir est l'étape la plus dur.

— Tu as un plan, j'imagine.

Mikhail secoue la tête :

— Non, je pensais que tu en avais un.

— Mais non, je m'exclame me rendant compte qu'on va se jeter dans la gueule du loup en totale improvisation. C'est toi qui a décidé du lieu.

— Nous avons décidé à deux, et c'est toi qui est partie avant même que l'on puisse réfléchir.

J'ouvre la bouche, offusquée qu'il m'accuse :

— Tu aurais très bien pu m'arrêter pour qu'on en parle.

— Je pensais que tu avais un plan, putain !

Je lève les yeux au ciel, on dirait que son comportement agaçant revient au grand galop.

— Moi aussi !

Je suis consciente que l'on tourne en rond et qu'on se répète. Cette dispute va seulement nous faire repérer. Mais ni Mikhail, ni moi sommes prêts à reconnaitre nos tords.

Il rit ironiquement et ma main me démange. Quel connard.

— J'ai réfléchi à tous les plans d'aujourd'hui, tu aurais au moins pu penser à celui-ci, réplique-t-il mesquinement.

— Et je n'ai fait que sauver ton cul toute la journée, je lâche hors de moi. Pendant que j'évitais de nous faire éliminer, tu courais tranquillement te mettre à l'abri.

Le blond plisse les yeux, piqué à vif.

— Oh arrête, on sait tous que t'as kiffé être au centre de l'attention, à faire ton petit show pour sauver...

Avant qu'il ne puisse finir, plusieurs coups de feu nous tombent dessus. Je crie sous la surprise et Mikhail et moi fuyons, nous séparant.

Je l'aperçois à l'opposé de moi, courir jusqu'à l'intérieur de la place. Les tireurs sont dos à nous et ont largement la capacité de nous atteindre. Alors pourquoi ne le font-ils pas ?

Ils essayent juste de nous ramener au centre pour nous encercler, je réalise à bout de souffle. Je m'arrête net et cherche du regard mon coéquipier.

— Mikhail, stop ! C'est un piège !, je crie alors qu'une dizaine de rafales s'abat sur lui.

Il arrive à rentrer dans une des ruelles avant qu'elles ne le touchent. Je soupire en trouvant également une planque. Je suis tout de même à découvert, cependant, l'arme dans mes mains peut toujours me protéger. Je tente de discerner le nombre de balles qu'il me reste. Une dizaine.

Je hoche doucement de la tête en m'adossant au mur. Il faut que les dieux des armes à feu soient avec moi et m'empêchent de gaspiller les balles par maladresse.

Si nous n'avions pas eu cette dispute, peut-être que ça ne serait pas arrivé. On est plus fort à deux, et c'est en nous divisant qu'on leur a permis d'attaquer.

J'aurais dû m'en rendre compte. C'est le but d'Hoffenwald : ils nous brisent pour mieux nous atteindre.

Du mouvement attire mon regard en face, et je place l'arme contre ce dernier en tremblant. J'active la vision et observe la scène : Mikhail se débat avec un ancien. Il est à terre et repousse de toutes ses forces le canon de sa tête. On dirait que son adversaire est dans l'incapacité de tirer.

Je positionne le fusil contre ma joue, ferme mon œil avec précision et positionne mon doigt contre la gachette. Si j'arrive à le toucher, il sera hors d'état de nuire. J'inspire un bon coup, me concentre le plus possible et pense qu'à du positif.

— Je peux y arriver, je peux y arriver, répété-je en murmurant.

Je presse sur la détente mais la balle ne part pas. Mon souffle se coupe.

— Bien tenté, rugit une voix dans mon dos.

Je me retourne brusquement mais le coup de feu , est déjà parti dans un bruit sourd. Lorsque la balle me percute, je me sens projetée en arrière. Je m'effondre au sol, le souffle court.

J'ai tellement mal dans la poitrine. C'est comme si mon cœur venait de faire des triples saltos arrière. Je gémis alors que mon corps commence à trembler. Je suis comme paralysée sur place, souffrante.

Mikhail sort de sa cachette, il a dû maitriser l'autre, je l'entends courir dans ma direction néanmoins une autre balle fuse et le touche également. Ce n'est pas le même tireur, on dirait que le mien s'est réservé le privilège de me viser.

— Ton parcours était si beau, je ne voulais pas que tu prennes trop la confiance, me murmure Tyler après s'être approché de mon corps inerte.

Je n'arrive plus à bouger et j'ai tellement mal. J'ai l'impression de suffoquer et même s'ils ont assuré que les balles ne tuaient pas, je ne sens plus mes jambes. Je serre les lèvres, je ne veux pas lui offrir la satisfaction de me voir aussi bas.

Le brun penche la tête, se délectant de mon état. Il est mon mentor, il est censé s'assurer que je réussis, non ?

— Ça doit être sacrément douloureux, jubile-t-il alors qu'il fait pianoter ses doigts sur mon ventre.

Il ricane et les presse violemment là où il a visé, ce qui me fait hurler de toutes mes forces. Si une fausse balle offre cette douleur, je ne veux pas imaginer les dégâts qu'une vraie ferait. Elles ne transpercent par la peau mais je sens qu'un hématome prend déjà forme.

Je le foudroie du regard pendant qu'il continue de rigoler. Ma main droite tapote le sol à la recherche de mon arme, tandis que je hoquète.

Lorsque je la sens, je la prends d'un coup de main, déverrouille manuellement le levier. Puis sans qu'il n'ait le temps de répliquer, je tire sans une hésitation sur Tyler qui chute à son tour sur le dos, quelques mètres plus loin. Il crie et c'est à moi de rire, le son entrechoqué par mon essoufflement :

— Douloureux hein, je le nargue pendant que les soldats me chargent sur un brancard.

Je remarque les autres tireurs nous rejoindre et relever Tyler qui grimace. Je suis dégoutée d'être éliminée, surtout par cette enflure. Cependant, j'espère secrètement que les drones ont filmé la scène.

Une piqure me transperce le bras et je grimace de surprise avant de sombre dans un profond sommeil.

Game over.

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La suite s'annonce pire, je crois...

Alors le stage ??

J'ai exceptionnellement écrit un petit point de vu de Nathan pour qu'on est l'avis du monsieur car les prochains chapitres resteront sur Audace :)

J'ai galéré à trouver une musique qui représentait vraiment l'ambiance des moments donc boooon desoooo si ça colle bof 😬

love ❤️

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