▪ BORN FROM ASHES by ETERNAL ECLIPSE ▪
❝ Un honnête homme m'a dit un jour, pardon du dos de son poignard. ❞
•—•
NATHAN
— Je t'aime, Nathan.
Je me stoppe net dans les marches d'escaliers que je dévalais à toute vitesse.
Je t'aime, Nathan.
C'est ce qu'Audace vient de me dire.
Je peine à réaliser qu'elle a fini par les dire. Ces trois petits mots. J'en venais même à croire qu'elle était incapable de les formuler à voix haute. Et pourtant, elle a choisi ce moment pour me les avouer.
Je sens mes pieds vaciller mais pas à cause de ma blessure, à cause de mon cœur qui bat à tout rompre.
C'est un mélange d'amour et de trahison.
J'aime Audace et je crois que je la haïs tout aussi fort.
— Si tu me l'avais dit en retour le matin de l'épreuve finale, je t'aurais sorti de cet hôtel. Je t'aurais sorti d'Hoffenwald, j'avoue avant de fuir la situation le plus loin possible.
La porte claque dans mon dos et il me faut une seconde pour réaliser tout ce que je viens de faire et de briser.
J'attends quelques secondes, espérant malgré tout qu'elle me courre après. Mais Audace n'est pas comme ça.
J'aurais fait n'importe quoi pour elle. J'ai fait tout ce que je pouvais. J'ai tout sacrifié pour elle.
Hoffman m'a promis de l'épargner. Il m'a promis de la laisser rentrer chez elle.
Elle n'a aucune idée du deal que j'ai passé et du prix que j'ai payé.
Et elle n'en aura jamais conscience puisqu'elle s'est désormais engagée dans cette guerre avant même que je ne suis puisse arranger les choses.
Néanmoins, moi j'endurais les conséquences de mes actes pour le restant de ma vie.
Je l'aime à ce point.
L'ancien monde n'a fait qu'une bouchée d'elle depuis toujours, c'était mon rôle de limiter les dégâts de celui-ci.
Tout ça pour qu'elle tourne la page un mois après ma disparition.
Je retiens de justesse mon poing de s'écraser dans le mur à ma droite.
En réalité, ce n'est pas le fait qu'elle tourne la page le problème, même si j'aurais espéré qu'elle me pleure plus longtemps. C'est le fait qu'elle se rabatte sur Mike.
Moi qui était terrifié qu'ils ne s'entretuent.
Je ris jaune. Quel con.
Je reprends ma route, dévale les dernières marches du perron et enfourche ma moto, garée à côté de celle d'Audace.
Je la démarre, ferme les yeux un instant et je replonge dans mes souvenirs. Ses bras enroulés autour de mon torse tandis que je m'arrête devant le grand portail de chez Harry. Elle qui retire son casque en secouant les cheveux comme dans les films hollywoodiens.
J'aurais dû savoir, dès l'instant où je l'ai rencontré, qu'elle me briserait le cœur. Elle n'est pas la fille d'Harry pour rien.
Puis je démarre non sans jeter un regard vers la porte toujours fermée.
Je suis capable de lui pardonner. Je pourrais me jeter, à genoux, à ses pieds en lui demandant pardon. Mais alors tout le monde saurait que le favoris n'est qu'un faible au cœur attendri. Ça serait au tour d'Hoffenwald de faire qu'une bouchée de moi.
Il a déjà mangé une partie de moi, je ne peux pas le laisser m'avaler entièrement.
L'air fouette violemment mon visage tandis que j'accélère toujours plus vite, mes jointures sont blanches tant que je les serre autour du guidon. Un croissant de lune violet se dessine sous mes ongles, signe précoce de ma descente en enfer. Je ne vais pas dormir pendant les deux nuits à venir.
Je vais si vite que j'en viens à oublier la blessure qui me tord le ventre, bientôt là brûlure dans ma poitrine s'estompe et le produit fait son effet. Je deviens imperméable à sa douleur lancinante.
Mais malgré la vitesse impressionnante à laquelle je roule, je n'arrive pas à canaliser mon surplus d'énergie. Alors au lieu de tourner à gauche après l'immeuble, je m'engage tout droit.
Dans la rue adjacente, je perçois des bruits. Une dizaine de soldats tentent de se réchauffer autour d'une poubelle enflammée. Il ne fait pas si froid que ça, mais c'est une fraîcheur désertique, différent du vent du Nord. Je m'arrête à quelques mètres d'eux, ils ne m'ont pas encore vu.
Je descends de la moto et empoigne fermement mon PK380. Je tire dans la jambe de celui qui est le plus près. La horde se retourne et dégaine à leur tour leur arme de pointe.
Un sourire se dessine sur mes lèvres. Ils savent qui je suis.
— Favoris, de qui recevez vous les ordres de tirer sur ma troupe ?, s'exclame le plus haut gradé.
Il ne me sera pas utile, je l'abats d'une balle entre les deux yeux. Les hommes autour de lui s'écartent subitement tandis que celui blessé braille comme un enfant.
Ils me regardent tous d'un œil apeuré et mes épaules s'affaissent.
— Vous n'êtes vraiment pas drôles, venez donc sauver votre peau.
Un deuxième homme, plutôt jeune, tente de s'échapper mais d'une précision impeccable, je lui explose la cervelle.
— Putain, je souffle de mécontentement.
N'ont-ils pas encore compris que j'ai besoin de me défouler ?
Un semble enfin réagir et fonce sur moi, je lui assène un coup de crosse et il s'effondre sur ma droite. Le prochain tente son poing mais je l'intercepte et lui brise le poignet.
Je me bats contre six hommes pendant un moment. Tous surentraînés. Néanmoins, je finis quand même par les terrasser et tous les tuer. Ça n'a même pas durer dix minutes.
Je frappe le dernier cadavre d'un coup de pied, le renversant sur le dos. Ça n'a absolument pas apaisé ma frustration. Ils étaient bien trop faibles pour moi. Personne n'a mon niveau.
Sauf un.
Celui que je veux secrètement détruire depuis que j'ai appris la vérité.
Je retourne à ma moto et reprends la route vers le camp. J'entre sans m'arrêter et slalome entre les tentes de fortune. Il ne me faut pas longtemps pour trouver Mike en compagnie de Ryan.
Je laisse lâchement tomber la moto contre le sol, s'écrasant dans un bruit grisant, attirant également leur regard.
Je récupère le couteau dans ma veste intérieur et la pointe vers le brun. Son nez est gonflé et l'hématome lui prend une partie de la joue gauche. Il ne ressemble à pas grand chose.
— Je te défis en duel, Mike.
Ce dernier fronce les sourcils.
— Tu n'es pas sérieux ? Tu ne crois pas que j'ai eu mon compte ?
Il désigne son nez explosé par mes soins. Je hausse les épaules, je ne trouve pas ça équitable face à tout le tort qu'il a pu me causer.
— Tu refuses donc ?
Je lui offre mon sourire vicieux, et je vois son regard s'assombrir. Mike a bien trop de fierté pour abandonner un duel.
— Je n'ai pas d'arme, ça ne serait pas équitable.
J'envoie ma lame plusieurs mètres plus loin dans le sable.
— Maintenant, ça l'est, j'avoue en l'invitant d'un mouvement de doigts à approcher.
Ryan ne dit rien, il s'éloigne de quelques pas et j'en fais deux dans la direction de l'homme que je considère comme mon frère.
La langue acide de venin de Mike ne tarde pas à se délier.
— Ça t'amuse de me défoncer la gueule ?
Je ricane :
— C'est une vraie thérapie.
J'envoie le premier poing, il me contre mais je lui assène un coup derrière le genou. Il serre les dents et me décroche un coup de boule qui me fait presque voir des étoiles.
Je recule de quelques pas et il se jette sur moi. Je lui attrape le bras gauche et après une clé de bras, le projette dans la poussière avec le talon de mon pied.
— Ça t'as amusé de me voler la seule chose que je désirais ?
Mike se remet debout, un air plus que menaçant et un regard pétillant de froideur :
— Tu n'as pas idée d'une nombre de fois où je n'ai eu que mes yeux pour l'observer, la toucher, la déshabiller.
C'est plus fort que moi, je m'élance de nouveau sur lui. Je le plaque dos contre le sable, m'effondrant avec lui. Mon poing vient rouvrir ses sutures et quand il enfonce son index dans mon ventre, malgré l'insensibilité, mon corps se courbe instinctivement, lui permettant d'échanger les positions.
— Quoi ? Tu étais mort, je n'allais pas me gêner.
Je frappe de ma tempe, si fort que je lui repète le nez.
— Et pendant une seconde, rien qu'une seconde, j'ai été soulagé que tu le sois parce que j'allais enfin pouvoir goûter à ton bonheur.
Son sang coule à flot, se mélangeant au mien.
Mike et moi, ce n'est pas la première fois que l'on se bat. Nous avons déjà eu des différents dans le passé, mais jamais à propos d'une fille. Ça n'a jamais été si sanglant et violent.
— Et tu t'étonnes que ta mère te détestait ?
Il recule quelque peu déstabilisé par mes propos. On ne se chamaille plus. On se fait réellement la guerre.
C'est bas de ma part de ramener sa mère dans cette histoire, mais mon sang palpite bien trop vite et je n'arrive pas à contrôler mes mots et mes mouvements.
Je frappe son abdomen et l'empêche de se relever en posant mon pied sur son torse. Il tousse et crache du sang. Je suis dans un sale état aussi.
— Tu vas faire quoi ? Me tuer ?, peste-t-il en souriant de ses dents rouges. Je suis la seule famille que tu as. Tu n'es qu'un orphelin maltraité dont personne n'a jamais voulu.
J'appuie plus fort et je sens distinctement sa cage thoracique se compresser.
— Au moins, je reste le favoris.
Une fine lame s'enfonce dans mon tibia et je chute sur les fesses. Mike a récupéré l'arme que j'avais jeté. Connard.
— Et c'est grâce à moi que tu l'es.
C'est au tour de Mike de venir m'écraser du poids de son corps, il place la lame sous mon menton. Il pourrait me trancher la carotide, juste comme ça.
— Mike, intervient finalement Ryan.
Mais ce dernier l'ignore car c'est moi qu'il fixe.
— J'ai été dans ton ombre toute ma vie, je suis toujours passé second après le grand Nathan Atkins mais je pensais que toi et moi n'avions pas oublié que si tu es là aujourd'hui, me cassant la gueule, c'est parce qu'à une époque, c'est moi qui prenais pour toi.
Je le fusille du regard :
— Je n'ai pas oublié. Tu es mon frère et pourtant tu n'as pas hésité une seule seconde avant de prendre ma place.
— J'ai commis une erreur !, s'écrit-il non sans relâcher la pression sur mon cou. Et je vivrais avec les conséquences de mon acte jusqu'à la fin de ma vie.
Il souffle brièvement.
— De toute manière, elle ne m'aime pas. Il n'y en a que pour toi comme toujours.
Mes épaules se détendent, peut-être à cause de ses propos, ou peut-être pas que je suis soulagée égoïstement qu'elle m'aime toujours, comme elle l'a certifié.
— Tu restes le favoris, souffle-t-il puis il plante le couteau dans le sable humide, à quelques centimètres de mon oreille.
Il se remet sur ses pieds et me tend la main. J'hésite un instant mais finis par l'attraper.
L'effet s'est dissipé.
— Je suis désolé Nathan, concède-t-il finalement, je ne te demande pas de me pardonner mais tu méritais de l'entendre.
Et je sais qu'il est honnête.
Je l'attire contre moi, et l'enlace de mes bras.
— Je suis désolé d'avoir dit ces atrocités.
Même si lui et moi savons très bien que nous avons pensé nos mots, nous sommes comme des chiens se querellant sans cesse, on se reste toujours loyal quoi qu'il arrive.
Comme simple réponse, il presse plus fort mes épaules. Il s'est excusé une fois, je n'attends pas de lui qu'il en formule une deuxième.
Quand il se recule, ses yeux tombent sur mes doigts pourpres.
— Qu'est-ce que...
Je camoufle précipitamment mes mains dans mes poches de cargo.
— Rien de grave.
Je n'ajoute pas un mot parce qu'Harry s'approche de moi. Je réalise à ce moment précis qu'une troupe s'est formée autour de moi, et qu'ils ont probablement entendu toutes nos paroles. Pourtant je ne m'en soucis peu.
***
Une fois qu'Harry me libère après m'avoir demandé des explications sur le duel réalisé et sur ma dose de proclividolor, je m'échappe de sa tente rapidement.
C'est lui qui m'a dit où je pouvais en trouver. Il est contre cette addiction mais il sait également qu'un sevrage pourrait me tuer alors il s'accommode.
Non loin de ma tente, je repère Mike sur sa voiture, les yeux rivés sur le ciel, une clope dans sa main droite égratignée.
Arrivée devant sa voiture j'annonce à mi-voix :
— De son grand manteau sombre, la nuit recouvrira le ciel, emportant mes dernières pensées saines dans ses ténèbres sans fin.
Mike prend une longue bouffée de nicotine puis dans un soupir répond :
— Paul Brieux.
Je souris malgré moi. Il se souvient de cette nuit où comme souvent nous nous sommes retrouvés sur le toit de ma maison afin de contempler le ciel et d'être apaisé par la présence de l'autre.
Je grimpe sur la voiture et m'installe à quelques centimètres de lui, comme je l'aurais fait avant toute cette rancune.
— Elle est bien loin l'époque où notre seule préoccupation était les binômes et les missions d'Hoffman.
Il expire sa fumée.
— Après l'épreuve finale, j'ai souvent emmené Audace regardait le ciel.
Je souffle brièvement :
— Mike, peu importe je ne veux...
— Laisse-moi finir, râle-t-il en reprenant une grande inspiration. On y passait des heures et je savais ce que l'on cherchait parmi chaque étoile. Une trace, un signe. Toi.
Je me tais et regarde alors le ciel au-dessus de ma tête. Je l'ai déjà vu des centaines de fois et pourtant ce soir, on dirait qu'il brille différemment.
— Je regardais ce ciel chaque nuit, espérant voir une étoile briller plus que les autres pour avoir une preuve que tu veillais sur moi. Quelque chose qui aurait redonné un sens à ma vie. J'ai longtemps voulu prendre ta place, échanger les rôles, devenir cette étoile brillante.
Je tourne mon visage avec le sien qui reste inexpressif.
— Je t'en veux pour ce qu'il s'est passé entre toi et Audace, mais je ne t'ai jamais remercié pour tout ce que tu as également fait pour elle. Pour les filles.
Je suis conscient qu'il a dû ramasser les pots cassés, rester fort pour les autres, prendre sur lui pour consoler les filles. Elles n'auraient jamais survécu sans lui.
— Tu vas me dire comment ça a commencé ?
J'inspecte son regard à la recherche de plus d'explications :
— De quoi ?
— Le proclividolor.
J'hausse les sourcils, ne sachant trop quoi dire. Puis je décide simplement de dire la vérité :
— Soryia. Elle m'a injecté une dose juste avant le nouvel an offalien.
— Putain, cette salope, jure Mike, pressant son poing contre sa bouche, se retenant bizarrement d'en dire plus.
Je jette un coup d'œil à mes croissants de lune.
— Maintenant, c'est trop tard. Je serais mort d'ici la fin de la guerre. Je n'aurais pas à voir qui remportera, je poursuis dans un rire faux.
— Ne dis pas ça.
— C'est inévitable, Mike.
Il n'ajoute rien et continue d'inspecter le ciel, à la recherche d'une étoile brillante j'imagine. Ou la future que je serais.
Je reporte alors mon attention sur mon entourage, observant les alentours quand je tombe sur les motos garées et alignées. Il y en manque deux. La mienne que j'ai balancé tout à l'heure, mais la deuxième.
— Audace n'est toujours pas rentrée ?, je demande, les sourcils froncés.
Mike se redresse sur ses coudes pour observer le même endroit que moi.
— Non, je ne crois pas.
— Alors où est-elle ?
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MES PARTIELS SONT ENFIN FINIS !!!🥳🥳
Et ce n'est pas si bon que ça 😭😭 mais on verra les résultats 😭
Comment se sont déroulés les vôtre ? Le bac ?
Ou est Audace, les gars ??
Réponse au prochain chapitre 🤭🤔
Bisouuuuuuus❤️
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