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▪ SURPRISE PARTY by HODDIE ALLEN
(feat BLACKBEAR)▪
❝ Ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort, ...il parait. — Mike Smith ❞
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AUDACE
J'observe le W gravé sur ma peau au poignard. Il cicatrise petit à petit mais dès que je le regarde, je ne peux m'empêcher de penser à Nathan.
Ça devrait m'effrayer, me faire le détester ou ressentir toutes autres émotions négatives le concernant. Et pourtant je ne peux pas non plus oublier le regard qu'il m'a lancé quand il a soulevé son t-shirt. Un mélange de regret et de culpabilité.
Il ne voulait pas me blesser. Il en était obligé.
Et ça je l'ai clairement compris quand il m'a avoué la raison du sien.
Mes doigts glacés rentrent en contact avec ma chair à vif alors que j'essaye de me convaincre que cette cicatrise n'est pas si horrible que ça.
Ça a fait un mal de chien, surtout que le couteau était bien aiguisé et traversait ma peau avec une souplesse déroutante.
— Tu n'as qu'à te dire que c'est l'initiale de William, murmuré-je pour moi-même en passant mon t-shirt de sport.
J'attrape l'élastique à mon poignet et m'attache les cheveux en une queue de cheval haute.
Ma première séance de combats avec Nathan va bientôt commencer et j'avoue regretter légèrement mes paroles impulsives. Ça ne m'enchante guère mais si c'est la seule manière de survivre. Ainsi soit-il.
Mes yeux inspectent une dernière fois mon reflet quand l'on toque à la porte.
— Entrez !
Lizzie et son sourire, franchissent le pas de la porte et je me tourne vers elle en faisant la pose :
— Tadam !
— Heureuse que mes habits te fit si bien ! Une chance pour toi, que je n'ai pas grossi avec tout ce que je mange dernièrement.
Je lui souris simplement.
— Merci. Merci pour tout, Lizzie.
Elle balaye mon remerciement d'un geste de main :
— Ne t'en préoccupe pas ma belle, ça me fait plaisir. Aller, il vaudrait mieux descendre si tu ne veux pas être en retard.
Elle m'attrape par la main et m'attire en dehors de sa chambre. Nous descendons les escaliers en discutant comme deux adolescentes le feraient. Lizzie est extrêmement gentille et son enthousiasme ne peut que me faire sourire.
Je ne la connais que depuis quelques semaines, mais ça suffit largement à me faire sentir un peu plus légère à l'idée d'être ici.
— On doit définitivement t'y emmener, cette plage est incroyablement relaxante, et l'océan... tu n'en as jamais vu un comme ça, c'est comme si le monde autour avait disparu.
Disparu ?
— Lizzie, dis-je et la brune se retourne comme coupée dans son monologue.
— Oui ?
— Où sommes-nous ?
Elle fronce les sourcils comme si je disais une ânerie :
— Ben on est chez Nathan à Venturia. Tout va bien Audace ?
C'est à mon tour de froncer les sourcils, je n'ai pas été assez claire ?
— Je veux dire où sommes-nous ici ? Où se localise Hoffenwald ? Au nord, au...
— Lizzie, tu peux venir m'aider, me coupe Mike qui vient d'apparaître dans le salon. Audace, tu devrais rejoindre Nathan avant de l'énerver.
Toujours aussi agréable ce Mike !
J'entrouvre les lèvres, coupée dans mon élan de questions. Le brun me fusille du regard jusqu'à qu'il parte avec sa meilleure amie.
Pourquoi ne veulent-ils pas répondre à tes questions aussi simples ?
Je n'ai pas le temps d'y réfléchir plus que Nathan rentre dans le salon, en jean et t-shirt large blanc. Soit tous sauf une tenue de sport.
Il m'inspecte de haut en bas, et je deviens gênée de porter un legging aussi moulant.
— Lizzie t'a prêté son legging semi-cuir, dit-il, étonné, surprenant de sa part.
Je souris timidement mais ne relève pas et attrape la peau de mon pouce avec mon index pour diminuer le stress qu'il fait engendrer à mon corps.
C'est comme si j'avais une totale confiance en lui d'un côté, mais d'un autre, je suis terrifiée de me retrouver seule avec lui sur un tapis de combat. Il m'attire et me repousse en même temps.
Lorsqu'il semble remarquer que je ne bouge pas d'un poil, il se met à sourire d'une manière futée :
— Aller viens, on y va.
Il ajoute à sa parole un mouvement de tête en direction de l'endroit où il veut me conduire.
Je reprends mes esprits et le suis de près alors qu'il ouvre une porte qui semble mener à un sous-sol.
Nous descendons les escaliers et Nathan presse un interrupteur qui allume des lumières fixées sur plus de cent mètres. La pièce est immense et complètement aménagée.
Différents ateliers sont mis à disposition comme un énorme tatamis au centre de la pièce. Cinq gros sacs de boxe noirs sont alignés près du mur droit. De l'autre côté, trois cibles sont positionnées contre le béton.
Nathan m'attrape délicatement le bras et m'attire vers le tatami sur lequel nous finissons par escalader.
Il se place derrière moi alors que ses lèvres s'approchent de mon oreille :
— Juste ici, commence-t-il en indiquant les trois cibles précédentes. Il y en a deux pour les armes à feux et une pour les armes blanches. On ne les utilise plus vraiment maintenant que notre entraînement est achevé. Mais tu en auras peut-être besoin, celle pour les couteaux était principalement utilisée par Lizzie.
J'acquiesce en appréciant ses indications.
— Le côté là-bas, comporte de l'armement en tout genre alors qu'ici il y'a tous les équipements dont on pourrait avoir besoin pour se muscler, s'entraîner ou se défouler.
Je me tourne mon visage vers lui qui détourne les yeux. Je comprends rapidement que cette dernière pratique s'applique essentiellement pour lui.
— D'où les sacs de boxe, je suppose.
Il rit amèrement et je le regarde bizarrement :
— D'où les trous dans le mur, rectifie-t-il tandis que j'ouvre les yeux, surprise.
Et en effet, juste derrière les sacs, je peux observer plusieurs fissures dans le béton et certains trous plus ou moins profonds.
Inconsciemment, mes yeux se portent sur ses phalanges que j'attrape presque par reflex. Il entreprend un mouvement de recul, puis se rétracte.
De légères traces blanches peuvent être observées le long de sa main, avec des cicatrises plus ou moins visibles.
— Ça fait mal ?
— J'ai connu pire, lâche-t-il en fixant un point derrière lui.
— D'accord, je dis indifférente et légèrement piquée par son manque d'intérêt.
Il semble s'en apercevoir car il ajoute :
— Sur le coup, je n'ai pas mal. L'adrénaline et l'impulsivité m'empêchent de penser clairement et de ressentir une quelconque douleur. Lorsque je suis en pleine crise d'énervement, je pourrais me casser la main ou le poignet, je ne sentirais rien. La douleur vient après, avec le regret.
Je frissonne rien qu'à l'idée d'entendre l'horrible bruit que ses os pourraient faire.
— Pourquoi avoir fait une pièce comme celle-ci ?
Il se sépare de mon corps, et je ressens comme une vague de froid me transpercer mais je ne laisse rien paraître.
— Tu ne trouves pas ça grandiose ?, explique-t-il en écartant les bras. C'est ma salle préférée de la maison, celle où je me sens le plus à ma place.
— Si grandiose que tout résonne, j'ironise en parcourant la pièce des yeux, toujours aussi admirative.
Son sourire taquin réapparaît et je vois la connerie arrivait à des kilomètres :
— Elle est insonorisée, tu peux crier autant que tu veux.
Je rougis soudainement, pas vraiment par gêne mais plus par l'excitation que sa réplique génère.
Nathan sourit de plus bel, cependant il est de courte durée puisque son rictus se transforme vite en grimace.
— Insonorisée pas seulement pour les bonnes raisons on dirait, je murmure et il pouffe amèrement.
— Bref et si on commençait cet entraînement, c'est bien l'origine de cette salle : s'entraîner.
J'hoche de la tête et nous nous mettons face à face.
— J'aimerai que tu mettes en place ta garde.
J'exécute en m'appliquant le plus possible. Alors que je réfléchis au positionnement de mes pieds, un coup vient heurter ma lèvre.
Je m'écris en portant ma main à la bouche.
— T'es dingue, je peste en essuyant la goutte de sang qui s'en échappe.
— Règle numéro une et la plus importante : ne jamais se laisser distraire, ni par qui ou quoi que ce soit.
— Tu n'étais pas obligé de me frapper, je rétorque tout de même.
— Audace, tu m'as demandé de te former, de t'apprendre tout ce que c'est. Ok, mais à ma manière et cette dernière engage des probables blessures. Je veux que tu tombes, que tu te fasses mal, que tu saignes et pleures mais au final que tu te relèves plus forte et plus victorieuse. Tu veux que je t'entraîne ? Je ferai de toi une guerrière.
Comme pour souligner sa parole, il passe une main dans ses cheveux tandis que je retiens un nouveau sourire. J'aime cette détermination qu'il a mis dans son intonation, je le traduis comme "je ne te laisserai pas tomber, je m'assurerai que tu survives".
Au bout de quelques secondes de silence, à se regarder dans le blanc des yeux, le brun se racle la gorge :
— Reforme ta garde, mon but va être de te faire plancher et tomber. Mes frappes vont être fluides et rapides, pas tant forte que ça mais ne les laisse pas te surprendre. Ne me frappe pas en retour, garde toujours ta protection.
— D'acco...
Mon dos frappe instantanément le sol du tatami avant même la fin de ma phrase. Je grogne mais me relève tout de même.
— Ok, ok, j'ai...
Rebelote, je me retrouve allongée, le sourire de Nathan m'agaçant au plus au point.
— Le pire c'est que tu y prends plaisir, je grogne en me frottant l'arrière de la tête.
— Tu n'imagines même pas, complète-t-il en me tendant la main.
*
Et une. Et deux. Et trois, quatre, cinq, six.
Je ne compte plus le nombreux de fois où mon dos a atterri sur le tapis. Je n'ai plus aucune sensation de douleurs, mes muscles sont bien trop en PLS.
Et pourtant, je ne cesse de me relever, prête à tenir tête au brun qui ne s'amuse plus de la situation.
— Droite, je décale la tête à gauche, évitant de peu son attaque.
Mon souffle est rapide et entrechoqué mais je tiens bon.
— En bas, gauche.
Je ne me baisse pas assez vite et il me renverse une nouvelle fois. Il vient alors s'asseoir sur mon ventre, ses cuisses encadrant et contrôlant totalement mon corps.
— On devrait faire une pause, tu es moins réceptive, chuchote-t-il en passant une main dans ses cheveux.
Je suis luisante de sueur, j'ai laissé tomber mon haut pour la brassière et mon front ne cesse de déverser toute l'eau qu'il a en stock.
Et quand je le regarde lui, qui attaque et frappe depuis deux bonnes heures, seule une fine pellicule de sueur recouvre le haut de ses lèvres. Il n'est pas essoufflé, pas transpirant dans son jean moulant, et il donne l'impression d'être resté allonger tout le long.
Ça en est presque insultant pour tout l'effort que j'y mets.
— Qu'est-ce que tu regardes comme ça ?
Je souris mesquinement :
— J'observe à quel point ton plafond est beau.
Il rit de bon cœur et le son de sa voix résonne contre mon corps. Mais comme chaque moment léger, une question plus que sérieuse vient casser l'ambiance :
— Combien de fois et de temps t'es-tu entraîné pour en arriver là ?, je murmure en touchant une mèche de ses cheveux bruns.
C'est comme si je n'arrivais pas à m'en empêcher, j'ai ce besoin de le toucher, de le comprendre. C'est comme si une voix tout au fond de moi, me criait de croire en lui et en l'innocence de l'homme sans cœur, caché au fond de lui, qui tue froidement.
— Je te l'ai dit Audace, Hoffman ne te manquera pas, dès ton premier faux pas, il t'éliminera. Tu m'as demandé pourquoi j'avais construit cette salle ?
J'acquiesce alors qu'il se penche vers moi, ses deux mains de part et d'autre de ta tête.
— Je ne voulais pas finir comme cette fille que William a tuée, je voulais être à sa place. Je voulais que ça soit moi qui tire au lieu de me faire tirer dessus. C'est peut-être égoïste, mais je voulais vivre, plus que tu ne le penses. Alors j'ai fait et fais des choses qui me hanteront jusqu'à la fin de ma vie, néanmoins, tu en feras aussi.
Je déglutis en tournant ma tête vers la droite. Je ne veux pas devenir comme lui.
— Je ne suis pas faite pour ça, je souffle en fixant un point dans le vide. Mon seul objectif était de devenir neurologiste. J'étais supposée sauver des vies, pas en prendre.
Nathan attrape mon menton pour me forcer à le regarder dans les yeux :
— Personne n'est prédisposé à être tueur, on le devient avec le temps et la pression. Si tu ne veux pas mourir, relèves-toi et bats-toi.
Il se redresse et se prépare à s'en aller quand je l'interpelle :
— Nathan !
— Oui ?
— Tu me promets que s'il m'arrive quelque chose, tu veilleras sur mon frère ?
Une sorte de lueur passe dans ses yeux, si furtive, que j'en viens même à me demander si je l'ai vraiment vu. Une sorte de sentiment inconnu.
— Non. Tu pourras le faire toi-même, si tu décides de t'en donner les moyens.
— Comment ?, je chuchote, prétextant être stupide plutôt que d'avouer qu'il a raison et que je dois me battre.
— Emménage ici.
Je fronce les sourcils :
— Quoi ?
— Emménage ici, j'ai largement assez de chambres et puis, dormir dans ta vieille tente ne sera pas productif pour les sessions d'entraînements.
— Donc tu veux que j'emménage ici, juste pour l'entraînement ?
Le coin de ses lèvres se relève et je sais que je ne vais pas tarder à faire de même :
— Pour le moment, oui.
Il ramasse une serviette au sol, et se retourne une dernière fois vers moi, en la lançant sur son épaule.
— Tu devrais aller te laver, je t'emmène en boîte ce soir.
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(Chapitre non corrigé :) ❤️)
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