» 1.5 - weird

▪ FALLING DOWN by LIL PEEP & XXXTENTACION ▪

ce n'est pas la mort qui m'effraie, c'est plutôt le vide qu'on laisse derrière quand on s'en va définitivement.
— Violette Holland ❞ 

MIKE

Je regarde le ciel sombre, assis sur ma caisse, une cigarette entre les doigts. Les jours défilent à une vitesse folle et comme chaque année j'ai l'impression de subir. Subir sans jamais rien dire.

Ces cinq derniers jours ont été bizarres. C'est comme-ci les choses étaient différentes. Pourtant rien n'a vraiment changé.

Sauf peut-être la présence d'une nouvelle personne dans notre groupe : Audace Ravenwood.

Cette fille hante mes pensées, d'une façon encore une fois bien trop bizarre. Elle dégage un charme naturel qui nous attire vers elle. Son doux sourire et ses yeux bavards nous donne envie de se confier à elle.

Mais je me méfie d'elle. Je connais trop bien ce genre de personne. Il vous un offre un petit sourire, vous attriste avec leur situation difficile, puis vous poignarde dans le dos.

Ma pauvre mère faisait partie de cette catégorie. Alcoolique et pourrie jusqu'à l'os, elle manipulait à sa guise le gamin que j'étais. Rien qu'au souvenir, mes poils s'hérissent.

Je jette ma clope dans l'herbe, quitte le ciel de vue et le capot de ma voiture pour reprendre la route.

Après m'être engagé sur le chemin en terre de la sortie des bois, j'augmente le volume de la musique et commence à tapoter mes doigts sur le volant en rythme avec le son.

Instinctivement, mon subconscient me mène tout droit vers la maison de Nathan.

Le ciel se couvre en accord avec mon humeur maussade alors que je roule dans les rues désertes de Venturia. Presque plus personne n'utilise de voiture personnelle, elles ont été remplacées par des automatiques beaucoup plus propre pour l'environnement.

En fait, les scientifiques ont synthétisé une molécule ressemblant à de l'essence mais non polluante, durant plus longtemps et protégeant notre pays de tout dioxyde de carbone. De plus, le pilotage automatique des voitures permet une baisse des excès de vitesse et des fraudes au volant.

Mais et ce, même si les scientifiques ont et font des prouesses technologiques, elles ne sont pas toutes positives, loin de là. L'essence propre n'est qu'une partie de l'iceberg. Et la face immergée, celle cachée, est beaucoup plus horrible que celle émergé. C'est le genre de choses dont personne ne veut parler. Le côté sombre de Hoffenwald, mais surtout celui de Hellysium.

Pire que l'entraînement, pire que l'épreuve finale, pire que s'entretuer, pire que tout.

Je n'en ai pas seulement entendu que des rumeurs, des messes basses échangées dans une foule bruyante ou dans un coin discret, éloigné de toutes susceptibles oreilles. Non, je l'ai vu avec mes propres yeux, je l'ai vécu avec mes propres cris.

Mais ces secrets, c'est un peu comme les meurtres, tout le monde sait qu'il y en a mais personne n'ose en parler.

C'est mal vu. C'est mal compris.

Je sors de mes pensées quand la pluie se met à battre brutalement sur mon pare-brise. Hoffenwald est une utopie parfaite avec des lois de dystopie. Le décor en apparence est parfait, magnifique. Tout le monde a sa place, un métier, un toit, de la nourriture. Même les nouveaux auront bientôt le droit d'y accéder, le gouvernement ne fait que les tester pour le moment. Néanmoins, c'est quand on s'approche un peu plus près qu'on remarque les défauts que cette société peut avoir.

La mort est le personnage principal dans cette utopie. Tuer devient presque amusant avec le temps. Presque. On a beau prétendre tout ce que l'on veut, on ne s'habitue jamais réellement à cette vie, à cette obligation.

Je me gare promptement dans l'entrée en gravier de Nathan. Après avoir claqué la portière, je monte son allé d'escaliers et rejoins la porte sans trop de difficulté.

Elle reste constamment ouverte pour ces cas comme ça, ces moments où vivre dans une grande maison seul devient insoutenable. J'entre sans toquer et remarque grâce à la lumière qui s'en dégage qu'à ma droite, dans le salon, Lizzie est endormie sur le grand canapé en cuir blanc.

Je m'avance dans sa direction et attrape un plaide pour la couvrir avec. Elle tremble en marmonnant dans son sommeil, les mains empoignant fermement un oreiller.

Mon soupir imperceptible ne la réveille pas et je préfère quitter la pièce que continuer à la regarder cauchemarder sur son passé.

Je me dirige vers la cuisine où Cameron bosse encore sur sa tablette digitale. Je me sers un fond de whisky et m'installe à côté de lui. Je déteste cette boisson mais ça fait un bien fou. Un vrai remède pour les blessures douloureuses.

— Tu ne dors vraiment jamais ?, dis-je en zieutant les nombreux numéros verts qui composent l'écran face à ses yeux.

Cameron hausse les épaules, son stylé et son cerveau, décodant les codes incompréhensibles pour un humain normalement constitué.

Je n'ajoute rien et finis mon verre cul sec avant d'aller m'enfermer dans ma chambre à l'étage. Je fais abstraction des gloussements dans celle d'à côté et ferme les yeux dans un énième espoir de trouver le sommeil.

***

Je lace mes rangers, la tête lourde, et sors de ma chambre en bâillant. Ironique en sachant comment la fatigue me guette alors que le sommeil ne cesse de me fuir.

Mon regard croise une blonde en jupe s'éclipsé de la chambre de Nath, chaussures à la main dans le plus grand des silences.

Si je suis tout à fait honnête, elle a beaucoup aidé mon sommeil à rester loin de moi. Ces gloussements incessants sont vite devenus une source d'énervement que j'ai dû calmer en finissant mon paquet de cigarettes.

J'ouvre la porte de la salle de bain, pas surpris d'y trouver Nathan en caleçon, brosse à dent à la bouche.

— Ton coup vient de se barrer, j'annonce en lui lançant un t-shirt qu'il attrape d'une main.

Il crache dans l'évier avant de me répondre :

— Je ne savais pas que tu venais dormir, avoue-t-il en enfilant le haut noir que je lui ai envoyé.

— Être tout seul, ce n'était pas mon trip hier.

Il hoche de la tête en me devançant. 

— On devrait se grouiller si on ne veut pas arriver en retard.

Lizzie boit son café en vitesse puis me rejoint dans ma voiture tandis que mon pote chevauche sa moto de course. Elle est dix fois plus rapide que celles de l'extérieur, ce qui émerveille toujours les petits nouveaux qui le voient débarquer comme ça.

*

— Aujourd'hui, j'aimerai retravailler l'attaque de puissance.

La voix de Houston vocifère différents ordres que j'écoute à peine. Je suis submergé par mes pensées incohérentes.

— Atkins et Miller, démonstration !

Nathan me tape le milieu du dos pour me faire lever et nous nous plaçons face à face en mode défense sur le ring. Mes yeux dérivent sur la fine silhouette d'Audace qui nous observe, les bras croisés.

Nous échangeons de légers coups pendant que notre coach réexplique les techniques de combat.

— T'es bien mou aujourd'hui, me fais remarquer Nathan en envoyant son poing que j'évite de justesse.

— J'aurais été plus réactif si seulement tu m'avais laissé dormir cette nuit.

Il rigole en arrêtant mon coude venant normalement écraser son nez.

— T'avais qu'à te joindre à nous !

— Bien sûr, ironisé-je, et devenir aveugle en voyant ta mini bite !

Il ouvre la bouche, faussement offusqué, puis contre-attaque pour de bon et me renverse. Mon dos claque brutalement contre le sol et je serre les dents. Ok, je l'ai cherché mais il n'y est pas allé de main morte.

— Connard, j'articule en me relevant.

Mon soi-disant meilleur ami m'envoie un clin d'œil puis descend du ring quand Houston nous libère enfin de cette interminable journée.

J'attrape une serviette et essuie mon front transpirant avec. Liz arrive dans ma direction en sautillant dans tous les sens.

— Qu'est ce qui te met de si bonne humeur ?, je lui demande en retirant mon t-shirt trempé.

— Le tableau vient d'être affiché et je suis classée au-dessus de Karissa.

Je lève un sourcil, sourire en coin. Ça c'est une première.

— Ce n'est pas vrai ?

Elle me tend alors une tablette où se dessine le tableau des combattants, les classant des meilleurs au moins bons. Le nom de Lizzie est en effet bien au-dessus de celui de Karissa, lui permettant d'être première. Ça n'arrive pas souvent. Même jamais, Karissa est toujours première, au malheur de ma brune préférée.

— Tu la bats d'un point, je précise quand même.

Elle lève les yeux au ciel.

— Je la bats quand même, et c'est le principal.

Je m'esclaffe, puis regarde mon classement. Nathan est premier, sans grande surprise, suivi par moi et Tyler sur les talons. Nous sommes à trois points de différence et je dois creuser encore plus l'écart. Il n'arrivera jamais rattraper Nath, mais hors de question qu'il me passe pour autant devant. Aiden est en quatrième position mais ce n'est pas vraiment un concurrent. Il préfère largement tuer que combattre. Je n'ai donc pas de souci à me faire de ce côté.

— Audace ! Viens on regarde ton classement !, s'exclame la petite boule d'énergie à côté de moi quand Nathan et la brune reviennent vers nous.

— Oh, je n'ai pas vraiment envie de savoir, murmure-t-elle en attrapant maladroitement la tablette.

— Mais si, je suis sûre que t'as tout déchiré !

Elle balaye rapidement l'écran puis hausse les épaules :

— vingt-neuvième sur quarante, annonce-t-elle en grimaçant.

— C'est pas mal du tout, pour une première, tu sais !

Lizzie s'enfonce toujours plus alors que je quitte le groupe pour aller prendre une bonne douche.

J'y retrouve un visage plutôt familier qui galère à mettre des bandages. Je m'avance vers lui, naturellement et lorsqu'il relève la tête, il sursaute, ne m'ayant pas vu.

Tandis qu'il place une main sur son cœur, je prends la parole :

— William c'est ça ?

— Oui, dit-il en hochant de la tête.

— T'as besoin d'aide ?, je le questionne en indiquant ses bandes du menton.

Il acquiesce de nouveau et je m'assois à côté de lui. J'enroule délicatement ses phalanges explosées dans le tissu pendant qu'il se laisse faire.

— Tu aurais dû mettre des gants.

Il secoue la tête, et ses petites boucles brunes remuent par la même occasion.

— Aiden ne voulait pas.

Je soupire en terminant de le soigner.

— Je crois qu'il a un problème avec moi, reprend-t-il à voix basse.

— T'inquiète mon vieux, il a un problème avec tout le monde. Voilà, évite de trop forcer maintenant, je lui conseille en me relevant.

— Merci, Mike.

J'incline le menton, ne cherchant pas à savoir comment il connaît mon nom —sûrement sa sœur— et reprends mon chemin sans me retourner.

*

— Game Over, retentit la voix robotique de l'écran où je joue.

Violette hurle de joie en levant son poing vers le ciel tandis que Nathan soupire en s'affaissant dans le canapé, manette à la main.

— Et une de plus ! Vi-O-Let-Te, s'exclame-t-elle en faisant son signe de victoire.

— Comment elle a pu devenir aussi forte et nous battre si rapidement ?, râle mon pote, dépité de sa nouvelle défaite.

C'est vrai que c'est la quatrième en moins d'une demi-heure.

— Une nouvelle partie ! Une nouvelle partie !, scande la blonde au milieu de nous en relançant le jeu de guerre.

— Tu devrais pas être avec les filles en haut ?, je lui demande, certainement pas prêt à essuyer un autre "game over".

— Est-ce que j'ai l'air d'être comme toutes les filles ?

Nathan explose de rire, face à la tronche que je dois tirer. Violette ne tire pas toujours à balle réelle mais quand elle le fait, ça frite comme là.

— Vous avez tous une dent contre moi, aujourd'hui, faut croire.

— Pour une fois, que c'est toi et pas moi, intervient la voix enjouée de ma petite brune.

Je tourne la tête vers les deux filles, qui viennent de descendre de l'étage, apprêtée comme il se doit pour aller en boîte. Elles sont ravissantes.

Elles ont toutes les deux relevé leurs cheveux en une queue de cheval haute. Lizzie porte un rouge à lèvre rouge et Audace un bordeaux.

Je ne sais pas pourquoi je les fixe comme ça, ce n'est pourtant pas la première fois que je vois des filles en robe mais aujourd'hui ça me trouble. Je sors de ma transe quand Nathan prend la parole :

— Vous êtes magnifiques, les filles !

Lizzie dégaine son sourire, attrape le bras des deux autres filles et sort dans la maison en chantonnant.

Alors qu'elles descendent les marches du perron, je remarque le regard de Nathan sur Audace. Il sourit niaisement et je ne préfère rien lui dire. J'attrape les clés de ma voiture et emboîte leurs pas.

Il finira par le regretter dans tous les cas, parce que peu importe mon avis, il le fera quand même.

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Juste pour embellir votre journée je l'espère !!! :)

Alors Mike le Ronchon, vous en pensez quoi ?

Joyeux Halloween en avance et pleins de bisous de Indiana Polis ❤️

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