« 1.5 - alive

▪ DANS L'UNIVERS by NEKFEU▪

Étrangers, connaissances, alliées, amoureux et maintenant ennemis ? — Mike Smith
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MIKE

Une lumière clignotant trois fois, accompagnée d'un son aigu vient perturber mon sommeil : c'est le réveil que j'ai fixé sur ma watchphone.

Je me redresse, un peu trop rapidement parce que je me rallonge dans la seconde qui suit.

Putain où est-ce que je suis ?

Mon regard se dirige vers la porte-fenêtre à ma droite, qui donne sur Venturia et les hauteurs. La lumière de la lune éclaire à peine la pièce.

Des flashs me reviennent instantanément.

Je me souviens de David, le présumé résistant qui nous a tendu un piège et a empoisonné Audace.

Audace.

Les images de sa bouche, de son corps, de ses souffles m'assaillent et la commissure de mes lèvres se redresse malgré moi.

Ce qu'on a fait, c'était clairement la chose la plus égoïste que j'ai faite de ma vie.

Une part de moi regrette tellement que je ne pourrais plus jamais me regarder dans le miroir. D'une certaine façon, j'ai trahi Nathan.

Mais l'autre partie de moi, celle qui me fait sourire, est apaisée. Audace était une tentation depuis beaucoup beaucoup trop longtemps et j'avais besoin de son contact pour me sentir mieux, me sentir vivant.

Je me tourne vers le côté, bien décidé à l'observer quand je me rends enfin compte que la place est vide, froide.

Les draps sont froissés, cependant il n'y a aucune trace de la brune.

Je me relève sur mes coudes, perturbé par cette soudaine disparition lorsque j'entends l'eau de la douche coulait.

Un soupir s'échappe de mes lèvres, un poids de soulagement dont je n'avais même pas conscience d'avoir se dénoue dans mon ventre.

Elle n'est pas partie. Ce n'était pas un rêve.

Je cesse de fixer le couloir qui mène à elle et me lève. Je me rhabille rapidement, mon jean me faisant grincer des dents lorsque je passe le tissu sur ma cicatrice en forme de W que j'ai en bas du ventre.

Puis j'allume ma watchphone et ouvre une carte de la ville. J'ai beau la connaître comme ma poche, nous sommes aujourd'hui à notre recherche et un faux pas de notre part nous conduira tout droit aux sous-sols. Et plutôt mourir que d'y retourner.

À cause de ce David, qui a informé avant sa mort de notre position, des centaines de militaires ont dû débarquer à Venturia et si je suis vraiment réaliste : ils sont déjà en route jusqu'à cette maison.

Il faut donc qu'on se casse le plus rapidement possible et surtout qu'on rejoigne la maison de Harry sans attirer l'attention.

Cependant, elle se trouve à l'autre bout de la ville, à son extrémité nord.

Et on ne peut pas compter sur ma caisse, mon petit bijou est bon pour la casse avec tous les impacts de balles qui la constituent.

Le moyen le plus sûr est de contourner Venturia par le désert. Néanmoins, la ville est bien trop grande et cela nous prendrait plus de deux jours pour en faire le tour, sans parler de la quantité d'essence qu'il nous faudrait.

Non, cette option n'est pas envisageable. On serait mort avant même d'avoir parcouru la moitié du chemin.

Le plus rapide reste clairement de prendre la route principale : on y serait en à peine une heure et demi, surtout avec mes excès de vitesse.

Mon plus gros soucis actuellement est Audace. C'est elle qu'ils recherchent, c'est elle qu'ils veulent.

La brune sort à ce moment précis de la salle de bain, ses cheveux coupés dans un carré long gouttant sur ses épaules dénudés.

Je suis obligée de détourner les yeux, enroulée seulement d'une serviette, elle arriverait presque à me faire oublier une part de ma culpabilité.

Cependant, mon regard se repose sur elle. J'ai peut-être la solution à tous nos problèmes.

***

Quand Audace ouvre la porte de la chambre de Violette, elle est complètement métamorphosée.

Elle a enfilé une perruque de couleur bleue grise à la blonde, ses yeux habituellement d'un vert émeraude profond est désormais d'un banal brun. Elle s'est habillée d'un pantalon en cuir noir très près du corps avec un haut à manche longue de la même couleur. Le corset gris lassé de Lizzie autour de son buste, met en valeur sa taille fine et ressortir sa poitrine grâce aux armatures présentes. Et avec ses talons, elle est légèrement plus grande que moi.

Elle a également recouvert son visage de font de teint, camouflant sa peau des rougeurs et posée un faux piercing sur son nez. Elle aborde un rouge à lèvre noir et ses paupières sont dépourvues de trait d'eye-liner.

C'est Audace sans être Audace.

Tout ce qui fait d'elle qui elle est est méconnaissable à cet instant.

— On me reconnaît trop c'est ça ?, intervient-elle en grimaçant devant mon silence.

— Non, non au contraire.

Elle sourit et ses fossettes se creusent. Enfin quelque chose de familier.

Est-ce que si Audace ressemblait à ça, elle me plairait toujours autant ?

Non. La réponse est non.

Je secoue la tête :

— On devrait partir, on a déjà pris du retard.

Elle acquiesce, terminant sa tenue d'une paire de lunettes de soleil qu'elle place dans ses cheveux et j'attrape la veste large qui traîne sur la rambarde d'escaliers.

Nous dévalons les marches nous séparant du garage. Arrivé à l'entrée de ce dernier, la brune qui n'est plus brune plisse des yeux.

Je suis son regard, dirigé sur les restes de ma voiture.

— Ça craint, ajoute-t-elle en grimaçant de nouveau.

— Ça craint oui.

Je détourne les yeux pour inspecter les voitures qu'ils nous restent. La grande majorité est automatique, excepté quelques bijoux que Nathan et moi aimions collectionner.

— À toi l'honneur, je lui murmure doucement.

Elle lève son sourcil maquillé :

— Tu me laisses conduire ?

— Dans tes rêves, je réplique, mais tu peux choisir.

Audace penche sa tête sur le côté et je sens son insupportable répartie me revenir en plein dans la figure.

— Je choisis et je conduis.

J'ouvre la bouche, près à contre-attaquer puis me rembrunis. Ça ne sert à rien, elle aura le dernier mot et autant de pas perdre plus de temps.

— Tu sais conduire au moins, je grogne en la voyant amèrement se diriger vers la voiture préférée de Nathan.

Elle me coule un regard méprisant. Oui, c'est toujours Audace sous ce costume.

— Évidemment, un ami m'a appris.

Une lueur bizarre déferle à travers ses lentilles, cet ami semble être bien plus qu'un simple ami.

Je grimpe dans la Thunderbird rouge dont le toit est décapotable. Audace s'installe au volant, appréciant le cuir froid et confortable. Elle passe ses doigts délicatement contre le siège beige.

À quoi pense-t-elle ? Pense-t-elle à la même chose que moi ?

— On avait pris cette voiture pour aller Bell, tu te souviens ?

Je retiens un sourire en détournant les yeux, comment oublier ?

— Et si mes souvenirs sont correctes, je réplique en roulant des yeux, c'est moi qui conduisais. Un signe que tu dois me laisser la place.

Mon esquive de la question fonctionne à merveille et elle plisse encore des yeux en démarrant le moteur, enclenchant la marche arrière.

— Tu n'es pas le seul à savoir enfreindre les limitations de vitesse, finit-elle par ajouter en mettant ses lunettes sur le nez.

Ça ne sert strictement à rien puisqu'il fait nuit mais je ne lui fais pas la remarque et la laisse s'engager sur la voie menant à la route principale.

Maintenant il n'y a plus qu'à espérer que la puce logée dans le bras d'Audace fasse son job si des contrôles de drones nous remarquent.

La nuit nous permet une circulation fluide et rapide, la fille à côté de moi appuie un peu plus sur l'accélérateur et la voiture s'enfuit plus loin dans les ténèbres.

Le vent s'infiltre dans toutes les remparts de ma veste en cuir, emmêlant mes cheveux qui sont bien trop longs désormais.

Les lumières défilent, s'harmonisant avec le ciel dégagé. L'hiver est bientôt derrière nous. Venturia est une des plus belles villes de cette planète, après New York.

Une autoroute qui traverse les buildings, un mélange entre la nature et la technologie. Nous passons à ce moment juste à côté du plus grand centre commercial de la ville, fait de verre et de végétations.

Parfois je me demande comment un pays si parfait peut regorger d'autant d'horreurs.

Peut être que ce n'est pas les prouesses technologiques, le problème. Ça ne l'a jamais été.

Depuis la nuit des temps, l'Homme est le problème. C'est le plus grand destructeur d'espèces, en commençant par la sienne.

***

AUDACE

J'arrête la voiture devant l'immense portail, une douloureuse boule dans le ventre. À ce même moment, un petit drone passe quelques mètres au dessus de nous.

Il se stoppe dans le airs, scanne nos puces à distance et je retiens ma respiration. Mon maquillage peut peut-être duper les humains mais certainement pas un système futuriste comme cet objet volant.

L'appareil se remet finalement en route et poursuis son chemin, disparaissant derrière les toits des propriétés voisines.

— Merci Cam, soupire Mike en laissant retomber sa capuche.

C'est Cameron, l'ingénieur pro de notre groupe qui a configuré la puce et je le remercie également mentalement pour me sauver la vie encore une fois.

Mike sort du véhicule pour aller taper le code du portail tandis que je l'observe.

Il a l'air apaisé comme s'il avait laissé tomber ses dernières barrières en se débarrassant de ses habits.

Je baisse instantanément mes yeux sur mes cuisses. Ce qu'il s'est passé entre nous, je ne sais pas si je le regrette encore. Il faut dire honnêtement que c'est un de mes meilleurs coups, cependant c'est aussi le meilleur ami de la personne dont j'étais ou suis amoureuse.

Je ne sais pas vraiment. Peut-on toujours aimer quelqu'un qui est mort ?

J'enfonce violemment mes ongles dans ma paume, je devrais me sentir horrible, coupable et dégoûtée de moi-même et pourtant je ne le suis pas réellement : peut-être parce que Mike m'a offert plus que du soutien. La confiance qu'il a placé entre mes deux mains me laisse encore tout pantelante.

Mike a finalement arrêté de reculer et il a fait un pas en avant vers moi. Et c'est si rare et exceptionnel que je n'arrive pas encore à me détester pour ce qu'il s'est passé entre nous. Mais ça viendra, ce n'est qu'une question de temps et de déni.

Le poids dans ma poitrine alors que j'entre dans l'allée menant à la demeure d'Harry en est la preuve : le fantôme de ses souvenirs pèse à présent sur mes épaules.

Mike et moi, nous ne sommes pas faits pour être ensemble, c'est pourquoi : cette erreur ne se reproduira plus jamais.

Je m'échappe également des sièges confortables et grimpe les marches menant à la porte ultra sécurisée de ce mystérieux bras doit. Hoffman a dû tomber bien bas en découvrant la supercherie. Son homme de confiance et son favori tous deux des traîtres, des résistants.

Mes lentilles me démangent depuis que je l'ai enfilées, je crois que j'y suis même allergique. Je décide donc de les retirer sans même prendre la peine d'avoir les mains propres.

J'essaye de me convaincre que de toute façon j'ai connu pire qu'une petite infection.

Le brun me rejoint enfin, après avoir fait le tour de la maison, sécurisant le périmètre. Je m'avance jusqu'au système biométrique quand la porte se déverrouille automatiquement, une fois que le laser a identifié mon œil.

— Bienvenue Monsieur Harry, bon retour chez vous.

Je me fige et j'entends distinctement Mike déglutir bruyamment. C'est quoi ce délire ? Est-ce que ma puce me permet de rentrer dans les accès les plus restreints ? Où est-ce que il y aurait une possibilité... non.

Ce n'est pas le moment de chérir un espoir vain. J'ai passé beaucoup trop d'années à scruter ma porte d'entrée et ça n'a fait que me briser le cœur plus qu'aucun homme ne pourra le faire. Peut-être parce que le premier homme à qui je l'ai involontairement donné me la piétinait avant même que je ne puisse avoir l'âge d'avoir quelqu'un.

Je finis par reprendre contenance et mettre cet événement sur le compte de la puce en franchissant le renforcement blindé.

L'intérieur n'a pas changé d'un millimètre. Tout est toujours aussi propre, parfait et impersonnel. Je libère mes cheveux bruns de la perruque qui me grattait et défait de quelques crans mon corset qui me serre l'estomac.

Je n'arrive pas à comprendre comment Lizzie peut être aussi à l'aise toute la journée dans ce genre de vêtements.

— Qu'est-ce qu'on cherche exactement, je demande en laissant mes doigts longés le buffet en marbre blanc.

— C'est un dispositif qui émet des ondes radios à première vue, mais au final c'est beaucoup plus complexe. C'est assez gros, je dirais aussi gros qu'un dictionnaire.

— Ça ne devrait pas être compliqué à trouver dans ce cas.

Mike dépose sa main sur mon épaule pour m'arrêter et je ne sursaute pas comme je m'y attendais. Son contact est bizarre, douloureux en quelque sorte. S'il savait tout ce qu'il s'est passé dans cette maison, il ne me toucherait pas.

— Au contraire, c'est une arme qu'Harry ne voudrait pas qu'on trouve facilement.

— Je croyais que c'était une radio, j'ajoute en fronçant les sourcils.

Je comprends le « un peu plus complexe » maintenant. Ce n'est pas si inoffensif, évidemment. Rien n'est réellement sans danger à Hoffenwald.

— Commençons à chercher, je déclare, empruntant l'escalier qui monte à l'étage.

Mes pieds me mènent presque par automatisme jusque dans la salle de bain que j'inspecte. Toujours impeccablement propre, impeccablement vide. Je fouille les placards mais excepté quelques produits de beauté, il n'y a rien d'intéressant.

Je poursuis alors jusqu'à la grande chambre. Elle non plus n'a pas changé. Le lit a cependant été fait et je devine que les draps sont propres à l'odeur de rose qui s'en dégage.

J'oublie quelques instants la raison de ma présence ici et m'assois sur le rebord du lit, retenant mon souffle.

J'y accroche mes deux mains en inspirant, puis, je me laisse tomber en arrière, mon dos percutant le matelas moelleux.

J'ai partagé ma première nuit avec Nathan ici. Je l'ai aimé si fort dans cette pièce. Je l'ai laissé m'aimer aussi. Je l'ai observé et touché. J'ai essayé de le comprendre à travers les cicatrices que son corps dénudé m'offrait.

Au premier abord, je pensais qu'il faisait ressortir le pire de moi : cette haine et cette rage égoïste qui débordaient de mon être.

Mais en réalité, il faisait ressortir le meilleur. Il m'a appris que la famille n'était pas simplement définie par le sang et qu'on était nous-mêmes apte de la choisir. Il m'a prouvé qu'on pouvait se battre pour ceux que l'on aime et pour les causes qui nous semblent justes.

Toute ma vie, j'ai pensé que « mon chez-moi » était un lieu, un endroit à trouver. Mais Nathan m'a encore une fois prouvé que ce n'était pas le cas : c'est une personne.

Et il l'était : mon chez-moi.

Je ferme les yeux, laissant pour la première fois depuis trop longtemps mes sentiments me submergeaient.

Mes épaules tressautent alors que je sens des larmes franchir la frontière que je leur ai trop souvent interdite de dépasser.

Parfois, égoïstement, je me dis que je n'aurais jamais dû le laisser partir de cette chambre, le matin de l'épreuve. Je n'aurais jamais dû le lâcher sur ce champs de bataille le jour suivant.

Et si j'étais partie avec lui ? Suivre mon plan d'origine : fuir Hoffenwald avec Nathan, retourner dans le terne extérieur et finir ma vie avec l'homme qui fait battre mon cœur.

Si j'étais partie avec lui, serait-il toujours vivant ?

Parfois, tristement, je me dis que si je n'avais jamais enfreint le couvre-feu, si je n'avais jamais eu cette amende, je serais à Hackensack avec Dean et Will. William, mon petit frère.

Même dans une autre réalité ma mère serait tout de même décédée, le cancer ne se contrôlant pas. Cependant William serait toujours vivant. Peut-être aurais-je eu le courage d'essayer d'aimer Dean de la façon dont j'aime aujourd'hui Nathan. J'aurais pu terminer mes études et devenir neurologue comme c'était mon rêve. J'aurais pu former la famille que je désire tant. Et Nathan au final dans l'histoire, sans ma connaissance, aurait continué de vivre dans son monde : sans qu'aucun de nous deux ne sache que l'autre existe.

— Audace !, s'écrit Mike me sortant de mes pensées, sa voix venant du rez-de-chaussée. Je l'ai trouvé !

Je passe la pulpe de mes doigts sous mes yeux pour sécher les dernières larmes et rafistoler le mascara qui a dû couler.

Quand je me relève et que mon regard tombe sur le miroir : je ne m'y reconnais pas.

Tout ce maquillage ce n'est pas moi.

Néanmoins, je ne suis pas certaine non plus d'être la moi d'il y a quelques mois.

Il m'arrive des fois d'oublier comment ma vie a basculé du tout au tout, un beau matin où je me suis réveillée, entourée d'autres filles.

— Audace, s'exaspère déjà mon coéquipier face à ma faible réceptivité.

Je me dépêche de descendre, abandonnant pour de bon sur la route mon corset et retrouve Mike dans une chambre tout en blanc, composée simplement d'un lit, une armoire et une commode.

Je reconnais cette chambre, mais toujours pas l'anneau qui traîne sur la commode.

Le brun est agenouillé devant l'armoire ouverte en grand.

Je m'avance jusqu'à à lui, puis m'accroupis à sa hauteur. Le dressing a en réalité un double fond que Mike a démonté et en a sorti un coffre gris.

L'énorme cadenas à quatre chiffres qui prend une grande majorité de l'espace centrale du coffre, empêche Mike d'avoir accès à son contenu.

— J'imagine que tu n'as pas le code, j'affirme en ricanant sarcastiquement.

Il me foudroie du regard un instant. Puis une lumière semble s'allumer à l'intérieur de sa tête :

— Donne-moi ta date de naissance.

Un rire nerveux s'échappe de ma gorge. Croit-il que c'est le moment d'échanger des confidences entre nous ? Ou pense-t-il que mon anniversaire est la clé ?

— Je sais que la résistance m'adore mais de là à mettre mon anniversaire, je rétorque à moitié sérieuse.

— Audace, tempère l'homme à côté de moi.

— Le sept avril.

Il rentre la combinaison : sans succès.

— Putain, lâche-t-il en passant une main sur son front, réfléchissant.

Il teste alors plusieurs codes. Celui de la création de Hoffenwald, de la création de la Résistance, des événements importants mais le constat reste le même. Le coffre est toujours fermé.

— Ce n'est pas possible putain, qu'est-ce qu'a bien pu foutre Harry comme code ?

J'observe autour de moi, à la recherche d'un indice mais dans cette pièce sans vie : c'est bien trop difficile.

Mes yeux se perdent une nouvelle fois sur l'alliance posé sur la commode. Pourquoi cette maison est-elle dénuée de décorations et d'effets personnels mais une bague de fiançailles est, elle, laissée à la vue de tout le monde ?

Ça n'a aucun sens et pourtant quand j'attrape le coffre sous les protestations de Mike et rentre les quatre chiffres qui me viennent à l'esprit : la mallette s'ouvre.

Mike se tait instantanément tandis que j'essaye de trouver une explication logique à pourquoi l'année de mariage de mes parents a réussi à déverrouiller ce foutu cadenas.

— Comment...marmonne-t-il stupéfait, peu importe.

Il ouvre alors complètement la boîte, en sortant un boîtier beige composée de boutons et de cadre en verre contenant des graduations et des aiguilles. Ça ressemble à une radio du siècle dernier.

Mike tire sur l'antenne et actionne plusieurs boutons tandis que la radio commence à émettre des grésillements.

— C'est seulement une radio ?, je demande, presque déçue d'avoir risqué autant ma peau pour... ça.

— C'est une radio oui, mais elle couvre une très grande surface.

Par « très grande surface », je comprends l'extérieur. Il faut toujours lire entre les lignes avec Mike.

— On capte facilement jusqu'à Hellysium et puisqu'elle ne ressemble en rien à la technologie d'aujourd'hui, personne ne se doute de ce qu'elle peut faire. Elle est programmée sur toutes les fréquences de la résidence du Président, y comprit les sous-sols. Mais elle ne fait pas que ça, elle va pouvoir nous permettre grâce à ses programmateurs, d'entrer incognito dans la capitale et d'aller sauver Harry.

C'est face au sourire de Mike que je me rends compte que je souris aussi. C'est, il me semble, une des premières fois où je le vois sourire véritablement et ça lui va bien. Il devrait sourire plus souvent.

Sauver Harry paraît être quelque chose qui lui tient à cœur alors le voir si enjoué déteint imperceptiblement sur mon comportement.

— Bon, je reprends en détachant mon regard du sien, fais la fonctionner.

Il s'exécute en réglant les boutons et les aiguilles d'une certaine façon que je n'arriverai pas à imiter, et le grésillement se transforme en voix distinctes. Je reconnais directement le président Hoffman discuter avec une femme.

Si on peut espionner le Président grâce à cet objet, on peut avoir une longueur d'avance sur lui et gagner la guerre qui va s'abattre.

— Où en sont les expérimentations ?

— Le patient 546 a subi les nouvelles seringues et le tout est très prometteur, explique très poliment la femme que je suppose être une scientifique.

— Mais ?, ajoute Hoffman, prédisant déjà la chute.

— Les fioles lui ont fait reprendre conscience et il est hors de contrôle.

Un silence s'abat et je comprends que le président ne doit pas apprécier ce dernier point. Il inspire sévèrement :

— Harry n'est rien d'hors de contrôle. Infiltrez lui autant de calmants qu'il faudra pour qu'il se calme.

Je m'imagine la chercheuse d'une trentaine d'années acquiescer, se faisant la plus petite possible.

Marco avait raison, Harry est toujours en vie et grâce à cet objet, on va pouvoir lui venir en aide.

— Quand à l'état de mon favori ?

Ma tête se relève instantanément, mes yeux trouvent directement ceux de Mike. Je veux m'assurer que l'on a bien entendu la même chose, et la flamme dans son iris me confirme que oui, nous avons entendu la même chose.

Je fixe de nouveau mes yeux sur la radio, pressée d'en savoir plus.

— Sa convalescence a pris fin. Il va vivre, Monsieur.

Le grésillement couvre un peu plus les voix mais peu importe : Nathan est vivant et en bonne santé si j'en crois leurs dires.

Nathan est vivant.

Je ne sais pas comment c'est possible, comment il a pu survivre quand je l'ai vu mort dans mes bras. Mais ça n'a aucune importance.

Nathan est vivant.

Je me remets à regarder Mike qui n'arrive pas à retenir sa surprise.

Nathan est vivant.

Et moi, j'ai fait la pire erreur de ma vie.

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VOS AVIS 🥰 ?

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