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▪ HEATHENS by TWENTY ONE PILOTS ▪
❝ Nos actions ont toujours des conséquences. — Lizzie Cain ❞
•—•
AUDACE
Je regarde le soleil monté dans le ciel, assise, une couverture sur les genoux. Tout est si paisible à cette heure-ci, aucun bruit ne dérange ce spectacle. Je ferme les yeux en laissant la chaleur du soleil caressée mon visage fatigué.
Lucie dort toujours dans la tente à ma gauche alors que je n'ai pas réussi à fermer l'œil de la nuit. Je crois qu'on ne s'est pas installées au bon endroit, vu la musique et les cris qui résonnaient hier jusqu'à très tard.
De plus, j'ai trop de questions en tête pour pouvoir permettre à mon cerveau de se reposer. Je suis quelque peu effrayée par ce qui va suivre mais j'ai surtout peur pour Will, je ne sais pas comment le protéger ici. Je ne sais même pas où je suis.
Après avoir passé à plusieurs reprises mes mains sur mes yeux, je décide de me lever pour aller réveiller la marmotte rousse qui dort encore à poing fermé. Nous avons rendez-vous au même endroit que hier pour neuf heure trente, mais je n'ai pas de montre pour savoir l'heure qu'il est précisément.
Houston a été clair, il ne veut pas de retard et même si je ne connais pas ce type, je préfère lui obéir plutôt que de le contrarier.
Je rentre dans la petite tente que nous partageons, Lucie et moi, et attrape une veste que j'ai récupéré hier. Je l'enfile alors que mon ventre émet un son atroce, mourant sûrement de faim. Je n'ai rien mangé hier, et nous avons seulement deux barres à grignoter pour le petit déjeuner.
Après avoir réveillé la rousse, je me passe à plusieurs reprises les mains dans les cheveux pour tenter de les démêler. Habituellement, j'adore prendre soin de moi et ne pas pouvoir faire tous mes petits rituels de beauté me déstabilise légèrement. Ça ne fait que renforcer le fait que je ne suis plus chez moi, je crois même que la cellule pourrie que j'avais en prison me manque.
— Tu sais quelle heure il est ?, questionne Lucie qui lace ses bottines militaires.
Je secoue la tête.
— Je pense sur les coups de huit heures, au vu du soleil dans le ciel.
Lucie acquiesce et s'empare des deux barres à manger.
— On goûte ?
— Et si c'était du poison ?, je dis en restant sur la défensive.
— Ben on meurt toutes les deux, elle sourit en haussant les épaules en me lançant une des barres.
Je la réceptionne et l'ouvre, toujours réticente.
— À trois ?
— À trois, hoche-t-elle de la tête en me tendant sa barre pour que je frappe dedans avec la mienne.
Après avoir compté jusqu'à trois, je croque dans le gâteau et Lucie fait de même. Le goût paraît assez chimique au premier abord mais l'arôme chocolatée ressort assez vite, le rendant meilleur. Je la termine rapidement et lorsque je sors de la tente, mes muscles deviennent tous bizarres.
Ma tête tourne et mes paupières clignent plus qu'à l'habitude. Alors que je pense que je viens de m'empoisonner, ma vision redevient nette. Très nette, même. J'ai l'impression de tout mieux voir, avec plus de précision. Les sons paraissent également plus clairs, comme si mon ouïe venait de se surdévelopper. La brûlure dans mes muscles disparaît laissant place à mon sang qui pulse dans mes veines.
Cette sensation se dissipe tout doucement tandis que mes sens restent aussi affûtés. Lucie me rejoint, titubant et se rattrape de justesse à mon bras.
— Je crois qu'on va finalement mourir, ajoute-t-elle en riant nerveusement.
*
Nous rentrons dans le grand bâtiment, entourées par d'autres personnes et je cherche inconsciemment William des yeux, en vain. Nous passons notre tatouage sur une surface transparente qui la scanne puis nous identifie. Une photo de moi avec tous mes renseignements principaux s'affichent puis ils disparaissent quand une autre fille passe le sien. Lucie nous emmène sur les gradins de notre salle, où l'on s'y assoit, comme la veille.
Malgré moi, une boule d'angoisse naît dans mon ventre.
Les anciens nous rejoignent également, ils ne doivent être qu'une trentaine contrairement à nous qui sommes au moins une centaine. Et dire qu'à la fin de l'année, il risque de n'en rester que le tier. Je secoue la tête pour chasser cette idée, il ne faut pas y penser maintenant.
Mais quand alors ? Quand tu seras morte ?
J'ignore la petite voix dans ma tête qui déraille et me concentre sur l'arrivée de Houston. Le brun de hier, Nathan il me semble, le suit de près. Son visage est fermé, neutre comme s'il ne ressentait rien. Il se place à ses côtés, à la droite de la scène. Sa main gauche est placée sur l'arme qui repose dans son étui. Il est droit, impassible alors que tout le monde l'observe. Cette image me donne des frissons.
Tout d'un coup, sans l'intervention de quiconque, l'écran dos à eux s'allume, affichant l'heure précise qu'il est. Un silence pesant s'installe et les regards de toute la salle sont tournés vers l'écran transparent.
9h30.
J'avale ma salive en entremêlant mes doigts entre eux.
Ça va mal se passer. Quelque chose va arriver.
Intérieurement, j'espère que Will est dans cette pièce, fixant l'heure comme nous tous.
Le visage de Nathan ne change pas jusqu'à que la porte claque. Il ferme les yeux comme pour se donner du courage quand deux filles apparaissent, et tous les regards se tournent vers elles.
— Vous êtes en retard, retentit la voix de Houston.
Et en effet, l'heure vient de changer, il est maintenant neuf heures trente et une.
Elles échangent un regard paniqué et désespéré pour savoir qui va prendre la parole mais le colonel les coupe avant qu'elles ne puissent prononcer un mot :
— Je déteste qu'on soit en retard, que cela serve de leçons aux autres !
Le quadragénaire hoche de la tête dans la direction de Nathan et dans le plus grand des calmes, ce dernier se dirige vers les deux filles affolées. Il sort son arme et sans un bruit tire à deux reprises. Les corps des brunes s'effondrent au sol devant lui, une balle entre les deux yeux.
Le brun range son arme et regagne sa position, le visage toujours impassible.
— Merci Atkins, dorénavant ne soyez plus en retard, reprend Houston en souriant.
Lucie, à côté de moi, est blanche comme un linge et je pense être pareille qu'elle. Les tirs résonnent encore dans mes oreilles en boucle.
Il a tué ces deux filles comme s'il avait toujours fait ça. C'est sûrement le cas. J'en ai la chair de poule, rien que d'y penser. Contrairement à la veille, personne n'émet un son : pas un cri, pas de pleurs. Rien. Comme si tout le monde était figé.
Même les anciens sont silencieux, et ce même si ça ne semble pas les affecter tant que ça. Deux gardes transportent les corps hors du bâtiments alors qu'une femme blonde fait son entrée.
Elle évite les cadavres de peu et s'avance jusqu'aux deux hommes au centre de la scène. Elle semble intimer à Nathan d'aller se placer avec les autres puisque c'est ce qu'il fait. Notre entraîneur se racle la gorge puis tapote sur le micro afin de reprendre la parole.
— Bon, commençons, annonce-t-il. Je vous présente Wendy Hopkins, votre second entraîneur. Elle s'occupera des cours de techniques mais aussi parfois de la théorie. Quand à moi, je travaillerai la pratique. Pour le reste, les anciens se chargeront de vous. Formez vos groupes d'entraînement, finit-il en claquant des mains.
Les étudiants se lèvent et rejoignent les différents anciens de leur groupe et je me résigne à faire de même.
— À tout à l'heure, me lance Lucie en descendant les escaliers.
Je lève ma main en signe de au revoir puis retrouve le groupe des roses, près de la scène. Il y a une quarantaine de nouveaux pour à peine une dizaine d'anciens.
Lizzie passe parmi nous, nous demandant nos prénoms tandis que mes yeux fixent Nathan. La façon dont il a descendu ces deux filles me hante toujours. Je le regarde, cherchant quelque chose qui trahirait une de ses émotions mais c'est comme fixer un mur. Il est complètement fermé, ne laissant rien transgresser.
Il tourne finalement la tête, me permettant de croiser ses iris noires et fronce les sourcils lorsqu'il me remarque l'observer. Nous sommes tous les deux coupés dans cet échange visuel quand Lizzie se présente devant moi.
— Salut ! Je suis Lizzie Cain et toi ?, demande-t-elle d'une voix joyeuse.
— Audace Ravenwood, je réponds en lui souriant doucement.
— Enchantée de te rencontrer Audace, bienvenue chez les Roses !
J'acquiesce quand un garçon l'interpelle :
— On n'est pas là pour sympathiser Lizzie, tu sais comment ça va finir.
Il lui lance un regard lourd de sens puis me dévisage avant de s'avancer vers Nathan. Ça doit être le fameux Mike, si je me rappelle bien son prénom.
— Excuse-moi, mais je dois prendre les noms des autres.
J'hoche de la tête et alors qu'elle reprend sa route, je fusille les deux garçons du regard en croisant les bras. Je déteste les gens qui se pensent supérieurs pour une raison x ou y. Ils n'ont rien de plus que nous, excepté peut être une arme entre les mains. Je soupire et détourne le regard.
Je remarque mon frère avec son groupe, discuté avec ce qui semble être un ancien. Ce dernier semble lui faire une réflexion qui ne plaît pas à William puisqu'il fronce les sourcils et s'avance dans sa direction. Le grand blond lui attrape le bras puis lui tord, empêchant à Will de faire tout mouvement.
Mon cœur se serre et je fais donc inconsciemment de même avec mes poings avant de partir les rejoindre.
Mon frère grimace et ma colère s'accroît, pourquoi ne le lâche-t-il pas ?
Cependant, alors que je m'éloigne du groupe, une main m'attrape le poignet.
— Tu vas où comme ça ?, sourit un brun en resserrant sa prise.
— Qu'est-ce que ça peut te faire ?, je réponds méchamment en tirant sur mon bras.
Son regard change, passant de l'amusement à l'énervement. Et pendant une seconde, je regrette mes paroles. Mais c'est plus fort que moi, je sais que j'ai beaucoup de risques de mourir, néanmoins je ne peux faire taire ce trait de caractère. Quand on s'en prend à ma famille, je suis obligée de riposter. Surtout quand on parle du dernier membre en faisant partie.
— Tu ne vas nulle part, gamine.
Je souris, piquée à vif. Ce type ne doit avoir que trois ans de plus que moi et il m'insulte de gamine.
— Et qui va m'en empêcher, je dis en levant un sourcil.
Je lui tourne le dos, et reprend ma marche quand un corps me pousse, me faisant chuter au sol en même temps que lui. Il vient de me plaquer si brutalement au sol, que je jure avoir entendu un de mes os se briser.
— J'ai dit : tu ne vas nulle part ! Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans ma phrase ?, rugit-il en m'écrasant sous sa tonne de muscles.
Je serre les dents pour faire taire d'une part la douleur qui lacère mon dos mais d'autre part mon envie de lui cracher mes quatre vérités à la gueule.
Notre altercation a fait du bruit puisqu'un petit rassemblement s'est attroupé autour de nous, je discerne même un petit sourire mesquin sur le visage criblé de bleus de cette Karissa.
— J'adore les petites nouvelles agressives, murmure-t-il en plaçant son visage à quelques centimètres du mien. C'est celles que je préfère trucider.
Je déglutis en tournant la tête vers la gauche pour ne plus le voir.
— Tyler, lâche là, intervient le tueur de sang froid en s'approchant de nous.
Je gesticule sous le poids du Tyler et m'extrait de lui afin de me relever en positionnant mes mains devant mon visage, sur la défensive. Il m'observe puis se met à rire, je ne sais même pas pourquoi j'ai fait ça puisque je ne sais pas me battre.
Essayer d'intimider un ancien ne fonctionne pas, c'est noté je retiens.
— Ta garde n'est même pas faite correctement, se moque-t-il en tentant de m'imiter.
— Wise, tonne la voix de Houston qui nous a rejoint.
Le brun perd son sourire, se redresse puis lève le menton, le regard lointain. L'entraîneur le jauge alors que je détends mes épaules et mon dos endoloris.
— La session ne fait que commencer et Aiden et toi êtes déjà intenables. S'en prendre aux nouveaux ne se fait pas dans ma classe. Enfin, sauf quand je vous le demande. Compris ?
Tyler acquiesce comme par automatisme puis le quadragénaire se tourne vers moi. J'ai un mouvement de recule face à son sourire tout sauf rassurant.
— Je voulais vous faire commencer par un cours de technique mais certaine semble déjà vouloir faire leurs preuves, le tapis est à vous Mademoiselle, m'indique-t-il la zone réservé au combat.
Il guide le groupe jusqu'à la salle de combats et je noue nerveusement mes mains dans mon dos en marchant. Je tourne également la tête pour vérifier que mon frère va bien tandis que mon "sauveur" se poste à côté de moi.
— Se faire remarquer le premier jour, excellente idée, ironise-t-il en m'observant de la tête au pied.
Je l'ignore, la tête haute continuant de marcher comme s'il n'existait pas.
— Tu restes silencieuse maintenant ?, poursuit-il calmement, tu ne l'étais pas pour autant quand tu provoquais Tyler. Tu t'es fait le mauvais ennemi, crois-moi, il te tuera dès qu'il en aura l'occasion pour lui avoir tenu tête.
— De la part du mec qui vient de descendre deux filles innocentes, je vais au moins mourir pour une bonne raison, je crache en le dépassant pour me positionner là où on me regarde le moins.
Je préfère mourir en sachant que je l'ai fait pour protéger Will que le laissait périr parce que je n'ai pas osé ouvrir ma bouche. Ça ne plaira pas à tout le monde, c'est sûr mais ils ne me changeront pas pour autant.
Je me bats pour ce qui me semble juste et pour les gens que j'aime. Il se trouve que William est la personne qui est tout en haut de cette liste, alors rien ne m'effraie tant que je le fais pour lui.
Houston s'arrête face au ring et m'incite à y prendre place dessus. J'inspire et escalade le petit montoir, le cœur lourd.
Tu vas prendre cher mais tu l'as fait pour la bonne cause, pensé-je en sentant toutes les paires de yeux sur ma personne.
— Wise, dit-il en lui faisant signe de faire de même.
Mon adversaire me rejoint sur le tapis, son sourire collé à ses lèvres de connard.
Très cher même.
Mon sang pulse dans mes veines, et je repense à cette barre chocolatée que j'ai mangé tout à l'heure. Cette barre qui rend mes sens plus affûtées. Je repense à ce sérum qu'on m'a injecté avant mon arrivée. Je repense à toute la technologie futuriste que j'ai pu observer.
Je ne connais rien de ce monde. Je ne connais rien de ces gens. C'est à peine si je me connais moi-même.
Mais le fait est que j'ai quelque chose qu'ils veulent, sinon je ne serais pas là. Il ne me tuera pas parce que Houston ne lui en donnera pas la permission. Nathan a tué ces deux filles parce que Houston le voulait.
Houston doit être bien important ici pour donner les ordres, c'est à lui que je dois rendre des comptes. C'est à lui que je dois quelque chose. C'est devant lui que je dois faire mes preuves. C'est lui que je dois impressionner.
Je sors de mes pensées quand je vois Tyler me foncer dessus, je me décale pour l'éviter de justesse alors qu'il se retourne vivement pour revenir à la charge.
C'est bien beau de réfléchir à la place qu'à Houston à Hoffenwald, mais je ne sais toujours pas me battre pour autant...
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Hello, Hello !
Oui j'ai encore craqué...bon voici le chapitre 3, en espérant qu'il vous plaise !!
Des avis ???
Que pensez vous de Audace ?
Pleins de bisous et à très vite !!
❤️
©WORLDOFTHEQUEENS
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