« 1.1 - friends ?

▪ 505 by ARCTIC MONKEYS (slowed&reverb) ▪

C'est comme si je détestais l'aimer. C'est comme si j'aimais la détester. — Mike Smith
•—•

MIKE

J'observe Lizzie ranger le peu de vêtements qu'elle a dans un sac à doc, Audace à côté de moi est toujours autant silencieuse.

J'en deviendrai presque fou de ne plus entendre sa voix. Qui l'aurait cru ? Moi qui a habituellement tant de mépris envers elle, j'en viens aujourd'hui à vouloir désespérément voir un son franchir ses lèvres.

Car je connais par cœur cette souffrance qui lui brûle la poitrine. S'il y a bien une personne avec qui j'ai envie de parler de cette nuit, c'est avec elle. Lizzie et moi connaissions Nathan depuis tellement longtemps, mais là c'est différent.

Audace a eu trop de choses à traverser, et dieu sait ce que le futur lui réserve. Elle est forte, son silence me le prouve chaque jour un peu plus, mais si elle m'accordait ne serait-ce qu'un seul regard, je suis certain que nous arriverions à nous reconstruire ensemble.

— Bon, je crois que j'ai tout, déclare ma brune avec un petit sourire anxieux.

Je me lève du lit que nous partagions à deux et attrape son sac et le mets sur mon épaule. Lizzie est désormais de ce que j'ai le plus cher et je n'aime pas la savoir partir loin, en terrain dangereux.

Pas que je n'ai pas confiance en ses capacités, non, je n'aimerai pas croiser sa route en plein combat. Néanmoins, laissez ma partenaire s'en aller n'est pas une de mes meilleures décisions. Je préférai qu'elle reste à mes côtés, surtout pour m'aider à gérer la bombe à retardement derrière moi.

Je la prends dans mes bras et elle encercle mon cou dans une étreinte passionnelle. On joue à celui qui serre le plus fort.

Au retour de l'épreuve, nous n'avons pas passé une nuit séparée, la brune était terrifiée à l'idée que je disparaisse comme l'a fait Nathan en seulement une nuit.

Ici, personne n'arrive à faire son deuil et pourtant j'ai essayé mais tout est si fucked up.

— Ne meurs pas, je lui murmure en posant ma main contre sa joue, englobant également sa petite oreille froide.

Elle se pince les lèvres et j'aime quand elle fait ça. Elle est magnifique.

— Toi non plus, sinon tu compromettrais ton assassinat que j'ai prévu depuis un bout de temps.

Je rigole mais ses yeux brillants m'indiquent que c'est une vraie promesse qu'elle veut je lui fasse.

— Les mecs aigris sont durs à détruire.

Elle hoche de la tête et c'est au tour d'Audace de la serrer contre elle. Violette arrive à ce moment précis.

— Ne faites pas de câlins sans moi, proteste-t-elle en laissant son sac s'échouer sur le sol pour aller retrouver les deux brunes.

Audace est au milieu et tient fermement les filles.

— Ça ne durera pas longtemps, assure Lizzie en pressant le bras de la nouvelle.

— Et puis, ce n'est pas comme si on allait bronzer, s'exclame Violette, si on allait juste bronzer, on t'aurait pris avec promis.

Je ne sais pas trop ce que la blonde essaye de dire dans ce message mais Audace ne le prend pas en compte.

— Vous allez terriblement me manquer, soupire-t-elle d'une petite voix.

Lizzie plisse son nez et la reprend dans ses bras. Elle est émue de l'entendre parler. Ça semble faire une éternité.

Cameron toque contre la porte métallique entrouverte :

— C'est l'heure, Nina vous attend.

Je passe un bras dans le dos de la brune et nous suivons Cam jusqu'à l'entrée de la base. Mais au lieu de nous diriger vers les escaliers en colimaçon qui remonte jusqu'à la surface, nous nous engageons dans le tunnel à gauche et arrivons sur la piste d'atterrissage interne où se trouve un gros Eagle, déjà chargé de résistants.

Nina discute sûrement des étapes à suivre avec Marco quand nous atteignons leur niveau.

— Vous êtes là les filles, parfait !

L'enthousiasme de la cinquantenaire ne semble pas être partagé.

Je rend le sac à Lizzie et dépose un dernier baiser sur son front avant d'enlacer Violette rapidement.

— Faites bonne route, je déclare d'un signe de tête tandis qu'elle s'éloigne vers le véhicule volant.

J'entends une bande de garçons demander de l'aide à Cameron qui s'en va les retrouver.

— Prenez soin de vous, ajoute Marco en posant sa grande main bronzée sur l'épaule de la petite femme.

— Vous également, répond-t-elle avant de tourner les talons. Brent !

Son bras droit l'accompagne jusqu'au Eagle et elle nous envoie un dernier signe de main alors que la porte automatique se referme.

Marco lève sa main et le haut du bâtiment s'ouvre, dévoilant le ciel étoilé tandis que l'objet décolle emportant d'une certaine façon mon cœur avec.

Il n'y a plus que moi et Audace, regardant cet univers magique qui nous a pris beaucoup trop.

Je finis par tourner les talons, la laissant seule contempler ce vide qui nous entoure.

***

Mon lit est terriblement grand et froid cette nuit.

Est-ce parce que Lizzie n'est pas contre moi ?

Ou est-ce son absence qui me fait réaliser à quel point je suis seul sans Nathan ?

Chaque seconde qui passe est une agonie lente et douloureuse.

Je le vois dans chaque minuscule détail qui m'entoure.

Je me souviens de la première nuit que nous avons passé ensemble. Nos cellules étaient côte à côte. Nous étions chacun dos à dos, séparé par une vitre transparente.

Il m'a demandé de me présenter et je n'ai pas su quoi lui dire.

— Je m'appelle Mike, j'avais déclaré simplement sans m'attarder.

Il avait ricané dans son coin, comme s'il se moquait de moi. Ses joues étaient criblées de bleus.

— Tu dois bien être chose que seulement Mike, non ?

Cette réponse m'avait fait réfléchir pendant plus longtemps que je ne lui avais laissé entrevoir.

En réalité quand je suis arrivée à Hoffenwald, j'étais tout autant orphelin que Nathan. Pleurant un père parti trop tôt et une mère trop peu aimante. Toute ma vie, j'avais rêvé d'avoir un frère. Et c'est dans cette pièce froide et dénudée d'effets personnels, que je l'ai trouvé.

Il était derrière une vitre, mais je me suis juré que le jour où on sortirai : il n'y aurait plus jamais de vitre nous séparant.

Et ça a été le cas, depuis notre rencontre, je n'ai jamais vécu sans Nathan.

J'étais tout le temps fourré chez lui, je le réveillais de ses cauchemars interminables et il s'efforçait de me faire sourire, de me faire sentir comme une personne à part entière et non pas comme l'échec que ma mère avait pour vision.

Sauf qu'aujourd'hui, il n'est plus pas. Plus physiquement en tout cas.

Parce que je le vois. Constamment.

Dès que je sors une cigarette. Je l'entends me répéter : « si ta méfiance ne te tue pas, la nicotine le fera. »

Dès que je lasse mes rangers, je le vois faire pareil à côté de moi, se préparant pour une énième mission de favori.

Dans chaque sac de boxe, je l'imagine frapper de toutes ses forces sous mes encouragements.

Dans chaque arme que je tiens, je revois le pistolet de Aiden tirer, la balle foncer sur Nathan et ce dernier s'effondrer. Je sens sa main tenir fermement la mienne tandis qu'Audace chante. Puis le ciel se colore en milles éclats et le cœur de mon meilleur ami bat une toute dernière fois.

C'est plus fort que moi, j'envoie à l'autre bout de la pièce mon oreiller. Il s'échoue contre le mur puis retrouve le carrelage.

J'ai le sang qui bouillonne de rage mais je ferme les yeux pour me calmer. Déni, déni, déni, je me répète en gardant les paupières fermées.

J'envie Audace qui continue à faire bonne figure avec son mutisme. Elle arrive à rester là, droite et impassible. Elle fixe les gens avec ses yeux qui étaient autrefois parsemés de couleurs. Ils sont fades désormais.

J'aimerai tellement l'entendre me parler, qu'elle me dise que ça va aller, que l'on va traverser cette épreuve ensemble et qu'on va se reconstruire.

Depuis cette nuit, j'ai besoin de sa présence. Je ne me l'explique pas. Je la désirais déjà avant mais maintenant ce n'est plus la même chose, nous partageons un fardeau, un deuil qui ne nous quittera jamais réellement. Comme un lien qui nous unis.

Alors que je me lève pour ramasser l'oreiller jeté, un cri résonne. Il est si puissant et douloureux que je suis certain que tout le couloir l'a entendu. Heureusement, il n'y a presque plus personne.

Je sors de ma chambre et ouvre la porte juste en face. Audace est allongée se débattant et hurlant à s'en briser les cordes vocales. Normalement, c'est Violette qui dormait avec elle et qui s'occupait de ses crises.

Marco n'a pas vraiment pensé à cette conséquence en envoyant la blonde à Pidrod.

Je l'avais déjà entendu crier avant, chez Nathan, c'était commun. Chaque nuit, nous nous retrouvions chacun face à nos démons et l'échappatoire n'était pas toujours évidemment. Mais jamais de cette façon déchirante.

Je me précipite vers elle néanmoins elle se réveille avant en se dressant brusquement sur son lit.

Elle est essoufflée et quelques mèches de ses cheveux lui collent au front. Ses yeux font les angles de la pièce comme si elle était terrifiée de la présence potentiel de quelqu'un.

— Est-ce que tout va bien ?, je demande stupidement.

Je ne suis pas doué pour conforter les gens. Quand c'était Nathan, nous faisions juste discuter autour d'une bouteille de rhum. Encore un souvenir qui me colle à la peau.

Elle dégage les mèches brunes de son visage et hoche la tête.

— D'accord, bon je retourne dans ma chambre, je dis en me préparant à partir.

Cependant je ne passe pas le pas de la porte. Je n'ai pas envie de partir en réalité, et je m'en contrefiche un peu de son accord.

Une idée me passe par la tête et je me retourne vers elle :

— Tu veux aller faire un tour dehors ?, je lui propose d'un air désintéressé.

Elle me dévisage comme si elle ne reconnaissait pas le Mike habituel puis soulève les épaules et je retiens un sourire en me dirigeant vers le couloir principal.

Je l'entends enfiler des chaussures, attraper un pull et me suivre.

Une fois la porte extérieure ouverte, l'air frais s'engouffre dans le couloir dos à moi. Je sors mes clés et déverrouille à distance ma voiture.

Les fars clignotent et je m'installe au volant en passant mes mains sur ce dernier. Ça fait un mois que je n'ai pas roulé ce bijou et c'est bien la seule chose qu'il me reste de Venturia.

Audace grimpe du côté passager, toujours muette comme une carpe. Je la vois frissonner. Son pull n'est pas assez chaud.

Je me décale alors vers l'arrière de la voiture et attrape le gros sweat que j'ai l'habitude de mettre lorsque je sors regarder les étoiles.

Elle me sourit brièvement une fois que je lui ai tendu et l'enfile directement.

J'allume alors le moteur et enclenche la marche arrière.

— On s'en va vraiment ?, questionne-t-elle, le regard luisant d'une envie particulière.

Je camoufle un nouveau sourire. Elle a parlé cette fois.

Sa voix me paraît plus grave que dans mes souvenirs, comme si elle retenait une rivière d'émotions dans sa cage thoracique.

— Si tu me promets d'ouvrir la bouche, oui.

Elle fronce les sourcils mais accepte tout de même.

— Je n'ai rien entendu, je la provoque en me remettant au point mort.

Elle plisse des yeux en rabattant la capuche sur sa tête. Elle a coupé ses cheveux il y a une semaine et ils sont désormais beaucoup plus courts qu'avant l'épreuve : un carré long qui descend sous mâchoire et qui l'empêche de pouvoir se faire des tresses comme pendant l'entraînement.

Je secoue la tête pour sortir les images que j'ai d'elle de mon esprit. Je ne devrais pas lui porter autant d'attention et encore moins remarquer ces détails.

— C'est d'accord.

Je recule pour de bon cette fois et m'engouffre dans le désert nocturne.

***

Je m'allume une cigarette tandis que Audace regarde fixement le ciel, sur le toit de la voiture.

Le temps est froid mais dégagé. On ne se croirait pas bientôt en février. Le nouvel an de Hoffenwald approche bientôt et le Président ne va pas manquer de faire une fête grandiose.

J'imagine que je ne serai pas invité pour les petits fours cette année.

Audace n'a pas beaucoup plus parlé mais je ne lui en tiens pas rigueur. Tout comme elle, je préfère regarder en silence le ciel étoilé.

C'est fou les points communs que je nous trouve maintenant qu'on y pense.

Je n'arrive pas réellement à expliquer ce qui m'a fait changer d'avis sur elle.

Est-ce toutes les fois où elle m'a montré ses bonnes intentions envers nous ?

Est-ce la fois où elle m'a sauvé la vie, tout en risquant la sienne ?

Est-ce la fois où elle m'a offert le médaillon que j'ai autour du cou ?

Est-ce lorsque nous étions chacun de chaque côté de Nathan, lui tenant la main et nous regardant dans le blanc des yeux ?

Ou est-ce le fait qu'elle n'a jamais arrêté de faire un pas vers moi malgré tous mes efforts pour la repousser ?

Je crois que c'est tous ces petits moments juxtaposés bout à bout qui ont tissés la confiance que je place désormais en elle.

Je la lui ai offert depuis un moment maintenant, mais j'étais bien trop terrifié pour le reconnaître.

Laisser les gens rentrer dans mon cœur n'a jamais été quelque chose d'inné chez moi. Ma mère y jouant pour beaucoup, cependant c'est une part de mon caractère aussi. Je ne veux pas me faire duper et jusqu'à aujourd'hui ça n'a jamais été le cas : personne ne me manipule et ne m'utilise.

Audace fronce le nez et je cligne des yeux pour revenir à moi.

Si Nathan pouvait entendre mes pensées, il me donnerait une bonne raclée. Ce n'est pas respectueux pour lui d'imaginer Audace de la façon dont je le fais.

Mais je n'arrive pas à me chasser l'idée qu'il est un sacré veinard quand même.

— Il y a quelque chose que je ne comprends pas, déclare subitement la brune en gardant ses yeux en l'air.

Je me tourne vers elle en inspirant une grande bouffée de nicotine.

— Mmh ?

— Pourquoi la Resistance n'a jamais tenté de destituer Hoffman ?

Cette fois, je me décale complètement pour lui faire face. Elle est assise en tailleur et son visage est plus que sérieux.

— Ils ont essayé, une fois, il y a peut-être onze ou douze ans mais ça a été un carnage. La première résistance avait monté une armée et rapatrié un bon nombre de personnes, cependant il ne faisait pas le poids face à l'armée d'Hoffman. Ils ont été massacrés avant même de passer la colline de Hellysium. Les quatre survivants qui avaient fuit, se sont réfugiés au sud. Ils ont bâti une ville et ont interdit une quelconque arme de franchir les pans de leur refuge.

— Bell, soupire Audace, les yeux grands ouverts.

J'acquiesce nonchalant :

— Bell est la ville de la paix, fondée par des gens qui ont vécu la guerre. Cette tentative était la première sous le gouvernement du président actuel néanmoins il y en a eu bien d'autres avant, toutes succédées par un échec.

Elle se laisse glisser sur les fesses le long du pare-brise et se retrouve juste en face de moi.

— Et qu'est-ce qui nous prouve que l'on ne pas tous mourir comme les précédents ?

Je hausse les épaules en faisant tomber la cendre de ma cigarette sur mon fare allumé.

— Rien, sauf ne serait-ce qu'aujourd'hui le peuple est de notre côté. Les partisans du Président sont des privilégiés, des riches et des citadins qui ont tout à perdre face à nous. Le système hoffalien leur offre un travail et un salaire plus que convenable qui leur permet de vivre dans la luxure et le plaisir. Plus du quart d'entre-eux sont nés dans le pays. Ils ont toujours connu cette vie ainsi que l'entraînement. Ils ont littéralement été élevés une cuillère en argent dans la bouche quand une majorité de la population a connu le sinistre extérieur, la prison et les difficultés de s'affirmer dans un monde aveugle et sourd.

Je la vois se reculer de moi comme si mes mots la frapper. Ou peut-être se rend-t-elle compte que nous sommes tous comme elle.

— Et ces gens-là, ils sont comme toi et moi. Ils ne veulent pas vivre dans la peur qu'un jour un de leur proche soit exécuté. Ils ne veulent pas passer le reste de leur vie manipulés par un homme qui a le droit de vie ou de mort. Ils souhaitent prospérer et avoir accès à la vie à laquelle ils n'ont jamais eu le droit à l'extérieur.

Elle fronce à nouveau le nez. Quelque chose dans mes mots la gêne.

— Pourquoi tu me racontes tout ça aujourd'hui alors que tu niais encore l'existence de l'extérieur quelques mois plus tôt ?

Je souris piquée à vif. J'arrive réellement à comprendre ce que Nathan lui trouvait.

Je contracte la mâchoire. Parler de lui au passé n'est toujours pas quelque chose à laquelle je me suis accommodé.

— Ce n'est pas comme si toi et moi avions déjà eu une discussion amicale jusqu'à aujourd'hui.

Elle passe une mèche de ses cheveux derrière son oreille en regardant l'horizon. Le soleil ne va pas tarder à se lever.

— Parce que tu t'es toujours montré mystérieux, aigrie et méfiant à mon égard.

Je sens que je m'engage sur une pente périlleuse néanmoins je ne peux m'empêcher de répliquer à mon tour :

— Et que tu as toujours été trop curieuse et trop bavarde pour savoir quand il était préférable de te taire.

Mes mots ne se veulent pas vexant pourtant lorsqu'elle se met à ricaner, je reconnais enfin la fille insupportable que j'ai eu l'habitude de côtoyer :

— En tout cas, il paraît que c'est grâce à moi que les choses changent.

— Mouais peut-être, dis-je sans trop réfléchir, cependant tu ne comptes pas les personnes mortes pour ça.

La phrase m'a échappé et je m'en veux dès lors où elle franchit mes lèvres. Encore une fois je m'exprime mal.

Elle me foudroie du regard en sautant du capot :

— Je pensais m'être trompée sur toi mais mon instinct à moi aussi a visiblement toujours raison. Un connard reste un connard.

Je me passe la main sur le visage en m'insultant mentalement. J'étais tout juste en train d'arranger notre amitié.

Putain, être quelqu'un de bien, ce n'est pas fait pour moi. Être méchant c'est tellement plus simple, tu n'as pas besoin de justifier ton comportement au moins.

Je sens l'agacement monter en moi et j'en profite pour rajouter une couche :

— Le connard il a juste toujours été là pour toi ce dernier mois. Je crois que tu l'as un peu oublié, ou c'est peut-être parce que t'étais trop occupé à te morfondre sur toi-même.

Elle ouvre la bouche et retire activement le sweat que je lui avais prêté.

— Tu sais quoi, débute-t-elle en élevant sa voix, Hoffman aurait dû te choisir comme favori.

— Parce que le rôle me va si bien, je réplique avec arrogance en me remettant également sur la terre ferme.

— Non, rit-elle mesquinement, parce qu'au moins c'est toi qui serais mort cette nuit là.

Ma lèvre inférieure tressaute, ma réponse se meurt dans ma bouche et je cligne plusieurs fois des yeux, encaissant le coup.

J'ai dégoupillé la bombe et elle vient de m'exploser en pleine figure.

Audace n'a aucune idée de combien je donnerais pour être celui qui a reçu cette balle, celui qui a fermé les yeux une dernière fois sur ce champs de bataille.

Nathan était le meilleur d'entre nous. Il était courageux et il se battait pour nous. Il était quelqu'un de bien. Il méritait de vivre.

Ma mère aimait bien me répéter que les premiers à partir étaient toujours les meilleurs. Elle me faisait cette morale tout en arrachant les plus belles feuilles de sa plante.

Et elle avait raison. Les pires sont des cafards : ils s'en sortent toujours pour survivre.

Je serre les points en fixant la brune qui se tient droite comme un i, visiblement ne regrettant aucune de ses paroles.

Je sors mes clés de ma poche et m'engouffre dans la voiture tandis qu'elle continue de me massacrer du regard. Je fais ce que je sais faire de mieux : repousser les gens.

Je démarre le moteur et baisse simplement ma vitre du côté passager.

— J'espère que tu apprécieras ton retour à pieds. Je ne veux pas t'imposer ma présence de connard plus longtemps, je finis par avouer en souriant ironiquement.

J'enclenche la première et laisse ma caisse s'élancer dans le désert.

— Fils de pute, je l'entends hurler dans mon dos tandis qu'elle lance rageusement mon vêtement au sol.

Je secoue la tête en ricanant.

— Désolé mon pote, ta copine a beau être canon à s'en crever les yeux, elle est invivable, je déclare à voix haute comme s'il pouvait m'entendre.

Moi aussi, j'avais raison depuis le début.

Être égoïste et méchant c'est plus simple. Tu ne dois rien aux autres et n'attends rien d'eux : ça évite ce genre de goût amer dans la bouche et la petite voix dans ma tête qui me rappelle que j'ai encore foiré.

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Joyeux noël et bonnes fêtes de fin d'année !!!

Profitez de vos proches, prenez soin de vous et que la lune vous garde <3

Love❤️

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