Aline

Je ne sais pas quoi dire de ce que m'a dit mon père. Mais ce que j'ai compris, c'est qu'il avait raison.

Voilà 2 heures qu'il y a eu cet incident avec mon père. 2 heures qu'Aiden m'évite sèchement. Je me sens blessée et légèrement trahie. Je pensais que je l'intéressais et il me m'intéressait aussi. Visiblement je me suis trompée sur lui.

On arrive dans une heure et lorsqu'on s'arrête pour prendre l'air, Aiden vient me voir.

-Aline, commence t-il.

-Ne me parle pas, je coupe sèchement. T'a pas à m'ignorer comme si j'existais pas et après venir me parler comme si de rien n'étais. Ça marche pas comme ça.

-Tu ne comprends pas, siffle t-il.

-Oh que si je comprends parfaitement. Monsieur aime avoir toutes les filles à ses pieds. Je ne suis que l'une d'entre elle, je ne compte pas à tes yeux. Ne gaspille pas ta salive, tu es exactement comme les autres.

Je ne lui lance même pas un regard et vais m'assoir à une table à l'écart des garçons. Je sors mon carnet de croquis et dessine le paysage. Il me rend nostalgique.

-Maman maman! Je crie. Regarde les canards ! On peut leur donner un manger ??
-Bien sûr ma puce. Ils vont aimer tu verras. Tiens, donne leur ça.
Il n'y a que nous deux. Ma mère, moi, en train de donner à manger aux canards. Moi blottie dans ses bras, elle qui me sourit.

Mais chaque fois c'est pareil. Des que je me remémore les souvenirs que j'ai d'elle. Son accident me revient en tête.

Le chauffeur panique. On percute une voiture. Ma mère qui ne bouge plus, une fracture au cou. Elle a entouré ses bras autour de ma tête. Elle m'a protégé. Sans elle je serais sans doute morte également. Maman a l'hôpital. Elle n'a pas survécu. Papa qui pleure. On est à l'enterrement et une fois rentré à la maison, je pleure toutes les larmes de mon corps.

Une main se pose sur mon épaule. Je me retourne vers mon père qui me sourit.

-A quoi tu penses ? Demande t-il.

-Rien de spécial...

Il s'assoit à côté de moi.

-Tu sais, plus les jours passent et plus tu lui resemble.

-A maman ?

-Oui.

Je souris. J'aime quand il me dit ça. Je pense soudainement à Aiden. J'ai peut-être été trop dure avec lui. Non, je lui ai seulement dit la vérité. Pourtant, je repense à ce qu'il m'a dit.

"Tu me rend dingue tu sais pas à quel point"

Je rougis.

-Tu as froid ? Demande soudainement mon père.

Je sursaute, je l'avais complètement oublié.

-Oui ça doit être ça, je rentre dans l'hôtel avec des roues.

-Haha très drôle, proteste t-il avec ironie.

Je referme la porte derrière moi et tombe nez à nez avec Aiden. Il est assit sur un fauteuil, un carnet à la main. Il a arrêté d'écrire et me fixe. Mon coeur bat la chamade. Je décide de faire mine de ne pas l'avoir vu et me dirige vers la porte de la chambre. Dès que je referme la porte derrière moi, je m'autorise enfin à souffler. J'ai stressé de fou.

-Tu compte m'éviter maintenant ? Surgit la voix d'Aiden dans mon dos.

Je sursaute, manquant à nouveau de lui mettre une droite en pleine face. Il m'attrape par le bras et me plaque contre la porte.

-Pourquoi tu m'évites ?

-C'est toi qui as commencé, je grogne.

-Je ne compte pas m'excuser, je suis tout simplement l'ordre de ton père.

-On ne peux même pas être amis ? Je demande, la voix tremblante.

Je refoule les larmes qui menacent de se manifester. Pas question de pleurer devant ce garçon.

-Si tu veux, je peux être ce que tu veux. Ton ami, ton meilleur ami, ton cousin, ton frère, ce que tu veux.

Un sourire se dessine sur mon visage.

-Alors sois mon frère, j'ordonne.

-D'accord.

Je l'attrape par le menton.

-Tu as intérêt à bien remplir ton rôle hein.

Une étincelle passe dans ses iris gris.

-Compte sur moi.

Puis il me lâche et retourne s'asseoir sur son fauteuil. Moins de 10 secondes plus tard, les autres entre dans la pièce. Si j'ai bien compris, ils se disputent qui était la plus belle entre deux filles qu'ils ont aperçus plus loin. Des bêtises quoi.

Je croise le regard d'Aiden. Il me fais un clin d'œil. Bon au moins, ça c'est fait.

À suivre...