Chapitre 29 : Adios

      Minina ronronna sous les caresses de Cali, enfouit son museau dans le creux de sa main, puis lécha sa peau de sa langue râpeuse.

— Au revoir ma jolie, merci de m'avoir tenu compagnie pendant ces phases intenses d'écriture, s'adressa-t-elle à l'animal en embrassant le sommet de son crâne, avant de la remettre à sa propriétaire.

       Mme Perez, debout sur le palier de sa porte, récupéra la chatte blanche et grise dans ses bras et lui sourit affectueusement. La romancière la remercia :

Gracias, señora Perez, por abrirme para decirle adiós a Minina, no la he visto últimamente ! (*Merci Mme Perez de m'avoir ouvert pour que je puisse dire au revoir à Minina, je ne la voyais plus ces derniers temps* !)

Oh, si ya no puedes verla es porque está embarazada ! Todavía no sé si el padre es el siamés de ojos azules o el gato negro de arriba... (*Oh si vous ne la voyez plus, c'est parce qu'elle est enceinte ! Je ne sais toujours pas si le père est le siamois aux yeux bleus ou le chat noir de l'étage...*)

        La jeune femme resta bouche bée. Minina, enceinte !? Mais oui, moi qui pensais qu'elle avait juste pris de l'embonpoint parce que je la gavais discrètement de thon en boîte...

— Oh, Minina va a tener bebés ! Esto es demasiado lindo ! (*Oh, Minina va avoir des petits ! C'est trop mignon !*)

       Cali caressa une dernière fois le doux pelage de l'animal en frôlant son ventre. Prends bien soin de tes futurs enfants ma toute belle. Elle entendit soudain un coup de klaxon et la voix de Mélodie qui l'appelait du rez-de-chaussée : l'heure était venue de quitter le 25, Calle Peris Mencheta.

Elle fit ses adieux à sa désormais ex-voisine, et un pincement tordit son cœur lorsque sa porte se referma sur les yeux ronds de Minina. Elle souleva sa valise et descendit les escaliers en soufflant dans l'effort.

Carmen l'attendait au volant de la C4 gris métallique, tandis que Mélodie lui ouvrit la portière du coffre.

— C'est bon, tu as toutes tes affaires ? demanda l'étudiante.

— Oui, normalement j'ai tout checké...

— Alors on est parties pour l'aéroport !

            Elle rangea ses bagages dans l'emplacement prévu, puis s'engouffra dans le véhicule. À travers la fenêtre de la voiture, elle observa une dernière fois l'immeuble dans lequel elle avait passé trois mois incroyables : ses volets en bois, ses balconnets égayés par de nombreux pots de fleurs, le linge coloré de ses habitants qui séchait, flottant tels des drapeaux en hommage à la douceur de vivre.

La jolie métisse démarra, et elles bifurquèrent à l'angle de la boutique de thés. Celle-ci était encore fermée, mais l'écrivaine avait longuement pris le temps de faire ses adieux à sa propriétaire la veille.

       Catalina n'avait pas pu s'empêcher d'écraser une larme lors de leurs ultimes embrassades. Elle insista pour que Cali rapporte de magnifiques coffrets de différents thés à sa famille, lui affirma qu'elle l'accueillerait toujours à bras ouverts si elle décidait de retourner à Séville un jour. Elle se souvint de ses mots avisés.

       « Chiquita, n'oublie jamais d'écouter ton cœur. Je souhaite très fort que ça s'arrangera avec Iker. Prenez le temps de réfléchir à votre avenir, mais ne le gâchez pas non plus à tergiverser, la vie est si courte. »

Alors que la ville millénaire défilait sous ses yeux, la nostalgie la secoua. L'Andalousie lui avait donné bien plus qu'elle ne l'aurait jamais espéré : l'inspiration, l'amitié, la découverte, l'émerveillement, le plaisir, l'amour...

Cet amour subsisterait-il une fois qu'elle serait rentrée en France ? Iker finirait-il par lui revenir ?

         Le flot incessant de questions dans sa tête la fatiguait, elle n'aspirait désormais plus qu'à être en paix, avec ou sans lui. Elle ne voulait plus rien espérer, au risque de se retrouver de nouveau déçue par des promesses non tenues.

Si nous sommes vraiment faits l'un pour l'autre, nos chemins se recroiseront... Sinon... Nous poursuivrons nos vies en gardant un merveilleux souvenir de notre rencontre.

Elles arrivèrent à l'aéroport en un clin d'œil, la circulation étant bien plus fluide à sept heures du matin. Cali récupéra ses affaires dans le coffre, puis soupira tristement.

        Les au revoir ne s'éterniseraient pas, car elles s'étaient garées au dépose-minute. Et puis tant mieux, de toute façon la jeune femme détestait ça.

— Bon... Eh bien, c'est adorable de m'avoir déposée, vous êtes des amours, lança-t-elle à ses deux amies, les yeux dans le vide.

— Alors ça y est ? C'est vraiment la fin ? Tu quittes Séville pour de bon ? questionna Mélodie, la mine chagrinée.

— Tu sais, ce n'est toujours qu'à deux heures et demie d'avion ma poulette...

— Oui, mais bon... Ce n'est pas comme si tu avais prévu de repasser demain... Tu transmettras mon bonjour à tes parents et à ta mamie quand tu feras un saut à Saint-Martin ?

— Oui, sans faute, peut-être même que j'irai rendre visite à ta sœur et à notre petite Zoé !

— Tu vas tellement me manquer Calinou !

— Et toi dont... Merci encore pour tout, ma Mélo. Tu le sais, tu es une amie formidable, une merveilleuse personne, la meilleure des folles de la terre entière, et je t'aime pour tout ce que tu es. Ne change pas. Merci pour ces trois mois de pur bonheur. Je repars avec un roman bientôt publié et des souvenirs pleins la tête... Je ne te remercierai jamais assez pour...pour...

        Sa voix dérailla, sa gorge se noua, et l'étudiante se jeta à son cou. Elles se serrèrent très fort, au point que Cali en eut des courbatures. Lorsqu'elles se détachèrent de leur étreinte, leurs larmes coulaient silencieusement. Mélodie se moucha, et Carmen en profita pour adresser à son tour ses adieux à l'écrivaine.

— Au révoir, Cali. Prends bien soin de toi.

— Ma petite Carmen, veille bien sur Mélo.

Elles s'embrassèrent également.

— Cali, jé suis désolée qué Iker voyage à Cuba. Tu sais, il t'aime, mais là, il besoin de tranquille. Je espera que ça va s'arranger entre vous, murmura la métisse, tout émue.

— Tu n'as pas à être désolée, Carmen. Ça ne concerne que nous. Mais c'est très gentil...

   Carmen se racla alors la gorge, lorgna le bout de ses pieds avant de lancer :

— Tu sais, Cali. Notre abuela (*grand-mère*) à Cuba est très malade. Je pense qué Iker reste là-bas pour cette raison... Mais je ne comprends pas pourquoi il né t'en parle pas. Il est con des fois.

        L'écrivaine sursauta. Sa grand-mère ? Malade ? Était-ce la raison de son silence et de son absence ? Dans ce cas, pourquoi ne lui en avait-il jamais parlé ?

Encore une fois, elle estima qu'il ne lui faisait pas assez confiance. La colère et la tristesse la submergèrent.

— Je vois, finit-elle pas répondre. Je suis vraiment désolée pour ce qui arrive à votre grand-mère, ma petite Carmencita. J'imagine que cela doit beaucoup affecter ton frère et que c'est son choix de ne pas me l'avoir avoué. J'ai l'impression que c'est sa manière de fonctionner, et je crois que je ne peux simplement plus le supporter...

Elle marqua une pause, écrasa une larme qui roulait le long de sa joue.

— Il faut vraiment que j'y aille, maintenant...

Carmen soupira en secouant doucement la tête.

— Je comprends, Cali... J'espère au moins qué il te racontera tout un jour. Passa une bonne vol. Tu vas nous manquer.

— Merci, ma belle. Vous me manquerez énormément aussi.

      Elle renifla et tira la poignée de sa valise pour la faire rouler, puis commença à se diriger vers le hall. Elle se retourna une dernière fois vers ses amies qui lui firent de grands signes de main. Elles pleuraient toutes les deux.

Cali se retint de ne pas s'écrouler et faire demi-tour. Elle prit une profonde inspiration et marcha en direction des douanes.

Adios Sevilla.

Une partie de moi t'appartiendra toujours.



Et voilà... Un mini chapitre pour dire au revoir à quelques personnages et clore ce beau séjour à Séville... Cali rentre donc bien en France pour retrouver ses repères. Cette pause avec Iker finira-t-elle par s'arrêter grâce à des réconciliations, ou s'éternisera-t-elle pour basculer doucement vers une rupture ? Comment feront nos tourtereaux s'ils ne vivent plus au même endroit ? Le beau brun finira-t-il par ENFIN raconter ce qui lui est arrivé au cours de ces deux dernières années ?

Rendez-vous dans le prochain chapitre pour en savoir plus !

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