Chapitre Six
6.
Point de vue de Benjamin
Je détestais faire les magasins.
Depuis que je suis enfant, je déteste passer des heures à travers les rayons dans le simple but d'avoir de nouvelles choses. Je comprends maintenant que c'était essentiel étant donné que j'étais en pleine croissance, mais je n'arrivais toujours pas à comprendre comment, en étant adulte, des gens pouvaient trouver la notion de perdre son temps dans un endroit comme celui-ci amusante. En quoi c'était amusant d'avoir moins d'argent pour s'acheter quelque chose qui soit réellement important: du genre de la nourriture?
Ça faisait maintenant peut-être une heure que je suivais la princesse pour qu'elle prenne des vêtements. Juste pour lui trouver une bonne paire de chaussures, nous étions restés une heure et demie dans le but de lui trouver quelque chose qui pouvait bien lui plaire. Au final, nous en étions ressortis avec deux boîtes: une paire de Converse noires dont la chaussure montait au-dessus de la cheville ainsi qu'une paire de sandales. Je surveillais les sacs pendant que la princesse essayait diverses tenues dans une cabine d'essayage. Normalement, il y avait une limite de vêtements qu'on pouvait essayer en même temps, cette notion ne semblait pas exister.
-Est-ce que tu as bientôt terminé? Il serait envisageable qu'on reprenne la route avant la tombée de la nuit, possiblement.
-Ouais, j'ai fini là, attends.
Quelques secondes plus tard, elle sortait enfin de la cabine, des vêtements sur chacun de ses bras. Tout ce qu'elle avait du côté gauche, elle le remettait à l'employé en lui disant que ce n'était pas la bonne taille.
-Attends, est-ce que tu as pris des vêtements longs? Lui demandais-je.
-Pourquoi faire?
-Le jour, il fait peut-être chaud, mais la nuit, c'est autre chose.
-Oh, non.
-On va te prendre deux pantalons ainsi qu'un pull que tu peux porter sur un de tes chandails.
On retournait dans les allées pour commencer à lui chercher un pull. On lui trouvait finalement quelque chose avec une capuche et des ficelles pour la resserrer sur laquelle était écrit le mot "INVICIBLE". Elle l'essayait rapidement et ça lui faisait. On passait ensuite aux pantalons. Je lui recommandais de ne pas prendre des jeans, comme c'était plus pour les nuits fraîches. Elle attrapait deux joggings et consultait l'étiquette pour vérifier que c'était la même taille que ses paires de shorts.
-Voilà, maintenant, j'ai tout!
-D'accord, on passe à la caisse.
On arrivait à la caisse et l'employée scannait tous les vêtements. Elle nous énonçait le prix et je sortais la carte du travail pour payer.
-Ben, c'est mes vêtements, je vais payer.
-Non, Mia. Tu es sous ma responsabilité, d'accord? Je paye, fin de la discussion.
La princesse soufflait d'agacement pendant que je complétais la transaction. Les affaires étaient placées dans un sac. J'attrapais le sac en question avant de sortir du magasin avec la princesse.
-Pourquoi tu insistes toujours pour payer? Je peux bien le faire toute seule! Me dit-elle.
-Et pourquoi tu persistes à vouloir payer si je te propose de le faire?
-Parce que c'est pour moi, que j'achète ça! Ce n'est pas à toi de t'en charger.
-Tu me payes deux cents euros par jour, je pense bien que je peux te payer des choses comme de la nourriture, ou des vêtements comme maintenant.
-Mais juste avec mes vêtements et le déjeuner c'est plus de six cents euros que tu viens de flamber!
-Mia, ça ne me dérange pas, d'accord?
-Comment ça, ça ne te dérange pas? Tu ne dois pas faire énormément d'argent pendant une année si tu te contentes simplement de vendre des fruits dans un stand!
-Je ne t'ai jamais dit que c'était mon travail à longueur d'année. Par conséquent, tu ne sais pas combien je gagne.
-Peut-être, mais...
-Pas de mais, allez, va te changer maintenant.
-Allons nous asseoir pour que je puisse mieux choisir.
Je hochais la tête et on allait s'asseoir sur le premier banc qu'on trouvait. Je lui tendais la boîte de converses et elle posait les chaussures sur ses jambes avant d'attraper un mini short en jeans, un t-shirt blanc imprimé ainsi qu'une chemise à carreaux rouges et noirs avec une ligne blanche par endroits.
-Dépêche toi et jette ce que tu as sur toi en ce moment. Lui indiquais-je pendant qu'elle se dirigeait aux toilettes.
Je jetais la boîte dans une poubelle proche et me plaçais près de l'entrée des toilettes des femmes. Après quelques minutes, la princesse ressortait. Elle avait roulé les manches de sa chemise au niveau de ses coudes. Je constatais qu'elle tenait tout de même les vêtements qu'elle portait ainsi que ses anciens souliers.
-Je t'avais dit de les jeter, pourquoi tu les gardes?
-Il n'y avait pas de poubelles dans la salle de bain à l'exception de celles pour les produits d'hygiène féminines. Je me voyais mal y mettre des vêtements et des souliers abîmés.
-Bon, passe les moi.
Elle me les tendait et je les enfonçais dans la poubelle à côté.
-Problème réglé, on peut maintenant partir faire l'épicerie.
-Faire l'épicerie?
Ne me dites pas qu'elle ne connaissait pas non plus ce que c'était...
-Ouais, ça coûtera moins cher que de manger au restaurant à chaque repas. Lui expliquais-je.
-Ah, mais bien sûr! D'accord, allons-y!
On se rendait à la voiture pour mettre ses vêtements et ses sandales dans mes bagages. On montait ensuite à l'intérieur pour nous rendre dans une épicerie. Nous y prenions du pain déjà tranché, des biscuits, des conserves, de l'eau, des saucisses, des légumes et des marshmallows. Je décidais aussi de prendre quelques ustensiles, une marmite, des mitaines de four et une grille. Ça allait suffire pour quelques jours. Nous passions à la caisse.
-Tu m'aideras à transporter les sacs. Dis-je à la princesse.
-Entendu.
Une fois que tout était acheté et placé dans des sacs en plastique, j'en prenais quatre, dont celles avec les outil pour la cuisine ainsi que deux bidons d'eau. Je commençais à me diriger vers la voiture, avec la princesse derrière moi.
-Tu peux me tenir ça, que je puisse prendre mes clés pour ouvrir le coffre?
-J'aimerais bien, mais non. C'est vraiment lourd et ça fait mal aux mains tenir tous ces sacs. Me dit-elle.
-D'accord, je me débrouillerais.
Je déposais le tout à mes pieds avant d'attraper mes clés dans mes poches pour ouvrir le coffre. Je l'ouvrais d'une main et la princesse y déposais ses sacs avant de souffler de soulagement.
-Ça taille les mains comme pas possible! S'exclamait-elle.
-Tu peux remercier le plastique. Allez, on continue la route.
On remontait dans la voiture et on retournait sur l'autoroute. Nous passions des heures à rouler et je repérais un terrain vague. J'y allais et arrêtais totalement pour la nuit.
-Bon, c'est ici que nous allons dormir. Dis-je.
-Attends... Tu veux dire qu'on va dormir... Dehors? Demandait la princesse.
-Pas tout à fait, j'ai une tente, des sacs de couchage ainsi que deux tapis de sol dans le coffre qui restent là en tout temps en cas d'urgence. On va commencer par établir le campement ensemble puisque je suppose que tu ne sais pas monter une tente et nous irons ensuite chercher du bois pour le feu dans le boisé juste à côté. Après, nous pourrons manger, ça te va?
-Euh... D'accord...
J'ouvrais le coffre en appuyant sur un bouton et descendais de la voiture en n'oubliant pas de prendre mes clés. Je prenais le sac de la tente et refermais le coffre avant de m'éloigner de quelques mètres. Je sortais le contenu du sac et encourageais la princesse à venir à côté de moi. Elle se mit sur les genoux. Je commençais par lui montrer toutes les composantes de la tente et lui expliquais l'utilité de chacun. Il m'arrivait de la regarder pour m'assurer qu'elle comprenne ce que je lui montrais. Quelque chose m'interpellait à chaque fois. Ses yeux pétillaient, comme si elle était complètement fascinée et son sourire ne quittait pas son visage. C'était comme si elle s'intéressait réellement à cette habitation de fortune.
-Maintenant, on va commencer à monter le moustiquaire.
Avec son aide, je déroulais le tout et lui dis de le placer au sol et de tendre les deux coins de son côté. Je plantais ensuite des pieux pour que ça puisse tenir. Je lui tendais les tiges qu'elle devait réunir pour créer le toit. On les glissait après dans leur fente respective.
-Écarte toi, je vais la mettre debout.
Elle s'exécutait en grommelant et je la regardais. Elle avait la tête baissée et essayait de balayer ses genoux qui étaient un peu plus bruns maintenant.
-Tu peux aller te rincer avec un peu d'eau, mais n'abuse pas, nous allons en avoir besoin.
-Merci. Me dit-elle en allant vers la voiture.
Je mettais la tente debout et allais placer la couche imperméable avant de la planter au sol. La tente était maintenant montée. J'allais vers la voiture.
-OK, je vais aller chercher du bois. Toi, est-ce que tu peux placer les tapis de sol et les sacs de couchage à l'intérieur?
-Pas de problème! Mais, j'aimerais aussi t'aider pour le bois. Me dit-elle.
-Quand tu auras terminé, tu pourras aller prendre les brindilles, des branches de taille moyenne ainsi que de l'écorce blanche. Et possiblement, assure toi que ça vient du sol et d'arbres morts.
-Pour préserver la nature, bien sûr!
-Il y a ça, mais c'est surtout parce que ce qui est mort brûle mieux que ce qui est vivant. Au fait, ne t'éloigne pas trop quand tu iras dans la boisé. Tu peux t'y perdre facilement même si tu penses le contraire.
Je me dirigeais ensuite vers le boisé sans plus attendre et commençais à réunir des billots de bois. Je faisais plusieurs allers-retours entre la forêt et le site du campement pour déposer le bois que j'accumulais. Je croisais plusieurs fois la princesse et je retenais mon rire en la voyant essayer de ne pas se taillader au travers des arbres. Quand je jugeais que nous en avions assez pour ce soir, je lui disais que c'était bon. Je la voyais se gratter.
-Si ce sont des piqûres de moustiques que tu grattes, je te recommande d'arrêter.
-Pourquoi?
-Disons que, plus tu grattes, plus tu as envie de te gratter et plus c'est pire. Si tu n'y touches pas, ça s'en va plus rapidement.
J'assemblais quelques pierres pour former un rond et plaçais les brindilles à l'intérieur en pyramide. Je saisis le briquet que j'avais toujours sur moi pour mettre en feu un morceau d'écorce que j'allais placer au centre.
-Tu as toujours un briquet sur toi? Entendais-je.
-Oui.
-Pourquoi? Tu fumes?
-Non. C'est juste que ça peut être pratique pour avoir une flamme rapidement quand c'est nécessaire.
-En quoi c'est nécessaire d'avoir toujours une flamme à portée de la main? Je veux dire, il y a l'électricité maintenant.
-Et bien, supposons qu'il y ait une panne de courant subite et que les batteries des lampes de poches soient mortes. Ça peut être utile pour, je sais pas, allumer une bougie, entre autres. Et aussi, sans ce briquet, nous n'aurions pas pu être en mesure d'allumer un feu actuellement.
-Je vois.
Je me retenais de ne pas montrer mon exaspération. Elle était tellement hautaine... Comment ne pouvait-elle pas penser aux autres qui ne faisaient pas partie d'une famille riche ou même royale?
-Tu as faim? Lui demandais-je.
-Énormément.
-Parfait, allons chercher les saucisses.
Je me levais pour aller chercher les saucisses J'ouvrais le sac et en plantais deux sur deux branches. J'en tendais une à la princesse.
-Qu'est-ce que tu veux que je fasse avec ça?
-Quand le feu sera plus imposant, tu pourras faire griller ta saucisse.
-Mais... Tu l'as plantée dans un bâton que j'ai pris par terre... Il doit y avoir une tonne de bactéries!
-Le feu devrait pouvoir les tuer d'après moi.
-Mais pourquoi on ne les fait pas bouillir? On a bien une marmite et de l'eau!
-Parce que ce serait du gaspillage d'eau quand on a une autre façon de pouvoir les réchauffer. Arrête de t'en faire, tu veux? Profite du moment présent.
-Ça me semble stupide comme façon de penser... Je n'ai pas envie d'attraper une maladie à cause de...
-Bah tu ne mangeras pas, dans ce cas! Franchement, arrête de faire ta gosse de riche pourrie gâtée et contente toi de ça!
-Je ne suis pas une gosse de riche pourrie gâtée! Je tiens seulement à ma santé! Protestait-elle.
-Non, tu me fais chier! Si j'avais su que tu étais aussi chiante avant je ne t'aurais pas aidée.
-Bah c'est bon! Je m'en vais, je vais me débrouiller seule! Dit-elle en se levant.
-Ouais, va-t'en! Renchéris-je.
Elle se levait en grognant et jetait le bâton au sol avant d'aller prendre son sac pour s'en aller. Ce n'est qu'en la voyant s'éloigner de plus en plus que je reprenais mes esprits. Je ne pouvais pas la laisser partir. Elle était ma mission. Je devais la protéger et la ramener à Paris. Je me levais et me mettais à courir derrière elle.
-Mia, attends! L'appelais-je.
Elle m'ignorait et accélérait sa vitesse. Je finis par la rattraper et l'arrêtais en me mettant devant elle.
-Oh, bah quoi? Je pensais que tu me trouvais pourrie gâtée? Ironisait-elle.
-J'ai peut-être un peu exagéré, je m'excuse.
-Un peu? Non, mais c'est bon, si tu l'as dit c'est que tu le pensais, je vais arrêter de t'embêter.
-Ne sois pas ridicule... Je me suis emporté pour absolument rien, je n'aurais pas dû te parler comme ça. Je te demande pardon, Mia. Allez, reviens près du feu, la nuit va tomber et il ne faudrait pas que tu gèles parce que j'ai été idiot.
J'espérais vraiment qu'elle puisse croire à ce que je lui disais. Elle ne devait pas partir, sinon la mission tomberait à l'eau et je devrais la retenir contre son gré en attendant l'arrivée des services secrets.
-Camille. Lui dis-je.
-Quoi?
-Mon deuxième prénom, c'est Camille...
-Pourquoi tu me dis ça?
-Bah, comme ça, tu as maintenant un moyen de me contrôler, je déteste ce prénom.
-Et pourquoi? C'est pas moche.
-Pour une fille, non. Pour un garçon, c'est autre chose.
-Qui t'as mis cette idée dans la tête? Il y a plein de garçons qui ont porté Camille comme prénom!
-Ouais, au moyen âge, aujourd'hui, c'est autre chose...
-Et qu'est-ce que ça peut changer?
-Bah, ça te ridiculise... Les gens peuvent t'humilier, avec un nom pareil...
-Et bien ces gens sont stupides et n'y connaissent absolument rien! S'exclamait-elle.
Cette fois, je souriais réellement.
-D'accord, j'accepte tes excuses. Et, sache que je trouve que Camille est un beau prénom pour un garçon.
-Merci, Mia.
-Alors, on y retourne? J'ai vraiment faim.
-Tu n'as pas peur d'une potentielle maladie?
-Ma réaction a peut-être été un peu excessive. Voyager implique de rencontrer de nouvelles pratiques. Alors, je veux bien essayer.
-Super, allons-y. À l'heure qu'il est, le feu devrait être assez grand pour qu'on puisse griller les saucisses.
On retournait s'asseoir au près du feu pour faire griller quelques saucisses. J'allais ensuite chercher le sac de marshmallows et l'ouvrais.
-Je vais te montrer autre chose.
Je lui en donnais un qu'elle plantait sur sa branche et je faisais de même.
-On va faire les faire griller. Par contre, je te montre comment faire.
J'apportais ma branche au-dessus des braises.
-Il ne faut pas que tu la mettes directement dans le feu, sinon le marshmallow va prendre littéralement feu. En la mettant au-dessus des braises, tu brunis la surface blanche, ce qui fait que c'est fondant dans la bouche, mais ça n'a pas un goût de brûlé.
Je redressais ma branche sur laquelle trônait un marshmallow doré.
-Allez, goûte.
-Mais, c'est à toi...
-On en a encore un sac plein, vas-y, goûte et dis moi ce que tu en penses.
Elle prenait une bouchée du marshmallow et je pouvais voir ses yeux s'écarquiller.
-Mais c'est délicieux!
-Je sais, profitons du sac, tu veux bien?
-Ouais!
On continuait à faire griller les marshmallows une bonne partie de la soirée avant d'entreprendre d'aller se coucher.
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Hey!
Et voilà, vous avez maintenant le reste de leur première journée! J'espère que ça vous a plu :)
En média, vous avez la tente
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