Chapitre Quatre
4.
Point de vue de Benjamin
Et c'était reparti pour une autre journée ennuyante au stand de fruits. Je plaçais le stand et allais ensuite m'asseoir sur la chaise très inconfortable qui était là. Je pouvais bien prendre une petite sieste, tant que j'y étais...
-ARRÊTEZ CETTE FILLE! ARRÊTEZ CETTE VOLEUSE!
Je me tournais vers la voix et pouvais voir une fille blonde courir en essayant de maintenir en place un short visiblement trop grand pour elle. Elle était poursuivie par un homme qui devait avoir la soixantaine et qui était très essoufflé.
-Couvrez-moi, s'il-vous-plaît! Me dit la fille avant de se cacher derrière le stand.
-Attends, quoi?
L'homme arrivait finalement, complètement essoufflé.
-Dites donc, vous n'aurez pas vu, par hasard, une blonde courir avec des vêtements visiblement trop grands pour elle?
Je jetais un coup d'œil vers le stand où je pouvais voir la fille me supplier silencieusement de l'aider. Je capitulais.
-Non, pourquoi? Mentais-je.
-Parce que cette salope a volé les vêtements que ma femme avait accroché sur la corde de mon jardin! Aboyait-il.
Je grimaçais à l'entente du mot "salope". C'était un peu exagéré et injustifié de l'appeler comme ça simplement pour un vol de vêtements...
Je sortais mon portefeuille et lui tendais un billet de cinquante euros.
-Je vous donne ça, et vous laissez tomber l'affaire? Lui demandais-je.
-Bon, oui, pourquoi pas.
Il m'arrachait pratiquement le billet des mains avant de partir en continuant tout de même d'insulter la fille. Celle-ci vérifiait que l'homme était assez éloigné avant de sortir de sa cachette et de me rejoindre.
-Merci de m'avoir aidée... Dit-elle doucement.
-Je peux savoir ce qui t'as pris de voler des vêtements? Tu réalises que si tu étais tombée sur quelqu'un d'autre, ça aurait bien pu très mal se terminer?
-Je n'avais pas le choix... Il me fallait des vêtements et il n'y a aucun magasin de ce type ici.
-Parce que tu n'avais pas de vêtements? Tu pouvais bien demander à tes parents de t'en acheter.
-Je... Je n'ai pas de parents...
Et merde. Bien joué, la délicatesse!
-Comment est-ce que je peux vous remercier de m'avoir aidée? Changeait-elle de sujet.
-Tu vas me faire le plaisir de me laisser tranquille. Lui dis-je.
-Oh, d'accord... Et bien, passez une bonne journée...
Elle commençait à s'éloigner et je retournais m'asseoir sur la chaise quand je la voyais s'arrêter avant de revenir vers moi.
-En fait, j'aurai une proposition à vous faire.
-Tout ce que tu pourras me dire ne m'intéresse pas, rentre chez toi, gamine.
-Gamine? J'ai dix-sept ans.
-Ouuuuuuuh, c'est vrai que ça change beaucoup la réalité.
Elle roulait des yeux.
-Quoi qu'il en soit, j'aurai besoin d'un chauffeur.
-Et pourquoi?
-J'aimerais passer l'été à voyager pour me rendre à Paris. Seulement, il m'est impossible d'y arriver avant le mois de septembre seule. Alors... Est-ce que vous accepteriez de m'y emmener?
Je commençais à rire. Elle n'était pas sérieuse, si?
-C'est hors de question. J'ai du travail, ici.
-Vous appelez le fait de rester assis sur une chaise derrière un stand de fruits à ne rien faire du travail? Honnêtement, je ne pense pas que vous perdriez grand chose à m'emmener à Paris.
Elle marquait un point là-dessus, mais il reste que je ne pouvais pas quitter mon poste. J'étais peut-être en infiltration, mais c'était le travail dont j'avais toujours rêvé.
-Pour moi, c'est non. Qu'est-ce qui te dit que je vais pas en profiter pour te séquestrer quelque part?
-Vous m'avez aidée une fois, vous pourriez bien le refaire. Et honnêtement, je vous vois mal en kidnappeur.
-Rentre chez toi, petite. Lui dis-je.
-Je vous donne deux-cents euros par jour si vous acceptez.
J'écarquillais les yeux à l'entente de cette somme.
-Si on prend conscience que nous sommes le premier juillet et que ce mois et celui d'août sont composés de trente-et-un jours, vous devriez recevoir... Laissez-moi le temps de calculer... 12 400 euros. Je pense que ça vous rapporterait beaucoup plus que vos ventes ici, si vous en faîtes...
-Bravo, tu es forte en maths. Et après? Tu veux me faire croire que tu as vraiment cet argent? Je te fais remarquer que tu as volé des vêtements.
Elle ramenait son sac qu'elle portait sur son dos et l'ouvrais pour en sortir un portefeuille. Elle l'ouvrait et en sortait deux billets de cent euros qu'elle me tendait.
-Vous pouvez vérifier, ils sont vrais. M'assurait-elle.
Je les inspectais et constatais qu'en effet, c'était des vrais billets.
-Et dites-vous que j'en ai encore plein là-dedans. Alors, qu'est-ce que vous en dites?
À ce moment, mon téléphone bipait pour m'indiquer que j'avais reçu un message. Je le sortais de ma poche et constatais que c'était M.Jacques, le patron.
-Je suis désolé, je dois répondre.
-C'est OK. Je vous attends ici.
Je m'éloignais un peu, question de me placer à l'ombre pour voir ce que ça pouvait être. Si le grand patron des services secrets prenait la peine d'envoyer un message, c'est que ça devait être important. Je déverrouillais mon téléphone pour voir le message.
"MESSAGE URGENT À TOUS LES AGENTS.
CODE ROUGE.
LA PRINCESSE AMELIA A DISPARU.
OUVREZ L'ŒIL.
SI VOUS AVEZ LA MOINDRE INFORMATION, VEUILLEZ ME CONTACTER IMMÉDIATEMENT."
À la fin du message, il y avait une pièce jointe. Je cliquais sur la flèche de téléchargement et rapidement, une image apparaissait. C'était une photo de la princesse. Je constatais que la petite fillette de huit ans avait bien grandi. Elle était devenue magnifique. Ses cheveux avaient poussé, son sourire était devenu radieux. Son diadème lui faisait à merveille.
Et puis, je remarquais un détail.
Je jetais un coup d'œil à la fille qui attendait une réponse de ma part. Celle-ci fixait un point imaginaire devant elle en souriant légèrement, ce qui faisait qu'elle ne remarquait pas que je la regardais. Je regardais la fille, puis la photo, puis de nouveau la fille, puis une autre fois la photo. Il n'y avait aucun doute, c'était la même personne. La seule différence était qu'elle portait des vêtements qui trahissait le fait qu'elle était une princesse et que son visage était brun à cause de la terre.
Je n'arrivais pas à y croire. La princesse de Fiorélie était à quelques mètres de moi.
Je souriais, elle était mon occasion de prouver que j'étais réellement capable d'être un agent avec une réelle mission. Une idée me venait en tête. J'appuyais sur le nom du contact pour l'appeler, et m'assurais que la princesse ne puisse pas remarquer que je passais un appel.
"Oui?"
"Monsieur Jacques? C'est l'agent Garnier. J'ai des informations concernant la princesse."
"Lesquelles? Parlez."
"Et bah... Elle se trouve avec moi, à à peine trois mètres."
Il soufflait de soulagement.
"C'est génial, merci de m'avoir appelé, c'est du bon travail! Maintenant, ne bougez pas de votre position, nous venons la chercher."
"Attendez! J'aurai une meilleure idée!"
"Cette décision ne vous apparti-"
"Laissez moi deux minutes, je vous demande de m'écouter." Dis-je.
Il soufflait cette fois d'exaspération, mais acceptait tout de même que je parle.
"La princesse désire simplement aller à Paris, je pourrais l'y emmener, et vous viendriez la chercher là-bas."
"C'est ça, votre plan de génie? Vous plaisantez?"
"Non, mais voici ce qu'il se passerait: je ne lui révélerais pas que je travaille pour vous. Ainsi donc, lorsque nous serons à Paris, la vérité lui sera exposée et elle sera dégoûtée de mon mensonge, ce qui fera en sorte qu'elle ne voudrait plus jamais fuguer du palais. Réfléchissez bien, si vous venez la chercher maintenant, elle essayera peut-être de recommencer. Et en plus, elle sera sur ma surveillance constante, que peut-il arriver de pire?"
Il y avait un silence de l'autre côté. J'attendais patiemment en jetant un coup d'œil à la princesse.
"C'est d'accord. MAIS, quelques conditions s'imposent."
"Bien sûr."
"De un, je veux un rapport de la situation à chaque semaine. De deux, à la moindre urgence, vous devez me contacter immédiatement et protéger la princesse à tout prix. De trois, vous devez couvrir toutes vos dépenses à l'aide de la carte que nous vous avons offert."
"D'accord. Est-ce qu'il y a autre chose?" Demandais-je.
"Oui, vos relations avec la princesse ne peuvent pas dépasser l'amitié. Me suis-je fait comprendre?"
"Oui."
De toute façon, comment pourrais-je négliger mon travail en faisant une chose pareille? Ce serait inacceptable et totalement inapproprié.
"Parfait. Rentrez à l'auberge et préparez-vous à partir. Vous devez être à Paris le 1er septembre. Pas un seul jour de retard ne sera toléré."
"Ne vous en faîtes pas, nous y serons."
"Excellent."
Il raccrochait sans rien dire de plus et je me dépêchais d'aller effacer la photo d'elle sur mon téléphone et allait à sa rencontre. Elle relevait la tête vers moi et souriait.
-Alors? Me demandait-elle.
-C'est d'accord. Je vais t'emmener à Paris.
-C'est vrai?
Je hochais la tête et elle se levait précipitamment avant de sautiller. Je haussais un sourcil, Mais c'était quoi, ça?
-Merci, merci, merci! On part quand?
-Je dois d'abord passer à mon auberge pour prendre mes affaires. Et que tu prennes possiblement une douche.
-Ça ne serait pas de refus. On y va?
-Oui, allons-y.
Je commençais à marcher en direction de l'auberge, avec la princesse qui marchait dorénavant à ma droite.
-Au fait, quel est ton nom? Lui demandais-je.
-Pourquoi ça vous intéresse?
-Déjà, si on doit se côtoyer deux mois, laisse tomber le vouvoiement, je ne suis pas plus vieux que toi de beaucoup d'années. Et ça m'intéresse parce qu'il faut bien que je sache comment tu t'appelles si je veux te parler.
-Oh, je vois. Je m'appelle A-... Mia.
-Tu t'appelles Amia? Demandais-je en cachant mon sourire.
-Non, je m'appelle Mia. Dit-elle avec plus d'assurance.
-Parfait, Mia.
-Et vou- toi? Tu t'appelles comment?
-Benjamin. Mais appelle-moi Ben.
-C'est noté, Ben.
Nous étions finalement arrivés à l'auberge. À l'entrée, il n'y avait personne. Je la guidais jusqu'à la chambre que j'occupais.
-La salle de bain est là. Essaie de ne pas trop glander, qu'on puisse partir plus rapidement.
-T'en fais pas, je suis rapide.
Elle entrait directement dans la salle de bain et je commençais à rassembler mes affaires. Une fois que j'avais terminé, je m'asseyais sur le lit pour attendre que la princesse ait fini de se laver. Au bout d'une dizaine de minutes, elle sortait, totalement habillée et les cheveux mouillés.
-Première chose qu'on ira faire, c'est te trouver des vêtements dignes de ce nom. Lui dis-je.
-Oh, super! Ce sera beaucoup mieux que ces trucs.
-Bah en même temps, tu aurais pu voler des choses plus belles et plus à ta taille...
-J'ai pris les premières choses que je pouvais prendre, je n'ai pas pris la peine de regarder ce que c'était.
-Mouais, en fait, ça m'intéresse pas vraiment. Je vais aller faire caca, je reviens.
-Eurk, tu pouvais pas simplement dire que tu avais envie d'aller aux toilettes? Demandait-elle en ne cachant pas son dégoût.
-Oh, pardon. Je vais aller chier. Attends, j'ai mieux. Je vais aller poser ma pêche dans le bol... Attends, encore mieux! Je vais aller déféquer dans le but ultime de vider mon rectum d'une matière constituée de restes de nourriture non-digérés également connue sous le nom d'excrément...
-OK! OK! J'ai compris! Vas-y, qu'on en finisse!
Je rigolais un peu en me dirigeant vers la salle de bain.
-Parce que tu penses que c'est drôle, en plus?
-Non, c'est ta réaction qui est drôle.
Je m'enfermais dans la salle de bain pour faire ce que j'avais énoncé un peu plus tôt. Une fois que j'avais terminé, je tirais la chasse pour retourner dans la chambre. Mais, quelque chose auquel je ne m'attendais pas était devant moi. La princesse était étendue sur le lit, les yeux fermés et avait une respiration calme. Elle avait vraiment réussi à s'endormir en à peine quelques minutes?
Je la regardais pour essayer d'établir un plan. Tout compte fait, j'allais la laisser dormir jusqu'à demain matin. Si elle était partie du palais royal durant la nuit, elle n'avait peut-être pas dormi depuis. Elle était quand même sous ma responsabilité pour deux mois, j'allais la laisser dormir.
Je me programmais un réveil pour six heures du matin et branchais mon téléphone avant de sortir mon ordinateur de mon sac. J'y faisais mes trucs habituels, tout en prenant soin de baisser le volume pour que la princesse endormie ne se réveille pas.
Une envie d'aller courir un peu me venait, mais je me souvenais de ma mission de surveillance et poussais un soupir. Je m'installais au sol et commençais à faire une série de pompes en tout genre ainsi que des redressements assis. Quand je jugeais que j'en avais assez, j'allais à la salle de bain pour prendre une douche. Je retournais à la chambre en ne gardant que mon short et allumais la télévision. Je baissais le son encore une fois. Ce que c'était nul d'avoir quelqu'un d'autre...
Après un moment, je décidais de vérifier si tout allait bien du côté de la princesse. Je constatais qu'elle s'était repliée sur elle-même et qu'elle frissonnait. Je la soulevais un peu du matelas d'un bras avant de la coller contre mon corps pour plus de stabilité et de déplacer la couverture. Je prenais soin de reposer la princesse sur le matelas en douceur. Je ramenais ensuite la couverture sur elle. Elle poussait un soupir ravi et souriait doucement.
La curiosité me prenant, je prenais son sac et commençais à fouiller à l'intérieur. Je trouvais plusieurs trucs de base comme des produits d'hygiène corporels, des élastiques à cheveux, un portefeuille et un chéquier, puis un bonnet noir. Je refermais le sac et allais le placer près de mes affaires.
Je sentais la fatigue m'envahir. Il serait bien que je pense à me mettre au lit aussi. Seulement, je me voyais mal m'étendre sur le lit juste à côté de la princesse. Alors, je prenais place sur le plancher une fois que j'avais pris le deuxième oreiller du lit. Je fermais les yeux mais me souvenais que j'avais oublié d'éteindre la lumière. Je grognais et me levais pour aller régler cet inconvénient avant de me remettre au sol. J'avais pris le soin de déposer la télécommande proche de moi, pour être en mesure d'éteindre la télévision sans avoir à me lever une nouvelle fois.
Je regardais les image qui défilaient sur l'écran sans prendre pour autant la peine de les comprendre. Mes paupières essayaient de se refermer de plus en plus, et mes bâillements étaient de plus en plus fréquents. Étrangement, le plancher était assez confortable.
Je capitulais finalement et appuyais sur le bouton de la télécommande pour que l'écran devienne noir. Je me tournais d'un côté et repliais mes jambes.
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Hey!
Et voilà, Amelia et Benjamin se sont rencontrés! J'espère que le chapitre vous a plu!
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