Chapitre Onze
11.
Point de vue d'Amelia
Benjamin m'avait réveillée assez tôt.
Il faisait encore nuit noire, mais il me tirait par la main pour que je puisse continuer à le suivre malgré le fait que j'étais à moitié consciente. Je me frottais les yeux d'une main tout en trottant derrière mon conducteur.
-Allez, assis-toi. Me dit-il.
Je m'exécutais tout en me demandant comment il arrivait à être aussi éveillé à cette heure.
-Si je t'ai réveillée, c'est parce qu'il y a quelque chose de spécial qui va se produire dans quelques instants et que je me suis dit que tu devrais assister à ça.
-C'était nécessaire? Lui demandais-je, encore endormie.
-Je te promets que tu ne seras pas déçue. Contente-toi de regarder l'horizon.
Je clignais des yeux quelques fois avant de simplement fixer ce qu'il y avait devant moi. Mes cheveux étaient défaits et complètement dépeignés à cause du fait que j'avais dormi. Le vent les soufflait et je frissonnais un peu. Être en altitude tôt le matin, l'air ne pouvait qu'être frais. Je me réchauffais à l'aide de mes bras.
-Attention, ça commence. Me dit-il.
Je relevais les yeux que j'avais baissé en frottant mes bras et écarquillais les yeux en retenant ma respiration. Benjamin m'avait réveillée pour le lever du soleil. Du coin de l'œil, je pouvais le voir me regarder avec un sourire en coin avant de détourner son attention vers la couleur orangée du ciel.
La lumière venait d'abord envahir le bas de la montagne, éclairant ainsi l'herbe verte et un lac que je n'avais pas remarqué. Au fur et à mesure que le soleil montait, je sentais ma peau se réchauffer à cause de sa chaleur. Je repérais bientôt des oiseaux s'envoler, même des chants. J'entendais aussi des moutons, ou des boucs, bêler. C'était vraiment incroyable. C'est dans un moment pareil que j'étais contente d'être partie du château. Si je ne l'avais pas fait, je n'aurais pas été en mesure de voir une chose pareille. J'avais eu une excellente idée. Pour la première fois de ma vie, je pouvais affirmer que j'étais réellement détendue.
-Merci, de m'avoir montré ça. Lui dis-je.
-De rien. J'étais certain que tu allais adorer.
Je lui souriais.
-Quel est le plan, aujourd'hui?
-Et bien, je te propose de commencer la descente. On irait jusqu'au lac, là-bas. Demain, on quitte réellement les Alpes et on sera en France.
-Ça me va. On part quand?
-Tu ne veux pas continuer à dormir?
-Le soleil est debout, alors moi aussi.
-Peut-être, mais c'est pas mon cas. C'est moi qui doit conduire alors je vais aller poursuivre ma nuit de sommeil avant qu'on reprenne la route.
-Bon, d'accord.
On se relevait pour retourner à notre tente. Benjamin s'endormait dès qu'il était complètement étendu, et j'essayais de me rendormir aussi, sans grand succès. Il m'avait réveillée, alors je ne pourrais pas fermer les yeux avant ce soir. Je me tournais sur le côté pour observer Benjamin. Je souriais en le voyant dormir. Ses yeux étaient complètement clos et sa bouche était un peu entrouverte. Il était plutôt mignon, maintenant que je le regardais mieux. Sa mâchoire était bien taillée, ses cheveux bruns étaient assez longs pour qu'un peigne soit nécessaire, il s'était rasé à l'hôtel, mais il y avait déjà quelques poils qui étaient ressortis. Il était beau, il n'y avait rien d'autre à dire.
Si Benjamin se réveillait à l'instant et qu'il voyait que j'étais en train de l'observer, il prendrait sûrement peur et penserait que je suis timbrée, mais je n'arrivais pas à regarder ailleurs.
Ce qu'il était en train de se passer n'était pas bien, pour moi. J'étais en train de m'attacher à lui, et je ne pouvais pas me le permettre. Dans quelques semaines, je devais retourner à ma vie normale et lui aussi. Je ne le reverrais peut-être jamais, par la suite. Je passais de bons moments avec lui, mais il fallait que je mette en tête que ce n'était qu'une question de temps avant que tout ne redevienne comme avant. Il allait bien falloir que je lui avoue qu'il avait passé deux mois avec une princesse...
Au bout de quelques heures, il s'étirait avant de s'asseoir.
-Bonjour. Lui dis-je.
-Bonjour. T'es réveillée depuis longtemps?
-Depuis que tu l'as fait, oui. Je n'ai pas réussi à me rendormir.
-Oh, vraiment? Désolé.
-Ça ne fait rien.
-Tu as dû t'emmerder, toute seule tout ce temps...
-Je me suis détendue, c'est tout. Ça va, vraiment.
-D'accord... Tu as faim?
-Oui, qu'est-ce que nous avons, ce matin?
-Si ma mémoire est bonne... Nous avons... Du pain... Des pommes... Des bananes... Nous avons des fruits, quoi.
-Ça me va, allons manger!
Je sortais de la tente sans prendre la peine d'attendre Ben et m'avançait pieds nus vers la voiture. Seulement, je me rappelais qu'il avait les clés. Par conséquent, je n'avais pas moyen de prendre ce qu'il y avait dans le coffre. Il arrivait à ma suite et déverrouillait le coffre avant de l'ouvrir. J'attrapais le sac de pommes avant de l'ouvrir et d'en prendre une que je croquais à pleine dents. Elle était très juteuse et bien sucrée, exactement comme je les aimais. Je la terminais et cherchais un endroit où la jeter. Pourtant, je ne repérais aucune poubelle à proximité.
-Qu'est-ce que tu cherches? Me demandait Ben avant de prendre une bouchée de sa pomme.
-Une poubelle pour ça. Répondais-je en désignant le fruit.
-Y'en a pas, ici.
-Mais... Je la jette où, alors?
-Tu peux la lancer par là-bas, il y a une forêt.
-La... Lancer?
-Ouais, t'es dans la nature. Que tu lances une pomme, ça va servir de nourriture à des animaux ou aux arbres.
-Ah, oui! C'est vrai! Me rappelais-je.
J'avais vu ça avec mon professeur lors de mes cours de sciences. Étant donné que j'étais mineure, j'avais suivi bien évidemment des cours conformes à ce que le ministère de l'éducation de Fiorélie demandait. J'avais donc mon diplôme du lycée (avec une mention "très bien") même en ayant jamais mis les pieds dans une école de toute ma vie. J'avais été éduquée à domicile par de nombreux professeurs (un pour chaque matière, en fait). J'aimais bien recevoir des cours et apprendre, en général. L'école n'avait jamais été un problème, pour moi. J'excellais dans chacune des matières, ce qui faisait que j'aimais vraiment ces périodes de la journée que je passais dans un bureau à suivre des cours.
Je lançais la pomme de toutes mes forces question qu'une personne ne marche pas dessus par mégarde avant de prendre une banane. Puisque nous les avions achetées en quittant l'hôtel en prévision des quelques jours que nous allions passer en altitude, celles-ci étaient jaunes, avec un peu de vert aux extrémités. Une fois la banane ouverte, je commençais à la manger en savourant le goût du fruit. Seulement, j'entendais Benjamin pouffer à côté.
-Qu'est-ce qu'il y a? Lui demandais-je.
-Oh... Rien...
-Non, ne me mens pas. Qu'est-ce qu'il y a de drôle?
-C'est une pensée immature, c'est tout, pardon.
-Tu m'intrigues. Vas-y, continue.
-Non, écoute, c'est vraiment idiot... Tu n'as pas besoin de le savoir...
-Benjamin. Je veux savoir ce à quoi tu as pensé.
-Bon, si tu insistes, mais je t'aurais prévenue! Tu as bien reçu des cours d'éducation sexuelle, oui?
-Oui... Mais où est le rapport?
-J'y viens... Tu sais qu'une des façons de donner du plaisir à un garçon c'est en le... suçant. Dit-il en cherchant ses mots.
-Tu veux en venir où, exactement?
-Bah... Disons que toi qui mange une banane... Ça rappelle le geste.
J'écarquillais les yeux avant de les lever au ciel.
-T'es sérieux de penser à ça? Je mange, Ben.
-Bah désolé, c'est juste que chez moi, une banane c'est connoté. Et je te fais remarquer que c'est toi qui a insisté pour savoir pourquoi je riais.
-Ouais, je te l'accorde. Nous venons de deux milieux vraiment différents.
-T'en fais pas, je l'avais remarqué.
Je continuais à manger ma banane, en enlevant avec ma main les morceaux, cette fois. Une fois qu'on avait terminé de manger, on prenait des vêtements pour la journée et je me dirigeais vers une cabine en bois pour me changer tandis que Ben prenait la tente. Une fois que j'avais terminé, je me brossais les cheveux que j'attachais en deux couettes. Je ramenais mes cheveux devant moi, permettant à mes épaules d'être couvertes. Je me brossais rapidement les dents avant de retrouver Benjamin. Il sortait les trucs de la tente. J'en profitais pour passer les bretelles de mon sac sur mes épaules et roulais les tapis pendant qu'il rangeait les sacs de couchage. On les plaçait dans le coffre avant de procéder au démontage de la tente.
-Euh... Mia?
Je me crispais et Benjamin se tournait vers la personne qui m'avait interpellée.
-Qu'est-ce que tu veux, toi? Le coup que je t'ai mis hier n'était pas assez fort? Demandait Benjamin sévèrement.
-Du calme! Je viens en paix, je veux simplement pouvoir lui parler...
-Et bien moi je dis que tu ne vas pas l'approcher plus que ça, c'est compris? J'ai déjà fait l'erreur de la laisser seule avec vous, je ne vais pas recommencer en te laissant venir "lui parler".
-Je ne lui veux pas de mal, cette fois...
-C'est-
-Ben. Je m'en occupe, OK? Intervenais-je.
-Mia, ce con a-
-Je sais, j'étais là, je te rappelle. Deux minutes, c'est tout. Laisse-nous régler ça comme deux grandes personnes, tu veux?
Il soufflait avant de hocher la tête. Il retournait vers la tente pendant que je croisais mes bras en attente que l'autre garçon parle. Il ne disait rien. Il fallait vraiment tout faire soi-même...
-Qu'est-ce que tu me veux?
-Et bah... Je voulais simplement te demander pardon, pour l'autre soir... Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça, je ne fais pas ça, d'habitude...
-Tu sais que ce que t'as fait était inacceptable, pas vrai? C'était un total manque de respect.
-Oui, je sais... Je te promets que je ne vais pas recommencer.
-En effet, ça ne recommencera pas. Jamais. Au revoir, Charles.
Je tournais les talons pour retrouver Benjamin qui retirait le moustiquaire.
-Il te voulait quoi, l'autre? Me demandait-il sans lever les yeux.
-Il voulait s'excuser pour hier soir.
Il lâchait un rire ironique que je décidais d'ignorer. Je n'allais pas lancer une nouvelle discussion sur ce sujet. Moi non plus je n'avais pas été totalement convaincue par ses excuses, et ça m'importait peu de toute façon puisqu'il était clair que je n'allais plus jamais le revoir.
Une fois que la tente était rangée, on montait dans la voiture pour partir en direction de l'endroit qu'il m'avait montré ce matin. À ma surprise, c'était beaucoup plus loin que ce que j'avais pensé, puisque nous y étions enfin après une heure et demie de trajet dans les montagnes. Benjamin arrêtait la voiture.
-Nous y sommes. On monte la tente d'abord, et ensuite on décide ce qu'on veut faire, OK?
-OK.
Une fois la tente montée, Benjamin m'annonçait qu'il allait se baigner dans le lac. Je déclinais l'offre de le rejoindre en lui disant que j'allais simplement me contenter de profiter du soleil. Il se débarrassait de ses vêtements ne gardant que son caleçon avant d'aller se précipiter à l'eau. Moi, je me couchais sur le gazon et regardais les nuages défiler au-dessus de ma tête. Je me servais de mes bras comme appui pour ma tête, question d'être un peu plus confortable. Au bout d'un moment, je décidais de retirer mes sandales pour simplement être pieds nus. Après tout, ce n'était que de l'herbe. Je me détendais vraiment. Le temps était tellement bon, ça faisait du bien d'être ici. Pour moi, il était clair que dès que je serai reine, je m'arrangerai pour venir passer quelques jours ici.
Au bout, d'un moment, je sentais quelque chose s'installer à côté de moi. Je tournais la tête pour y voir Benjamin, qui était complètement trempé.
-Tu aurais vraiment dû venir, l'eau est excellente.
-Tant mieux pour toi, mais je n'ai pas envie de me baigner.
-Tu dis ça parce que tu ne sais pas ce que tu rates en restant ici. Me dit-il.
-Non, je n'ai juste vraiment pas envie.
Sans même que je ne m'y attende. Il me soulevait dans ses bras avant de commencer à marcher vers l'eau.
-Tu ne vas pas vraiment faire ça, dis-moi?
-Bah si.
-Ben, c'est pas drôle. Arrête, je n'ai pas envie de me baigner.
Il m'ignorait et continuait à avancer.
-Ben, je suis toute habillée! Arrête! Fais pas l'idiot! Lui indiquais-je.
Son sourire s'agrandissait au fur et à mesure qu'on avançait. Le seul moyen que je trouvais pour qu'il puisse me lâcher, c'était de le frapper et de battre des pieds. Pourtant, ça n'avait pas l'air de fonctionner.
-Lâche moi, s'il-te-plaît! Je ne trouve plus ça marrant.
Il entrait dans l'eau et s'arrêtait quand son bassin était entièrement immergé. J'étais à quelques centimètres de la surface.
-Tu voulais que je te lâche? Et bien, voilà.
Il me lâchait et je tombais dans l'eau. Je restais quelques secondes sous l'eau avant de me relever. J'essuyais mes yeux et j'entendais Benjamin éclater de rire. J'étais vraiment choquée qu'il m'ait réellement fait tombée dans l'eau, même si c'était plutôt prévisible, maintenant que j'y pensais. Je fronçais des sourcils et lui envoyais de l'eau au visage avant de sortir en grommelant du lac.
-Allez, Mia! Ce n'était qu'une blague! Entendais-je.
Je ne me retournais pas et continuais à m'avancer. Seulement, Benjamin courrait après moi avant de me relever par la taille.
-Lâche-moi, Ben.
-Ce n'était qu'une blague...
-Et bien, moi je suis loin de l'avoir trouvée drôle! Regarde moi, je suis toute trempée!
Il me déposait mais se plaçait devant moi.
-C'est bon, je m'excuse. Je ne pensais pas que tu allais aussi mal le prendre...
-Et bien, tu pensais mal! Tu croyais quoi, que j'allais rire?
-En fait, oui.
Je soufflais d'agacement et sortais de l'eau, laissant Benjamin derrière moi. Je me plaçais au soleil, pour commencer à sécher. Après quelques minutes, Benjamin était assis à côté de moi. Il retirait ma couette mouillée de mon épaule.
-Qu'est-ce que tu veux, encore? Demandais-je en ne lui accordant aucun regard.
-Je suis désolé, Mia.
-Je sais, tu l'as déjà dit.
-Est-ce que tu m'en veux?
Je prenais une respiration avant de plier mes jambes et de les entourer de mes bras.
-Un peu. En plus, j'ai froid, maintenant.
Il se relevait et me tendait son chandail.
-Mais qu'est-ce que tu veux que je fasse avec ça?
-Sèche-toi.
-Quoi? Mais...
-Sèche-toi, nous n'avons pas de serviette et je ne pense pas que tu souhaites tomber malade, pas vrai?
Je soufflais avant de lui prendre le vêtement et d'essuyer tout ma peau découverte.
-Merci. Lui dis-je en lui redonnant.
Je reportais mon regard vers l'avant.
-Regarde.
Je tournais ma tête vers lui qui me désignait une fleur blanche à quelques centimètres de lui. Il l'arrachait et se tournait vers moi.
-Ne bouge pas, et ferme les yeux.
-Pourquoi?
-Fais-le, c'est tout. Je te promets que ce n'est pas un plan foireux.
Je roulais des yeux avant de les fermer. Je le sentais mettre quelque chose derrière mon oreille, son souffle sur ma peau.
-Voilà.
J'ouvrais les yeux et apportais la main à mon oreille. Il y avait accroché la fleur blanche. Je souriais légèrement.
-C'est bon, je ne suis plus fâchée. T'es content, maintenant? Dis-je en le regardant.
-Oui.
Il me souriait et je faisais pareil. Oui, j'adorais vraiment la montagne, et tout ce qu'elle amenait: que ça aille à de l'air frais à une nouvelle amitié.
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Hey!
Amelia et Benjamin commencent à tisser des liens, comme vous pouvez le voir!
En média, vous avez la fleur :)
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