Chapitre Cinq
5.
Point de vue d'Amelia
-Allez, debout! Tu as assez dormi!
D'un seul coup, la couverture que j'avais sur mon corps était tirée, exposant mon corps à la température fraîche de la pièce. Je frissonnais et poussais un grognement, je voulais encore dormir.
-Je suis sérieux, tu te lèves.
Je me sentais secouée et je finis par m'asseoir en me frottant les yeux.
-Mais il est quel heure? Rouspétais-je.
-6h45. Je t'ai laissé dormir suffisamment de temps depuis hier, il est temps de se lever.
-Mais j'ai sommeil...
-Tu veux voyager ou pas?
-Oui...
-Alors, debout. Il faut quitter les lieux dans quinze minutes.
Je soufflais et m'étirais avant de me mettre debout.
-Si tu me cherches, je vais être à la réception en train de régler les derniers détails.
Benjamin quittait ensuite la chambre sans rajouter quoi que ce soit et j'allais prendre l'essentiel pour ma petite routine matinale avant de me rendre à la salle de bain. Je m'asseyais d'abord sur le bol de toilettes pour faire mes besoins. Je m'essuyais en ne manquant pas de tirer la chasse une fois que j'avais terminé et je me plaçais devant le lavabo. Je troquais mes sous-vêtements actuels contre quelque chose de propre. Je commençais à me brosser les dents. En recrachant, je sentais mon ventre gargouiller et je poussais un gémissement en apportant une main à mon ventre. Je n'avais pas mangé depuis le souper du château et mon estomac réclamait de la nourriture. Je quittais la salle de bain une fois que ma bouche était rincée et j'allais me brosser les cheveux. Benjamin en profitait pour revenir.
-Tu as fini?
-Oui, mais j'ai faim.
-On s'arrêtera pour manger. Maintenant, prends tes affaires, on y va.
J'attrapais mon sac et nous quittions la chambre. Il me guidait jusqu'à une voiture et je haussais un sourcil en voyant ce que c'était.
-Quoi? Il y a un problème?
-C'est vraiment dans ça que nous allons conduire? Demandais-je en désignant le véhicule.
-Bah oui. Elle est très bien, cette voiture!
Nous n'avions clairement pas les mêmes définitions de ce qui était "très bien". J'avais carrément l'impression de faire face à une boîte de conserve déformée.
-De toute façon, tu n'as pas d'autre choix.
Il ouvrait le coffre de la voiture et y déposait ses affaires.
-Tu gardes ton sac?
-Je préfère, oui.
-Comme tu voudras.
Il débloquait les portes et j'ouvrais celle de droite, en arrière.
-Mais qu'est-ce que tu fais?
-Bah... J'ouvre la porte pour m'asseoir? Répondais-je.
-Assis-toi à l'avant, non?
-À l'avant? T'es sûr?
-Pourquoi je ne le serai pas? Je ne mords pas, tu sais.
Mais tes répliques, si.
L'idée de payer quelqu'un pour me conduire à Paris m'était venue hier soir, après mon presque-échec d'hier. Si l'homme à qui j'avais emprunté des vêtements m'avait rattrapée, les choses auraient pu très mal se terminer et mon identité aurait, en plus d'être révelée, été dénigrée. Les gens, en sachant ce que j'ai fait, remettraient en question ma capacité à gouverner. Quand Benjamin m'a aidée en faisant partir l'homme, j'avais jugé qu'il serait peut-être d'une bonne utilité. Je pouvais lui faire confiance.
Si j'avais eu le choix, ce ne serait sûrement pas lui que j'aurais choisi. Il était assez sarcastique et direct. Mais au moins, lui ne m'avait pas reconnue. Il ne savait pas que j'étais une princesse, ce qui le rendait parfait pour cette tâche.
Je refermais la portière avant de m'avancer et d'ouvrir celle de devant. J'entrais dans la voiture en manquant de me frapper la tête sur le capot qui était, à mon avis, trop bas. J'attachais ma ceinture pendant que Benjamin tournait la clé dans le contact.
-Rassure-moi, tu sais conduire, pas vrai?
Il commençait à rire et je fronçais les sourcils, ne comprenant pas ce qu'il y avait de drôle dans ce que je venais de dire.
-Parce que toi, tu engages des gens pour te conduire dans une ville à des kilomètres d'ici, et c'est après que tu leur demandes s'ils savent conduire? C'est spécial, comme procédé. Me dit-il.
-Justement, je t'ai engagé pour me conduire, et non pour juger mes façons de faire.
-On ne supporte pas la critique? Oh, c'est mignon.
-Ne me provoque pas, et répond à ma question: tu sais conduire?
-Oui, j'ai le permis depuis quatre ans. Ne t'en fais pas, nous n'allons pas tomber dans un ravin.
-Il y a des ravins sur la route? Demandais-je, inquiète.
-Mais tu peux être vraiment naïve, quand tu le veux!
-Je ne te permets pas de parler de moi comme ça!
-T'es vraiment pas amusante.
J'ignorais son commentaire et tournais ma tête vers la fenêtre. Il faisait d'abord marche arrière avec la voiture afin de rejoindre la route et on quittait enfin le village.
-Alors, pour nous rendre en France, nous avons deux options. Nous pouvons passer par l'Allemagne ou alors, par la Suisse.
-Quelle est la différence? Demandais-je en me tournant vers lui.
-Si on passe par l'Allemagne, on a moins de chemin à faire à travers les montagnes. D'un côté, la vue est moins belle sans le paysage montagnard, mais de l'autre, la route est très sinueuse et peut donner des nausées.
-J'aimerais bien voir l'Allemagne. Je vais pouvoir pratiquer un peu mon allemand en même temps.
-Tu parles allemand?
-Ja, natürlich ich spreche Deutsch! Répondais-je en souriant.
-Bon, je n'ai rien compris, mais ce n'est pas grave. Je suppose que ça voulait dire oui.
-En effet.
Après que ces mots soient sortis, j'entendais mon ventre gargouiller.
-On s'arrête au premier restaurant que je vois. Me disait Benjamin.
On roulait encore quelques minutes avant qu'il ne prenne une sortie. Il arrêtait la voiture dans un espace délimité avant de couper le moteur. Je sortais de la voiture et jetait un coup d'oeil au restaurant. Le bâtiment me parraissait plutôt petit et trop rectangulaire. Une enseigne composée d'ampoules éteintes indiquait le nom "CHEZ DORA".
-Bon, on y va? Me demandait Benjamin.
-Euh... Oui, allons-y.
On marchait tous les deux vers l'entrée. Benjamin poussait la porte, entrait devant moi et je devais maintenir moi-même la porte pour entrer à mon tour. Je poussais un soupir devant ce manque de galanterie sans qu'il ne remarque quoi que ce soit. Décidément, il y avait réellement une différence entre lui et les employés du palais. D'un côté, ça me faisait plaisir de faire face à autre chose, mais je ne pensais pas que la différence entre les garçons normaux et ceux du palais était aussi énorme.
Benjamin allait directement s'asseoir à une table au fond et je le suivais, un peu confuse de sa façon de procéder.
-Ben? Qu'est-ce que tu fais? Demandais-je en le rejoignant.
-Je m'asseois à une table, tu le vois bien.
-Normalement, il faut attendre qu'une table nous soit désignée...
-Tu n'es jamais venue dans un restaurant comme celui-là, pas vrai? Me demandait-il.
-Non, pourquoi?
-Parce que ça se voit. Assis-toi, je te promets qu'il n'y aura aucun problème.
Je m'asseyais en face de lui avec hésitation.
-Tu vois? Cthulhu ne t'as pas aspiré par le cul.
J'écarquillais les yeux à l'entente de ce mot. C'était quelque chose de tellement... vulgaire... Et lui, il s'en servait comme si ce n'était rien.
-Bonjour! Je m'appelle Manon et c'est moi qui va vous servir ce matin. Pour commencer, est-ce que vous voudriez voire quelque chose? Nous demandait une serveuse en posant deux menus devant nous.
-Un café bien noir pour moi. Annonçait Benjamin en ouvrant la carte.
-Parfait, et pour vous, jeune fille?
-Euh... Vous avez du thé?
-Oui! Quelle sorte?
-Vous avez du thé jaune?
La serveuse fronçait les sourcils. Elle ne semblait pas comprendre ce que je lui demandais.
-Elle prendra un thé Chai. Annonçait Benjamin pour moi.
-Oh! D'accord, vous auriez dû le dire comme ça! Je reviens vite!
Elle nous laissait et Benjamin continuait à consulter les pages de son menu.
-C'est quoi, du thé Chai?
-Tu verras. Tu sais, les restaurants comme ceux-ci ne sont pas spécialisés en sortes de thé. Tu dois nommer quelque chose de commun.
-Je n'ai littéralement aucune idée de ce qu'est un thé Chai. Et en plus, ce nom c'est une répétition! Ils ont juste mis le mot thé dans une autre langue...
-C'est pas ça qui importe, ça se vend et c'est tout. Maintenant, je te conseillerais de consulter les petits déjeuners offerts si tu veux pouvoir manger un jour.
Je hochais la tête et attrapais le menu avant de l'ouvrir. J'allais dans la section des petits déjeuners. Je lisais chacun des repas sans comprendre ce que c'était sensé être. Il n'y avait aucune description de l'assiette et aucune image ne pouvait montrer ce que c'était.
-Benjamin? Demandais-je.
-Oui, quoi?
-Pas besoin de te montrer aussi ennuyé... J'ai simplement quelque chose à te demander.
-Bah vas-y?
-C'est quoi, ces plats?
-T'es sérieuse? Tu ne sais pas ce que c'est?
-Si je te le demande, ça veut dire que non...
Il soufflait avant de refermer son menu.
-Je vais te prendre la même chose que moi, ça te va?
-Euh... D'accord.
La serveuse revenait avec deux tasses fumantes et les déposait devant nous. J'étais plutôt surprise de voir un sachet dans la mienne. Je savais que c'était une façon de faire le thé, sauf que quand j'en buvais un au château, je n'avais pas ça dans ma tasse.
-Êtes-vous prêts à commander? Demandait la serveuse.
-Oui. Nous allons prendre deux crêpes au chocolat.
-Parfait!
La serveuse prenait le menu avant de s'éloigner de la table.
-C'est quoi, au juste?
-Tu ne sais pas ce que sont des crêpes au chocolat? Me demandait-il.
-Non?
-Mais qu'est-ce que tu manges chez toi pour ne pas savoir ce qu'est une crêpe?
-Euh...
Qu'est-ce que je pouvais bien lui répondre? Je ne connaissais pas le nom de ce que Joséphine faisait emmener dans ma chambre le matin. Je ne m'y étais jamais intéressée à vrai dire, mais je ne pouvais pas lui dire n'importe quoi.
-Non, tu sais quoi? En fait, je veux même pas savoir. Dit-il en prenant une gorgée de son café.
Je décidais de faire de même en buvant un peu de mon thé. Je grimaçais en constatant à quel point c'était amer. J'attrapais un sachet de sucre et le versais dans le thé avant de mélanger le tout. Je prenais une nouvelle gorgée, mais jugeais que ce n'était toujours pas à mon goût. Je versais un nouveau sachet de sucre. Cette fois, c'était à mon goût. Ce n'était pas digne du thé que je buvais au château, mais ça ferait l'affaire.
Je buvais mon thé quand la serveuse revenait avec deux assiettes. Je jetais un coup d'oeil à son contenu. C'était deux rouleaux beiges avec un sirop chocolaté par-dessus.
-Merci. Dis-je à la serveuse en souriant.
J'attrapais la fourchette et le couteau avec d'en couper un morceau et de le mettre dans ma bouche. J'écarquillais les yeux. Ce que c'était bon!
-Ben, ça s'appelle comment, déjà? Lui demandais-je.
-Des crêpes au chocolat. Pourquoi?
-Oh, pour rien...
J'allais garder ce nom en mémoire pour demander à Joséphine d'en faire quand je reviendrai au château. Il était hors de question que ce soit la seule fois que je mange quelque chose comme ça.
Nos assiettes et nos tasses terminées, on réclamait la facture pour pouvoir poursuivre notre route. Je sortais mon portefeuille pour payer.
-Merci, et bonne journée! Dit la serveuse avant de repartir.
Je relevais la tête, confuse. Je n'avais même pas payé...
-Bon, on y va.
-Mais je n'ai pas payé...
-Je m'en suis chargé. Allons-y, maintenant. Me dit Ben en se levant.
-Attends, je dois te donner la moitié.
-Laisse faire, Mia. C'est correct.
Je retenais mon sourire quand j'avais entendu la façon qu'il me prénommait. J'avais failli lui révéler mon véritable prénom, quand il me l'avait demandé, mais j'avais réfléchi rapidement et pris le nom que j'utilisais sur internet. Je hochais la tête et on quittait le restaurant pour aller à la voiture.
-Avant qu'on ne reparte vers une boutique de vêtements, je dois faire le plein. Me dit-il.
-OK.
Je ne savais pas ce que faire le plein voulait dire, mais j'agissais comme si. On roulait un peu en direction de la station-service à quelques mètres du restaurant. Ah. Il allait mettre de l'essence. C'est ça que voulait dire "faire le plein". Il arrêtait totalement la voiture à une pompe et détachait sa ceinture.
-Tu ne bouges pas d'ici, OK? J'en ai pour quelques minutes.
-Où veux-tu que j'aille? Je ne sais même pas où je suis.
-Bien.
Il ouvrait la portière pour sortir et une odeur désagréable me frappait et me faisait pousser un bruit de dégoût. Mais c'était quoi, cette odeur? C'était horrible! Je prenais des respirations pour tenter de faire partir l'odeur. Je m'en étais enfin remise quand Benjamin ouvrait la porte et l'odeur revenait envahir mes narines.
-Ça ne va pas? Demandait-il.
-C'est quoi cette odeur? Dis-je en grimaçant.
-Bah, c'est de l'essence, pourquoi?
-Parce que ça pue! Bon sang, c'est horrible!
-Tu n'as jamais senti de l'essence?
-Bien sûr que non! Et je préférais ça comme ça!
-Mais tu t'attendais à ce que ça sente la fleur des champs? C'est du pétrole.
-Je ne pensais pas que c'était aussi épouvantable...
Il levait les yeux au ciel et attachait sa ceinture pour qu'on puisse afin quitter la halte routière. Après une trentaine de minutes de routes, nous entrions l'une des plus grandes villes de Fiorélie.
-OK, je t'explique ce que nous allons faire: nous allons entrer dans un centre commercial.
-Super!
J'avais lu une foule de merveilles sur ces endroits. Non seulement, il y avait une foule de magasins en tous genres, mais des activités à y faire entre amis. Bon, je n'avais pas d'amis, mais je pourrai au moins acheter mes premiers vêtements normaux! Tous les vêtements que je possédais au château étaient de grandes marques et coûtaient tous extrêmement chers. Ils n'étaient pas tous très confortables, mais je les possédais parce que j'étais moi.
-On va d'abord aller te chercher des souliers, et ensuite des vêtements. Quand tout sera acheté, tu iras te changer aux toilettes sans oublier d'arracher les étiquettes. M'expliquait-il.
-Ça me va.
On arrivait finalement devant un centre commercial, et j'étais complètement émerveillée devant cet endroit. Ça avait l'air si moderne et si génial! J'étais impatiente de descendre. Benjamin arrêtait finalement la voiture et je m'empressais de détacher ma ceinture et d'attraper mon sac avant de sortir et de me mettre à courir vers le centre commercial. Seulement, je sentais quelqu'un m'attraper le poignet et me tirer pour me forcer à m'arrêter. C'était Benjamin.
-Tu ne fais plus jamais ça, c'est compris? Me grondait-il.
-D'accord, désolée.
On reprenait notre marche vers le centre et on entrait finalement à l'intérieur. J'étais complètement émerveillée devant ce qu'il y avait devant moi. Une foule de gens avec des sacs portant le nom des magasins qu'ils avaient visité, des familles qui faisaient les magasins, et d'autres personnes qui discutaient simplement sur des bancs, une boisson à la main.
-Wow...
-Mais oui, c'est merveilleux. Dit Benjamin en ne cachant pas une pointe d'ironie.
-Pourquoi tu dis ça?
-Mais parce que ça l'est! Des gens qui vénèrent autant la consommation et qui s'endettent pour simplement prouver aux gens qu'ils détestent qu'ils sont meilleurs qu'eux c'est vraiment incroyable!
-C'est grâce à la consommation que l'économie roule ici... Protestais-je.
-Au profit de quoi? Avoir de plus en plus de choses dont on ne se servira jamais.
-Si tu le dis. Allons dans une boutique de chaussures. Dis-je pour couper court à la conversation.
On s'enfonçait dans le centre commercial, à la recherche d'une boutique de chaussures.
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Hey!
Donc voici la première (vraie) expérience d'Amelia avec le monde hors de son château! J'espère que ça vous a plu :)
Au fait, pour la réplique en allemand (qui veut dire "Oui, bien sûr que je parle allemand", étant donné que je ne parle pas cette langue, je me suis servie de Google Traduction. Je ne sais donc pas si c'est réellement comme ça que cette phrase se dit. Alors, s'il y a quelqu'un qui parle cette langue, je suis désolée si c'est mal dit x)
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