Chapitre 2 Rencontre d'un vampire
Arrivés à l'immense château je fus enfermée. Comme je l'avais imaginé, dans l'un de ces longs couloirs emplit de cellules qui caractérisaient les prisons humaines. Des cellules où se trouvaient des hommes. J'étais ainsi la seule femme... le seul elfe.
C'était infecte ! Le sol ne laissait même pas place à la poussière tellement il était humide, et l'odeur, mon cœur s'accrochait tant bien que mal pour ne pas chavirer. Des ras, des araignées, cette prison était l'enfer même...
Je m'approchai des barreaux de ma cage. Le silence se fit alors dans le couloir. Intrigués, les chevaliers qui montaient la garde me regardèrent.
ꟷ Tu vois qu'on a bien fait d'la mettre seule. Y'aurait eu des problèmes.
Ils partirent en rigolant. Tous les mêmes.
J'observai les différentes cellules. Qui pourrait bien m'aider ? Oui, j'avais besoin d'aide. Je pouvais bien m'enfuir. Si j'étais seule je ne parviendrais jamais à sortir avec les deux œufs, ça serait trop lourd pour moi... surtout après les douleurs persistantes que ces ignobles monstres m'avaient infligé.
Tous les prisonniers étaient certainement ennemis du roi. Mais y en avait-il au moins un qui respectait les femmes ? Ou au moins les elfes ?
ꟷ Dis-moi ma belle, ça te dirait de changer de cellule ?
ꟷ Laissez-la tranquille un peu.
Je regardai vers la cellule du dernier homme à avoir parlé. Face à moi. Caché par l'obscurité, je ne pus voir son visage. Mais il me semblait vieux.
ꟷ Pourquoi êtes-vous ici ?
Les hommes sifflèrent :
ꟷ QUELLE VOIX !
Je les ignorai et fixai plutôt l'homme qui m'intéressait. Il se mit également à les ignorer :
ꟷ Ennemi du roi.
ꟷ Pourquoi ?
ꟷ Vous êtes un elfe, vous êtes son ennemi.
ꟷ Vous n'êtes pas un elfe.
ꟷ Je ne suis pas humain pour autant.
Je fronçai les sourcils. Quelle créature pouvait-il bien être ? Il aurait suffi de le lui demander bien sûr, mais je préférai savoir autre chose, j'ignorais combien de temps nous pourrions encore discuter sans être interrompus :
ꟷ Si vous parvenez à sortir, où iriez-vous ?
ꟷ Chez les rebelles.
ꟷ Où sont-ils ?
ꟷ Je ne peux vous le dire, on nous écoute.
ꟷ Sont-ils réellement contre le roi ?
ꟷ Plus que n'importe qui.
ꟷ Qui sont leurs alliés ?
ꟷ Je ne saurais pas tous vous les citer, mais ils en accepteraient certainement une avec les elfes.
La discussion se finit là. Je retournai dans le fond de ma cellule pour m'allonger sur une table de pierre. Certainement là pour servir de lit. Certes c'était plus qu'inconfortable, mais je ne préférai pas m'allonger dans la boue au sol. J'avais vraiment besoin de repos, alors même si mes douleurs s'étaient décidées à garder mon esprit en alerte, je fini par m'y endormir.
Ce fut par un contact sur ma joue que j'ouvris les yeux. Mais je n'eus pas le temps de réagir : l'homme s'assit sur moi en me tenant les poignets.
ꟷ Alors ma belle, prête à servir à quelqu'chose ?
Cette fois je me défendis, mais je le regrettai par la suite. L'homme eut raison de moi. J'étais allongée, soufflant. Supportant la douleur. Mon corps n'était plus habitué à avoir mal, plus comme avant. Je ressentais le moindre coup. Et il n'était pas tendre, ses coups de reins étaient plus violents que nécessaire, ravivant les faibles bleus qui commençaient tout juste à disparaître, rouvrant également les griffures qui cicatrisaient. Et ses mains, sur mes poignets, étaient si serrés que je crus parfois qu'il allait me briser les os.
Comment aurais-je pu imaginer vivre un tel enfer. Ces monstres n'avaient de respect que pour eux-mêmes. Profitant des femmes, des plus faibles. Et je ne pouvais rien faire.
Plusieurs hommes différents me rendirent visite. Dont certains prisonniers. Au fur et à mesure je ne pouvais même plus me défendre, les laissant venir en moi les uns après les autres, mes cris avaient même cessé, je n'en avais plus la force...
J'étais allongée depuis plusieurs minutes, encore soufflante du dernier qui était entré dans ma cellule, quelques minutes de repos que je savourai. Mais ce moment de répit ne dura pas longtemps :
ꟷ Et si on l'mettait avec elle pour voir c'qu'il fait ?
ꟷ S'il la tue c'est moins drôle.
ꟷ Ils ont discuté, ça m'étonnerait et puis le roi a dit qu'on en faisait ce qu'on voulait.
Je me redressai pour comprendre ce qu'il se passait. Les deux chevaliers montant la garde vinrent ouvrir. Alors je me retrouvai en compagnie du vieil homme. J'avais bien deviné ses traits dans l'ombre de sa cellule. Une peau ridée, desséchée et terne. Des yeux cernés, fatigués. Et un corps semblant à tout moment pouvoir s'affaler au sol.
ꟷ Pourquoi êtes-vous là ?
ꟷ Je n'en sais rien...
Il s'approcha. Il me fut alors simple de deviner de quel peuple il était. Des yeux rouges, affamés, qui ne trompaient pas. Un vampire.
ꟷ Depuis combien de temps n'avez-vous pas bu ?
Il fut étonné, comme s'il ne se doutait pas que j'aurais pu ainsi deviner.
ꟷ Bien longtemps.
Je souris et fis un effort considérable pour m'assoir, me mettant ainsi face à lui :
ꟷ Venez.
ꟷ Vous n'allez tout de même pas...
ꟷ Me laisser faire ? Vous laissez reprendre des forces ? Et pourquoi ne le ferais-je pas ?
ꟷ Cela fait longtemps... je risque de vous tuer.
ꟷ Je vous assure que non.
L'envie et le besoin certainement plus forts que sa raison finirent par prendre le dessus. Il s'approcha.
ꟷ Je ne voudrais pas vous tuer...
Je ne dis rien, le laissant approché, on se retrouva collés l'un à l'autre. Même si je savais ce que je faisais, qu'il devait reprendre des forces, pour notre évasion, le contact de son corps me brûla la peau même à travers nos vêtements.
ꟷ Vous devez vous dépêcher.
Le vampire leva un sourcil mais hocha la tête :
ꟷ Pour ne pas les alerter.
ꟷ C'est cela.
Ses mains passèrent dans mon dos et je le sentis agripper le tissu. Il se pencha ensuite lentement sur moi, fixant mon cou avec une certaine appréhension. Je fermai les yeux instinctivement lorsque ses lèvres se posèrent sur ma peau. Contrairement aux autres hommes, ses baisés étaient doux. Mais pourquoi m'embrassait-il ? Ses lèvres chaudes sur mon cou me firent frémir. C'était étrange, très étrange. Sa bouche s'entrouvrit pour laisser s'échapper un souffle ardent qui me fit frissonner. De son corps plutôt imposant malgré la fatigue, il m'obligea à m'allonger, se mettant sur moi. Seul mon dos touchait la table de pierre. Il détacha quelques instant ses lèvres de ma peau, mais son souffle était toujours présent :
ꟷ Vous aurez mal.
Je fermai les yeux et tentai de décrisper mes muscles. J'étais obligée, si je voulais de l'aide, il fallait qu'il ait assez de forces.
La douleur fut plus insignifiante que ce que j'aurais crus. Une piqûre dans le cou. Je sentis alors les mains de l'homme se raffermirent. Son corps également, plus droit, plus solide. Ses lèvres plus fortes sur mon cou, mais plus douces à la fois. Sa chaleur également, il était encore plus brûlant.
Avec son corps, son apparence revigorée. Ses envies et ses pulsions revinrent également. L'une de ses mains glissa rapidement sur ma jambe. M'obligea à la plier. La montant sur lui. Un frisson, partant de mon bassin se propagea le long de mon dos. Une sensation très étrange. Nouvelle.
Il finit par s'éloigner. D'un geste discret il essuya sa bouche. Nos regards se croisèrent alors. Un regard plus jeune. Plus vif. Mais aussi plus... excité. Ses yeux noirs descendirent sur mes lèvres, me laissant deviner ses pensées, ses envies. Mais, alors qu'il se penchait et laissait ses lèvres effleurer les miennes, je l'éloignai d'une main ferme.
ꟷ Stop.
Il sourit et s'écarta. Mais un certain regret se mit à planer dans ses pupilles, un regret que je compris étrangement... puisqu'une étrange sensation vient s'installer dans ma poitrine, l'envie de savoir ce que ça ferait de le laisser m'embrasser.
Je repris mes esprits, je devais me concentrer. Il se mit à murmurer :
ꟷ Que faisons-nous maintenant ?
ꟷ S'ils vous voient, ils devineront.
Je me redressai. Comme par réflexe il glissa ses mains autour de ma taille et colla son bassin au mien. Je me sentis rougir. Lui sourit.
ꟷ Je m'occupe des chevaliers mais ensuite ?
ꟷ On libère les autres et on va chercher mes... pierres.
Il fronça les sourcils.
ꟷ Vous verrez, je dois absolument les récupérer.
ꟷ Très bien.
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