Chapitre 8


                                                                                                                                                                               Tony

On sort de la voiture silencieusement. On traverse la salle principale du café « Au bonheur des âmes ». Ma mère attend Kassidy de pied ferme dans la cuisine. Elle est énervée, je le vois à son pied qui tape fréquemment le sol. Je reste dans l'embrasure de la porte, en dehors de son champ de vision, tandis que Kassidy se jette dans la gueule du loup. Lorsqu'elle est énervée, il vaut mieux ne pas approcher ma mère. Ma courageuse voisine attrape son tablier noir et le passe par-dessus sa tenue. D'ailleurs en parlant de sa tenue, le jegging est encore plus excitant que le jean. Je sais pas si elle compte me tuer, mais en tout cas je suis pas loin de mourir de désir. Elle se plante devant ma mère et dit d'une voix enjouée :

« – Bonjour Karine, excusez-moi pour le retard, mais vous avez des enfants fascinants.

– Kassidy, tu veux apprendre, je comprends, mais tu arrives avec 20 minutes de retard, là je comprends pas du tout... »

Elle s'est coupée d'un coup et fronce les sourcils.

« – Des enfants ? Comment connais-tu mon fils ? Tu... »

Je la coupe avant qu'elle ne s'imagine quoi que ce soit en entrant dans la pièce. Je me place derrière Kassidy est la prends par les épaules.

« – On se calme. Je connais Kassidy parce qu'elle est dans ma nouvelle classe au lycée. Ensuite arrête de crier, j'ai mal à la tête.

– Kassidy, vas aider Johanna.»

La petite serveuse se précipite dans la grande salle au secours de ma petite sœur. Ma mère continue :

« – Quant à toi je n'en ai rien à faire que tu ais mal à la tête ! Tu peux t'en prendre qu'à toi-même si tu as la gueule de bois ! Tu passes ton temps à sortir et à boire avec tes amis ! Et ensuite, je crie si je veux !

– C'est bon, arrête de me couver ! Je suis plus un bébé ! J'ai 18 ans et je fais ce que je veux !

– Si je te laissais faire ce que tu voulais, Jules, tu ne serais plus qu'un toxico, alcolo qui passerait de fille en fille de chambre en chambre ! En même temps qu'est-ce que je raconte ? Ça, tu le fais déjà ! Tu n'as aucun respect pour les femmes ! Tu es exactement comme ton père. »

Je m'étais préparé à répondre mais sa dernière phrase m'en a dissuadé. J'avais passé toute ma vie à tout faire pour ne pas finir comme mon salaud de père. Il était tout ce que je haïssais : alcoolique, irrespectueux et violent. Apparemment tout ce que ma mère me reproche. Elle ne sait même pas ce que je fais le soir quand je m'absente ! Ça ne lui aurait certes pas plu, mais ce n'est pas pire que de coucher avec des meufs se respectent pas ! Le pire c'est que je ne peux même pas la détromper.

Je serre les points et lâche un gros soupir pour me calmer. En plus j'ai encore mal à la tête : génial. Je sais ce qu'il me faut : un commentaire détaillé de mon match d'hier avec Hugo et Matt.

Je quitte la pièce sans un mot sous le regard désespéré et impuissant de ma mère. Ça me tue de lui faire de la peine parce que je l'adore mais je ne peux pas être honnête avec elle pour son propre bien.

Dans la grande salle je cherche Kassidy des yeux. Elle est derrière le bar en compagnie de Jo, elle sert le café avec le sourire aux clients heureux d'être si bien servis. C'est attendrissant de la voir aussi détendue, cette fille a vraiment plusieurs visages. En tout cas, moi, j'aime bien celui-ci. Je la vois jeter plusieurs regards inquiets vers la porte de l'arrière salle. Tiens donc, elle me cherche, très intéressant...

Se sentant observée, elle regarde dans ma direction et m'aperçoit qui la dévisage sans gêne. Elle rougit légèrement du niveau des pommettes. J'esquisse un sourire en coin, elle a presque réussi à me calmer mais il faut quand même que je voie mes meilleurs potes. Kassidy se retourne, prépare une commande et la met dans un gobelet en carton avec l'aisance de l'habitude, elle pose un couvercle sur la préparation et me fait signe de la main pour que je vienne. Étonné, j'obéis. Lorsque j'arrive à sa hauteur elle me tend son œuvre avec un grand sourire.

« – Tiens je t'ai préparé un café bien corsé comme tu les aimes. »

Je fronce les sourcils, comment s'est-elle que j'aime... Ma sœur.

« – Merci, je vais y aller. »

Son sourire se fane, j'ai plus de tant envie de partir finalement...

« – Déjà ! Pourquoi ?

– Je dois parler d'un truc important avec des potes. »

Elle réfléchit un instant puis me propose une solution évidente.

« – Pourquoi tu ne leur demande pas de venir ici ? »

Elle regarde autour d'elle et me chuchote.

« – Des clients en plus ne nous ferait pas de mal.

Je lui répond sèchement, peut être plus que je ne l'aurais du.

– Et si tu t'inquiètes tant de l'avenir du café, pourquoi tu acceptes ta paye ? »

Elle ouvre la bouche pour répondre mais ma mère rejoint les filles derrière le bar avec des pâtisseries sortant du four sur les bras. Kassidy ferme vite la bouche comme si elle craignait que les mots s'échappent de sa bouche à son insu.

Elle se précipite à l'aide de ma mère qui la remercie d'un sourire, je vois bien qu'elle est incapable de rester fâchée contre sa serveuse. Jo vient me voir et me désigne une table de quatre. Je la remercie et m'y installe avec mon café préparé avec soin par Kassidy. Je le goûte, il est divin. Juste parfait. L'équilibre entre amer et doux est optimal. J'envois un message à Matt et Hugo pour qu'ils me rejoignent. Ils seront là dans une heure. Je pense qu'ils ont encore plus la gueule de bois que moi. Je regarde Kassidy utiliser d'une main de maître les machines qui se situent derrière le bar. Je pense qu'elle sait tout ce qu'elle a besoin d'apprendre. Comme il n'y a plus de clients qui font la queue au bar, elle s'occupe du service en salle. Elle débarrasse la table juste à côté de la mienne et en profite pour me parler.

« – Tes amis ne viennent pas ?

– Si, ils seront là dans une heure.

– Une heure ! Ils habitent loin ou ils ont aussi la gueule de bois ?

– Ils habitent tout près.

– Gueule de bois alors. »

Je ris et elle sourit. Elle est vraiment belle quand elle sourit, ses yeux bleus brillent, on dirait des étoiles. Je voudrais bien savoir pourquoi elle n'est pas toujours comme ça, elle est tellement différente au lycée. Je pense que c'est en rapport avec l'histoire qu'elle a raconté tout à l'heure, avec son ex. Maintenant je suis presque heureux qu'elle sorte avec un mec qui ne soit pas un connard.

Presque. Cette révélation explique beaucoup de choses, comme son aversion envers les mecs et son désir de les faire souffrir mais ça ne concorde pas avec le fait qu'elle est l'air amoureuse de son copain. Je l'aime pas lui, il a une tête de pédé en plus ! 

Bref, je comprends aussi qu'elle se soit entouré de gens qui sont superficiels et ne s'intéressent pas à sa vie. Comme ça ils ne lui posent pas de questions personnelles et se contentent de la suivre. Ce que je ne comprends toujours pas. C'est pourquoi elle a l'air si désespérée et mélancolique quand elle est avec ses « amis ». D'après ce que l'on m'a dit, avant, elle était une vraie reine des glaces : dans le corps et dans l'âme.

Pour moi c'est une fille plein de secrets qui ont l'air de la noyer peut être a-t-elle changé ? Dans tout les cas je veux l'aider à se maintenir hors de l'eau. En gros je veux être sa bouée de sauvetage parce que sans aide elle va finir comme « Princesse » de Nekfeu. Et ça je ne lui souhaite pas. En fait c'est une super comparaison que je viens de faire là ! Il faudrait que je réécoute cette musique à l'occasion histoire de voir les points communs entre les deux filles. Merde ! Pendant que je réfléchissais, elle a fini de nettoyer la table et elle s'apprête à repartir dans la cuisine ! Vite une idée !

« – Attends Kassidy ! »

Elle se tourne et pose son plateau sur la table.

« – Oui ?

– Tu allais dire quoi tout à l'heure avant que ma mère arrive ? »

Elle se mord la lèvre inférieure, comme si elle hésitait à se confier à moi.

« – Tu peux me le dire tu sais.

– Personne n'est au courant. Même pas Téo, c'est dire ! »

Elle rit nerveusement. Je penche la tête sur le côté et lui demande :

« – Et qui est Téo ? »

Elle sourit, qu'il qu'il soit elle l'aime beaucoup, il a de la chance. Ce doit être son copain. Elle n'a pas l'air amoureuse. À moins que ce soit son frère ?

« – Oh pardon, c'est le mec espagnol qui traîne toujours avec moi. J'ai dit ça parce que je lui dis toujours tout et là il ne le sait pas hier s'il savait il m'engueulerait. »

Et elle fait une adorable moue avec son adorable bouche. Je suis en train de m'attacher à une fille qui est folle amoureuse de son copain puisqu'elle lui dit tout . Ca ne va pas du tout ! Par contre si il l'engueulerait ça doit être gros comme "secret" parce que vu comme il est doux avec elle ... J'ai un peu peur du coup parce que ça concerne quand même ma mère !

« – OK. »

Kassidy me regarde dans les yeux et semble se rendre compte que je ne suis pas aussi enthousiaste qu'elle. Elle fait le tour de la table et s'assied sur la chaise voisine de la mienne. Elle se pense vers moi, prend une grande inspiration et finit par me glisser son secret à l'oreille.

« – Lorsque Karine me paie, je m'arrange pour être celle qui vide la caisse. »

J'écarquille les yeux. Elle prend encore plus de sous que sa paie ! Je comprends maintenant pourquoi ma mère est au bord de la faillite ! Elle recule sa tête et voit mon visage décomposé et fronce les sourcils. Elle ne semble pas comprendre pourquoi je réagis ainsi. Elle est conne ou quoi ? Elle doit s'imaginer le fil de ma pensée, puis d'un coup elle ouvre grand les yeux. Dégoûté, j'amorce un geste pour me lever mais elle m'arrête avec sa main sur mon bras.

« – Oh mon dieu ! Je me suis mal exprimée ! Je ne suis pas une voleuse ! »

Je me rassois et la fusille du regard.

« – T'as 30 secondes pour m'expliquer ce bordel. »

Les larmes lui montent aux yeux. Putain si elle se met à pleurer je vais pas tenir ! Je suis démuni quand une femme de pleure !

« – Je ... Je prends pas les sous dans la caisse ! Je remets... Je remets ce qu'elle me donne comme salaire dans la caisse. Je m'arrange pour la vider pour qu'elle ne s'en rende pas compte... »

Une larme coule sur sa joue. Je crois que je l'ai vraiment froissée.

« – ... Jamais je ne volerai une personne aussi adorable que ta mère, ni personne d'autre d'ailleurs ! Je suis déjà assez riche comme ça. »

Elle a l'air tellement triste quand elle dit ça. Il faut vraiment que j'éclaircisse tout ce mystère. J'essuie doucement les larmes qui ont coulé sur ses joues. Elle lève vers moi un regard hésitant. Ses yeux saphirs sont plus brillants que jamais.

« – Je suis désolé Kassidy. Je ne voulais pas te blesser.

– Tu dois savoir que j'aime beaucoup ta mère. Je ne lui ferais jamais de tort. »

Je suis vraiment con parfois. J'hésite à la prendre dans mes bras pour la consoler et me faire pardonner. Je fini par lui ouvrir les bras où elle se réfugie en souriant timidement. Sentir ses bras autour de ma taille est vraiment déroutant mais surtout super agréable. Elle finit par se détacher de moi. Elle se lève et reprend son plateau, avant qu'elle ne parte je lui pose la question qui me brûle les lèvres.

« – Kassidy ? Tu me pardonnes ? »

Elle sourit puis répond le regard triste.

« – Bien sûr. Je comprends que tu aimes ta mère et que tu veuilles la protéger. J'aurais fait pareil... Si j'avais su. »

Sur ces paroles, elle fait volte-face et retourne en cuisine. Il est donc arrivé quelque chose à sa mère. Mais quoi ? C'est frustrant qu'elle parle toujours à demi-mots ! Il est 14h40 : encore 50 minutes d'attente.




Et voila le chapitre 8, désolée de ne pas avoir posté plus tôt mais j'avais le brevet à passer donc je n'avais pas trop le temps.

Que pensez vous du côté surprotecteur de Tony ?

Et du nouveau visage de Kassidy lorsqu'elle est au travail ?

Comment trouvez vous le personnage de Karine ?

Et surtout que pensez vous qu'il soit arrivé à la mère de Kassidy ?

Des gros bisous à vous tous ! D'ailleurs je vous remercie pour les 230 vues ça me fais vraiment plaisir ! <3

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