Chapitre 16

Tony

Je suis frustré, vraiment. Je suis couché sur mon lit à réfléchir depuis que je suis rentré à 2h. Je n'ai pas réussi à m'endormir et il est maintenant 5h30. Je soupire longuement, dans deux heures je devrais me lever pour aller en cours, je verrais Lucie mais aussi Kassidy.

Je devrais peut-être vous expliquer la raison de ma grande frustration non ? On va dire que oui, hier Lucie m'a généreusement invitée chez elle. Bon je suis un mec j'allais pas refuser, je suis pas fou non plus. Mais une fois arrivée là-bas, voir cette pouffiasse dans sa nuisette qui dévoile a peu près tout, ça m'a dégoûté, vraiment, j'en avais l'estomac retourné.

Un peu plus tard, quand l'orgasme m'a envahi, le seul visage que j'avais en tête était celui de ma princesse aux cheveux sombres non pas celui de cette garce à la crinière de flamme. J'ai bien failli crier son nom, mais je me suis retenu. La garce qui se tenait en face de moi l'aurait mal pris, non pas que ses états d'âmes m'intéressent mais je n'ai pas envie de me la mettre à dos.

Une fois qu'elle s'est endormie je suis parti, et depuis je réfléchis à la façon dont je pourrais faire sortir Kassidy de ma tête, mais je commence à croire que c'est peine perdue et qu'elle compte bien y rester maintenant qu'elle y est.

Je me redresse sur mon lit, je sais pertinemment que je ne vais pas m'endormir alors autant utiliser ces deux heures pour me renforcer physiquement puisque apparemment mon mental c'est déjà fait braquer.

J'enfile un short et je descends dans le sous-sol où j'ai installé un sac de frappe pour m'entraîner, je mets mes bandelettes et je lance la musique : N. JRespect R de Damso. C'est parti.

En réalité quand je frappe c'est le seul moment où je ne réfléchis pas, je laisse mes mains s'exprimer et ma colère les diriger. Quelle colère ? On est tous en colère contre quelque chose ou quelqu'un au fond de nous.

Généralement c'est contre nous-mêmes, à cause de notre faiblesse surtout. C'est mon cas.

Lorsque j'étais enfant, chaque soir mon père rentrait, saoul, car il n'arrivait pas à payer les factures et il se démenait sur le chantier toute la journée, et il battait ma mère. Sans que personne ne puisse y faire quoi que ce soit, sans que je puisse la protéger.

Vous direz que ce n'était pas à moi de le faire, mais qui d'autre le ferait ? Qui se serait interposé entre les poings de M. Moore et le corps de sa femme ? Personne.

Sauf le petit garçon en colère qui était censé rester à l'étage mais chaque soir descendait observer ce triste spectacle qui chaque soir alimentait son immense colère.

La première et seule fois où je me suis interposé je devais avoir 7 ans, je m'étais préparé psychologiquement pendant toute la semaine. À l'époque je faisais déjà de la boxe mais rien d'extraordinaire pour mon âge. Mon imbécile de géniteur m'y encourageait. Le plus dur c'était qu'avec moi il n'était pas un mauvais père, mais il détestait ma sur car c'était la cadette, et que d'après lui elle avait causé sa perte parce qu'elle n'était pas voulue. C'est l'une des raisons pour lesquelles il battait ma mère.

Ce jour là lorsque la clé de mon père a tourné dans la serrure et que maman nous a dit de monter, Alors que la chevelure auburn de Jo disparaissait dans les escaliers je n'ai pas bougé, je suis resté immobile sur ma chaise regardant mon père s'avancer, plus grand que jamais. Je suis resté figé par la terreur, les mains tremblantes sur mes genoux pendant que l'homme qui je détestais plus que tout au monde dénouait la boucle de sa ceinture pour l'enrouler autour de son poignet droit tout en hurlant des atrocités que je ne comprenais pas tant mes oreilles sifflaient. Je voyais sans les voir les lèvres de ma mère me crier en silence de monter et de me cacher.

Me cacher.

Encore et toujours se cacher.

J'ai enfin réagi, je me suis précipité entre eux en disant à mon père d'arrêter tout en lui assénant le plus de coups de poings et de coups de pieds possible.

Mais ma quasi inexistante force d'un enfant de 7 ans n'a eu aucun effet sur ce géant d'1m90 qui passait ses journées à bâtir des maisons. Il m'avait attrapé par le cou et avait souri, le sourire le plus terrifiant du monde. À moitié étouffé j'étais parvenu à lui faire une promesse « un jour je te battrais », il avait rit et dit « un jour fils, un jour, mais pas aujourd'hui ». Alors que ma vue commençait à se brouiller il m'avait jeté contre la table, ma petite taille me fut fatale, ma tête avait cogné le coin du meuble, et je m'étais évanoui.

À mon réveil j'étais dans un hôpital avec ma sur à mes côtés. On m'apprit que ma mère était dans le coma.

Elle s'était réveillée trois jours plus tard et avait décidé de porter plainte contre mon père.

Enfin.

Elle avait pour preuve son corps mutilé et j'étais un témoin très convaincant.

Mais les policiers n'ont jamais retrouvé mon père, jusqu'à aujourd'hui il est toujours en « cavale », personne ne l'a vu, à croire qu'il est devenu un fantôme.

Je n'ai jamais pu tenir ma promesse, du coup je passe ma rage sur des sacs remplis de sable ou des adversaires ridicules comme le mystérieux Chris de la dernière fois.

« – Tony ? »

Je me retournai brusquement vers la voix.

Jo se tient devant moi, adossée à la porte de la cave, les bras croisés sous sa poitrine. Elle est habillée et son sac à main Longchamp que je lui ai offert pour son anniversaire pend à son avant-bras. Elle s'apprête à aller en cours, je fronce les sourcils.

« – Jo, c'est quelle heure ? »

Elle lève les yeux au ciel.

« – C'est 7h50, ça fait des heures que tu te tapes dans ce pauvre sac, et tu peux dire adieu à ses bandelettes. »

Je baisse les yeux sur mes mains et en effet mes bandelettes se sont déchirées à force que je frappe. Je soupire. Jo pose son sac au sol et s'avance vers moi.

« – Je suppose que tu ne t'en étais pas rendu compte. »

Mon silence lui donne sa réponse. Elle prend mes mains dans les siennes.

« – Tony, tu vis trop dans le passé ! Regarde nous avec maman, on a tourné la page ! Tu dois le faire aussi !

– Johanna, tu sais très bien quel est mon problème, je n'ai pas réussi à la protéger !

– Jules arrête ! Tu n'avais que 7 ans ! Ce n'était pas à toi de le faire ! »

Je retire mes mains des siennes et lève les bras au plafond.

« – À qui alors ? Et ne m'appelle pas Jules ! »

Jo serre les poings.

« – Ce n'est pas parce qu'il t'appelait ainsi que tu dois changer ! Ça n'en reste pas moins ton prénom ! »

Je renverse ma tête en arrière et expire longuement. Je sais tout ça mais je n'arrive pas à l'admettre.

Je baisse les yeux sur ma petite sur, j'ai parfois tendance à oublier qu'elle a souffert autant que moi. Elle aussi était un témoin silencieux de la cruauté de notre géniteur. Je serre ma petite sur contre mon torse, elle est si petite. Elle entoure ma taille de ses petits bras et je pose mon menton sur ses cheveux.

Je finis par lui poser la question qui me turlupine depuis qu'elle est entrée dans la cave.

« – Au fait je peux savoir pourquoi tu es prête si tôt toi ? »

Elle lève les yeux vers moi.

« – Kassy vient me chercher à 8h. »

Elle jette un il à son portable.

« – D'ailleurs je dois y aller. »

Elle me lâche et va récupérer son sac dans l'encadrement de la porte. Au dernier moment elle se retourne, me sourit et dit :

« – N'oublies pas de te laver, tu ne sens pas la rose. »

J'éclate de rire, elle n'a pas tort.

« – Normal, je tapote ce sac depuis deux heures et demie. »

Son rire léger résonne dans la cage d'escalier pendant qu'elle rejoint son nouveau chauffeur alias la personne qui obsède mes pensées

Je sors de ma salle de sport à domicile et je rejoins le rez de chaussée, j'aperçois ma mère dans la cuisine. Elle est à moitié endormie devant sa tasse de thé. Je souris, la pauvre, mardi c'est la fin du week-end pour elle.

Je regarde par la fenêtre, la voiture de gosse de riche de Kassidy est dehors, elles doivent être en haut.

Je monte les escaliers tout en retirant de mes mains mes bandelettes désormais inutilisables. Arrivé en haut, je me dirige vers ma chambre au fond du couloir en face de celle de ma sur, pour prendre ma serviette. Il faut vraiment que je me lave là, ça va plus, je suis sûre que je pue à l'autre bout de la ville.

Et c'est bien sûr ce moment où les filles choisissent de sortir de la chambre de Jo. Je regarde le sourire de ma princesse se faner en voyant ma tenue ou plutôt mon absence de tenue. Elle reste figée à deux mètres devant moi les lèvres légèrement entrouvertes montrant son étonnement. Elle porte un jean noir taille haute et un T-shirt court, blanc affichant clairement le mot « connasse » en rose fluo. Elle chausse encore des bottines noires aux talons vertigineux mais cette fois ornés d'un liseré blanc sur le côté. Son regard est rivé sur un point situé bien en dessous de mon menton. Je l'interrompt dans son inspection minutieuse.

« – Ça va ? Tu mates bien ? »

Elle relève lentement le regard vers mes yeux.

« – Ouais, c'est parfait ! »

Elle se tapote la lèvre inférieur avec son index, faisant mine de réfléchir.

« – Quoique, sans l'odeur ce serait mieux. »

Je souris, bon joueur. Elle est maline, elle m'a eu à mon propre jeu. Au moins je saurais qu'elle n'est pas du genre à rougir et à baisser les yeux lorsqu'on la surprend en train de mater. Je reprends ma marche et la dépasse.

« – À plus tard, princesse. »

J'entre dans ma chambre et ferme la porte derrière moi. Je sais pas si c'est une maladie mais je ne supporte pas qu'elle soit ouverte. J'attrape ma serviette sur mon siège de bureau après avoir jeté mes bandelettes à la poubelle.

Dans le couloir il n'y a plus personne, les filles sont parties.

J'entre dans la salle de bain, m'enferme puis je retire le peu de vêtements qu'il me reste.

Lorsque l'eau finit par couler sur mon dos, je sens presque la sueur se détacher de ma peau pour disparaître dans le trou d'évacuation d'eau tant c'est soulageant.

* * *

J'arrive au lycée 10 minutes avant la sonnerie, ne me demandez pas comment j'ai fait pour arriver à l'heure, je ne sais pas.

La première personne que je vois en arrivant c'est Laura.

J'ai déjà dû vous parler un peu d'elle, c'est un peu comme ma meilleure amie. Elle était ma dernière proie, quand elle a fait une tentative de suicide j'ai décidé d'arrêter de jouer avec les sentiments des filles. D'après elle, c'était pas trop tôt. Je ne sais toujours pas où et comment elle a trouvé la force de me pardonner mais elle l'a fait et je lui en suis reconnaissant.

Je m'adosse au mur du bâtiment et je la regarde venir vers moi, le sourire aux lèvres. Avant elle ne souriait jamais, mais après sa dépression je suis parvenu à faire réapparaître ce rayon de soleil sur son visage et j'en suis plus que fier.

Même physiquement elle a changé, enfin son changement de look donne cette impression. Avant elle ne portait que des habits simples et sombres et ses longs cheveux étaient teint en noir corbeau et systématiquement attachés.

Aujourd'hui, ses magnifiques cheveux blonds sont de retour et elle les portes coupés au carré, ça fait ressortir ses grands yeux bruns joyeux. Elle s'habille normalement même si elle montre une curieuse adoration à porter des robes.

Sa voix énergique me fait sortir de mes pensées.

« – Salut ! »

Elle m'offre un sourire rayonnant que je lui rends.

« – Ça va ma petite schtroumpfette ? »

C'est un délire entre nous, elle est la schtroumpfette et je suis Gargamel.

Elle me fait un bisou sur la joue en se mettant sur la pointe des pieds. Et oui, je fais plus d'1m80 donc elle doit étirer son petit mètre soixante quatre exactement.

« – Super ! Et toi mon Gargamel chéri ? Tu as bien soigné tes poings après ton show d'hier ? »

Je décroise les bras et regarde mes jointures de doigts, une vraie catastrophe, elles sont éclatés et recouvertes de sang séché. Je fais une petite grimace.

« – Eh bien figure-toi qu'au lieu d'en prendre soin, j'en ai remis une couche ce matin. »

Elle me fixe et secoue la tête d'un air las.

« – Je suppose que tu t'es encore excité, sur ton pauvre sac de sable qui ne va pas tarder à rendre l'âme. »

Je laisse mes bras retomber le long de mon corps en soupirant. Elle me connaît trop bien. Elle prend mon absence de réponse pour une affirmation.

« – Tony ! Je t'ai déjà dit combien de fois d'arrêter de t'en vouloir pour rien ? »

À part ma famille, Hugo et Matt, Laura est la seule à connaître mes erreurs passées. Je lui ai raconté durant sa dépression pour lui faire comprendre que tout le monde a des problèmes sauf que certains sont plus lourds à porter que d'autres.

Je me décolle du mur et passe mon bras autour des épaules d'une Laura inquiète et irritée.

« – Oui je sais p'tite tête, tu me l'as longtemps répété et ce matin c'est Johanna qui m'a fait la leçon. Mais t'inquiète pas je vais bien ! Tu viens ? On va voir les mecs ? »

Elle devient soudain hésitante.

« – Rohlàlà! C'est bon hein ! Ton amoureux va pas te manger ! »

Laura rougit et baisse la tête. Elle reste ainsi quelques secondes, le temps de prendre son courage à deux mains puis relève la tête et acquiesce.

On rentre dans le lycée, mon bras sur ses épaules, le passage s'ouvre devant nous, comme toujours quand je passe. Ça a parfois des avantages d'être craint. Tout le monde nous fixe, ils semblent encore croire que l'on est en couple. Les élèves de ce lycée n'arrivent pas à intégrer le fait que je sois proche de mon ex sans que l'on soit de nouveau en couple. Du coup ils s'interrogent parce qu'hier je courais dans les couloirs du lycée comme un dératé main dans la main avec leur reine des glaces.

En parlant de ma princesse, quand on passe devant elle, elle me fusille du regard pendant que Lucie me fait un clin d'il.

Je sais pas trop ce que j'ai fait pour mériter un tel regard mais bon

Laura qui a remarqué que j'ai reçu beaucoup d'attention de la part des populaires aujourd'hui, me lance un regard interrogateur. Je hausse les épaules en réponse.

Non satisfaite de mon geste elle prend la parole.

« – Je suppose que tu es « sorti » »

Elle trace les guillemets dans l'air avec son index et son majeur.

« – Avec la rousse ce qui explique le clin d'il »

Sa bouche forme une petite grimace à ses mots.

« – Mais explique moi pourquoi Kassidy te déteste ? Qu'est-ce que tu lui as fait ? »

« – Pour Lucie tu as raison mais pour Kassidy je sais pas. »

Je me rappelle que l'on est mardi et que l'on a espagnol. Aujourd'hui ça fait exactement une semaine que l'on s'est adressé la parole pour la première fois.

« – Je ne sais pas mais, je ne vais pas tarder à le savoir. »

J'offre un sourire en coin à mon amie et elle secoue la tête de gauche à droite, amusée.

On arrive presque au bout du couloir où sont les mecs. J'entends un gloussement à ma gauche.

Merde ! Je reconnaîtrais ce gloussement ridicule n'importe où ! C'est le bruit des ennuis !

« – Fait chier ! »

J'entends des bruits de talons qui claquent à ma gauche je m'arrête.

« – Laura ? »

Elle lève les yeux vers moi, le bruit se rapproche.

« – Dis aux gars qu'on se retrouve sur le banc à la récré. »

Au début elle ne comprend pas, puis je sens les bras fins s'enrouler autour de mon cou. Bras se finissant par des mains au vernis rouge éclatant les rendant encore plus semblable à des griffes. Sa voix mielleuse et suraiguë est désagréable à entendre tant par son timbre que par ses mots, intervient dans la conversation.

« – Ma chérie ? Tu n'as pas entendu ? Dispose ! Tony et moi on a besoin d'intimité ! »

Elle insiste bien sur le dernier mot. Je serre les poings et fixer un point devant moi, en l'occurrence le visage calme d'Hugo. Je respire profondément. Je sais que je ne dois pas la frapper mais elle fait tout pour.

Elle est persuadée que je l'aime de tout mon cur et se permet donc de rabaisser Laura.

Cette dernière passe la main sur mon bras pour me dire que ça va et que je dois me calmer puis elle va rejoindre Hugo qu'il accueille timidement. Il faut vraiment qu'ils concluent tous les deux !

Bon maintenant, il faut que je gère la sangsue.

« – Clara ?

– Oui ? » minaude cette idiote.

Je ne la regarde toujours pas mais je sens ses longs cheveux se déplacer sur mon torse. Elle a bougé la tête.

« – Qu'est-ce que je t'ai dit ? »

Elle soupire bruyamment.

« – Je ne sais pas mon chéri ! Tu m'as dit tellement de choses ! »

Je baisse enfin les yeux sur son visage recouvert de fond de teint. Je rive mon regard dans le sien pour appuyer mes propos.

« – Tu ne t'approche pas de Laura. »

Elle gémit théâtralement et me lâcher pour reculer.

J'en profite pour faire demi-tour vers ma salle d'espagnol. Parfait timing, la cloche sonne.

Clara cours derrière moi et s'accroche à mon bras.

« – Eh ! Tu vas où ? »

Je lui réponds sans me retourner, je sais qu'elle écoute.

« – Tu n'as pas entendu ? Je peux te pardonner c'est vrai que les oreilles des chiennes sont trop près du sol pour entendre, mais ça a sonné. Bonne matinée pétasse ! »

Je ne vérifie pas mais je l'imagine la main sur le cur comme si je l'avais blessée, sa bouche de suceuse grande ouverte. Je souris, elle va bouder au moins toute la journée. Ça me fera des vacances.

________________________

Coucouuuu !!

Finalement je suis rentrée a temps pour vous poster votre chapitre 16 aujourd'hui !

Sinon ça va pour vous ??

Moi je suis super contente j'ai bien bronzé !!

Allez quelques questions et je vous laisse tranquilles :

- Laura ?

- Clara ?

- Lucie et son clin d'oeil ?

Bisouuuus mes amours !!!

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top