💕 CHAPITRE 7 💕
Si le personnel du palais s'était mit d'accord sur la soudaine amélioration de la relation entre le couple royal, les ayant vus partir tous deux en direction des jardins, personne ne comprit la raison derrière le retour solitaire de la Princesse Méryl. Elle était revenue dans un pas pressé, mécontente, filant vers ses appartements et s'y enfermant. Quelques minutes plus tard, on vit le Prince avoir la même démarche et il fut évident que quelque chose s'était passé. Depuis ce jour, chacun d'eux était alors retourné à ses habitudes, se cachant à l'autre. Le Prince n'avait guère approché l'aile du palais réservé à la Princesse et cette dernière en avait fait de même le concernant. L'espoir de voir alors le printemps bourgeonner venait de mourir avant même d'éclore.
Attendant impatiemment l'approbation du médecin de la cour, Méryl reprit tout doucement mais sûrement sa place au sein du «Bureau», rendant la vie du palais plus mouvementée que jamais. Deux semaines d'absence avaient suffit à provoquer le chaos dans bien des couples venant la consulter. Aujourd'hui, ce fut au tour de Mademoiselle Berneby et celle-ci était confrontée à un problème de taille que Méryl ne connaissait que trop bien : Un mariage arrangé. Or, la belle s'était déjà éprit d'un autre, un garçon d'écurie et n'avait aucun désir d'épouser un homme ayant six ans de plus qu'elle et dont elle ignorait tout si ce n'était son nom et son apparence.
- Je vous en conjure de m'aider Votre Altesse, je ne sais plus quoi faire, la supplia la jeune femme, J'ai bien penser à fuir, mais je ne suis pas idiote et je sais que cela ne réglera pas ma situation. Je ne veux pas vivre d'un amour secret, comprenez-moi...Je veux vivre au grand jour sans honte !
- Vous m'assurez que personne dans votre famille n'est au courant pour votre aventure avec ce jeune homme ?
- Peut-être ma nourrice, mais elle m'est fidèle, je m'en suis assurée. Elle ne dira rien à mes parents.
Monsieur et Madame Berneby était un couple particulièrement bien connu dans les cercles très fermés de la société. Ils avaient eu cinq enfants et quatre d'entre eux avaient eu un mariage dès plus réussit. Barons de père en fils depuis six générations déjà, Monsieur Berneby excellait dans le commerce tandis que Madame tenait plusieurs salons de thés en ville. C'est ainsi grâce à leur petite fortune qu'ils purent acheter la plupart des rangs donnés à leurs enfants. Pourtant, la petite dernière, Madeleine Berneby ne semblait pas décidée à marcher dans le pas de ses aînés, bien au contraire. Madeline était un esprit libre, mais une fleur bleue et elle ne désirait qu'une chose : Vivre son amour pleinement. Chose à laquelle Méryl s'était engagée de l'aider, mais la situation entre les Berneby et la Couronne était devenue tendue depuis que Méryl avait secrètement mit la main sur la guilde des fermiers refusant de faire de l'entreprise Berneby son principal sous-traitant et bien que cela ne soit pas un fait connu, Monsieur Berneby en voulu à la Couronne pour ne pas régler le problème et ne pas s'interposer en prenant position.
- J'essayerais de vous trouver une échappatoire, Madeleine, mais vous devez me promettre de ne pas faire de vague en attendant car je ne vous offrirais qu'une seule et unique chance de réussir à convaincre vos parents, l'informa Méryl
- Bien entendu, je n'écouterais que vous, Votre Altesse ! Oh, si vous saviez comme je me sens soulagée de trouver une alliée !
«Alliée». Ce mot résonna en Méryl si brutalement qu'il la ramena deux jours en arrière, dans ces jardins. Elle se voyait assise sur le banc, écoutant les mots de James et sentit subitement une colère profonde l'envahir. S'il n'y avait pas eu la jeune demoiselle, il était fort à parier qu'elle aurait frapper un coussin ou aurait retourné la pièce toute entière pour se défouler. Comment osait-il ? Comment osait-il lui confesser cela ? D'autant plus que depuis cette après-midi là, James s'en était retourné à ses affaires et ils ne s'étaient pas croisés une seule fois. Sans doute était-ce pour le mieux ou sans doute était-ce pour le pire car ils ne pouvait décemment pas rester sur ce genre de discussion. Pensait-il seulement à elle comme il l'avait sous-entendu ? A son bien être ? A son bonheur ? Si cela était réellement le cas, il ne l'éviterait pas, mais il fallait croire qu'encore une fois, Méryl en attendait trop de sa part.
- Je vais malheureusement devoir vous laisser, Mademoiselle Berneby. J'ai moi-même des affaires dès plus urgentes à régler.
S'il ne voulait pas la voir, très bien, elle irait à lui. Elle irait et elle le confronterait. Dans son bureau. Dans un jardin. Au détour d'un couloir devant une foule de domestiques, peu importait du moment que cela sortait. Il n'y avait pas que lui qui en avait gros sur le coeur et s'il s'était donné toute cette peine de montrer un soupçon de gentillesse afin de se soulager la conscience, il n'y avait pas de raison pour que Méryl n'en fasse pas de même.
Regroupant ses jupons, elle traversa la majorité du palais avant de s'arrêter devant la porte du bureau de James. Etait-il occupé ? Travaillait-il sur un projet important ? Pouvait-elle le déranger à cette heure-ci de la journée ? Non. Pourquoi y réfléchirait-elle quand cela ne l'avait jamais gêné de l'interrompre dans ses consultations.
Prenant une profonde inspiration, elle fit irruption dans le bureau sous le regard interloqué de Romain tendant une pile de documents au Prince. Tous deux s'étaient retrouvés comme figés dans le temps devant la Princesse aux jupons relevés laissant clairement apparaître à la vue de tous la moitié de ses jambes jusqu'à ses genoux. Indécent, choquant, mais presque habituel pour Méryl.
Elle ne lui dit pas un mot mais lui adressa un regard distant. Chose qui lui rendit tout en s'adossant dans son fauteuil, posant jusqu'à sa plume devant lui.
- Romain, sors, ordonna-t-il
- Bien, Votre Altesse.
L'assistant du Prince salua la Princesse sur son passage et prit grand soin de refermer les portes du bureau derrière lui, laissant les deux époux en tête à tête ou plutôt en face à face.
- Que puis-je pour vous ma chère ? s'inquiéta ce dernier en la voyant toujours plantée devant lui
- Nous devons parler, vous et moi.
- Je suis tout ouïe.
James s'attendait à ce que Méryl prenne place sur les fauteuils siègeant devant lui, mais elle n'en fit rien. Elle se contenta de rester là où elle était. Les chevilles apparentes.
- Pour l'amour de Dieu, Méryl. Baissez donc votre...robe, lui dit-il en détournant le regard
- Pourquoi ? N'avez-vous pas déjà vu mes chevilles à maintes reprises ?
Et plus encore, mais cela avait été dans d'autres circonstances.
- Que voulez-vous ?
- Parler.
- J'ai cru comprendre la première fois que vous l'avez dit, mais de quoi ? J'ai l'impression que vous êtes en colère contre moi pour une raison que j'ignore, mais dont vous vous apprêtez à m'informer.
- De la colère ? Non. Non, pas de la colère. De la frustration ! s'écria-t-elle subitement en lui lançant un cousin se trouvant sur le divan près d'elle à la figure
Sans mal, James le rattrapa au vol et le garda près de lui au cas où elle viendrait à lui lancer autre chose au visage, chose qu'elle s'apprêtait visiblement à faire étant donné que sa main semblait rechercher une nouvelle arme à catapulter à travers la pièce.
- Je vous méprise comme jamais encore il ne m'a été donné de mépriser un homme, lança-t-elle en même temps qu'un deuxième coussin
- Heureux de l'apprendre.
- Silence ! Cette fois c'est moi qui parle et vous qui écoutez !
- Ne détruisez pas mon bureau à chacune de vos phrases, c'est la seule chose que je vous demanderais.
Pourtant, elle lui balança absolument tout ce qui lui tomba sous la main. Coussins. Pots. Bibelots. Vases. James avait alors prit refuge sous son bureau, voyant ses feuilles, ses dossiers et tous les rapports sur lesquels il avait durement travailler, s'envoler et s'éparpiller à travers la pièce. Il fut décidé à l'arrêter uniquement quand cette dernière venue saisir le siège se trouvant devant elle. Bondissant hors du dessous de son bureau, il venu sauvagement lui empoigner les mains et la dévisagea sévèrement alors qu'elle se trouvait être à bout de souffle.
- Cela suffit ! Je veux bien être le sujet de votre frustration et de votre colère mais cessez donc ces enfantillages ! Quel âge avez-vous à la fin ? Ne pouvez-vous donc pas vous comporter en adulte responsable ? Vous n'êtes plus une enfant Méryl !
Elle le regarda, patienta et en trois secondes de temps, lui asséna un coup de boule à hauteur de son nez. Un grognement et quelques gouttes de sang finir par sortir tandis que James se détourna vivement vers elle.
- Vous voulez vous battre ? Très bien ! Vous l'aurez cherché.
Cette matinée-là, aucun domestique ou autre personne ne fut autorisé à pénétrer dans le bureau du Prince depuis lequel on pouvait entendre résonner toutes sortes de bruits. Fracas, cris, insultes, bris de verre. Toute la pièce fut retournée, mais il n'y avait pas qu'elle. Les deux époux s'étaient battus jusqu'à ce que l'un d'eux déclare forfait et ce ne fut pas la Princesse ébouriffée, transpirante et écorchée de partout qui leva la main la première. Certaines rumeurs disaient que les femmes étaient de virulentes combattantes et le Prince en avait fait les frais. Elle l'avait griffé, mordu, tapé, elle lui avait déchiré sa chemise préférée, lui avait probablement cassé le nez et l'avait très probablement privé d'une première génération de descendants grâce à un coup de genou soigneusement placé.
- Ma parole, je connais des gardes qui frappent moins fort que vous...lança-t-il allongé par terre
- Alors peut-être que je devrais être garde au lieu de Princesse. Oh non, pardon, je ne peux pas...mon mari ne veut pas me voir quitter l'enceinte du palais ! dit-elle non loin de lui essoufflée
- Je n'ai jamais dis cela, vous déformez mes propos.
- C'est tout comme étant donné que vous me coincez et me cantonnez à mon rôle de simple épouse.
- Méryl...Nous ne sommes pas un couple comme les autres, il est temps que vous l'entendiez. Nous ne pouvons nous séparer ainsi.
- Alors quoi ? Dois-je fuguer ?
- Quoi ? Non ! Seigneur, donnez moi la patience de traiter avec cette femme...murmura-t-il
- Je vous entends.
- Devrais-je remercier votre clémence pour être encore en vie ?
- Non, simplement ma fatigue. Si j'avais été plus en forme, je vous aurais massacrer, l'avertit-elle
- Je n'en doute point, rit-il
Ils restèrent un moment, l'un contre l'autre à même le sol couvert de débris en tout genre, regardant le plafond.
- Vous avez tout de même une étrange façon de mettre en oeuvre vos paroles. Tantôt vous vous dites mon allié et pourtant vous ne pouvez vous empêcher de m'ignorer et tantôt vous êtes là...Vous laissant frapper par mes petits poings comme si... Je vous en veux tellement quand vous agissez ainsi, James ! Vous ne pouvez décemment pas me dire ce que vous m'avez dit dans les jardins et me laisser ensuite.
- Et qu'étais-je supposé faire ? Vous poursuivre de façon dramatique à travers les coursives du palais ? Vous auriez couru d'autant plus vite.
- Probablement. Comprenez que si vous ne me comprenez pas...Cela est réciproque. Je ne vous comprends pas. Votre façon d'être, d'agir, de penser, tout de vous m'échappe. Je ne comprends pas et je n'aime pas...ne pas comprendre. Je n'aime pas être mise de côté.
- J'en suis conscient, maintenant.
- Il est vrai. Vous m'avez volé cinq ans de ma vie. Les cinqs meilleures années de ma vie que je n'aurais plus jamais pour moi et rien de ce que vous pourrez faire ou dire ne remédiera à cela, c'est aussi vrai. Et je ne compte pas vous pardonner, sachez-le. Toute fois...Toute fois, nous ne pouvons pas non plus continuer ainsi.
Méryl marqua un arrêt afin de rouler sur son côté droit avant de se redresser sur ses coudes et de lui faire face. James était avant tout un homme de logique bien qu'il avait la sienne qui lui était propre et elle savait qu'elle n'aurait pas consentement si elle ne le piégeait pas dans son propre monde. En outre, il lui fallait gagner du temps. Du temps pour planifier. Du temps pour réfléchir. Du temps pour paufiner. Alors, une idée lui vint à l'esprit et cela n'était pas la plus déplaisante, mais probablement la plus dérangeante. De plus, quand elle se retourna à son égard son visage était plus près qu'elle ne l'imaginait. Il avait tant de griffures et autres petites blessures superficielles au visage et tout cela par sa faute.
- Nous pouvons faire un marché, lui proposa-t-elle subitement, C'est ce que les alliés font, non ? Des compromis.
- Et quel genre de marché voulez-vous donc faire ?
- Laissons-nous...un an. Vous avez un an pour me convaincre de vous aimer et moi, j'ai un an pour vous faire accepter le fait de divorcer.
- Je suis clairement perdant.
- Il est évident que si vous pensez cela d'entrée de jeu, je gagne.
- Et que se passera-t-il dans un an ? lui demanda-t-il curieux
- Si vous gagnez, nous serons en tout logique couronnés Roi et Reine. Si je gagne, je serais à l'autre bout du monde à profiter de ma liberté si durement acquise.
- Je vous connais, vous allez tout faire pour.
Elle finit par s'asseoir, tout sourire et se retourna vers lui, toujours au sol.
- Dans ce cas, cher époux, vous devrez redoubler d'efforts car je ne compte pas me laisser séduire par une simple promenade dans un jardin.
- Vous parlez de séduction quand je ne vois qu'une possible victoire de la raison.
- Si pour vous raison rime avec soumission alors nous sommes déjà perdus.
- Encore une fois, vous avez le don d'interprêter fâcheusement mes propos.
- Dans ce cas, essayez de les rendre plus compréhensifs sans qu'il ne puisse y avoir le moindre malentendu entre nous.
- Vous aimez me commander, n'est-ce pas ?
Jusque là, elle n'avait pas réfléchit à la question car cette dernière ne s'était jamais réellement posée. James avait toujours décidé de tout. Des soirées ou des événements auxquels ils se rendraient. De leurs tenues lors de leur défilé commun. Du protocole à respecter au sein du palais et avec lequel Méryl frappait les mouches venant l'embêter durant ses sessions. La seule chose sur laquelle il ne semblait pas avoir le moindre contrôle malgré ses nombreuses tentatives, ce fut bel et bien Méryl en personne. Mais si la tendance pouvait alors s'inverser, cela n'en serait que d'autant plus plaisant pour elle.
- Je ne connais pas un homme qui n'apprécie pas de se faire marcher dessus par un talon bien aiguisé.
Il pouffa, mais cela se confondu rapidement avec un raclement de gorge. Il ne pouvait rire. Pas dans cette situation. Il ne pouvait se l'autoriser car cela signifierait abdiquer devant elle.
- Il ne me tarde de voir venir le jour, où vous poserez votre «talon bien aiguisé» sur moi, ma chère et tendre.
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