💕 CHAPITRE 42 💕

- Mais est-ce le cas ? Est-ce que vous m'aimez ?

Méryl ne répondit pas. Elle ne s'était jamais réellement posé la question ou tout du moins pas dans ce sens-là. Ce qu'elle définissait comme de l'amour n'était autre que de l'affection pour Elian et au bout de cinq années de mariage, elle en venait à se demander si tout compte fait, ce qu'elle ressentait n'était pas plus une attraction physique que de l'amour comme James l'entendait ou espérait l'entendre. Plus le temps passait, plus la jeune femme peinait à définir les contours de cette relation ne cessant de la mener par le bout du nez et elle savait que cette vérité le blesserait car il semblait soudainement tout excité à l'attendre formuler sa réponse. Bien évidemment, les sentiments n'étaient jamais simples, elle le savait et elle l'avait comprit à travers les récits de ses clients et clientes les plus réguliers, mais bien que tout cela lui paraissait lointain et ne demeurait que, jusqu'à maintenant, les récits d'autres personnes, Méryl se sentait subitement incapable de définir précisément ce qui se passait en elle. Il y avait tellement de contradictions, tellement de non sens, tellement de...

- Je doute que nous partagions la même vision de l'amour vous et moi, finit-elle par lui dire en se reculant légèrement. En outre, comment pourrais-je aimer quelqu'un que je n'ai pas choisis ? Notre mariage, tout ceci, tout n'est qu'une forme de partenariat, d'accord, entre vous et moi. Vous le savez. Je suis certaine que vous le comprenez également car loin de moi l'envie de vous blesser.

- En portez-vous un autre dans votre coeur ? lui demanda-t-il plus tristement.

- Telle n'est pas la question, James, et quand bien même cela serait le cas, vous avez été le premier à me dire que ce genre d'affaire ne vous concernerait pas. Vous m'avez même encouragée dans ce sens-là !

- Parce que je pensais naïvement que je vous privais de votre propre bonheur personnel ! Je pensais que vous me haïssiez et que je m'immisçais dans votre vie sentimentale. Je pensais...oh comme j'ai été idiot, Méryl...

- J'ai été de très nombreuses fois déçue ou en colère à cause de vous, c'est vrai, mais jamais je ne vous ai haïs.

- Alors puis-je au moins savoir ce qui vous empêche de me choisir ? Certes, nous ne nous sommes pas choisis au commencement de notre relation et je l'entends, j'entends votre...rechignement à vouloir avoir à faire à un homme comme moi, mais ces derniers jours ont été si fabuleux pour moi !

- Fabuleux ? l'interrompit-elle en osant la voix, Vous avez failli mourir ! A cause de moi !

- Les rôles auraient été inversés vous auriez fait la même chose pour moi, lui répliqua le Prince.

Là n'était pas la question. Encore une fois, Méryl eut cette impression de s'adresser à un mur. Ils s'entendaient mutuellement mais ne s'écoutaient pas, chacun campant sur ses positions comme cela était de trop nombreuses fois arrivée auparavant.

- Cela ne peut plus continuer ainsi, lança-t-elle en s'éloignant davantage de lui, Sachez que je compte embarquer dans le bateau ayant emmené votre cousin et que je compte partir avec lui.

- Ne soyez pas ridicule, souffla-t-il.

- Vous ne m'en pensez pas capable ?

- Ce n'est pas ce que j'ai dis.

- Je partirais au petit matin.

- Soit ! Faites-le si c'est ce qui vous plaît de faire, mais sachez qu'il n'y a pas un endroit sur cette terre que je ne retournerais pas de fond en comble pour vous retrouver. Vous pouvez partir maintenant si cela vous chante, partez, mais je vous suivrais. Où que vous soyez, où que vous vous rendiez, je vous suivrais.

- Mais pourquoi ? Pourquoi vous obstinez vous à ce point ?

- Parce que moi, Méryl, je vous aime. Je vous ai toujours aimé et je...

James se coupa au milieu de sa phrase et détourna vivement le visage comme s'il souhaitait s'arrêter là. Puis il s'en retourna s'asseoir sur le divan, plongeant sa tête entre ses deux mains.

- Honnêtement, je ne sais plus quoi faire pour ne serait-ce que vous faire comprendre que vous pouvez avoir confiance en moi. Je ne sais plus quoi dire pour vous faire croire en moi, avoua-t-il sans cacher son désespoir.

- Je sais que vous vous êtes efforcé de faire des efforts ces derniers temps et je vous en suis infiniment reconnaissante, James, vraiment, mais ce que je ressens...Ce doute permanent en moi, je ne peux pas l'ignorer. Certes, j'entends que vous aviez vos raisons et j'essaye sincèrement également de les comprendre, mais vous ne pouvez pas effacer ces cinq années d'un claquement de doigts parce que cela vous arrangerait.

- Je vous trouve un tantinet cruelle avec moi.

- Et je ne doute pas de l'être à vos yeux, mais j'aimerai que pour une fois vous vous mettiez à ma place. J'ai perdue ma mère, j'ai grandis sans avoir la moindre opportunité de me faire des amis car les seules personnes qui m'approchaient devaient avant toutes choses, avoir l'aval du Roi. Mes femmes de chambre, mes plus proches confidentes jusqu'à mon mariage ont été choisis par mon père. Ma dame de compagnie, elle, s'est révélé être l'amante d'une nuit de mon époux et ce dernier a reçu la bénédiction de m'épouser qu'en s'engageant à faire naître un héritier pour le trône. M'a-t-on un jour demandé mon avis ? M'a-t-on un jour consultée sur quoique ce soit ? Même quand je vous ai demandé le divorce en sachant que cela allait me libérer de tout ceci, vous avez refusé. Tout comme vous refusez que je m'en aille en me menaçant de me pourchasser à travers le royaume tout entier. Ne pensez-vous donc pas que je mérite ma liberté ? Que vous ai-je fait à vous ou bien au Roi pour que vous vous pensiez maître de ma vie ? De mes choix ?

Méryl se rendit compte que c'était là sans doute la première fois qu'elle exprimait sincèrement sa pensée. Ce n'était ni un ordre, ni une supplique, ce n'était rien d'autre qu'un triste constat de la réalité dans laquelle elle vivait et dont tout le monde se fichait car personne ne s'était mit un seul instant à sa place. Certes, elle aurait pu passer pour une égoïste, une capricieuse ou pire encore une antipathique vis à vis de James, mais il fallait se rendre compte de l'évidence même : Sa vie n'était qu'un désastre ambulant. Un triste et fade désastre.

- Ne partez pas, supplia James en regardant Méryl.

- Mais je ne peux rester, comprenez-moi. Si je venais à rester au palais, je mourrais. Tout ici est étouffant et je n'y ai jamais vraiment eu ma place. En outre, je ne suis pas une héroïne d'un de ces romans que j'affectionne tout particulièrement : je ne me bats contre la tyrannie, ni contre un mal plus grand que nous tous. Je ne suis pas une guerrière et sur ce point-là, vous aviez raison. A dire vrai, il y a de cela une heure encore, j'aurai été capable je pense de mettre le feu à ces vieilles briques, mais à quoi bon ? Quoique je fasse, quoique je dise, où que j'aille... Je ne serais pas moi. Ma mère l'avait comprit.

- Et que faites-vous de moi ? De nous ?

- Vous êtes l'homme le plus intelligent que je puisse connaître James, je sais que vous vous en sortirez. Vous êtes le Roi dont ce pays a besoin et très honnêtement, vous êtes probablement le pire des maris, mais vous avez été un ami d'exception ces derniers temps et je vous en suis entièrement reconnaissante.

- Ne partez pas, je vous en supplie, Méryl.

- Il le faut. Laissez-moi le faire, c'est mon seul et unique vœu. Je ne vous demanderai rien d'autre que de m'accorder celui-ci. Si vous m'aimez comme vous prétendez le faire, laissez-moi partir.

- Je ne peux m'y résoudre...Je peux vous accorder bien des vœux, tous d'ailleurs, mais pas celui-ci.

- Alors c'est avec tristesse que j'emporterais ce souvenir amer de vous. Sachez toutefois, James, qu'une fois que je me serai trouvée, je reviendrais.

Peut-être que ceci prendrait des mois voir des années, mais Méryl savait que ce n'était pas là le moment de dire ses adieux. Tout ce qui lui fallait c'était sortir la tête de l'eau dans laquelle elle se noyait depuis bien trop longtemps pour enfin respirer et apprendre à nager. Malheureusement, c'était là une entreprise bien solitaire qui l'attendait.

- Quoique je puisse dire ne vous fera pas changer d'avis, n'est-ce pas ? Vous êtes décidée.

- A dire vrai, c'est vous qui m'avez permit d'y voir plus clair et de me décider. J'étais si focalisée sur ma colère et mon aveuglement que je n'ai pas pu voir plus grand. Je n'ai pas su. Aujourd'hui je sais. J'ai la conviction qu'il me faut apprendre de moi-même, grandir et tirer des leçons des erreurs que j'ai pu commettre. Je suis loin d'être parfaite, il est vrai, mais je refuse de m'enfoncer davantage. Un ami m'a dit que j'étais la Princesse de ce royaume et c'est justement en cette qualité que je m'apprête à faire ceci.

- Donc si je n'étais pas venu vous trouver, je n'aurai pas été la cause de tout cela, reprit James.

Méryl s'approchant enfin de lui se mit à sa hauteur avant de l'embrasser sur la joue.

- Vous n'êtes la cause de rien, si ce n'est de mon salut. Grâce à vous, James Catawey, je sais enfin ce que je dois faire et cela faisait bien longtemps que ça ne m'étais pas arrivé. 

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