💕 CHAPITRE 28 💕
Le Prince James fut hanté par cette pensée pendant des heures durant. Sur le coup, il excusa un moment de délire, pensant se tromper, mais malgré toutes ses tentatives pour y échapper, il ne pouvait s'empêcher de se demander si cela ne pouvait pas être vrai ? Jusqu'à présent, il n'avait jamais prêté une oreille attentive à tous les commérages qu'il pouvait entendre à l'intérieur du palais car il y avait bien trop de rumeurs grotesques et de ragots idiots pour y accorder une quelconque importance, mais si parmi tout ceci, il y avait un brin de vérité ?
Mais qui ? Et pour quelles raisons ? Le Roi ne s'était jamais remarié depuis le décès de son épouse, signe qu'aucune autre femme n'avait pu prétendre au trône de la Reine laissé inoccupé depuis, donc cela ne pouvait être une femme éprise de jalousie à son égard. Un domestique ? Dans quel intérêt ? La majorité du personnel ayant servit pendant le règne de cette dernière semblait encore aujourd'hui en garder un bon souvenir. Certains se rappelaient d'une femme juste, d'une Reine douce et surtout d'une mère aimante. La tuer ne servirait alors qu'aucun d'entre eux.
Il avait tant en têtes qu'il ne saurait par où commencer ni comment s'y prendre. En outre rouvrir une enquête, sans l'autorisation du Roi, ne ferait qu'attirer une attention dont il se passerait bien ces derniers temps, étant lui-même sujet à divers rires quand il circulait dans le palais. Il n'avait qu'à remercier sa folle épouse pour cela. Son génie diabolique n'avait de limite que sa propre imagination et James comprit enfin, bien que cela prenait encore son temps, pourquoi tant de gens venaient la trouver.
- Oh. Votre Altesse, je ne savais pas que vous seriez ici, fit la voix de Lola.
La jeune femme entra dans la pièce, prenant grand soin de refermer la porte tandis que le Prince, assis sur un fauteuil, la regarda s'affairer, les bras chargés.
- Qu'est-ce donc que tout cela ?
- La correspondance de Son Altesse. Nous avons fini de trier le plus gros des lettres, mais nous lui laissons tout ce qui est d'ordre privé.
- Je savais qu'elle recevait nombres de lettres, mais toute une boîte ? Remplie ? Pourquoi autant de gens lui écrivent ?
- Parce qu'elle est la Princesse ? Et parce qu'elle est douée dans ce qu'elle fait. Cependant, cette petite boîte ne représente en rien son courrier quotidien. L'autre jour, nous en avions trois, bien plus grosses, remplies à rabord.
Lola pouffa discrètement.
- Lola, dis-moi...Es-tu heureuse en étant au service de Méryl ? Ai-je bien fait de t'emmener jusqu'ici ?
- Voilà une drôle de question, Votre Altesse. Je n'ai pas à me plaindre, ma place est dès plus confortable.
- Ce n'est pas ce que je te demande et tu le sais.
- Dans ce cas, permettez-moi d'être honnête.
Laissant les affaires qu'elle tenait dans ses bras sur le bureau et la commode de la Princesse, Lola s'approcha à pas de velours du Prince, allant jusqu'à se mettre à genoux devant lui.
- J'ai juré de vous servir et de ne servir que vous, James. Peu importe la nature de vos ordres ou de vos requêtes, je me suis toujours pliée à votre volonté parce que ma vie vous appartient et elle vous a toujours appartenu. Ne me demandez donc pas si je suis heureuse en servant une toute autre personne car cela relèverait de la cruauté.
- En servant mon épouse, tu me sers aussi. En t'assurant de son bonheur, tu t'assures de ma tranquillité d'esprit. Ne crois pas avoir été punie, Lola.
- Pourtant, ne le suis-je pas ? Vous me punissez pour une erreur commise il y a de cela six années.
- Malheureusement, tu n'es pas la seule fautive et crois-moi que j'aimerais de tout coeur oublier cette soirée.
- Non !
Lola avait haussé la voix si subitement en se redressant que cela avait provoqué un mouvement de surprise chez James. Elle avait encore ce regard. Toujours le même regard.
- Je ne veux pas oublier ce qu'il s'est passé comme je ne souhaite pas que vous le fassiez non plus !
- C'était une erreur et tu le sais !
- Et alors ? Ne sommes-nous pas autorisés à commettre des erreurs ? Allons-nous être châtiés toute notre vie pour ce que nous avons fait ?
- Lola.
- Je ne regrette en rien ce qu'il s'est passé. Tout ce que je regrette c'est la façon dont cela s'est fait car vous et moi savions...Nous savions...
- Imagines-tu un instant le désastre que cela aurait provoqué ? Comment aurais-je pu regarder Méryl droit dans les yeux à l'autel si cela avait été connu ? Je m'apprêtais à être Prince et je ne pouvais décemment pas avoir d'affaire publique.
- Donc c'est tout ce que je suis pour vous ? Une affaire ? souffla la jeune femme.
- Tu sais bien que non, corrigea le Prince, Si cela avait été le cas, je ne t'aurai pas emmenée avec moi.
- Justement, pourquoi m'avoir emmenée ? Qu'espérez-vous de moi ? Ne vous ai-je pas déjà tout donné ? Je vous ai offert, volontiers, tout ce qu'une femme a de plus sacré et vous, vous me traitez comme un simple bagage. C'est à peine si vous m'offrez ne serait-ce qu'un regard dans les couloirs.
- Parce que je n'ai pas le droit ! Crois-tu que cela soit simple pour moi ? J'ai une grande affection pour toi Lola. Pour ce que nous avons eu, même si cela ne fut que durant un bref instant.
- Vraiment ? Alors qu'éprouvez-vous pour elle, si vous éprouvez de l'affection pour moi ? interrogea Lola en pointant la Princesse du doigt.
Même si il lui expliquait, James resta persuadé que Lola ne comprendrait pas. Il n'y avait pas de relation simple et tout avait toujours été très compliqué quand il s'agissait de Méryl, mais elle était tout ce qu'il espérait. Alors certes, ce n'était peut-être pas simplement de l'affection qu'il ressentait à son égard, peut-être même que c'était plus fort que cela et que ça allait au delà de toutes choses censées, mais il ne lâcherait pas cette main qui venait enfin de se tendre vers lui.
- Méryl est ma femme et j'ai fais la promesse solennelle de l'aimer et de la protéger.
- C'est ce que vous vous dites tous les soirs pour vous rassurer ? Ou plutôt pour vous convaincre ?
- Ne prends pas mon affection pour toi pour un passe-droit, Lola. Attention.
- Et ne prenez pas la mienne pour un acquit, Votre Altesse.
Bien que Romain l'avait à maintes reprises prévenu sur les sentiments que Lola avait développés à son égard, James avait toujours prit ces derniers pour un amour de jeunesse fugace qui finirait, à un moment ou un autre, par disparaître. Après tout, Lola était une jeune femme mignonne et occupant une position dès plus importante au palais, elle aurait forcément fini par s'éprendre d'un jeune noble ou d'un autre homme en travaillant au palais. Mais non. Elle s'était obstinée sur le chemin qu'elle avait emprunté et cela devenait dès plus dangereux car Méryl devait le savoir à présent. Connaissant le caractère de Lola, cette dernière ne s'était jamais cachée de ses sentiments et avait même dû en faire légèrement étalage devant la Princesse.
- Vous savez, la Princesse est courtisée par la grande majorité des sujets masculins de ce royaume et cela ne semble pas la gêner le moins du monde. Pourquoi ne laissez-vous personne vous approcher également ?
- Car il y a une grande différence entre être courtisé et l'accepter.
- Donc vous fermeriez les yeux sur sa tromperie, mais vous ne vous autorisez pas cela ? Ce n'est plus de la noblesse, c'est de la folie.
- Je n'ai pas besoin de ton opinion sur la question. Ce que j'accepte, ce que je fais, ce que je pense, tout cela ne te regarde en rien, Lola.
- Je vois. C'est bien ce que je pensais.
- Ne peux-tu donc pas trouver ton propre bonheur ? Tu es la dame de compagnie et la proche confidente de la future Reine ! Combien de jeunes hommes doivent être à tes pieds ?
- Mais n'avez-vous donc point comprit que je n'en ai que faire de ces hommes-là ? Ce n'est pas eux que je veux.
- Lola...
- C'est vous ! Cela a toujours été vous et cela restera vous !
Prit dans leur échange plus que mouvementé et fort en révélation, ni James, ni Lola n'avaient fait attention à Méryl. Réveillée. Redressée. Les observant. Ils ne le comprirent que bien trop tard tandis que leurs visages se retournèrent vivement vers elle qui les dévisageait.
- Je vous dérange, peut-être ?
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