💕 CHAPITRE 26 💕
Il n'y avait pas de nouvelle qui pouvait plus mal tomber.
Méryl savait qu'un jour ou l'autre, son père finirait par revenir car ce n'était qu'une mission diplomatique et même si celle-ci s'était étalé sur les trois derniers mois, elle ne pouvait nier avoir très largement profiter de ce moment de répits. Trois mois s'était donc écoulé depuis son départ et bien de choses s'étaient passées. Sans doute était-il d'ores et déjà au courant des dernières nouvelles et la Princesse ne pouvait que redouter la rencontre qui l'attendait de l'autre côté de la porte. Elle avait eu à peine le temps de se changer et de se préparer qui la convoquait déjà.
- Entre son Altesse Royale la Princesse Méryl Valentenzia !
Oui, Princesse elle était et Princesse elle demeurait. Cela, malgré tous ses efforts, elle ne l'avait pas oublié.
La salle du trône avait perdue de son charisme avec les années passant : ce qui devait être à l'origine une salle de fête, de réjouissance ou bien de rassemblements ne servait à présent que de lieu de pouvoir où n'était convoqué que les plus importants personnages du royaumes. Le Roi refusait les audiences qui lui étaient réclamées et avait instauré tout un système administratif afin de décourager durant le processus quiconque s'aventurerait à essayer de le voir et cela grâce à la complicité de James qui avait brillé dans sa perfidie et le nombre impressionnants de formulaires et de tampons de validation qu'il fallait récolter. Pourtant, la taille de la pièce n'avait pas changée, elle. Toujours aussi longue, tel un couloir gigantesque emportant l'âme et l'énergie de quiconque y marcherait, pas après pas. Sur la droite était affichés les portraits de tous les rois passés et sur la gauche il n'y avait qu'une succession de baies vitrées donnant sur le coeur de la ville elle-même. Nul besoin donc de sortir pour y voir ce qui se passait plus bas. Certains disaient que le Roi Valentin, vieillissant, avait fini par se terrer dans ses murs tandis que d'autres le savaient encore prêt à régner pendant de longues, très longues années. Mais voilà, la tradition était telle que Méryl âgée de vingt ans et étant fille unique de ce dernier, devait héritée. Il fallait insuffler un souffle nouveau au Royaume, mais cette tradition en enquiquinait plus d'un.
- Je vous salue mon Roi !
Assis au plus profond de son siège, le dos droit, Méryl ne put s'empêcher d'éprouver un léger sentiment d'anxiété vis à vis de son propre père. Il ne l'avait jamais réellement aimée mais il n'avait pas non plus fait de sa vie un calvaire. Sans doute ne savait-il juste pas comment agir et avait préféré laisser la jeune fille qu'elle était aux mains de gens plus compétents telle que la Duchesse Catawey. Hélas, cette expérience fut plus un échec qu'une réussite et Méryl, grandissant dans un environnement froid, s'était entichée de l'idée de quitter ces murs. L'idée grandissait en elle chaque jour un peu plus et devenait plus forte à chacun de ses pas. Dieu seul savait que la Princesse était jeune quand la Reine décéda, mais Méryl savait au plus profond de son coeur que celle-ci n'avait jamais été heureuse ici. Sinon, pourquoi lui dire de fuir ?
- Il me semble t'avoir ordonné quelque chose avant mon départ, lui lança-t-il en la défiant du regard, Pourquoi t'obstinues-tu encore à ton âge à me défier ?
- Je ne vois pas de quoi vous voulez parlez ô mon Roi, feinta Méryl, Je me suis pliée le plus conformément possible à vos exigences.
- Ne joue pas l'idiote plus que tu ne l'es déjà. Ta petite entreprise devait cesser !
- Vraiment ? Je n'ai guère souvenir d'un tel ordre.
D'aussi loin qu'elle puisse se souvenir, jamais son père ne s'était inquiété de son état de santé. De ses états d'âmes. D'elle, tout simplement. Ils ne se voyaient que pour des formalités ou parce qu'il attendait d'elle, un comportement exemplaire et irréprochable lors de la venue de hauts dignitaires ou de personnes importantes du Royaume. Il ne la félicitait jamais. Ne la questionnait jamais. Ne la regardait jamais. En fait, c'était cette distance et cette sensation d'avoir en face de soi un constant inconnu, qui poussa Méryl vers le choix de la rébellion. De la confrontation. Certes, elle n'était qu'une petite fille désireuse d'avoir au moins une personne autour d'elle capable de l'aimer, mais même en grandissant, la Princesse ne trouva aucune personne capable de cela.
Pas même dans la personne de son époux.
Il lui fallut quelques temps pour comprendre pourquoi le Roi avait-il choisit un tout jeune Duc âgé de quinze années pour enchaîner les poignets de sa fille avec un mariage, mais elle comprit quand elle rencontra James. Ils se ressemblaient tant. C'était tel qu'elle aurait presque cru, pendant un court instant, qu'il s'agissait là de son frère caché. D'ailleurs, elle ne serait même pas étonnée d'avoir un frère ou bien même une sœur quelque part dans le Royaume car le Roi n'éprouvait pour la Reine qu'un désir charnel. Il ne la voyait que pour concevoir un héritier et quand cela fut chose faite... Il s'en désintéressa.
- Pourquoi n'es-tu que déception et désespoir pour moi ? Pourquoi, pour une fois dans ta vie, ne peux-tu pas être la Princesse que j'attends de toi que tu sois ?
- Vous me voyez grandement peinée d'apprendre que je vous cause autant de mal, ô mon Roi. Cependant, vous ne pouvez demander à une rivière de cesser son court comme vous ne pouvez me demander de cesser de faire ce que j'aime, et ce, dans quoi j'excelle. Cela est impossible.
- Donc être la risée du Royaume est pour toi une passion ? Ma pauvre enfant. Tu es plus perdue que ce que je ne pensais. Béatrice m'avait avertie à ton sujet dans ses lettres, mais je ne pensais pas que ton état était aussi grave.
- Mon état ? releva Méryl piquée à vif, Veuillez préciser ce que vous entendez par cela car s'il vous faut croire les mots d'une vieille femme n'ayant que rancœur pour moi, je dois bien admettre que votre point de vue est par conséquent biaisé.
- La Duchesse était ta tutrice et jamais elle ne s'est trompée à ton sujet ! Tu ressembles tant à ta mère que cela me désole, tu n'imagines pas.
- Oh si, croyez-moi, je l'imagine parfaitement. Mais cela me rassure que de savoir que je tiens plus d'elle que je ne tiens de vous pour être honnête. Sans doute même devrais-je redoubler d'effort pour lui ressembler en tout point et peut-être alors vous vous lasserez de moi comme vous vous êtes lassé d'elle, sortit la Princesse dans toute sa véhémence.
- Je t'interdis de me parler sur ce ton, je suis ton Roi !
- Vous êtes mon père ! s'étrangla-t-elle en tapant du pied.
Là encore, jamais il n'y avait une discussion qui ne fut pas houleuse. Méryl savait qu'elle n'avait d'intérêt pour son père que parce qu'elle était sa première née, mais aussi son unique enfant et que si cela n'avait pas été les Catawey, il l'aurait probablement mariée à un autre fils d'une famille influente. Pire encore, il aurait très bien pu la marier à un souverain d'un pays voisin. Elle se voyait déjà avec un mari ayant trois ou quatre fois son âge.
James était probablement le moins pire des choix qu'elle aurait pu avoir, si tenté que le mot «choix» s'appliquait dans sa situation.
- Dans trois jours, il y aura une grande soirée donnée en l'honneur du nouveau traité de paix que j'ai fais signé. Tu y participeras et tu feras en sorte que pendant un temps, l'ensemble du Royaume oublie ton côté de débauchée. Je veux que tu agisses enfin en future Reine pour l'amour de dieu ! Ceci est ta dernière chance avant que je ne prenne de réelles mesures contre toi Méryl, l'avertit-il.
Le Roi partit aussitôt après lui avoir transmit cette information tandis que Méryl resta plantée dans la salle du trône.
«Débauchée». Cela la fit sourire. Elle ignorait ce que son père avait pu entendre d'elle, ni même quel outrageux personnage avait bien pu déformer et amplifier n'importe quelle rumeur à son sujet, mais s'il désirait ne plus voir ce qu'elle était réellement alors...
Cette soirée serait même un prétexte parfait ! Si Méryl venait à choquer le royaume et toute sa noblesse jusque dans ses profondeurs, son père serait alors contraint de la retirer du trône avant même qu'elle ne l'est atteint et il n'y avait à ce jour, pas de plan plus amusant que celui-ci. Oh qu'elle en avait des idées foisonnant subitement dans son esprit agité ! Si les simples rumeurs la concernant suffisait à choquer les plus étriqués d'esprit, alors elle doublerait ses efforts pour toucher le plus grand nombre et faire de cette soirée, un souvenir inoubliable pour l'ensemble de la royauté.
Retournant dans sa chambre à pas de course, Méryl entreprit de sortir aussi bien tous les catalogues de mode de saison que toutes ses robes ainsi que tous ses bijoux. Elle savait que la plus grosse partie de son plan reposerait alors sur sa tenue, mais elle ne savait pas encore laquelle porter ce soir-là. Élégant mais pas trop ? Féminin assurément. Provoquant très certainement. Ah, oui. Il lui fallait définitivement quelque chose de transparent car à ce jour il n'y avait rien de plus choquant que d'apercevoir les chevilles d'une jeune fille.
- Pas celle-ci, ni celle-là. Hmmm, non je n'aime pas la couleur. Trop sombre ! Beaucoup trop fleuris. Celle-ci pourrait convenir mais sa coupe est passée de mode. Nous voulons choquer, pas nous ridiculiser, marmonna-t-elle dans sa barbe.
Enfin de compte, après y avoir passé plus de quatre heures, Méryl trouva. L'objet du délit n'attendait plus que d'être porté.
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