Chapitre XII - En quête de vérités - Partie 2


— J'étais sûr que votre père vous avait appris cette méthode de communication que nous avions adoptée dans la communauté des dix.

Ly sourit :

— Il me l'a enseigné et aussi expliqué que c'était votre façon de correspondre entre chasseurs de dragons. C'est discret et très efficace ! Mon père a toujours un petit miroir sur lui.

— Je pense que c'est une vieille manie que nous avons en commun, admit Théodoros en rigolant.

Pendant que le roi Kårde et Ly Zong discutaient, Martov, Aquila et Hérodias se rapprochèrent du grand condor. Jamais, ils n'avaient vu un tel oiseau de leur vie. Ceux-ci, fort intrigués, observèrent cette créature fantastique qui semblait docile.

— C'est une impressionnante bête, s'exclama Hérodias qui scruta le rapace sous tous les angles.

— Oh oui ! souffla Martov. Ce monstre nous a bien fait peur. Seul, le roi était vraiment à l'aise devant lui.

— J'ai été impressionné par son sang-froid, admit Hérodias.

— N'oubliez pas mes amis que notre souverain fut dans sa jeunesse dans la communauté des dix et a volé avec les Arguanaunes, rappela Aquila. Ce n'est pas ce genre d'animal qui va l'intimider.

— C'est vrai qu'il a participé à la guerre des dragons contre les hommes ! Quel formidable guerrier. On n'arrive même pas à sa cheville, avoua Martov en regardant Théodoros avec fierté.

Hérodias, curieux, examina l'attelage et fit remarquer aux autres un surprenant objet.

— Quelle-est cette étrange machine qui se trouve attachée à l'arrière ?

Les chevaliers tournèrent autour de l'imposant engin du prince Zong, puis l'examinèrent de plus près.

Celui-ci était fait de bois et de métal, équipé d'ailerons sur les flancs. Le devant du véhicule volant était doté d'un petit siège et de tout un système de lanières servant à diriger l'oiseau. Quant à l'arrière, il était destiné au transport des marchandises et contenait dans des caisses une multitude d'objets.

Les investigateurs s'attardèrent sur l'insolite objet scellé au bout de l'attelage.

— À quoi cela peut-il servir ? se demanda Martov.

C'était un petit fût cylindrique en acier avec un robinet, auquel était rattaché un fin tuyau qui se raccordait à une baudruche en cuir solidement sanglée.

— Cela ressemble étrangement au système du bateau du prince Rovérez qui lui permettait de voler, constata Aquila la mine perplexe.

— Vous avez raison ! coupa Ly en venant vers les chevaliers. C'est le même principe mais miniaturisé.

— Veuillez éclairer nos lumières ! exigea le roi Kårde qui accompagnait le prince Zong.

Intrigué, Théodoros interrogea Cirrus.

— Possédez -vous de la poudre de dragon ?

— Oui ! On s'est rendu compte qu'un tonneau de poudre avait été oublié après le départ de ce cher Rodrigue, expliqua Ly. L'idée de réduire son invention et d'utiliser cette substance en ayant compris le fonctionnement de son concept fut très simple.

— Malin et subtil ! reconnut le roi qui regarda avec attention l'engin.

Le prince Zong raconta les péripéties de Rodrigue Rovérez, ainsi que les longues réparations de sa caravelle volante à son palais puis exposa le fonctionnement de son système durant de longues minutes.

— Vous en avez fabriqué combien ? questionna Théodoros.

— C'est l'unique prototype, dit Ly. Je l'ai nommé le Condo char.

Le roi lâcha un petit rire.

— Mon père était désireux que je vous le fasse découvrir le plus vite possible.

— Tiens donc !

— D'ailleurs... J'ai eu aussi pour consigne de vous remettre en main propre deux parchemins, avisa le prince Zong qui remit les lettres cachetées au souverain d'Isgard.

— Je vais tout de suite les lire, annonça Théodoros sur un ton solennel.

Le roi Kårde demanda à la milice de reprendre ses activités ordinaires puis il s'en alla dans un coin plus calme, tandis que les cinq chevaliers écoutèrent avec admiration tous les exploits de cirrus et les explications sur les condors argentés.

Théodoros s'installa sur un banc, à l'ombre d'un grand chêne, puis ouvrit la première missive qui était la copie conforme de la réponse déjà amenée par le faucon Ka Lan. Le roi ne fut pas surpris, car il connaissait bien son ami Thion Zong qui était d'une nature anxieuse, et ce dernier avait surement jugé préférable de refaire un double du courrier par sécurité.

Théodoros survola la première lettre et la plia en deux pour la mettre dans une de ses poches, puis s'empressa de lire le deuxième parchemin. Il était soucieux et se demandait ce que pouvait être la teneur du message de son ancien frère d'arme.


Mon cher frère Théodoros,

Je prends à nouveau ma plume pour répondre à tes inquiétudes. Je me suis permis de refaire un double de mon premier courrier que je t'avais fait parvenir au cas où tu ne l'aurais pas reçu, car n'ayant pas de réponses aux missives envoyées à Sorguai ou les autres membres de la communauté des dix, je commence à m'inquiéter fortement. N'étant pas sûr que mes messages soient parvenus à leurs destinataires, j'ai décidé d'envoyer mon fils en personne les transmettre. Je suis conscient que son périple peut être dangereux, mais c'est la solution la plus fiable que j'ai pu trouver. J'ai une entière confiance en ses capacités. Sa mission est donc de te remettre cette lettre en priorité, puis de suivre tes consignes. Il n'a pas connaissance de l'identité de nos frères d'arme, donc à toi de l'envoyer vers sa prochaine destination avec ton propre message, en espérant que le prochain membre de la communauté ne brise pas cette chaine d'informations et fasse de même.

Mon fils a pu se procurer de la poudre de dragon puis reproduire l'invention du fils de Sorguai. Il a ainsi créé un nouveau moyen de transport aérien plus petit que celui de Rodrigue, mais extrêmement bien plus rapide.

Je te laisse l'étudier, mais saches que bientôt d'autres constructions du même type seront réalisées. J'ai l'impression que dans le fond, notre frère Sorguai voulait nous donner l'occasion de construire à notre tour des machines volantes.

Néanmoins, pourquoi ?

Cela reste un mystère. Je me prépare donc à aller le voir, en espérant découvrir quel plan il a en tête. Il reste beaucoup de questions en suspens et il faut vite les élucider, car si les Arguannoirs apprennent l'existence de l'invention du prince Rodrigue ou la captivité d'un dragon à Antorin, je crains hélas qu'une nouvelle guerre contre ces monstrueuses créatures puisse à nouveau avoir lieu.

Je te laisse, mon frère, transmettre ton message à qui tu le souhaites dans la communauté des dix. Tu connais mes intentions et mes angoisses, à présent.

Pensées respectueuses.

Thion Zong.


Théodoros se redressa, dérouté, la main tremblante. Il n'avait pas pensé, en effet, que la nouvelle d'une énorme caravelle volante puisse parvenir au territoire d'Arguan.

— C'est impossible ! pensa-t-il à haute voix.

Mais peut-être que son vieil ami avait raison de s'inquiéter de cette situation.

Si les Arguannoirs découvraient que les hommes utilisaient pour leur compte de la poudre de dragon, ils seraient certainement en colère.

Le roi Kårde n'osa même pas imaginer comment pourrait être la réaction des cracheurs de feu, s'ils savaient qu'un dragon était prisonnier de Sorguai. Le souverain d'Antorin était leur pire ennemi, ainsi que les membres de la communauté des dix. Thion Zong avait raison de vouloir prévenir tous ses frères d'armes de cette éventuelle menace.

Théodoros rangea la lettre dans sa poche, puis retourna auprès du groupe qui rigolait et sympathisait.

— Cirrus ! Je vais vous donner un ordre de mission, lança le roi avec fermeté.

— Il n'y aucun souci ! Je suis à votre service mon Altesse, répondit le jeune homme en bombant le torse.

Théodoros toisa les chevaliers un court instant :

— Martov et Andréas ! Préparez vos paquetages parce que vous allez accompagner Ly Zong.

— À vos ordres ! crièrent les deux chevaliers qui s'exécutèrent sur le champ et quittèrent tout de suite leurs compagnons.

— Veillez me suivre dans mon bureau, dit Théodoros à Cirrus. Je vais vous expliquer ce que j'attends de vous.

Le prince d'Halfort acquiesça, sans dire un mot, puis pénétra dans le palais. Ordos, Aquila et Hérodias se demandèrent pourquoi leur souverain semblait si soudainement irrité, et surveillèrent le condor géant qui commençait à s'agiter. L'immense oiseau sentait un orage venir.

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