Chapitre 6

J'ai été réveillée par des coups frappés à ma porte. Une chose était certaine, ce n'était pas Sophie qui cognait de la sorte.

– Entrez, ai-je lancé en me redressant dans mon lit.

Marc est entré puis s'est incliné.

– Bonjour Votre Altesse. J'ai été envoyé vous prévenir que le petit-déjeuner aura lieu dans une demi-heure. Votre dame de chambre devrait arriver d'une minute à l'autre.

Il est reparti aussi sec, sans oublier de s'incliner avant de passer la porte.

Je me suis levée péniblement tout en soupirant. Je n'avais pas envie d'aller prendre le petit-déjeuner, j'étais fatiguée. Je n'avais pas beaucoup dormi, comme la veille. En même temps, en rentrant à deux heures, comment aurais-je pu ?

– Bonjour Princesse, a alors fait la voix de Sophie, me faisant sursauter.

Je ne l'avais pas entendue entrer.

– Bonjour Sophie.

Je me suis dirigée vers ma penderie et j'en ai sorti une robe dans les tons de rose pâle et violet, que j'ai tendue à ma femme de chambre. Elle l'a posée sur son bras et a sorti les chaussures, gants et sac assortis. Puis nous sommes allées dans la salle de bain, où elle m'a aidée à m'habiller. Enfin, nous sommes revenus dans la chambre et je me suis assise sur la chaise devant ma coiffeuse.

– Vous avez les cheveux très emmêlés, a fait remarquer Sophie en souriant. Avez-vous beaucoup gesticulé cette nuit ?

Je me suis retenue de rire. Si j'avais beaucoup gesticulé ? J'avais fait du vélo dans les rues de la ville, les cheveux au vent, évidemment que j'avais des nœuds maintenant ! Je n'avais même pas pensé à me démêler les cheveux avant de me coucher, en plus.

– Je ne sais pas, sûrement, ai-je répondu en camouflant mon sourire coupable par une petite toux.

Une fois mes cheveux démêlés, elle m'a fait signe que je pouvais me lever.

– Bien. Votre père vous attend dans la salle à manger en compagnie de vos invités.

J'ai soupiré. Nos invités... Je n'avais aucune envie de voir Philippe, ses parents et sa sœur, même si cette dernière avait l'air mignonne.

– Bien, j'y vais. Merci.

Sophie s'est inclinée avant de sortir dans le couloir, où je l'ai suivie. Cependant, tandis qu'elle partait vers l'aile des domestiques, je suis partie de l'autre côté, en direction de la salle à manger.

Quand je suis entrée, ils étaient déjà tous là. Au bout de la table, mon père était assis dans la plus grande chaise, tel le digne roi qu'il était. À sa droite, le roi Stéphane, ainsi que son fils Philippe. En face, à la gauche de mon père, Anne-Marie était assise, ainsi que la petite Louise. Il restait une autre place où le couvert avait été mis, juste à côté de la princesse. J'ai supposé que c'était ma place, et je m'y suis assise après avoir fait une révérence gracieuse pour saluer les personnes présentes.

Un domestique dont je ne connaissais pas le nom nous a servis, déposant dans chaque assiette des toasts et des œufs brouillés. Même si je n'avais pas très faim, l'appétit coupé par la présence de mon futur mari et de sa famille, je me suis forcée à manger. Je devais prendre des forces, surtout que j'étais déjà assez faible à cause du manque de sommeil.

Une fois le petit déjeuner terminé, mon père a proposé que Philippe et moi allions discuter un peu dans les jardins. Encore. Comment dire que je n'en avais pas très envie, mais j'ai obéi sans rechigner. La perspective de revoir Erwan et les autres la nuit me permettait de tenir sans craquer.

– Est-ce que vous allez bien ?, a demandé Philippe tandis que nous marchions vers le jardin le plus proche.

J'ai froncé les sourcils et j'ai tourné mon regard vers lui.

– Excusez-moi ?

Il a souri.

– Hier, vous me sembliez un peu fatiguée. Je demande donc si vous vous sentez mieux aujourd'hui.

J'ai soupiré. J'étais encore fatiguée, c'était vrai, mais d'un autre côté, comment pourrait-il en être autrement ? Je ne dormais quasiment plus la nuit pour pouvoir m'enfuir en ville.

– Eh bien, étant donné que je dors toujours aussi mal, je ne suis pas forcément au meilleur de ma forme, mais ça peut aller.

Je n'avais pas envie de m'étendre sur le sujet, je n'avais pas envie de lui parler. Aussi, dès que j'ai aperçu le banc en marbre blanc, je me suis assise dessus pour couper court à la conversation, tandis que Philippe enchaînait sur je-ne-sais-quoi concernant sa vie. Pour être honnête, je ne voyais aucune raison de l'écouter.

Le temps filait lentement, trop lentement. Nous sommes restés deux heures assis sur le banc, Philippe toujours en train de parler de choses que j'écoutais à peine. Deux heures qui m'en ont semblé vingt. Heureusement pour moi, l'heure de la délivrance a sonné quand une domestique est venue nous chercher pour nous dire que le déjeuner allait être servi.


L'après-midi, pour mon plus gros bonheur comme mon plus gros malheur, j'avais des essayages à faire : ceux de ma robe de mariée. Alors oui, j'étais très heureuse de ne pas avoir à supporter mon futur époux, même s'il n'était pas méchant. Mais d'un autre côté, les essayages de la robe de mariée me rappelaient que dans une semaine tout au plus, je serais mariée avec un presque inconnu.

– Et voilà votre robe, Votre Altesse, a fait la voix de la couturière, me tirant de ma rêverie.

J'ai sursauté avant de tourner les yeux vers la robe blanche que me montrait la jeune femme.

– Si vous voulez bien, nous allons l'essayer.

Qui était ce nous ? À ce que je sache, j'étais seule à essayer la robe, non ? Elle n'allait pas l'essayer elle-aussi ?

– Bien sûr, ai-je soupiré.

D'accord, essayer une robe était une activité à laquelle je me pliais bien volontiers. Encore plus une robe de mariée, moi qui rêvais de me marier depuis mon plus jeune âge. Mais mon rêve était de me marier avec quelqu'un que j'aime et qui m'aime en retour, pas avec Philippe-le-prince-charmant, choisi par mon père parce qu'il est le meilleur parti – et il était clair que ce n'était que pour ça que je devais épouser Philippe. Il aurait tout aussi bien pu s'agir de quelqu'un d'autre, noble ou prince voisin.

La couturière m'a aidé à enfiler la robe avant de me placer face à un grand miroir en pied. J'ai observé mon reflet et je suis restée bouche bée.

J'avais l'habitude des grandes robes de princesse, j'en portais tous les jours. J'avais l'habitude des jupons de tulle, des bustiers en cœur, des traînes et de tout le tralala. Mais je n'étais absolument pas prête à voir ce que j'ai vu.

Ma robe était d'un blanc nacré clair et pur, composée d'un bustier en cœur retenu par deux bretelles en dentelle et d'un énorme jupon de tulle blanc nacré parsemé de paillettes argentées. Le bustier était brodé de milliers de petites perles argentées et nacrées qui reflétaient la lumière en suivant la forme des motifs, tandis que le jupon semblait scintiller. La traîne était longue d'au moins trois mètres, d'un blanc transparent léger et magnifique.

– Votre Altesse, vous êtes ravissante !, s'est exclamée la femme en portant ses mains à sa bouche.

Quant à moi, j'ai été incapable de répondre. Jamais une robe n'avait eu l'air autant faite pour moi, jamais une robe ne m'avait fait un tel effet. Elle était tout simplement parfaite, mettant en valeur le peu de sein que j'avais et ma taille marquée. C'était presque à me donner l'envie d'épouser Philippe juste pour la robe. Presque.

– Attendez, je vais vous faire essayer les accessoires qui vont avec !

Elle s'est dirigée vers une petite commode un peu plus loin avant de revenir avec une paire de gants blancs en soie et une paire d'escarpins du même blanc.

– Tenez !

J'ai enfilé les gants et les chaussures tandis que retentissaient quelques coups à la porte. Sophie est alors entrée, tenant dans ses mains le matériel de coiffure et un long morceau de voile plié.

– Princesse !, s'est-elle alors écriée, les larmes lui montant aux yeux. Vous êtes splendide !

– Merci, Sophie, ai-je répondu en souriant légèrement.

Elle a tamponné ses yeux avec son tablier avant de s'installer derrière moi et de commencer à me coiffer. En vingt minutes, elle avait réussi à réaliser un prodige : mes cheveux étaient relevés en un chignon compliqué d'où sortaient quelques mèches qu'elle avait bouclé.

– Et maintenant, la touche finale !, a dit la couturière en tendant le voile à Sophie.

Celle-ci s'est occupée de me l'accrocher sur le dessus du crâne, posant également un diadème argenté par-dessus. Puis j'ai enfin eu le droit d'aller voir le rendu final, et je suis restée sans voix. C'était parfait, trop parfait. Tellement parfait que j'en avais la tête qui tournait, et je me serais certainement écroulée si les deux domestiques ne m'avaient pas retenue.

– Vous êtes parfaite, Votre Altesse !, a fait la couturière en souriant tandis que Sophie continuait à s'éponger les yeux. Tout le royaume va vous admirer !

– Vous avez fait du bon travail, Agnès, a alors déclaré Sophie en enlevant le voile et le diadème de mes cheveux. La robe lui va à merveille, vous vous êtes débrouillée comme un chef !

– Attendez donc que son mari la voit, gloussa la dénommée Agnès avant de se tourner vers moi. Bien, nous avons fini les essayages. Je vais vous aider à vous rhabiller.

En effet, une heure plus tard, j'étais de retour dans ma chambre, des étoiles plein les yeux, mais la boule au ventre. Et, quand je suis descendue dîner, je n'avais plus qu'une idée en tête : remonter dans ma chambre, prendre un bain, et repartir en ville pour voir Erwan. Étonnement, les essayages de l'après-midi m'avaient fait penser à lui et je brûlais de le revoir. 


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Salut ! Je vais recommencer à poster plus souvent, genre tous les jours (peut-être même plusieurs fois par jour), parce que j'ai quasiment terminé cette histoire. Pour le moment, j'ai écrit 11 chapitres, et je compte bien terminer les autres d'ici la fin du weekend au max. 

J'espère donc que ce nouveau chapitre vous plaira ! 💖

Axelle 

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