Chapitre 5

Le dîner s'était passé sans problèmes, un groupe de musiciens installés pour nous divertir. Puis nous étions chacun partis dans nos chambres respectives, et depuis, j'étais assise devant ma coiffeuse, Sophie en train de brosser mes cheveux.

– Le prince a l'air charmant, a-t-elle dit en souriant. Et il a l'air bien commode.

J'ai soupiré.

– Je suppose, ai-je répondu en haussant les épaules.

Jetant un coup d'oeil au miroir, je me suis aperçue, dans ma chemise de nuit royale, les cheveux lâchés et propres.

Comme Sophie allait sortir, je l'ai retenue.

– Une seconde ! Peux-tu demander à ce qu'on ne me dérange pas jusqu'au lever demain matin ? Je n'ai pas très bien dormi cette nuit, je voudrais me reposer.

– Bien sûr, Princesse. Avez-vous besoin de quoi que ce soit ? Un autre oreiller, une autre couette ?

J'ai secoué la tête. S'il elle savait pourquoi j'avais si peu dormi, qu'aurait-elle dit !

– Non, ça ira, merci.

– Bonne nuit, Votre Altesse.

– Bonne nuit Sophie.

Elle est enfin sortie en fermant la porte derrière elle, et aussitôt, je me suis précipitée vers ma penderie. J'en ai sorti le jean de la veille ainsi qu'un t-shirt pourpre et ma paire de baskets. Je suis allée dans la salle de bain pour me changer, puis j'ai récupéré ma corde de tissus que j'avais cachée sous le lit. Je l'ai jetée par la fenêtre en ayant pris soin de vérifier que personne ne me voyait. Puis je suis sortie dans les jardins et je suis partie en courant vers les cuisines.

Malheureusement pour moi, je suis tombée à nouveau sur l'apprenti cuisinier, qui m'a regardée d'un œil mauvais en me voyant traverser la cuisine à grands pas.

– Tu es encore là !, s'est-il écrié, me faisant sursauter.

– Toi-aussi !, ai-je répliqué avec froideur.

Il a hoché la tête.

– Je travaille ici. Par contre, toi, tu m'as l'air d'être une voleuse ! Ça fait deux fois que je te trouve ici, et ne me dis pas que tu t'es encore trompée !

Il s'est tourné vers la porte d'entrée de la cuisine, qui donnait l'accès sur les couloirs du château, et il a mis ses mains en porte-voix avant de commencer à crier :

– Au voleur ! Au...

Je lui ai plaqué mes mains sur la bouche et il a écarquillé les yeux.

– Mais ça va pas ! Tu vas me faire repérer, imbécile !

Ses yeux lançaient des éclairs mais je n'y ai pas prêté la moindre attention.

– Est-ce que tu sais au moins qui je suis ? Je pourrais te faire jeter aux cachots en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire ! Alors arrête de crier, idiot !

J'ai relevé mes mains et comme il ne criait plus, je me suis reculée.

– T'es qui pour me parler comme ça ?, a-t-il grogné en se massant les joues.

J'ai redressé les épaules avant de répondre avec mon air le plus hautain :

– Je suis la princesse, sombre crétin !

Il a aussitôt éclaté de rire.

– Toi, la princesse ? Fais-moi rire ! La princesse ne peut pas sortir du château, encore moins habillée de la sorte !

– Je le sais bien, ai-je dit avec véhémence. C'est un déguisement.

Il a secoué la tête en riant.

– Désolé mais je ne te crois pas.

J'ai soupiré longuement tout en réfléchissant. Comment pourrais-je faire comprendre à cet imbécile que j'étais bel et bien la princesse ?

– D'accord..., ai-je marmonné, plus pour moi-même que pour le garçon. Je suis la princesse Princesse Claire Juliette Charlotte Sofia, première du nom, héritière légitime du trône et du royaume de Charles Auguste Robert André François, premier du nom, le roi actuel. Ma mère est Claire Elizabeth Maria Agnès Theresa, troisième du nom. Elle est morte il y a quatorze ans, des suites d'un accouchement trop difficile, accouchement dans lequel j'ai aussi perdu mon frère James Charles Louis Philippe Nicolas, premier du nom. Je vais me marier dans une semaine avec le prince Philippe Stéphane Alexander Georges Louis, second du nom.

J'ai repris mon souffle un grand coup tout en observant le garçon. Il avait blêmi au fur et à mesure que je parlais et me regardais maintenant d'un drôle d'air.

– Votre Altesse, a-t-il bafouillé maladroitement avant de s'incliner. Je suis vraiment navré, si j'avais su je...

– C'est bon, l'ai-je coupé. Couvre-moi quand je sors la nuit et je ne dirai à personne que tu m'as manqué de respect.

Il a hoché la tête, un peu précipitamment mais ça ne faisait rien. Je l'avais un peu secoué, il s'en remettrait.

– Bien. Ne me fais pas défaut où tu le regretteras, ai-je cependant menacé alors qu'il me regardait sortir par la porte.

Il a hoché une nouvelle fois la tête et j'ai refermé la porte derrière moi. Là, j'ai entendu un bruit et j'ai sursauté vivement en me trouvant nez-à-nez avant une personne plutôt grande et robuste. Je ne voyais pas son visage.

– Elsa !

J'ai soupiré de soulagement. Ce n'était qu'Erwan, qui s'est précipité vers moi.

– Je commençais à me demander si tu allais venir !

Il s'est approché de moi et a planté deux bises sur mes joues tandis que je rougissais. Heureusement pour moi, il faisait noir. Je n'avais pas l'habitude de telles démonstrations d'affection, même si elles semblaient tout à fait normales ici.

– Bien sûr que j'allais venir. Je suis enfermée toute la journée, je ne louperais cette sortie pour rien au monde.

Il a souri et m'a tendu sa main.

– Tu viens ? Les autres nous attendent sur la place de l'église ! On a pris nos vélos pour faire le tour du quartier, tu verras, c'est drôle ! En plus, j'ai réussi à emprunter celui de ma sœur, comme ça tu en auras un aussi !

Je me suis sentie rougir, heureusement il faisait noir. Je ne savais pas faire de vélo. Je n'en avais jamais fait, une princesse ne devait pas faire de vélo. Mais je ne pouvais pas le lui dire, si ?

Nous avons marché jusqu'à la place de l'église, où Lou, Sabrina, Jim et Jacob nous attendaient, assis sur un banc. Quand ils nous ont aperçus, ils se sont levés, et les filles se sont jetées sur moi pour me serrer dans leurs bras, d'abord Lou, puis Sabrina. Enfin, Jim et Jacob se sont avancés pour me coller deux bises sur les joues, comme l'avait fait Erwan juste avant.

– Alors, prête ?, a demandé ce dernier en enfourchant son vélo.

Le reste de la troupe avait fait de même, et j'ai observé le vélo de la sœur d'Erwan d'un œil inquiet.

– Euh... je... c'est que... euh...

Je me sentais rougir un peu plus à chacun des mots que je prononçais. Lou a semblé comprendre la première puisqu'elle a froncé les sourcils et a lancé :

– Tu ne sais pas faire du vélo ?

J'ai hoché tristement la tête, persuadée qu'ils allaient rire et se moquer de moi. Mais ils n'ont pas bronché, seul Erwan est descendu de selle en s'exclamant :

– Mais pourquoi tu ne l'as pas dit ?

Il s'est tourné vers ses amis et leur a souri.

– C'est bon, allez-y, on vous rejoindra. J'ai des leçons à donner !

Ils n'ont pas protesté, ils ont souri d'un air entendu, se sont regardés d'un air complices, puis ils sont partis à vive allure vers la rue la plus proche. Quant à Erwan, il s'est tourné vers moi.

– Fallait le dire, tu sais.

J'ai souri et répondu :

– Je sais, mais...

Il m'a coupée en riant :

– Tu n'avais pas de vélo au château ?

Non, les princesses n'avaient pas le droit d'avoir un vélo, ou tout autre objet qui ne convenait pas aux activités d'une princesse. Sauf qu'il n'était pas censé savoir que j'étais une princesse, donc je devais trouver quelque chose à dire pour justifier mon absence d'apprentissage du vélo.

– Non. Je passe mon temps dans les cuisines depuis que je suis toute petite, je n'ai pas le temps ni l'argent pour avoir un vélo.

Erwan a hoché la tête et a saisi mon vélo tandis que je me félicitais mentalement pour ce nouveau mensonge. 

– Bien. Alors, en premier, tu montes sur le vélo. Je pense que tu devrais y arriver.

Je me suis exécutée, passant une jambe par-dessus la selle, et je me suis retrouvée à califourchon sur mon vélo, plutôt fière de moi. Décidément, je faisais plein de choses dont je rêvais ces temps-ci.

– Voilà. Maintenant, essaie de lever les pieds pour prendre ton équilibre.

J'ai levé un pied. Facile. Puis j'ai levé le deuxième, et j'aurais chaviré de façon tout à fait disgracieuse si Erwan n'avait pas attrapé mon vélo.

– Vas-y, entraîne-toi.

Il tenait à peine mon vélo pendant que je levais un pied après l'autre, puis les deux en même temps. Au bout d'une heure, je pédalais correctement et j'étais capable de le suivre, aussi nous sommes partis rejoindre les autres.

– Tu sais où ils sont ?

Erwan a hoché la tête.

– Bien sûr. On fait toujours le même parcours quand on est à vélo, ils doivent se trouver aux alentours de la rue Claire de MontMarte.

J'ai eu un coup au cœur en entendant le nom de jeune fille de ma mère.

– Est-ce que ça va ?, a demandé Erwan en attrapant le cadre de mon vélo. Tu es tout pâle...

– Euh... oui, désolée... On y va ?

Il a semblé remarquer que ça n'allait pas vraiment, mais il n'a pas relevé et a enfourché son vélo.

– C'est parti !

Nous avons pédalé pendant une dizaine de minutes, jusqu'à ce qu'on tombe sur Lou, Sabrina et les garçons. Ils avaient garé leur vélo contre un mur, et Lou et Jim étaient debout les bras croisés tandis que Sabrina et Jacob étaient collés l'un à l'autre contre un mur, en train d'échanger un baiser passionné.

– Eh ben c'est pas trop tôt, a fait Jim d'un ton de reproche quand il nous a vus arriver. Je commençais à en avoir marre de tenir la chandelle.

Lou a souri.

– Ça va,laisse-les. C'est vrai que c'est dégoûtant, mais tu feras pareil quand t'auras une copine. Enfin... pour ça faudrait qu'une fille veuille bien de toi !

– Ah ah, très drôle Lou !, a fait Jim en lui tirant la langue.

Erwan s'est tourné vers les deux amoureux qui étaient toujours collés l'un à l'autre.

– Depuis le temps qu'on attend tous ça !

Il m'a lancé un regard en coin et a souri.

– En tout cas, je suis fier de vous dire qu'Elsa a bien appris à faire du vélo.

On a tous éclaté de rire. Ça faisait du bien.


Plus tard dans la soirée, vers deux heures, comme la veille, je suis rentrée au château.

Une fois allongée dans mon lit, j'ai fermé les yeux et j'ai souri. La perspective de revoir mes nouveaux amis le lendemain arrivait même à me faire oublier mon mariage très prochain.


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Hey ! Désolée, je sais que je n'ai pas posté depuis presque une semaine, mais j'étais plus qu'occupée (je suis allée fêter halloween chez un pote avec ma team, donc ça nécessitait de la préparation, et qui dit préparation dit temps, et puis après j'ai essayé d'écrire un peu mais je n'avais pas énormément d'inspiration, surtout que je devais également continuer une autre fiction).

Bref, j'espère que ce nouveau chapitre vous plaira !  💖

Axelle

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