Chapitre 13

Treize. C'est le nombre de fois où j'ai manqué taper à la porte de Philippe ce soir-là. Treize fois où j'allais taper et où je me suis arrêtée, la main en l'air, me demandant si je faisais le bon choix. Puis la quatorzième a été la bonne et j'ai foncé sans réfléchir, cognant trois petits coups contre le battant de la porte.

– Oui ?, a fait la voix à moitié ensommeillée de Philippe depuis l'intérieur de la chambre.

Je me suis mordu la lèvre, au bord des larmes. Est-ce que j'étais vraiment obligée de faire ça ? Bien sûr que j'étais obligée. Mais je n'en avais aucunement envie.

– C'est moi, ai-je répondu d'une voix chevrotante. Princesse.

La porte s'est ouverte aussitôt sur Philippe, seulement vêtu d'un short de pyjama sur lequel il avait enfilé à la hâte un peignoir mal fermé.

– Princesse ! Entrez, je vous en prie. Qu'est-ce qui vous amène ?

Je voyais dans son regard qu'il avait déjà compris. Il semblait rayonner, comme s'il attendait ce moment depuis toujours, et m'a désigné un fauteuil. Je m'y suis assise.

– Je suis désolée de vous déranger si tard..., ai-je commencé.

– Ce n'est rien, je ne dormais pas de toute manière, m'a interrompu le prince en souriant.

Il mentait. Ça se voyait gros comme le nez au milieu de la figure. Je l'avais réveillé, et d'un côté, c'était tant mieux.

– Que désirez-vous ?

J'ai rougi légèrement avant de baisser les yeux.

– Mon père... le royaume... Ils attendent tous un héritier et... je pense qu'il est temps de le leur donner. Je veux dire... je pense que nous devrions... nous devrions...

Je ne trouvais plus mes mots mais l'idée était bien là, aussi palpable que la tension qui régnait dans la pièce.

– Je vois, a murmuré Philippe. Eh bien, mettez-vous à l'aise, dans ce cas.

Il a enlevé son peignoir avant d'aller fermer la porte à clef, puis il s'est glissé dans son lit.

– Prenez tout le temps qu'il vous faudra. Vous êtes ma reine, et vous méritez les meilleurs égards.

Même si je ne l'aimais pas d'amour, il fallait reconnaître qu'il était extrêmement compatissant, et très doux. Sa manière de me parler révélait la bonté qui était en lui, même si je n'en avais pas réellement cure.

– Vous êtes bien aimable.

Je savais ce qu'il me restait à faire, mais surtout, je savais qu'il fallait que j'arrête de réfléchir sinon j'allais faire un blocage. Alors, n'écoutant pas mon cœur qui me hurlait de partir, je me suis glissée dans le lit aux côtés de Philippe avant de retirer ma chemise de nuit. Il était temps de passer à l'action.

Je tremblais comme une feuille, et Philippe a dû s'en apercevoir car il a posé sa main sur la mienne avec douceur.

– Vous êtes sûre ?, a-t-il demandé en tournant vers moi ses yeux verts.

Ses yeux... Ils n'avaient rien à voir avec ceux d'Erwan. Ils étaient verts pour les deux, mais ceux de Philippe étaient plus foncés. Ceux d'Erwan semblaient rieurs et doux tandis que ceux de Philippe... Mais stop. Je devais arrêter de penser à Erwan, je n'allais jamais m'en sortir sinon.

– Oui, ai-je répondu d'une petite voix.

J'ai approché mon visage de celui de Philippe, lentement, avant de déposer un léger baiser sur ses lèvres. Ce n'était pas désagréable, mais ça ne valait pas les baisers échangés avec Erwan.

Les choses se sont alors enchaînées rapidement, très rapidement. En fait, ce n'était pas plus mal. Plus vite j'en aurais terminé, plus vite je pourrais repartir.


[Attention voilà un nouveau passage osé, si vous ne voulez pas le lire, rendez-vous à la prochaine balise de signalisation]


Philippe a plaqué ses lèvres contre les miennes avant de passer ses mains autour de ma taille. Il m'a rapprochée de lui avant de me faire basculer, et je me suis retrouvée sous lui. La seule séparation entre son corps et le mien étaient son short et ma culotte. Mais bien vite, ceux-ci se sont retrouvés au pied du lit.

Toujours avec douceur, Philippe caressait ma peau nue, parcourant mon corps d'une main un peu maladroite. J'étais gênée qu'il me voit nue, j'étais gênée de ce que nous faisions, mais je n'avais pas le choix.

J'ai dû me crisper involontairement car la main de mon époux s'est figée et il a chuchoté :

– Voulez-vous que je m'arrête ?

J'ai fermé les yeux, retenant des larmes de rage et de frustration.

– Non, ai-je murmuré en retour.

Les yeux toujours fermés, je me suis efforcée d'imaginer que c'était Erwan, et non pas Philippe, qui se trouvait avec moi. J'ai visualisé ses cheveux roux, ses yeux verts, son sourire, son odeur... Mon cerveau y croyait presque, pas mon cœur. Mais c'était déjà moins douloureux.

Les caresses de Philippe étaient légères, il avait enfoui son visage dans mon cou, qu'il couvrait de petits baisers. Je me laissais faire malgré tous mes sens en alerte. De plus, j'avais mal au cœur. La faute à ce petit être qui grandissait en moi.

Soudain, Philippe a fait un mouvement brusque avec son bassin et s'est arc-bouté contre moi. Nous avons gémi de concert, et je me suis mordu la lèvre sous l'effet de la surprise.

Mon mari a continué son mouvement de va-et-vient tandis que nos deux souffles s'accéléraient. Et après quelques temps, plus rien. Philippe s'est retiré et a roulé sur le côté tandis que je retenais avec peine mes haut-le-coeur.


[Voilà à partir de là vous pouvez reprendre une lecture normale]


Voilà. Maintenant, je pouvais dire à tout le monde que j'étais enceinte, on n'y verrait que du feu. Et je me dégoutais.


Pendant encore une semaine et demi, j'ai fait semblant que tout allait bien, cachant mes nausées grâce à l'aide de Sophie. Puis j'ai annoncé au monde entier que j'étais enceinte, et tous ont cru naïvement que l'enfant était bel et bien de Philippe. Et comme je continuais à avoir des nausées plus ou moins énormes, les médecins m'ont ordonnée de garder le lit. Ce que j'ai fait sans rechigner. Maintenant que je savais qu'Erwan ne m'en voulait pas, ce qu'il m'avait expliqué dans une lettre, je me sentais soulagée.


J'ai passé les neuf mois les plus durs de ma vie. Je ne pouvais pas sortir, j'étais alitée et très faible. J'avais des nausées presque tous les jours, c'était assez compliqué. J'avais du mal à manger et à bouger. Je ne discutais avec Erwan que par lettres, que Sophie et Alexandre transmettaient dans le plus grand secret. Je pense que c'est ce qui m'a permis de tenir, quelque part. Savoir qu'Erwan ne m'en voulait pas, qu'il continuait de m'aimer comme avant. Les mois passaient mais ses lettres restaient les mêmes. Je ressentais son amour jusqu'au plus profond de mon être.


 À côté de ça, Philippe me rendait visite tous les jours. Il s'inquiétait pour moi, pour le bébé, tandis que j'avais mauvaise conscience. Cet enfant n'était pas le sien, et pourtant il semblait heureux comme tout de sa future paternité. Quant à moi, j'avais promis à Erwan de tout révéler à ma famille une fois que notre enfant serait né. J'expliquerais tout, avant de dire quel était le véritable père de l'enfant. Nous en avions longuement parlé dans nos lettres, et il s'était révélé plus sain pour l'enfant à venir de ne pas être élevé dans un mensonge, quitte à ce qu'Erwan et moi perdions tout. J'étais même prête à tenir tête à mon père s'il le fallait, parce que de toute manière, ce qui était fait était fait. On ne changeait pas le passé. 


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Salut à tous ! Et voilà ce nouveau chapitre, désolée de vous avoir fait attendre, je sais qu'il est tard ! J'espère qu'il vous plaira ! 

Merci de lire cette fiction (je sais que je le dis à chaque fois, mais on ne remercie jamais assez ses lecteurs) 💖

Axelle

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