Chapitre 1

Depuis toute petite, je rêvais d'être quelqu'un d'autre. Depuis toute petite, ma vie me rendait folle et me faisait souffrir. J'ai perdu ma mère à l'âge de quatre ans, décédée des suites d'un accouchement trop difficile. Mon petit frère est mort né au même moment, me laissant comme seule héritière de la couronne. La couronne, me direz-vous ? Oui, la couronne. Parce que je ne suis pas n'importe quelle fille, je suis la princesse de ce royaume, l'unique fille du roi.

D'accord, maintenant vous vous demandez sûrement qui je suis, alors je vais être dans l'obligation de me présenter. Je m'appelle Princesse – une idée très originale de mes parents, vraiment (ironie quand tu nous tiens) –, et j'ai 18 ans. Autrement dit, l'âge de me marier. C'est d'ailleurs à cause de ça que ma vie a entièrement basculé. Laissez-moi donc reprendre du début.


C'était un bel après-midi de juillet, quelques jours après mon anniversaire. J'étais assise devant ma coiffeuse, à regarder d'un œil sombre mon reflet dans le miroir. Mes longs cheveux blonds et bouclés tombaient en cascade sur mes épaules, et un diadème argenté serti de diamants brillait sur le sommet de mon crâne.

Je détestais ce diadème. Premièrement, c'était celui de ma mère. Deuxièmement, il me rappelait que j'étais une princesse. Et je détestais être une princesse.

Oh, je vous vois venir. Vous vous demandez qui pourrait détester être une princesse : le luxe, la belle vie, les robes, les chaussures, les diadèmes... Oui, sauf qu'une princesse n'est pas libre de ses agissements. Elle doit faire ce qu'on lui dit de faire, obéir sans rechigner. Elle doit assister à des bals, à des entrevues, à des dîners, toutes ces choses épuisantes et inutiles. Et je détestais ça.

Un coup tapé à la porte m'a fait revenir à la réalité. Tournant la tête vers l'immense porte donnant sur mon immense chambre, j'ai répondu :

– Entrez.

Je savais déjà que ce serait Sophie, avec son éternelle robe noire et son petit tablier blanc sur le devant. Elle était là depuis ma naissance, et même avant, et elle était ma femme de chambre. Elle avait une manière distincte de taper à la porte, trois petits coups légers.

Ça n'a pas raté. Elle est entrée en souriant, ses cheveux bruns relevés en un chignon serré, ses yeux verts semblant me sourire.

– Princesse, a-t-elle fait en s'inclinant légèrement.

Le problème avec mon prénom, c'est qu'on ne savait jamais si la personne m'appelait Princesse comme un titre ou comme mon seul prénom. D'après mon père, à qui j'avais demandé les origines de mon prénom, c'était plus simple. Moi je trouvais que c'était encore un moyen de me rappeler que j'étais une princesse et que je devais obéir.

Sophie s'est redressée et a expliqué doucement :

– Votre père m'a demandé de venir vous chercher. Il vous attend dans la salle du trône.

J'ai soupiré, assez bas pour qu'elle ne le remarque pas. Quand mon père me faisait demander dans la salle du trône, c'est qu'il préparait quelque chose, et que je devrais obéir dans les jours qui venaient.

– Bien. J'y vais de ce pas.

La servante a hoché la tête humblement avant de s'incliner de nouveau et de partir, refermant la porte derrière elle.

Je me suis levée et me suis regardée dans l'autre miroir, miroir en pied celui-là. Ce jour-là, je portais une robe dans les tons de bleu, faisant ressortir la couleur de mes yeux. C'était le seul aspect que j'aimais dans ma vie : les robes. J'avais toujours adoré les longues robes à jupons, les robe de bals, même si elles me rappelaient également ma condition.

Après avoir jeté un dernier coup d'oeil à ma silhouette pour être sûre d'être présentable, je suis sortie dans le couloir.

Arrivée devant les grandes portes de la salle du trône, j'ai soufflé un grand coup avant de frapper. C'est la voix de mon père qui m'a répondu :

– Entrez.

Je me suis exécutée, poussant la porte qui s'est ouverte en grinçant légèrement.

Mon père était assis sur son trône, celui d'à côté étant vide depuis bien longtemps. Deux gardes étaient postés de chaque côté de l'estrade sur laquelle se trouvait les trônes.

J'ai avancé jusqu'à me trouver devant l'estrade, et je me suis inclinée profondément.

– Père, ai-je dit en me relevant, vous m'avez fait demander ?

Il a hoché la tête et s'est redressé dans son fauteuil. Ses yeux bleus, les mêmes que les miens, semblaient perdus dans le vague. Ce n'était jamais bon signe. Ça signifiait qu'il allait m'annoncer quelque chose, quelque chose qui allait me contrarier.

– En effet, Princesse. Nous avons à parler.

Quand c'était lui qui prononçait mon prénom, je savais qu'il ne s'agissait pas d'un titre mais bel et bien d'un prénom. C'était le seul qui m'appelait Princesse en tant que prénom.

– Tu n'es pas sans savoir que tu as eu dix-huit ans il y a moins d'une semaine...

Bien sûr que je le savais. Il avait fait une fête monumentale et avait invité tous les ducs, marquis et compagnie, même si j'aurais préféré fêter ça avec mes amis. Mais je n'avais aucun ami, à rester enfermer dans l'enceinte du château.

– ... et qu'à dix-huit ans, les princesses deviennent des femmes à marier, a continué mon père.

J'ai tout de suite su que la suite n'allait pas me plaire. L'enchaînement de ses paroles ne me plaisait déjà pas.

– Et donc, par conséquent, étant l'héritière de ce royaume, tu vas devoir épouser un prince. Rassure-toi, tout a déjà été arrangé. Tu vas épouser Philippe, le fils du roi du royaume voisin. Ils devraient arriver d'ici quelques jours. Quant au mariage, il est prévu pour la semaine prochaine.

Je suis restée sans voix. Son discours m'a réellement laissée sans voix. Je savais bien qu'un jour, il allait promettre ma main à quelqu'un, un prince voisin ou un noble du royaume. Mais je ne m'étais jamais attendue à ce que ça arrive si tôt.

– Princesse, est-ce que ça va ? Tu es toute pâle.

Il s'est tourné vers ses gardes et a fait un geste de la main en criant :

– Allez lui chercher une chaise !

Le garde s'est précipité vers la chaise la plus proche et a tenté de me faire assoir dessus, mais je l'ai congédié d'un mouvement de bras.

– Reculez, ai-je craché, venimeuse.

Le garde s'est exécuté, non sans lancer un regard apeuré au roi. Quant à moi, ayant enfin retrouvé ma voix, j'ai hurlé :

– C'est hors de question ! Je refuse d'épouser ce... ce prince ! Je refuse d'épouser un homme que je ne connais pas ! J'ai toujours obéi, mais là vous m'en demandez trop ! Père, je vous en supplie !

Mon père m'a toisée du haut de son trône et j'ai su que jamais il ne changerait d'avis. Tout avait été décidé, comme toujours, et je n'avais pas mon mot à dire. Mais ne rien dire pour une réception, pour une couronne, passe encore. Mais un mariage forcé ? C'était tout bonnement hors de question.

– Silence !, a crié le roi en retour. Tu feras ce que je t'ordonne ! Le mariage est prévu pour la semaine prochaine, et tu te marieras, que tu le veuilles ou non ! Je suis le roi, tu me dois le respect et l'obéissance !

Je l'ai fusillé du regard. Je savais que m'énerver ne servirait à rien, mais j'étais incapable de me calmer.

– Mon respect vous l'avez perdu il y a bien longtemps !, ai-je lâché d'une voix froide de colère. Je refuse de me marier, de fonder une famille, avec un homme que je ne connais pas, que je n'aime pas !

Là, j'ai utilisé mon argument spécial. L'argument qui, en général, me permettait de m'en sortir, d'alléger mon sort.

– Mère ne m'aurait jamais obligée à faire ça !

J'ai vu que je l'avais touché, mais il essayait de se maîtriser.

– Ta mère aurait été d'accord avec moi, parce que c'est comme ça que se passent les choses !

– Mère ne m'aurait jamais forcée à épouser un homme que je n'aime pas ! Elle ne m'aurait pas forcée à épouser un homme que je ne connais même pas !

Et c'est là que mon père s'est réellement énervé, me clouant sur place.

– Bien sûr que si ! Parce que les choses se déroulent comme ça ! Tu crois que je la connaissais, qu'elle me connaissait, quand nous nous sommes mariés ? Je ne connaissais que son nom et son rang, et il en allait de même pour elle ! Nous ne nous aimions pas ! Mais nous avons obéi à nos parents, parce que c'est comme ça que ça marche ! Nous ne nous aimions même pas quand nous t'avons... créée !

Il avait craché ce dernier mot comme s'il le dégoûtait. Quant à moi, j'écumais mais j'étais blessée.

– Vous l'avez violée ! Voilà ce que c'est ! C'est du viol !

J'ai soulevé mes jupes et je suis partie en courant, sans écouter les hurlements furieux de mon père, qui demandait à ses gardes de me rattraper. Mais le temps qu'ils réagissent, j'étais déjà de retour dans ma chambre et j'avais fermé la porte à clef derrière moi. Puis je me suis jetée sur mon lit et j'ai fondu en larmes.


************************************

Voilà ! Alors une courte présentation : j'ai eu l'idée de cette histoire il y a deux ou trois ans, et j'avais commencé à l'écrire mais mon disque dur a lâché. Donc j'ai dû la réécrire, ce qui signifie qu'elle est en cours d'écriture. Je suis quand même beaucoup plus fière de mon histoire actuelle que de l'ancienne version. 

Je n'ai pas classé cette histoire en adulte, mais je vous préviens quand même qu'il risque d'y avoir quelques passages un peu osés (ce n'est pas sûr, mais j'ai déjà une idée bien précise pour le reste de l'histoire). Ces passages seront signalés, pour ceux et celles qui ne voudraient pas les lire. 

N'hésitez pas à poster un commentaire ou à voter, ça fait toujours plaisir ! Et merci de lire cette histoire ! 💖

PS : les critiques sont les bienvenues, positives comme négatives, à conditions qu'elles me permettent d'avancer et de m'améliorer, pas si c'est juste parce que vous avez envie d'être méchant. Pour ça, j'ai déjà mes amis merci !

Axelle (oui c'est mon prénom, même si mon pseudo est Sabine307, c'est une histoire très longue et très compliquée, peut-être que je la raconterai un jour)

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top