Prologue
Nous sommes en deux mille vingt-deux, j'entame ma deuxième année de médecine à l'université d'Oxford en Angleterre.
Le temps est maussade en cette période de l'année, c'est la phrase où tout le monde déprime. Ce qui est également mon cas. Ma vie n'est pas vraiment palpitante, je ne suis qu'une jeune étudiante parmi tant d'autres sur le campus, je n'ai pas d'ami, je n'ai personne qui s'intéresse réellement à moi, à ma vie. Je suis plutôt invisible.
C'est pourquoi je suis étonnée lorsque je remarque qu'une invitation à une fête a été glissé sous la porte de ma chambre étudiante. Au vue des chauves-souris, des fantômes, des araignées et des citrouilles qui ornent la carte, je devine que c'est pour célébrer Halloween. Je lis le petit texte qui m'indique que la soirée se déroule dans le manoir des grands-parents de cet étudiant mystère. Je suis d'abord très surprise, j'ai l'habitude de passer inaperçue. J'ai toujours été cette fille un peu oubliée, celle qu'on ne remarque pas, qui ne se met jamais en avant, qui se fond dans la masse. Pourtant la surprise finit par être remplacée par la joie. Je me dis que je ne suis peut-être pas si seule que ça, qu'il y a tout de même quelqu'un qui a remarqué ma présence, pour qui je ne suis pas invisible.
Je décide donc de m'y rendre ! Après tout, je suis en deuxième année et je n'ai pas d'amis, je ne pense qu'au travail, à mes études. Il est temps que je sorte de ma grotte, ça me permettra de m'aérer un petit peu l'esprit, de me détacher de tous ces cours barbants et difficiles, et de me laisser aller le temps d'une soirée.
Pour entrer à Oxford, j'ai tout donné. J'ai bossé dur quitte à rester enfermé dans ma chambre. J'ai réellement tout délaissé. L'envie de devenir médecin est tellement forte que je fais abstraction du reste. C'est l'objectif qui rythme ma vie et me donne envie de me réveiller chaque matin afin de me rendre cours. Je sais parfaitement qu'après tout ce travail, je pourrais toucher du bout des doigts mon rêve ultime.
Ce rêve, je le tiens de ma grand-mère. Je passais énormément de temps chez elle, restant à ses côtés lorsqu'elle souffrait. La voir ainsi, malade, amaigri, fiévreuse m'a comme fait avoir un électrochoc. Je passais mon temps à ses côtés sans pouvoir rien faire alors que j'aurais souhaité faire plus. Quand elle nous a quitté, j'étais anéantie et je me suis jurée d'honorer la promesse que je lui ai faite : aider les autres à combattre leurs malheurs quotidien, les accompagner, les mener en paix vers la mort quand les moyens médicaux n'étaient plus suffisants, que les efforts étaient vains. Mais également les soigner, leur sauver la vie, leur permettre de rentrer chez eux, de retrouver leur famille, de simplement pouvoir allonger leur espérance de vie.
Ma journée de cours intense s'est déroulé comme à son habitude, assez bien, sans plus, la routine. Mon épuisement à la fin de ces journées est si fort que je n'ai pas le courage de faire autre-chose que de rejoindre ma chambre universitaire où je vis seule. Le campus ne manque pas de charme et de structures pouvant accueillir les adolescents pour s'y ressourcer sans pourtant autant s'isoler dans une chambre comme je le fais.
Mais j'ai eu toujours eu peur de l'inconnu, de prendre des risques, j'ai souvent été insulté de poule mouillé. C'est pourquoi aujourd'hui j'ai envie de prendre des risques, d'aller à cette fête, de vivre ma toute première soirée étudiante. Je décide de faire l'impasse sur la peur du méconnu, sur la boule qui s'est formé dans mon ventre, sur les signaux d'alarmes dans ma tête et sur ce mauvais pressentiment qui comprime ma poitrine.
À la suite de cette petite remise en question, je file sous la douche. À l'intérieur de celle-ci, les questions m'accablent : Qui m'a invité à cette soirée ? Peut-être est-ce un piège ? Peut-être que cette personne s'est trompé de chambre et que je vais peut-être me faire jeter dehors à l'entrée ? Je secoue la tête afin de chasser ses pensées malvenue, il faut que je me concentre, il faut que j'arrête de penser au pire. C'est vrai quoi, je vais peut-être me faire des amis.
Je fouille dans mon armoire jusqu'à mettre la main sur la robe que m'a grand-mère m'avait offerte. Elle prend beaucoup de place et est très imposante. Dans le style, robe du seizième siècle. Elle reste magnifique pourtant et je ne pouvais pas venir à l'université sans elle, je voulais emmener ce souvenir de ma grand-mère dans ma valise. C'est le dernier souvenir qu'elle m'a laissée ...
Pour moi, Halloween ne veut pas forcément dire porter des costumes sanglants qui font peur. De plus, je ne vais me déguiser comme tous les autres le font avec des sorcières, des zombies, des vampires et j'en passe et des meilleurs. J'ai envie de me démarquer
Pour la coiffure, j'ai effectué une tresse épi, très élégante. Heureusement parce que je l'ai tout de même recommencé huit fois. Au niveau du maquillage, je suis restée dans la simplicité avec un petit peu de mascara et du gloss. Je me suis préparée sur le dernier album de Harry Styles, « Matilda » est définitivement ma préférée de toute !
Quand je me regarde dans le miroir, je me sens presque belle. J'ai l'air différente. La Aria sérieuse a laissé place à la Aria fêtarde. Après avoir jetée un coup d'œil par la fenêtre, je remarque que la nuit est déjà en train de tomber et que mon taxi m'attend devant l'université. Je m'empresse de prendre mes clés de la chambre ainsi que mon téléphone. Je dévale les escaliers manquant de me casser la figure plus d'une fois avec cette robe assez encombrante.
Il a l'air très ancien et sa haute taille donne un côté effrayant à l'endroit. Il semble à l'abandon. J'entends la musique d'où je suis, pourtant je ne suis qu'au portail de la propriété. J'aime ce genre de grands bâtisses, j'aime imaginer des histoires, penser qu'il renferme peut-être des secrets. Je ne pourrais tout de même pas y habiter, j'aurais trop peur qu'il soit hanté. Je suis trop froussarde et je crois beaucoup à ce qui est fantôme, esprit, force surnaturel.
Devant moi se trouve un grand nombre de personnes dans des costumes en tout genre : fées, sorcières, super héros, zombies ... Je m'en doutais un petit peu. Ils tiennent tous des verres dans leur main.
Je tremblote tellement il fait froid, même mes dents claquent. Je rentre donc rapidement à l'intérieur du manoir. Je tente de me frayer un chemin parmi tous ses gens en costumes. Dehors, il fait froid mais à l'intérieur, il fait si chaud que ça en est presque étouffant. Tout le monde se bouscule et j'ai presque envie de faire demi-tour. Je n'aime pas trop la foule, je ne me sens pas à l'aise avec beaucoup de personnes autour de moi. Je tente pourtant de respirer afin de faire passer cette crise d'angoisse qui monte en moi.
Pour couronner le tout, une fille vient de renverser son verre sur mon buste et alors les larmes s'agglutinent aux bords de mes cils. Le liquide froid coule le long de mon corps dans une sensation désagréable. Je regrette d'avoir enfiler la robe de ma grand-mère, je viens de souiller son dernier souvenir. Et la personne ne s'est même pas excuser.
J'aperçois un garçon au loin, je l'ai déjà vu plusieurs fois au campus et il avait l'air assez gentil. Je l'ai remarqué plus d'une fois m'observer avec bienveillance, à chaque fois que je me déplaçais dans le campus j'avais comme l'impression de l'apercevoir. Je me dirige donc vers lui, peut-être qu'il pourra me dire où se trouve la salle de bains. Je bouscule plusieurs personnes jusqu'à parvenir, enfin, à lui. Je prends une profonde inspiration avant de l'interpeller :
– Euh ... Excuse-moi.
Il ne semble pas capter que je lui parle alors je pose une main sur son épaule.
– Est-ce que tu saurais où est la salle de bains ?
Il se tourne vers moi et remarque enfin ma présence.
– Ah mais tu es Aria !
Il connaît mon prénom ? Ce jour devrait être marqué d'une pierre blanche.
– C'est ça !
Ses yeux descendent vers mon torse, comprenant finalement la situation. Il faut dire que c'est évident.
– Pour la salle de bains, c'est au troisième étage, quatrième porte à gauche.
– Merci, dis-je simplement avec un petit sourire timide.
Dans ma tête, sa réponse passe en boucle. Il ne faut pas que j'oublie, je suis du genre tête en l'air. Après avoir réussi à me frayer un chemin jusqu'aux escaliers, qui ne sont d'ailleurs pas très large, je démarre la montée des marches. J'arrive au troisième étage où il me semble n'y avoir personne, la musique y semble lointaine. Je ne sais pas pourquoi mais tout le monde ne devrait pas se bousculer pour aller aux toilettes ? Enfin, je n'ai jamais participé à une fête alors je ne sais pas trop en réalité.
Le couloir est vide, il y a énormément de tableaux accrochés aux murs. Ceux-ci m'ont l'air très ancien, ils représentent peut-être des ancêtres ou des personnalités historiques connues que je ne reconnais pourtant pas. En tout cas, ils ont l'air très sérieux, aucun d'eux ne sourit. Ils ont l'air malheureux.
Je ne suis pas fan de ce genre d'endroit, ce manoir ressemble à ceux que nous voyons dans les films d'horreur. Le genre où quelqu'un t'assomme par derrière, où les portes claquent toutes seules et qu'on sent des coups de vent venu de nulle part. J'aime admirer ces bâtisses de l'extérieur mais de l'intérieur, c'est bien plus flippant. Sincèrement, qu'est-ce que je fais là ? Je n'ai même pas eu le temps de faire deux pas, qu'il m'ait déjà arrivé quelque-chose.
J'avance tout en comptant les portes à voix haute :
– Une, deux, trois et quatre, c'est toi alors.
Je baisse la poignée puis pousse doucement la porte qui grince. Je passe d'abord ma tête afin d'être sûr que la pièce soit vide. Mais au lieu de découvrir une salle de bains, je tombe sur une bibliothèque qui m'attire comme un aimant. J'entre, poussée par une force magnétique inexplicable.
Pourtant j'ai bien compté quatre. J'ai dû me tromper de côté, je suis tellement perturbée que je parviens à mélanger ma droite et ma gauche, je m'épuise, quoique non après vérification je m'aperçois que c'est la porte qui m'a été indiqué précédemment, bizarre... Mais maintenant que je suis là, j'ai envie d'en voir et d'en savoir plus.
J'avance dans cette taverne aux livres divers avec émerveillements. Ce n'est pas le genre de bibliothèque où tu trouves la saga AFTER de Anna Todd ou la collection des DIMILY de Estelle Maskame. Non, cette bibliothèque est beaucoup plus intéressante, ancienne. Il y a des journaux, des livres au moins du dix-neuvième siècle.
Ma main se balade sur la tranche des livres légèrement poussiéreuses. Visiblement personne n'est venu faire le ménage ici depuis un certain temps. J'ai toujours rêvé d'avoir des œuvres comme celles-ci dans ma collection. J'adore l'odeur qui se dégage de cette pièce, un mélange de bois et d'ancien. Puis au fur et à mesure de mon avancée, j'entends le beau planché en bois grincer sous mes pas. Mon regard est ensuite attiré vers une armoire en chêne qui loge au fond de la pièce, elle est magnifique, imposante malgré son état qui pourrait être à restaurer. Peut-être que des livres rare s'y trouvent.
Je regarde derrière moi, il n'y a personne et je n'entends rien non plus. Je tire sur la poignée quand je suis sûre d'être seule. Je suis déçue quand je remarque que l'intérieur est vide. Je sens tout à coup quelque-chose me pousser dans l'armoire qui se referme derrière moi. J'en ai le souffle coupé, et mal un peu partout. Pourtant il n'y avait personne avec moi. Je pousse sur la porte mais elle refuse de s'ouvrir. Mon cœur tambourine contre ma cage thoracique, mon souffle se fait court, l'adrénaline et la peur se mêlent dans mes veines. Il fait très noir et je n'ai pas beaucoup de place pour bouger. Ma claustrophobie et ma peur de l'enfermement remontent à la surface. Je suffoque.
– À l'aide, ouvrez-moi. Au secours, crié-je.
Je frappe contre les portes en bois, je hurle de toutes mes forces mais rien ne se passe, personne ne m'entend, personne ne vient m'ouvrir. Je vais faire une crise cardiaque, mon cœur ne va pas bien. J'espère que ce soit une mauvaise blague, un jeu mais le jeu dure trop longtemps. Le vide s'ouvre sous moi alors que j'entends cette phrase murmuré de l'autre côté de la porte :
– N'essaye pas de changer le passé Aria.
Hello à tous ! Je reviens avec ce prologue amélioré pour une 3ème fois, et je tiens à remercier mes 3 bêtas lectrices pour l'aide apportée :)
Je serais ravie de recueillir vos avis <3
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