Chapitre 8

Idill s'était levé tôt ce matin. Il regarda son coéquipier endormi sur son lit. Hamza s'était roulé en boule comme s'il essayait de se protéger. Ils avaient vécu leurs deux premières journées dans l'auberge avec beaucoup de stress.

Après le départ de Velen et d'une bonne partie de la troupe de soldats qui les avaient accompagné, les quatre "gardiens" du prince avaient trainé dans la salle principale de l'auberge, buvant avec modération ce qu'avait servi Tong. Principalement Hamza qui avait déjà eu quelques déboires avec certaines boissons alcoolisés d'après Tarenn, tout comme lui avec la bière onirique. Alors que la fatigue commença à les envahir, Tarenn proposa de monter se coucher. Hamza et lui partirent en premier. Alors qu'Idill passa un dernier moment en compagnie de Bhohort, celui ci s'était plaint d'être mis de coté. Ce à quoi Idill avait répondu qu'il se faisait des illusions. Il s'était étiré et avait souhaité une bonne garde à Bhohort.

Alors qu'il se tenait devant la porte de sa chambre, il entendit la voix d'Hamza et de Tarenn. L'Archidruide avait l'air agacé. La conversation allait de bon train et c'était plutôt intime. Tarenn reprochait lui aussi d'être mis à l'écart par Hamza. Il hésita à entrer, puis finalement il toqua à la porte pour s'annoncer.

La chambre était plus exigu que celle du prince, et comportait trois lit disposés les uns à coté des autres séparés d'une petite table de chevet avec un bougeoir à disposition.  Il trouva Hamza assis sur son lit tournant le dos à Tarenn qui était près de la fenêtre. Il regardait à l'extérieur silencieusement.  Idill sentit cette tension palpable entre les deux maris. Alors qu'il allait fermer la porte, une main la retint et Bhohort entra à son tour. Il voulait "dormir" avec Idill. Le jeune guerrier refusa, lui imposant ce qu'ils avaient prévu dés le départ, c'est à dire une garde à l'extérieur. Bien entendu, Bhohort se braqua et resta sur ses positions. C'était sans compter que Tarenn n'étant pas de bon humeur, lui demanda de sortir avec plus de conviction que le guerrier. Le chevalier de la mort sentant un excès de la part de l'Archidruide, se transforma en Worgen et tous les deux se mirent en position de combat.

Idill supplia Bhohort d'arrêter de faire l'imbécile et demanda qu'il descende une bonne fois pour toute. Il vit dans les yeux de son compagnon, une frustration immense et une colère grondante. Tarenn le prit par le bras brusquement et l'entraina à l'extérieur. Idill et Hamza se retrouvèrent seuls. Ils rirent tous les deux mal à l'aise par la situation, puis ils attendirent en silence le retour de Tarenn. Jusqu'à ce que Hamza baille de tout son sou et finisse par se coucher, trop fatigué d'attendre l'Archidruide. Idill ne tarda pas à faire de même. Il était tard, Tarenn allait surement revenir plus tard.

Ce n'est que le lendemain, quand Idill se réveilla, qu'il se retrouva seul. Il chercha dans la grande salle comme à l'extérieur s'il pouvait trouver Tarenn ou bien Bhohort. Sans succès, jusqu'à que Tong lui annonce que Hamza était déjà au près du prince Anduin. Quand il entra dans la chambre royale, il ne vit que le prêtre et comprit bien vite que Tarenn et Bhohort avaient disparu. Partis en mission. Partir sans rien dire ? Ce n'était pas vraiment le style du chevalier de la mort et encore moins de l'Archidruide.

N'ayant pas le choix que de s'occuper du prince, ils devinrent l'espace d'une journée des serviteurs. Idill était plongé dans l'intimité d'Anduin comme jamais, contrairement à Hamza qui ne semblait guère intimité par les différentes taches. Tout se passait plutôt bien jusqu'au bain du soir.

Ce soir là, Idill vit à quel point le prince était las, fatigué, épuisé mais surtout tourmenté par les douleurs que lui infligeaient ses blessures. Ils restèrent longtemps à son chevet, avant de finalement laisser tomber. Le prince n'allait pas se réveiller pendant un bon moment, et ils le laissèrent en paix.

Une journée passa sans que le prince ne se réveilla. Idill voyait bien qu'Hamza l'évitait en dehors des moments où il fallait rendre compte aux soldats qui veillaient devant sa porte. Le jeune roux ne prit pas la mouche d'un tel comportement. Après tout ils ne se connaissaient pas assez pour discuter comme des amis de longue date. Il voyait juste que l'absence de Tarenn pesait finalement sur Hamza et lui même était en manque de Bhohort.

Alors qu'ils s'étaient couchés à la fin de cette deuxième nuit, un grand cri, un appel à l'aide raisonna dans la chambre du prince.  Hamza se leva d'un coup et partit en face, tandis qu'Idill eut du mal à émerger. Il descendit de son lit péniblement et alla voir ce qu'il se passait de l'autre coté. Anduin avait cauchemardé. Il avait cru que le prince noir l'avait visité puis avait sauté depuis son balcon. Chose qui était impossible, vu la hauteur. Idill alla tout de même vérifier après le passage des soldats, mais il ne vit rien lui non plus.

Alors qu'Hamza ferma la porte de la chambre du prince, il demanda à Idill d'aller voir à l'extérieur si rien ne lui paraissait suspect. Le guerrier avait attrapé son arme puis fit le tour de l'établissement mais revint bredouille. Pas de prince noir, même pas dans la salle commune de l'auberge. Il était vraisemblablement entrain de dormir. Il fit son rapport à Hamza qui le remercia, et l'invita à se reposer. Idill s'était allongé dans son lit, mais le sommeil ne vint pas de suite, alors que le prêtre s'était endormi très rapidement. Pourtant dans la nuit noire, il l'entendit gémir et appeler au secours son mari. Il souffrait, Idill en était sûr, mais de quel mal... Il ne savait pas. Le sommeil finit par le cueillir à son tour, le plongeant dans un profond sommeil sans rêve.

Jusqu'à ce matin. Idill se releva, aussi doucement qu'il le pouvait, quitta son lit et partit de la chambre sans un bruit. L'établissement était silencieux, peu de gens devait être lever à cette heure là. Il fit face aux deux soldats qui restaient statiques sans se plaindre.

- Messieurs, salua Idill

L'un des soldats lui répondit de la tête. L'autre n'avait pas bougé. Dormait il debout ?

Il descendit dans la salle commune, où Tong était déjà sur le pied de guerre en cuisine. Il parcourut du regard la salle toute entière, puis il tomba sur lui. Dans la pénombre d'un coin de la salle, seul ses yeux rouges se démarquèrent. Hamza avait parlé à ce prince, mais il devait en avoir le cœur net. Comment avait il pu envoyé Bhohort et Tarenn en mission.

Il s'approcha de la table avec la ferme attention de lui parler quand une orc géante se planta devant lui, grommelant de ne pas bouger. Idill recula de deux pas pour l'éviter. Une humaine la rejoint et lui dit :

- Le prince ne reçoit personne à cette heure ci. Revenez plus tard Héros.

- Je ne suis pas ici pour la cape... répondit Idill qui jeta un coup d'œil par dessus l'épaule de l'humaine.

- Je sais, répondit le prince noir, mais je ne pourrais pas répondre à votre question. Je ne sais pas dans combien de temps votre chevalier va revenir...

- Et ?

- L'Archidruide l'accompagne dans cette quête. Il faut être juste patient et gouter à la douceur de vivre dans cette auberge. Vous n'avez que cela à faire....

- Mais !

Idill essaya de se rapprocher quand il fut arrêter net par une main. Il se retourna pour savoir à qui il avait à faire quand il s'aperçut que c'était Hamza. Il remercia le prince puis entraina Idill vers la sortie de la salle. Le guerrier s'arracha de son emprise en pestant :

- Bon sang, tu n'es pas curieux de savoir où sont passés nos compagnons ? Comment ce type a t'il pu les manipuler pour les faire partir d'ici sans nous prévenir ! Sans te prévenir ! Jamais Tarenn ne t'aurais laissé pour compte. Il aurait au moins pu te laisser un message !

Hamza le regarda pester sans intervenir. Il s'assit à une table et d'un geste, il invita Idill à faire de même. Le guerrier se calma d'un seul coup, puis s'assit à son tour en grommelant. Il posa sa tête sur une de ses mains, mécontent. 

- Je sais que c'est difficile de lui faire confiance, mais si nos compagnons sont partis en quête, peut être est ce pour la bonne cause ?

Idill sans bouger, regarda le prêtre du coin de l'œil. Il prit le temps de le détailler. Son regard bleu azur étaient parcouru par différentes volutes de lumière et d'ombre, qui se mélangèrent allégrement en fonction de ses mots. Des poches violacés montraient à quel point il était fatigué. Sa peau pale reflétait la mauvaise santé, pourtant, Idill n'avait rien entendu de tel. Il savait juste qu'il était passé par des moments difficiles dans sa vie. Ses cheveux longs détachés tombèrent sur ses épaules. Il n'avait même pris le temps de les attacher comme il avait l'habitude de faire. Idill se pencha et lui attrapa une mèche blonde.

- Tu t'es tellement dépêché à me rejoindre que tu n'as pas pris le temps de te coiffer ?

Hamza écarquilla les yeux et se mit à rougir violemment. Il attrapa la mèche qu'Idill tenait dans ses doigts pour la ranger derrière ses oreilles.

- Je ne voulais pas que tu m'abandonnes aussi... susurra t'il

- T'abandonner ? Mais pourquoi ?

Hamza s'enfonça dans son siège.

- Je ne peux pas me permettre de me retrouver tout seul pour défendre notre prince. Tu es impressionnant dans tes combats, je l'ai bien vu avec les élémentaires ...

- Le prince Anduin n'a rien vu de mon talent, répondit Idill en riant

- C'est vrai, répondit Hamza avec le sourire.

Ils se regardèrent silencieusement. C'était peut être la première fois qu'ils parlaient tous les deux sans être interrompu par... leurs partenaires respectifs. Idill tourna la tête vers le fond de la salle. Le prince noir les observait.

- Qu'est ce que tu penses de lui ? Je veux dire, devrions nous réellement le laisser s'approcher de son altesse ?

Hamza se pencha légèrement puis il ferma les yeux. Quand il les rouvrit, il n'y avait plus que des volutes d'ombres. Idill frissonna à cette scène.

- En tout cas, s'il s'approche trop de notre prince, je ne sais pas si je pourrais répondre de mes actes...

- Heu... Excusez moi pourrais je parler à Hamza, le gentil prêtre qui sourit à tout le monde ?

Hamza cligna des yeux, puis se calma.

- Pardon, il m'arrive des fois d'être submerger par la colère... et le vide.

- Dois je m'inquiéter ?

- Non, car celui qui m'avait privé de mon jugement n'existe plus. Je serais toujours maitre de mon destin.

Idill fut interloqué par ces mots mystérieux. Hamza était si déterminé dans ses propos, qu'il subjugua quelques instants le guerrier. Idill reprit ses esprits. Il était en train de s'égarer face à Hamza. Mais bizarrement, il se sentait bien avec lui. Il était quelque part reposant par rapport à Bhohort et ses assauts incessants.

- Voudriez vous boire quelque chose de chaud ?

Les deux jeunes hommes levèrent les yeux vers Tong qui s'était présenté à leur table.

- Un café, si vous avez ? demanda Hamza

- Oui... J'avoue que je fais une overdose de thé pour ma part... répondit Idill en se frottant la tête d'un air désolé.

- Bien sur je vous prépare cela... Muhan s'occupera de votre prince aujourd'hui. Je lui ai rappelé pourquoi elle était ici.

- Merci, répondit Hamza.

Tong s'écarta de leur table et alla ouvrir la porte de son auberge aux voyageurs du matin. Certains entrèrent déjà, criant leur envie de boire. Idill les regarda s'installer non loin d'eux. Des Hordeux. Il avait du mal à s'y faire, mais visiblement la maison était ouverte à tous. Un orc gronda quand il s'aperçut que le guerrier les observait un peu de trop.

- Cesses de faire cela, tu les provoques en les regardant ainsi...

- C'est bien la première qu'on me tempère, d'habitude c'est plutôt Bhohort à qui je dois calmer ses ardeurs.

Hamza sourit et répondit :

- Je dois dire que pour ma part tous mes partenaires sont plus impulsifs que moi.

Les yeux dans le vague, Hamza semblait se souvenir. Puisqu'ils étaient seuls et n'avaient plus de contrainte, Idill voulait en savoir plus sur Hamza et sur quelqu'un d'autre.

- Parle moi d'Akan.

Hamza surpris se redressa.

- Que...veux tu savoir ?

- Akan a été un grand ami pour Bhohort.J'ai besoin d'en savoir plus sur sa vie.

Hamza croisa ses mains devant sa bouche. Il semblait soucieux, et de nouveau il se mit à rougir. Deux tasses atterrirent devant eux. Idill remercia Tong qui s'éloignait déjà sur la table des Hordeux.

- Il s'appelait Rohakan, et c'était aussi mon meilleur ami.

Idill ne comprit pas immédiatement. Mais Hamza continua de parler

- C'était un paladin hors pair, il m'avait toujours protégé, il était toujours là pour moi. Veillant sans cesse sur moi. Et puis Tarenn est arrivé dans ma vie.

- Ho...

Hamza lui sourit tristement.

- Je suis tombé éperdument amoureux de lui, je n'arrivais pas à me défaire de cet Archidruide si... Enfin bref je ne voyais plus que lui. Quand le fléau est arrivé, Rohakan fut envoyé aux fronts, en même temps que Tarenn qui lui fut envoyé à Darnassus. Pour une raison que je m'explique pas, ils ont passé la soirée ensemble, avant que Rohakan ne navigue vers le nord, vers la mort...

Hamza s'arrêta et but une gorgée du café chaud, comme pour se donner du courage.

- Quand Tarenn est revenu à Hurlevent, J'ai appris de sa propre bouche que Rohakan était lui amoureux de moi depuis qu'on se connaissait. Je n'avais rien vu...

Il ravala une larme qui montait, puis continua :

- Après la bataille d'Onyxia où Tarenn et moi même avons participé, une nouvelle menace se préparait dans l'ombre et prenait de l'ampleur.

- Le fléau ?

- Oui. Alors que Tarenn fut appelé sur l'Outreterre, j'ai reçu à ce moment là une missive m'apprenant la mort de mon grand ami Rohakan. J'étais désespéré et seul, car Tarenn n'était pas à mes cotés pour surmonter cette nouvelle. Entre temps les chevaliers de la mort furent libérés de l'emprise du roi liche. C'est à ce moment là qu'ils se sont présentés dans nos capitales respectives.

Hamza jeta un coup d'œil sur la table des Hordeux, où un elfe de sang, chevalier de la mort, écoutait ses camarades parler.

- Chaque ville reçurent une délégation de la lame d'ébène. Akan faisait parti de celle d'Hurlevent.

L'elfe sentit un regard insistant sur lui, il tourna la tête et regarda de ses yeux blanc scintillants, celui qui avait l'audace de le scruter.

- Arrêtes, tu les provoques, dit Idill qui sentait Hamza se perdre dans son histoire.

Le prêtre secoua la tête puis repris :

- J'ai fait connaissance d'Akan, mais bizarrement, au fond de moi, j'avais l'impression de le connaitre. Et puis il y avait Bhohort. Il était un peu différent de maintenant, je me demande ce qu'il s'est passé?

- Une mauvaise passe, répondit Idill sans épiloguer

- Ils étaient tous les deux très proches, trop proche à mon gout, jusqu'à ce que je comprenne qu'ils furent amants tous les deux,

- Quoi ?? Je... ahh je comprends mieux.

- Enfin amant était un grand mot, quand ils étaient des pantins à la botte du roi liche, ils avaient pour habitude de se ... décharger ?

Idill grimaça. Il savait très bien de quoi il parlait, quand lui et Bhohort était dans une partie de la jungle de Pandarie, Le chevalier avait évoqué quelque chose à ce sujet.

- Des choses perverses... répondit Idill en souriant maladroitement.

- Oui...

- Mais... et toi ? Je t'ai entraperçu embrasser Akan.

Hamza baissa son regard sur la tasse. Des ondes apparurent dans le café, provoqué par le passage de nouveaux arrivants dans l'auberge.

- Avant de partir dans le Norfendre, Tarenn avait été déclaré mort dans une missive et enterré à Darnassus la Capitale des Elfes de la Nuit. j'étais seul et Akan s'était confié. j'ai craqué croyant que moi aussi je l'aimais, mais c'était autre chose que mon Archidruide... J'avais juste beaucoup d'affection pour Akan. Je...

Il resta silencieux d'un seul coup, accablé.

- Je ne voulais pas remuer ton passé, mais j'avais besoin de savoir, dit Idill

- Hum, ce n'est rien, c'est juste que d'avoir gouté à un autre homme m'a fait basculé dans une problématique que je n'arrive pas à me débarrasser depuis...

Hamza se confiait complétement à Idill. Le guerrier se rapprocha et se pencha en avant.

- Si je peux faire quoi que ce soit...

Le regard d'Hamza se porta d'abord sur ses yeux, puis il baissa sur ses lèvres et enfin sur son torse.

- Non, pas que je sache...

Soudain une lueur apparut dans les yeux d'Hamza

- Si, dit il, toi et Bhohort vous êtes ensemble n'est ce pas ?

Idill déglutit bruyamment.

- Oui, on va dire cela... Mais il ne faut pas trop l'ébruter.

- Es ce que tu l'as déjà fait avec lui ???

- Hein ? Quoi ? Attends tu parles de... NON !! Enfin nous n'avons pas sauté le pas, et ... par la lumière j'appréhende tellement ce moment... S'il veut me prendre, car je suis sur que c'est moi qui va passer à la casserole, je suis sur qu'il sera en Worgen. Il apprécie tellement cette transformation. Sauf qu'un Worgen, enfin c'est pas la même chose qu'un humain, tu vois...

Les yeux d'Hamza s'embrumèrent.

- Hein, attends pourquoi tu pleures, tu es déçu de moi... Je n'aurai jamais du te dire cela !

- Non, Idill je crois que nous avons le même problème, sauf que moi je sais déjà ce qui m'attends, et que je suis incapable de lui en parler...

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