Chapitre 7

La journée d'Anduin fut rythmée par de petits exercices, des soins en tout genre, de l'absorption de divers décoctions plus ou moins bonnes, de repas médicinales, ponctué par ses demandes incessantes pour aller se soulager au toilette. Hamza et Idill faisant office d'appui.  Mais à aucun moment le Prince Irion n'avait fait son apparition.  

- Nous allons pouvoir descendre au bain, votre altesse.

Anduin se retourna vers celui qui lui avait annoncé cela. Hamza plia une serviette et avança jusqu'au lit du Prince.

- Tong ne va pas tarder. Il s'arrangera pour vous porter le soir jusqu'aux bassins.

- Il va falloir trouver quelque chose pour faire cesser de déranger les gens ainsi... Je ne peux pas continuer à faire cela pendant des dizaines et dizaines de jour.

- Nous trouverons une solution, je vous le promets.

Tong entra et s'inclina face à Anduin pour le saluer.

- Vous êtes prêt votre altesse ?

- Oui.

Le pandaren s'approcha de lui, et l'attrapa par la taille, et l'emmena à travers le long couloir des chambres, suivi d'Hamza et d'Idill. Un accès s'y trouvait tout au fond, puis un escalier en colimaçon dont les marches étaient faites en pierre, donnait sur les premiers bassins d'eau chaude.

-  Je vais vous déposer à coté de celui dont les effets seront bénéfiques pour vos jambes. Vous verrez vous serez immédiatement soulagés.

- J'aimerai vous croire, répondit Anduin

Tong longea de petits bassins où quelques clients sauvages avaient pris place. Des petits singes se prélassaient sans aucune gène.

- Nous avons privatisé les bains, mais je ne peux pas renvoyer ces clients ci, répondit Tong au regard amusé du Prince.

- Je me ferai discret auprès de ses clients là, répondit il sur le ton de l'humour.

- Nous y sommes. Je reviendrais pour vous transporter dans votre chambre.

- Merci Tong, je vais faire en sorte que vous soyez dans les prochains jours pas déranger ainsi.

- Merci, mais cela ne me dérange pas. Par ailleurs, j'aimerai porter à votre attention sur ce bassin précis.

Il montra de la tête le grand bassin qui était en face d'eux.

- Certaines fois, nos clients ont énormément de mal à sortir de leur propre gré. Je serais peut être amener à vous sortir de force. Mais je ne suis pas trop inquiet avec vous, cela va bien se passer.

Anduin fut déposé avec douceur sur le bord du bassin, et Tong s'en alla, tout en les saluant. Hamza s'approcha pour le déshabiller, mais Anduin lui interdit.

- Je vais me débrouiller tout seul...

- Bien votre altesse.

Il enleva péniblement sa longue chemise de nuit ainsi que les bandages autour des ses membres, puis il se tourna, pudique, pour enlever son caleçon et plonger immédiatement dans l'eau. Soudain il se sentit complétement alléger. L'eau chaude glissa sur tout le corps, et la douleur disparut subitement. Anduin soupira de bonheur.

- Ça va votre altesse ? Demanda Hamza qui le cherchait dans la brume du bassin.

Anduin avança prudemment jusqu'au bord et sourit aux deux jeunes hommes. 

- Je me suis jamais senti aussi bien depuis fort longtemps, cette eau est réellement bénéfique. Je suis tellement soulagé, et puis je peux me mouvoir si facilement dedans ! Je vais guérir plus vite que prévu !!!

Hamza sourit à son tour, mais c'était un sourire triste.

- Qu'est qu'il y a ?

- Votre altesse, effectivement l'eau de ce bassin va vous aider, mais quand vous sortirez d'ici, les douleurs vont revenir. Certainement atténuées , mais cette impression de bien être va vite disparaitre.

- Ho...

Anduin s'enfonça dans le bassin jusqu'à complètement disparaitre. Il resta quelques instants en suspension dans le silence de l'eau, se recroquevillant pour profiter de cet instant béni, avant de remonter à la surface, et de réapparaitre devant ses héros gardiens inquiets.

- Je suis désolé votre altesse de vous avoir donner de fausse joie.

- Vous n'y êtes pour rien Hamza, c'est juste que... Je me sens tellement bien, je ne veux pas partir d'ici, je veux rester.

- Tong m'avait prévenu de cet effet possible sur vous. Mais comme je l'ai dit depuis que je suis à votre chevet, nous vous guérirons.

- S'il vous plait, laissez moi quelques minutes, seul, j'ai... besoin de , d'être seul.

Hamza regarda Idill qui hocha la tête, puis ils s'éloignèrent du bassin. De nouveau Anduin plongea sa tête dans l'eau et ferma les yeux. Des images de l'incident de la Cloche divine se mêlèrent aux visages de Garrosh, puis à celui de ses sauveurs, et enfin à celui de son père. Son père qui avait cru le perdre. Il était mourant quand ils l'avaient retrouvé. Sans l'intervention divine de la Lumière dans les mains de son maitre Velen, il n'aurait jamais survécu. La Lumière l'avait sauvé, mais pour quelle vie ?  Il sentit des larmes s'échapper dans le coin de ses yeux et se dissoudre dans le vide.  L'air manqua, il fut obligé de remonter. A peine avait il sortit sa tête de l'eau qu'il vit Tong devant lui.

- Vous aviez raison Hamza, Son altesse délire, je vais le sortir...

Anduin jeta un coup d'œil furieux vers Hamza et Idill.

-  Non!! NON!! Par pitié je suis tellement bien, je veux rester ici toute ma vie.

- Votre altesse, ce n'est pas une vie de rester ici. Les bains sont apaisants, mais ils sont aussi enivrant, et si on y prend pas garde, on se perd dans les brumes... Et on se noie dans les illusions.

Il attrapa les bras d'Anduin et le souleva sans peine. Hamza l'entoura d'une serviette moelleuse, mais déjà les douleurs réinvestirent le corps meurtri du prince. Il hurla et pleura en même temps. Il supplia de le laisser retourner là où la douleur avait disparu.

- Nous n'aurions pas dû le faire baigner dans ce bassin ci... dit Tong.

- Maitre Velen croyait qu'Anduin serait plus fort, mais le prince s'était confié à moi ce matin, il s'est plaint d'être épuisé. Il n'a pas eu la force de résister . C'est de ma faute, j'aurais dû vous prévenir.

Les larmes d'Anduin s'accrochèrent dans le doux pelage de Tong avant de se fondre dans la masse.

- Pitié, Tong, pitié remettez moi dans le bassin... Pitié...

- Vous allez vous coucher votre altesse, ce sera le mieux ainsi.

Anduin se mordit les lèvres pour cesser de parler et de geindre. Il laissa la douleur l'envahir de nouveau. Tong se mit à parler à ses gardiens. Il leur expliqua que les fortes émotions qu'il avait ressorti, allaient s'apaiser, mais qu'une grande fatigue allait le cueillir. Il n'entendit pas la réponse d'Hamza ou d'Idill. Il était déjà dans un épais brouillard. Seul face à sa douleur. Il eut juste le temps de penser que cet abruti d'homologue ne s'était pas présenté de la journée...


Les paupières d'Anduin papillonnèrent longuement avant de se stabiliser. Il était en train de regarder le plafond. Seul dans son lit. Il se releva doucement car sa tête tournait, comme s'il avait bu. Il regarda vers la fenêtre de son balcon, ou les rideaux ondulèrent avec la brise. Il avait l'impression que c'était le soir. Il n'avait pas dormi ?

- Le bel au bois dormant s'est-il enfin réveillé ?

Une voix mesquine le surprit. Il plissa les yeux toujours en direction de la fenêtre, quand une ombre se leva d'un siège installé sur la balustrade. Elle s'avança, et écarta les rideaux pour laisser découvrir un étrange personnage.

- Nous nous connaissons ? demanda Anduin se frottant les yeux.

- C'est pourtant vous qui m'avait fait demandé... J'ai veillé longtemps pour avoir cet entretien...

Anduin resta bouché bée. Son interlocuteur n'était pas beaucoup plus âgé que lui. D'une main, il balaya un pan de tissu blanc cousu d'or, qui s'était échappé de son turban de même couleur, faisant scintillé par la même occasion une grosse boucle d'oreille, toute d' or elle aussi.

- Vous êtes...

- Prince Irion, pour vous servir !

Le jeune homme s'approcha du lit avec une certaine élégance exagérée. A la lumière de sa bougie, Anduin le détailla plus facilement. Il portait des vêtements extravagants, dont le prince était certain de n'avoir jamais vu ce type de costume. Son armure semblait être fait d'écaille de dragon miniatures, il portait de petites épaulettes aux pompons dorés. Des plumes noires ébènes formaient une collerette qui était ornée d'un énorme joyaux aux reflets rouges étincelants. Sa chemise violine était en accord avec son pantalon légèrement bouffant, et des bottes de cuir dont la pointe se recroqueviller au bout, terminait cet ensemble hors du commun. Une ceinture rouge aux motifs abstraits cousu d'or,  soulignait la taille fine du jeune homme, et il y avait un rappel dans le turban de ce dernier. Mais ce qui dérangea le plus Anduin c'était cette peau si foncée et ses yeux si rouges. Il n'était pas humain.

- Prince Anduin wrynn, se présenta Anduin

- Je sais qui vous êtes, Vous êtes le fils de Varian Wrynn, le petit prince du Royaume de l'Est... Celui qui s'est enfuit dans la Pandarie, celui qui a osé affronter Garrosh...

Anduin fit la moue.

- Je vois que ma réputation me précède...

Irion s'assit sur le lit d'Anduin sans aucune gène. Il croisa les jambes, tout en le dévorant des yeux. C'est du moins l'impression qu'avait Anduin.

- Vous avez fait preuve d'un courage exemplaire, cher prince.

Anduin fut surpris par cette parole.

- Ou d'imbécilité... Je ne sais pas quel qualificatif irait le mieux pour vous, ironisa Irion

- Ha... Je vois... Si c'est pour m'humilier, vous pouvez partir !

- C'est vous qui m'avez fait demandé, et je suis là !

Anduin se retint de respirer, puis il soupira.

- Oui, dit il d'un ton las, Qu'avez vous fait de ma garde rapprochée ! Vous avez envoyé en mission deux hommes qui étaient sous mes ordres.

- Ils ont accepté, je n'y suis pour rien...

Anduin n'avait pas réfléchit à ce détail. Il s'était focalisé sur le fait qu'il y avait eu une dispute entre Idill et Bhohort, mais Irion disait vrai, Tarenn et le worgen auraient pu refusé, tout simplement. Anduin grimaça.

- Ils ont accepté  car c'était dans votre intérêt cher prince.

Irion s'était littéralement penché dans le creux de l'oreille d'Anduin sans qu'il s'en aperçoive. Sa voix si suave le fit frémir quelques instants avant que la tension ne redescende quand Irion se releva. 

- Comment cela dans mon intérêt ?

- Êtes vous prêt à rester indéfiniment dans votre lit ?

- Non ! Bien sur que non ! C'est pourquoi l'Archidruide doit revenir, il était censé m'aider à me mouvoir.

- Et si je vous disais qu'il était parti chercher quelque chose qui vous permettrez de me rejoindre en bas, dans la grande salle, ou bien dans la mezzanine afin que nous puisions boire du thé à notre convenance ?

Anduin fronça les sourcils. Il ne voyait pas quel objet allait lui permettre de bouger.

- Vous n'avez jamais vu des vétérans de guerre... Répliqua Irion

Anduin hocha la tête, puis il rougit... Bien sur qu'il avait déjà vu des vétérans de guerre, Hurlevent en était pleine à craquer. Et comment se déplaçaient-ils ?

- une canne...

- Plus exactement des béquilles, elles vous seront très utiles, mais pas de vulgaire béquilles, elles seront sculptées dans un bois très résistant mais aussi très rares par un artisan hors paire. J'ai seulement proposé à vos "gardiens" d'aller récupérer ces béquilles si spéciales . Ils ont tout de suite accepter ma demande. Puisque c'était pour vous.

Anduin rouspéta :

- Il aurait été bien de m'en informer avant d'envoyer qui que ce soit en mission, même si c'était pour m'aider !

- J'ai aussi désamorcé une bombe...

- Quoi ?

- Vos deux hommes de main étaient sur le point de se battre à mort...

- Tarenn n'est pas de ce genre... Il aurait tout fait pour éviter le conflit.

- En êtes vous certain ?

Anduin se mit à douter. Tarenn était un elfe de confiance, il ne voyait pas comment il pourrait perdre patience, à moins que cela ne touche de près ou de loin Hamza...

- Bon sang... murmura Anduin

- Je sais, je sais, il est dur de tout diriger quand on a des hommes sous ses ordres. Après tout, cela reste des personnes avec leurs propres sentiments.

Anduin se frotta le visage, avant de jeter un coup d'œil sur Irion.

- Et vous... Vous dites que vous êtes prince, mais de quel sang royal parlons nous ?

- D'un sang très très ancien. D'un sang à l'aube de la naissance d'Azeroth...

Il se leva et s'étira comme un chat. Puis se retourna pour faire face à Anduin. Son sourire carnassier déstabilisa Anduin. Il se reprit :

- Vous ne m'avez pas répondu !

- Ho... Ne vous inquiétez pas, vous l'apprendrez assez tôt. Sur ce... bonne nuit mon prince...

Il recula de quelques pas, puis s'inclina près de la fenêtre et disparut dans les voilages.

- Quoi ??? Attendez !! Mais !! GARDES !!!!

Les deux soldats entrèrent dans un fracas abrutissant.

- Votre altesse ? demanda l'un d'entre eux

- Il... Allez au balcon, quelqu'un vient de sauter !!

Ils se précipitèrent vers la fenêtre, puis cherchèrent dans les moindre recoins, avant de constater qu'il y avait personne.

Hamza arriva de suite, suivi d'Idill qui était légèrement groggy, tous deux étaient en habit de nuit.

- Votre altesse qu'est qui s'est passé ? Rien de grave ?

Hamza passa sa main illuminée de Lumière sur le corps d'Anduin.

- Non, ce n'est pas cela ! C'est ce prince noir, il a sauté de mon balcon, et....

- Il n'y a rien, dit l'un des soldats.

- Prince Anduin, cela faisait presque une journée entière que vous avez dormi... Nous vous avons laissé reposer après le bain dans le bassin. Vous vous souvenez ?

Anduin hocha la tête, puis regarda la fenêtre. Il vit Idill repasser derrière les soldats et hocha de la tête négativement.

- Personne n'est venu vous visiter, n'est ce pas ? demanda Hamza aux soldats.

- Personne n'est rentré dans votre chambre, répondirent il

- Ce n'est pas possible, je... j'ai rêvé ?

- J'ai bien peur que oui, votre altesse. Peut être souhaitiez vous si fort de voir le prince Irion que vous avez rêvé de lui ?

- Oui... Oui, peut être bien.

- Nous l'avions informé que vous étiez souffrant et qu'il ne fallait pas vous déranger. Mais si vous êtes mieux, demain nous pourrons demander à ce qu'il vous rende visite.

Anduin acquiesça, et se rallongea doucement. Hamza attrapa les draps, et les remonta jusqu'à la poitrine d'Anduin.

- Je suis heureux de vous voir ainsi. Vous êtes revenu, et c'est tout ce qui compte. Nous allons vous laisser vous reposer. Bonne nuit, Messieurs ?

Hamza attendit que les deux soldats sortent de la chambre, après avoir fermé les fenêtres, puis il s'inclina et sortit à son tour avec Idill.

Anduin regarda longuement la fenêtre. Il n'y avait plus rien de suspect. Sa jambe gauche le rappela alors à l'ordre. Il gémit tout en se frottant celle qui demandait de l'attention, puis il remarqua que celle de droite était moins douloureuse. Alors il sourit, les soins commençaient déjà à faire de l'effet, et cela valait plus que tout l'or du monde. 

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