Chapitre 50

Ce matin là, l'effervescence était à son comble. Tout le campement des marcheurs du temps semblait traumatisé par une nouvelle. Celle que Kairozdormu avait vu quelque chose de terrible.

Au départ, Irion avait cru qu'ils s'étaient aperçus que quelqu'un avait utilisé " la vision du temps" sans leur permission. Mais bien vite, il comprit que c'était Kairozdormu lui même qui avait fait fonctionné l'artefact tout seul. Son petit voyage avait l'air d'être passé inaperçu.

- Que se passe -t-il ?

Anduin était sorti à son tour de la tente royale. Irion ravala la colère qu'il avait en lui, puis il répondre du bout des lèvres :

- Kairozdormu a effectué un voyage dans les couloirs du temps, et il semblerait qu'il ait vu quelque chose...

- Ce n'est qu'une vision ?

- L'artefact n'est pas loin d'être calibré...Répondit Irion

- Comment cela ? Je croyais qu'il fallait encore quelques manipulations pour...

- C'est Kairozdormu lui même qui me l'a dit ce matin. Et ... Il va demander au groupe de partir sur la vision qu'il a vu. S'ils voient la même chose que lui, "la vision du temps" sera sans doute opérationnelle.

Anduin se tourna vers le groupe d'expédition qui était près à partir. Il accourut vers ses gardiens, leur souhaitant bonne chance.

- Mon prince, nous avons effacé toute trace de votre passage, chuchota Droite qui s'était glissé derrière lui.

- Bien... Je ne voudrais pas qu'on découvre ce que j'ai pu voir, ni qu'il comprenne que l'artefact est déjà opérationnel.

- Êtes vous bien sûr d'avoir eut une vision stable ?

- Oui... J'ai bien vu Garrosh vivant.

- Si vous le dites...

- Allez voir de plus près leur "expédition".

- Oui...

Ce pendant Droite ne bougea point.

- Y a-t-il autre chose ?

- Mon prince, même si votre premier plan a échoué, le prince Anduin, vous allez l'abandonner ?

Irion baissa les yeux sur Droite.

- Que me suggères tu ?

- Il ne faut pas éveiller les soupçons... Vous devriez continuer à entretenir votre relation avec le prince.

Irion referma ses mains, il avait été trop loin avec le jeune humain, il le savait. Le mettre de coté pouvait effectivement éveiller les soupçons. Mais il y avait autre chose. Il était en colère de savoir qu'il avait misé sur la mauvaise personne pour son projet. Une personne qu'il appréciait grandement. Une personne qui faisait battre son cœur de manière si intense. Une personne dont le regard le transperçait. Une personne qui le faisait frissonner quand elle s'approchait un peu trop de lui. Une personne dont la présence l'apaisait la nuit venue. Une personne qu'il aimait bien finalement.

- Je prendrais en compte ta suggestion, répondit Irion à Droite.

Celle ci se volatilisa après qu'il est prononcé ses quelques mots. Il inspira un grand coup, puis décida de suivre lui aussi de plus près cette nouvelle tentative de voyage dans les couloirs temporels.

Le sablier fut retourné, et le groupe disparut dans le camps. Irion se rapprocha de Kairozdormu pour écouter ce qu'il avait vu.

- êtes vous certain d'avoir eu cette vision ? Demanda Anduin

- Tout dépendra de ce qu'auront vu vos champions... Si la vision est la même que la mienne, alors c'est une tragédie.

- Où les avez vous envoyé ? Demanda Irion cette fois ci.

- Les grottes du temps...

Irion fronça les sourcils. 

Pourquoi les grottes du temps ? Qu'est ce que Kairozdormu avait en tête ?

- Espérons qu'ils n'aient pas la même vision que vous...

- D'un autre coté, si la vision est la même, nous pourrons dire que l'artefact est prêt pour un quelconque usage.

 - Je vois, répondit Irion.

Le dragonnet se rapprocha d'Anduin, et lui murmura :

- Nous devrions manger un bout. Leur quête peut prendre un peu de temps, et mon ventre crie famine...

Le prince fronça ses sourcils blonds. Il était dubitatif par le changement de caractère d'Irion.

- Vous n'êtes plus fâché contre moi ? Même si je ne sais pas ce que j'ai pu vous faire...

C'est ce que vous vous apprêter à faire qui me fâche ! pensa Irion

- J'étais fatigué, ma langue a été, je conçois, acerbe.

- Soit... Allons nous restaurer.

Anduin avança vers une échoppe qui s'était installé non loin du campement. Irion lui emboita le pas. Ils s'installèrent sur les tabourets attenant au restaurant ambulant.

- Qu'est ce que je vous sers messieurs ? Demanda le patron, un énorme pandaren coiffé d'une toque de cuisinier et d'un tablier bleu foncé.

- Servez moi un grand bol de ramen aux radis de la Vallée des quatre vents, répondit Irion

- La même chose pour moi, s'empressa de dire Anduin.

- Pas de souci ! Allo ! Nous avons deux ramens spécial quatre vents !!

Derrière lui, deux autres pandarens lui répondirent " Oui Chef !" avec entrain. Le cuisinier leur servit une boisson en attendant. Anduin posa ses lèvres sur le bord du verre et aspira doucement le nectar qui se trouvait dedans. Irion fit de même, mais ses yeux n'arrêtaient pas d'observer les deux muscles charnus du prince. Il vit sa langue les lécher avec avidité.

- Vous semblez apprécier ce qu'on nous a servi, dit Irion avec un sourire en coin.

- Oui...

Anduin rougit à cette remarque.

- J'avoue que ce petit alcool de pêche est appréciable, pour nous faire patienter c'est idéal.

- Prince Irion...

Il met les formes, je n'aime pas cela... pensa Irion

- Il faut que je vous parle de quelque chose, murmura Anduin.

Irion se pencha plus près de lui, devinant qu'il ne voulait pas que personne d'autre entendent ce qu'il avait à dire. Il n'arrivait toujours pas à quitter les lèvres d'Anduin. Elles se mirent à se mouvoir doucement.

- Légolat... est venu me voir après la vision, celle de Garrosh emprisonné.

Irion râla intérieurement. Et d'une c'était la vision qui lui avait mis un doute sur Anduin, mais aussi parce que comme il avait prédit Légolat avait fourré son nez là où il ne devait pas.

- Et ?

- Garrosh n'était pas seul dans cette cellule. Les autres n'ont pas bien vu qui était avec lui, mais Légolat a aisément deviné qui était l'étranger dans la cage.

- A savoir ?

Anduin ferma les yeux quelques instants, inspira fortement puis les rouvrit pour fixer Irion.

- A savoir moi...

- Vous ? Mais... Comment cela ?

- Il n'a pas pu m'en dire plus. Il m'a simplement reconnu et que les autres non. Irion... Pourquoi une telle vision ? Comment pourrais je faire cela dans l'avenir ?

Irion se détourna d'Anduin. Il savait très bien pourquoi l'elfe avait vu cela. Puisque Garrosh ne serait pas tuer à cause principalement d'Anduin.

- Ce n'est pas vous qui dites que vous êtes bienveillant ? Peut être que votre bienveillance dans l'une des voix temporelles dépassent l'entendement. Ce que je veux dire, c'est qu'on n'est pas certain de ce qu'a montré "la vision du temps". L'artefact n'était pas encore stable. Cette vision n'existera peut être jamais ... Alors pourquoi s'en inquiéter ?

Il sentit les épaules de son homologue se détendre.

- Je savais que si je me confiais à vous... Vous auriez dit ce genre de chose pour me réconforter.

Irion arqua un de ses sourcils et alors qu'il allait lui répondre, deux bols de ramens fumants furent posés devant chacun d'eux.

- Et voilà votre commande ! Bon appétit à vous !

Anduin attrapa ses baguettes et les trempèrent dans la soupe pour récupérer un morceau de radis. Il se pencha légèrement bloquant de son autre main les mèches de cheveux qui tombèrent. Sa bouche émit un petit gémissement de plaisir quand le morceau fut croqué. Ce geste si anodin mit en éveil tous les sens d'Irion. Ce dernier se mit alors à fantasmer sur le jeune blond qui se tenait à ses cotés. Un peu trop fort. Des visions d'eux deux s'embrassant à pleine bouche virent envahir son esprit pourtant si pragmatique. Il revit la scène de la danse et regretta finalement de n'avoir pas été plus loin.

- Irion ? Vous vous sentez bien ? Vous êtes rouge ! Avez vous de la fièvre ?

A peine le prince avait il dit cela, qu'il plaque une de ses mains sur le front d'Irion. Puis il se rapprocha pour coller le sien. Irion fut pris de panique. Il était si près de lui. Et pourquoi était il dans cet état, alors qu'il l'avait déjà embrassé ?

- Non... vous n'êtes pas chaud...

Irion se dégagea vite du front de son compagnon de comptoir, et plongea ses baguettes à son tour dans le ramen.

- C'est les vapeurs de la soupe ! s'écria t-il

- C'est vrai que c'est chaud, sourit Anduin qui reprit lui aussi son bouillon.

Irion soupira, il avait réussi à faire passer ce mensonge. Mais pourquoi subitement, il n'arrivait plus à être raisonnable face au prince de l'Alliance. Alors qu'ils continuèrent à manger en silence, Kairozdormu arriva sur eux en criant :

- Ils sont revenus !

- Comment déjà ? s'exclama Anduin

- Oui, venez, je pense qu'il est important que vous assistiez à leur rapport...

Les trois hommes se dirigèrent vers le groupe qui étaient en train de discuter vivement avec d'autres membres des marcheurs du temps.

- Que se passe t-il ? Demanda Anduin quand il fut à leur hauteur.

Idill regarda Bhohort gêné.

- Ne me dites pas que vous m'avez vu ?

Le worgen secoua la gueule avec conviction.

- Non, votre altesse, non mais nous avons assisté à une mort.

- Qui cela ?

- C'est de la compagne de Nozdormu. Soridormi, annonça Idill avec peine.

Tous furent choqués d'apprendre cela.

- Nous avons vu alors la même chose, annonça Kairozdormu

- Hélas oui... Si on suit vos propos, vous aviez dit que si nous avions la même vision que vous, le sablier serait alors parfaitement calibrer... Continua Légolat.

- Mais il y avait quelque chose de bizarre ! Il y avait quelqu'un à coté de son cadavre, et c'était vous ! s'exclama Gimlys

Le nain montra du doigts le dragon du vol de bronze ?

- Moi ? Comme cela est étrange... Cela ne s'était jamais produit auparavant.

- Bien sûr, vous n'êtes jamais allé dans les visions jusqu'à maintenant, Répondit Irion. Il est fort probable que votre écho soit resté sur place. A moins que notre petit groupe vous a vu tué Soridormi ?

- Non ! Bien sûr que non, répondit Idill.

- Alors peut on dire malgré tout que "la vision du temps" est calibré comme il se doit ? Demanda Anduin.

- D'après mes recherches, oui, la même vision vécu par deux groupes différents... Nous pouvons dire que le sablier répond maintenant à nos exigences. 

- Vous voulez dire que ce qu'on a vu, serait le futur ? Demanda Idill qui tremblait de plus en plus.

- Non... Juste une possibilité parmi tant d'autre... Maintenant, si vous le permettez, j'aimerai étudier le sablier avec ces nouvelles données, informa Kairozdormu.

- Oui... bien entendu, répondit Anduin. Nous vous laissons travailler dans ce cas.

Le dragon de bronze s'inclina devant les membres du groupe et s'éloigna avec dans ses mains le sablier.

Irion fronça des sourcils. Il annonça aux autres son souhait d'émettre une suggestion à Kairozdormu. Personne ne se préoccupa de lui. Ils étaient tous occupés à spéculer sur ce qui avait pu arrivé à la consort de Nozdormu.

Sauf Anduin qui hocha la tête d'entendement.

Irion rattrapa Kairozdormu.

- Vous voulez me voir prince noir ?

- Oui, nous devons parler sérieusement.

- Je comptais justement vous faire demander. Mais vous êtes tellement collé au prince Anduin que j'ai cru que jamais je pourrais le faire. A croire que vous êtes amoureux de lui ...

- Taisez vous ! Répliqua violemment Irion

- J'ai tapé sur quelque chose qui ne fallait pas ?

Irion bougonna sur les dires du dragon de bronze, mais il ne s'attarda pas dessus. Il voulait mettre les choses au clair, car maintenant tout allait s'accélérer.

- Mes agents infiltrés sur Orgrimmar m'ont dit que l'Alliance et la rébellion s'étaient rassemblés devant les portes. Ils vont attaqués, et nous savons pertinemment la fin de cette histoire !

- Effectivement...

- Nous devons changer nos plans, car Garrosh ne mourra pas. Cet idiot de prince a réussi à faire changer son père en guimauve, et ils ne tueront pas l'orc. Les deux factions ne vont pas se rassembler autour de cet évènement !

- Et c'est bien fâcheux, êtes vous certain de cela ?

- Oui... Je suis allé moi même vérifier.

- Tout seul ? Vous avez eu du cran, il aurait pu vous arriver quelque chose de grave, surtout que je ne vous ai jamais donné la permission de le faire.

Irion pesta, puis repris :

- Si nous voulons sauver Azeroth, nous devons changer nos plans.

Kairozdormu acquiesça aux dires d'Irion. Il se mit à réfléchir, puis un sourire se dessina sur son visage.

- Ils ont dit qu'il y avait un surement un procès pour l'orc... Et si nous misons sur lui.

- Comment cela ?

- Hé bien disons que je pourrais faire parti de ce procès, et donc nous pourrions utiliser "la vision du temps" ? Amener cette assemblée à utiliser le sablier.

- Continuez  ?

- Je pourrais trafiquer notre sablier pour faire échapper Garrosh et l'emmener sur une autre ligne temporelle que la notre. Assez loin dans le temps pour éviter la malédiction de la peau verte...

- Intéressant, développez ...

- Si nous arrivons à transporter Garrosh et que nous arrivons à le persuader de reformer une Horde nouvelle... Avec les plus impressionnants éléments qui l'ont constitué dans son Histoire ... Nous aurions alors une armée puissante pour arrêter la Légion Ardente dans notre ligne temporelle.

Irion souriait au fur et à mesure que le plan se montait, jusqu'à découvrir ses canines brillantes au soleil.

- J'apprécie votre stratégie... Mais seriez vous capable de faire ce qu'il faut pour le sablier ?

- Oui, j'ai tous les composants et je suis certain de le finir en temps voulu.

- Alors nous aurons assez de force pour arrêter l'invasion de la Légion Ardente et sauver Azeroth, n'est ce pas ?

- Tout à fait !

- Très bien alors commençons à travailler sur notre précieux artefact  !

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