Chapitre 5

L'auberge était étrangement calme pour cette première matinée avec l'un des clients les plus prestigieux que Tong avait pu avoir dans sa carrière d'aubergiste. Il versa de l'eau chaude dans une grande théière couleur rouge et or, puis plongea sa grosse patte dans un bocal où il sortit un sachet d'un thé très spécial. Il trempa le sachet dans la théière et laissa infuser les feuilles dont certaines s'étaient échappées de la mousseline. Des pas le sortirent de sa contemplation. Des pas furtifs qu'il reconnut sans aucun problème.

- Vous êtes de retour? Demanda Tong tout en levant les yeux vers celui qui descendait les escaliers. Et vous êtes matinal... C'est d'une rareté.

- Que voulez vous, on ne se refait pas.

- C'est à cause de notre nouveau client?

L'étranger sourit soudainement et montra à quel point ses canines étaient pointues et luisantes.

- J'avoue que je suis curieux. On m'a tant parlé de lui ses derniers temps, que je ne pouvais pas passé à coté d'une telle occasion pour faire plus ample connaissance avec lui.

- Alors vous êtes revenus ici juste pour lui?

L'étranger fixa quelques secondes Tong. Son sourire avait disparu et il semblait perdu dans ses pensées. Puis sans rien dire, il s'enfonça dans la salle de l'auberge et prit place à une table dont la pénombre ne laissait plus qu'apparaitre ses deux grands yeux rouges flamboyants. Tong soupira et prépara un autre thé. Il savait ce que l'étranger prenait habituellement. Il versa l'eau infusée dans une belle tasse et l'apporta à sa table. Il posa la coupelle et releva les yeux vers la gauche et la droite de l'étranger. Elles étaient là, presque imperceptibles, comme des fantômes, les gardes du corps du Prince Noir.   

- Merci Tong, une nouvelle journée se lève et je pense que je vais avoir vraiment besoin de votre thé!

Le pandaren s'inclina et retourna à ses fourneaux. Il jeta un coup d'œil dehors où l'aube commençait déjà à se lever. Le prince noir avait surement raison, cette journée allait être éreintante.

- Oncle Tong ?

Il sursauta à la petite voix éraillée de sa nièce. Celle ci se frottait les yeux encore endormie par le sommeil.

-  Ma petite fleur de lotus, comment ça se fait que tu es déjà debout!

La pandaren bailla puis se gratta le coté.

- Tu n'as pas ta chambre attenant à celle de nos nouveaux invités. Ils sont ... plutôt bruyants!

Tong se mit soudain à ne plus respirer. Avait elle entendu des bruits suspects, des bruits que font certains adultes quand ils sont amoureux? Il projetait déjà dans sa tête ce qu'il allait pouvoir lui répondre aux questions indiscrètes de sa nièce, quand cette dernière apporta une petite précision.

- Ils n'ont pas arrêté de se disputer! Je ne comprends pas pourquoi tu as mis ces quatre personnes dans la chambre !

- Quatre ? Mais enfin j'ai mis que trois lits... répondit Tong sourcillant

- Ouais ben apparemment le grand type roux, qui avait dit qu'il n'avait pas besoin de dormir, s'est invité dans la chambre des trois autres, et ça leur a pas plus.

Tong grommela, il avait bien compris que le worgen allait poser quelques soucis. Il était trop impétueux.

- Je suis vraiment désolé de ce qu'il s'est passé...

Une petite voix s'éleva du haut des escaliers. Tong leva les yeux pour observer le jeune prêtre blond. Celui ci tripotait quelques mèches de cheveux avant de descendre.

- Nous avons été impoli... Mais notre chevalier de la mort est du genre têtu, et il a voulu absolument "dormir" auprès de son partenaire... Nous nous sommes disputés et j'ai bien l'impression que cela n'est pas passé inaperçu.

- Ouais ! répondit ardemment la jeune pandaren

- Vous m'en voyez désolé, encore une fois...

Le prêtre s'inclina auprès des deux pandarens.

- Je ne veux pas juste des excuses, je veux que vous faisiez plus ! répliqua la pandaren

- Mais que puis je faire de plus ? demanda Hamza

- Hé bien, vu que vous m'avez empêché de dormir, vous vous occuperez de sa majesté toute la journée au lieu que ce soit moi !

- Muhan !! Tu ne peux pas demander cela ! répliqua Tong

- J'accepte, Muhan puisque je sais maintenant comment vous vous nommez, répondit Hamza

Muhan sourit alors, puis tapota la tête encore inclinée d'Hamza, et remonta les escaliers en disant à son oncle.

- Du coup je vais aller me recoucher et profiter une bonne grasse matinée ! Monsieur le prêtre ! Oncle Tong....

- Hamza, vous pouvez m'appeler Hamza...

La jeune femelle lui sourit avant de disparaitre dans le couloir des chambres. Tong jeta un œil sur le jeune homme qui semblait bien embarrassé.

- J'aurai besoin de vous bientôt pour monter le petit déjeuner de son altesse.

- Très bien, de toute façon, je dois remplacer le prophète Velen dans les soins, alors j'en profiterai.

Il resta silencieux un petit instant avant de demander,

- Pardonnez moi, mais auriez vous vu l'elfe et le worgen en question ? Ils... ne sont plus dans la chambre et j'espère qu'ils n'ont pas causé d'autres soucis.

Tong fut surpris, il réfléchit à la soirée avant de secouer la tête négativement.

- Non, je ne les ai pas vu et ils n'ont pas provoqué un quelconque problème du moins au sein de l'établissement.

- Ho... je vois, espérons que nous les revoyons un peu plus tard dans la journée...

Dans la pénombre, une voix lui répondit :

- Si vous parlez d'un druide elfe de la nuit et d'un worgen... alors je peux vous dire que vous ne les verrez pas tout de suite.

- Pardon ?

Hamza se retourna pour faire face à son interlocuteur. Celui ci sirotait une tasse de thé bien chaude et la posa délicatement sur sa coupelle. Il attrapa une serviette, et vint tapoter son menton avant de la reposer sur la table.

- Comment cela ?

- Non vous devriez me dire merci... Je suis arrivé ici tardivement dans la nuit et j'ai vu vos deux partenaires se disputaient violemment à l'extérieur de l'auberge, je les ai arrêté et j'ai demandé pourquoi une telle dispute. Ils n'ont pas su me dire, ou plutôt ils n'ont pas voulu me le dire. Mais je sentais bien un tension palpable entre deux, alors je les ai envoyé en mission...

- En mission ? Mais ils sont déjà en mission ici Monsieur ! Ils sont censés protéger le prince Anduin !

- Prince Irion ! pas monsieur, je ne suis pas une vulgaire personne... Un sang noble coule dans mes veines.

Tong vit Hamza se raidir. Il déglutit difficilement puis le poing fermé, il rectifia :

- Votre altesse, la mission de ses deux hommes était de veiller sur le Prince Anduin, pas d'aller où je ne sais où.

- Allons !!! Il y a deux gardes, un guerrier et vous même pour le protéger, et puis il y a un être extraordinaire pour vous protéger tous !

- Qui ? répliqua Hamza

- Hé bien moi ! Évidement !!

Le prince noir se mit à rire dans son coin, puis se reprit.

- La mission que je leur ai donné ne sera pas difficile, ils seront de retour bientôt j'en suis sûr... Profitez de ce moment de répit jeune prêtre, et occupez vous de votre prince.

Tong observa Hamza du coin de l'œil. Le jeune homme était mal à l'aise. Il se torturait les doigts machinalement tout en murmurant que tout allait bien.

- Monsieur Hamza, le thé de son altesse est prêt, je vais mettre un plateau à votre disposition et vous pourrez monter dans sa chambre, dit l'auberge d'une voix douce.

Hamza hocha la tête et remercia Tong d'une voix effacée. Le pandaren posa le thé, quelques brioches chaudes juste sorties du four et du beurre. Le prêtre attrapa le plateau et inclina la tête en guise de remerciement, puis monta sans jeter un regard à celui qui l'avait interpellé. Tong se frotta la tête et se tourna vers le prince noir.

- Vous avez été un peu dur avec lui...

Le jeune homme un sourire au coin, fit un geste de la main pour signifier qu'il en avait rien à faire des états damnes du jeune homme.

- Plus tard il me remerciera... Les humains sont vraiment fascinant mais quelques fois, leurs sentiments prennent trop le dessus.

- Ha... Votre altesse, vous ne savez pas de quoi vous parler. Avez vous été une seule fois amoureux dans votre vie?

Le prince noir pouffa puis répondit :

- Je ne perds pas de temps avec tout ces choses futiles, moi j'ai de grands projets en tête !

Tong se mit à sourire tout en continuant de faire sa mise en place pour la journée. Il avait bien compris que ce jeune prince n'avait certainement pas connu un tel sentiment en lui. Quelque chose qui vous prend aux tripes comme l'amour, cela ne se balaye pas d'un seul geste de la main. Il comprenait tout à fait les sentiments du jeune prêtre, puisque lui même avait aimé autrefois. un pincement au cœur apparut. Il se tint la poitrine, essayant d'empêcher la douleur se propager en lui, puis il me murmura :

- Nana, tu me manques tellement...

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