Chapitre 48
Irion ouvrit les yeux doucement. Il ne voulait pas éveiller les soupçons. Il cligna des paupières lentement et découvrit qu'il faisait nuit. La pénombre avait envahi sa chambre. Puis il remarqua une chevelure blonde pas très loin de lui. Anduin s'était endormi à son chevet. Assis près de son lit, il avait posé sa tête sur ses bras. Il avait dû veillé toute la journée ainsi qu'une partie de la nuit.
- Mon prince, murmura Droite se faufilant dans la chambre.
- Ha c'est toi ! Quelles sont les nouvelles ? chuchota Irion
- Votre plan a marché. Le prince a destitué le prêtre Hamza, mais Tarenn l'a suivi.
- Pfff... Je m'en doutais un peu. Ils sont inséparables... Mais j'ai ainsi le champs libre.
- Oui...
- Bien. Je vais faire en sorte que les deux autres n'interfèrent plus dans ma relation avec le prince de l'Alliance.
Irion entendit un grognement de la part d'Anduin puis un souffle inspiration. Celui ci était en train de se réveiller.
- Disparaissez ! Ordonna Irion à Droite.
Cette dernière était déjà partie. Irion soupira à son tour et vit la chevelure bouger. Anduin relevait sa tête. Le dragon ferma les yeux à nouveau puis se mit à grimacer, comme si la douleur était plus forte que son repos.
- Prince Irion ... Murmura Anduin, vous avez mal ?
-Hummm, grogna t-il
- Dites moi où ? Je vais faire appel à la Lumière pour vous soulager.
Irion se mit alors à jouer une grotesque comédie. Il murmura affolé :
- Il est encore là ! Il va me tuer !!
Anduin lui attrapa sa main, et Irion sentit une vague de chaleur le parcourir. La Lumière était en quête de guérir quelque chose.
- Ne vous inquiétez pas, j'ai fait partir Hamza, il ne vous touchera plus... Tarenn est aussi parti.
Irion ouvrit les yeux comme un malheureux, clignotant de nouveau ses paupières pour montrer un semblant de faiblesse. Il vit toute l'inquiétude dans les yeux bleus du prince et eut presque honte de jouer une telle facétie face à cet humain si naïf.
- Vous me soulagez en apprenant une telle nouvelle. Alors nous allons être tranquille ?
Anduin ne répondit pas. Il hocha la tête qu'une seule fois, comme s'il regrettait d'avoir évincer ses deux plus fidèles champions. Irion tendit la main vers le visage d'Anduin et le caressa furtivement. Anduin sourit alors à ce geste d'affection.
- Vous m'avez fait peur. J'ai cru que je vous avais perdu pour de vrai. Hamza a lancé un sort d'une telle puissance ! Je ne comprends toujours pas son geste.
- Nous ne le saurons surement jamais pourquoi il a fait sur moi... répondit Irion toujours dans cette fausse tragédie.
- Maintenant que vous êtes revenu à vous, je vais vous laisser vous reposer, et moi aussi d'ailleurs, rit Anduin
- Prince Anduin !! Ne me laissez pas tout seul !!!
Le prince arqua un sourcil.
- Dormez avec moi rien que cette nuit... Je ne vous le demanderai plus à l'avenir.
Anduin sourit. Il se leva puis se faufila dans le lit du prince noir qui lui laissa un peu plus de place. Ils se retrouvèrent comme dans la cabine, tous deux à regarder le plafond. Le silence s'imposa entre eux.
- Je suis content que vous soyez toujours en vie... dit Anduin en le brisant.
- Et moi je suis content de vous avoir à mes cotés, répondit Irion.
Ils tournèrent la tête en même temps et se regardèrent longuement. Leurs respirations étaient synchronisées, leurs souffles balayèrent leurs joues respectives, ils étaient sereins. Anduin avança son visage un peu plus près. Ses yeux parlèrent, il demandait la permission. Irion sourit largement et pour répondre à sa question muette, il vint sceller ses lèvres contre celle d'Anduin. Le baiser fut chaste et court. La fatigue prenait le dessus, et tous deux s'endormirent dans les bras de l'un et de l'autre.
Quand Irion se réveilla pour la seconde fois, il faisait jour et Anduin n'était plus dans son lit. Il se releva sans aucune difficulté et s'apprêta à sortir quand Gauche vint le retrouver.
- Qui y a t'il ?
- Hamza et Tarenn sont partis
- Je suis au courant,
- Mais ils ont été immédiatement remplacé par un nain et un elfe de sang...
- Un elfe de sang ? Comment se fait il que... Ha ! Non... Ça ne peut pas être encore eux !
- Le prince a donné le commandement au worgen qui s'est empressé de demander au nain et à l'elfe de rester ici pour devenir les nouveaux "gardiens" .
- Bon sang... Bien que le nain ne me pose pas de problème, l'elfe de sang c'est tout autre chose. Il est intelligent... Il va falloir que je la joue très fine.
Après avoir remis correctement ses gants noirs, il soupira et demanda à Gauche :
- Où est le prince Anduin.
- Il s'est afféré ce matin. Il est auprès de Kairozdormu.
- Ok... Bon il va falloir que je continue à jouer la comédie.
Voyant que Gauche ne bougeait pas, Irion demanda :
- Y a t-il autre chose que je dois savoir ?
- Vous êtes très doué dans la manipulation, mais il n'y a t-il vraiment rien entre vous et le prince ?
Irion se statufia à cette question. Il baissa les yeux pour éviter le regard pénétrant de l'orc.
- Non... Tout ceci n'est qu'un jeu, que je compte mener d'une main de maitre. Azeroth a besoin de moi, Il faut à tout prix que les habitants de cette planète ne fasse qu'un afin de la sauver. Et Le prince Anduin m'y aidera !
Il resta silencieux quelques secondes et reprit confiant, levant la tête vers Gauche :
- Il n'y a pas de place pour les sentiments dans cette quête !
- Si vous le dites...
- Je ne te savais pas si romantique Gauche. Une facette que je découvre.
Gauche se balança sur un pied puis sur l'autre.
- Non... Je le suis aucunement. Pour Azeroth !
Puis elle partit en trombe.
- Oui... Pour Azeroth, chuchota Irion
Il souleva le rabat de la tente et se protégea avec sa main du soleil éblouissant quand il entendit son prénom.
- Prince Irion ! Vous avez réussi à vous lever ?
Anduin vint à sa rencontre, tout souriant. Irion lui rendit l'appareil.
- Bien sur. Nous avons tellement de chose à faire, je ne pouvais rester dans cette tente éternellement. Et...
Il mima une douleur fulgurante, tout en se pliant en deux.
- Irion ! s'écria Anduin. Venez vous assoir. Vous n'auriez peut être pas dû sortir si tôt.
- Prince noir, le prince Anduin a raison. Nous maitrisons notre projet à la perfection ! Et nous sommes sur le point de faire les premiers essais !
Celui qui venait de parler, était Kairozdormu. Il aida Anduin à faire assoir Irion face au plan de construction de l'artefact.
- Il est fini ? Demanda Irion troublé par cette nouvelle.
- Oui, les champions que j'avais envoyé, ont rassemblé suffisamment de roche pour le piler et je l'ai transformé en sable.
Irion jeta un coup d'œil sur le plan. Il posa une main délicatement dessus et sourit.
- Il faut le calibrer maintenant, dit Anduin, Nous devons envoyer des champions pour voir comment fonctionne le sablier et le rectifier si besoin.
- Je vois...
Son plan était entrain de prendre forme. C'était magnifique. Il jeta un regard sur Anduin qui parlait avec enthousiasme de l'aboutissement du projet. Avait-il vraiment des sentiments en vers cet humain ? Soudain les yeux bleus du prince l'accrocha et il lui fit un sourire étincelant. Irion se mit à rosir à ce sourire. Il baissa les yeux, fuyant encore une fois la question des sentiments. Il ferma les yeux et essaya de ce débarrasser de cette gène si envahissante. Il se rappela alors des cauchemars qu'il faisait en continue. De l'arrivée de la légion Ardente si on ne faisait rien. Et puis la mort, la désolation tout autour de lui.
- Irion ?
Chaque pas qu'il faisait sur cette terre stérile qu'était devenu Azeroth lui arracha des larmes.
- IRION ?
Ce dernier sursauta à son nom.
- Qu'avez vous mon ami ?
Anduin se pencha sur lui, et lui caressa la joue. Il poussa vers l'extérieur les larmes qui avaient coulé bien malgré lui.
- Vous avez mal ?
Irion écarquilla les yeux, et hocha la tête négativement. Puis il se déroba au geste d'Anduin. Son visage se ferma, et dans une introspection, il se dit :
Non... Il n'y a pas de place pour les sentiments, vraiment pas.
Pourtant Anduin avait réussi l'exploit de calmer ses cauchemars, juste avec sa présence. C'était aussi à cause de cela qu'Irion voulait miser sur lui pour arrêter la Légion Ardente. Ainsi, il réussirait à mettre tout le monde sous une même bannière, et ils se prépareraient à combattre la venue de la Légion Ardente.
- Nous devons envoyer quelques personnes essayer le sablier. Il faut le faire rapidement, avec les nouvelles que nous avons reçu de ce matin...
Kairozdormu avait l'air tendu. Il regarda avec intensité Irion.
- Quelle nouvelle ? Demanda Irion à Anduin.
- La rébellion de la Horde mené par Vol Jin et Thrall, ainsi que l'Alliance vont attaquer Orgrimmar. C'est là bas que Garrosh s'est réfugié après avoir volé le cœur d'Y'Shaarj. C'est un Dieu Très Anciens n'est ce pas ?
Irion fronça les sourcils. La Horde et L'Alliance ensemble, main dans la main ? Son projet avançait plus vite que prévu.
- Oui... Il est l'un des DTA. Mais arriveront-ils à renverser Garrosh ?
- C'est là que le sablier va intervenir. Nous pouvons faire partir un groupe de suite pour savoir si le sablier fonctionne correctement !
Anduin souriait toujours à Irion
- Et je suis certain que nous réussirons à renverser Garrosh.
- Si vous le dites, mon prince, répondit Irion qui se mit à sourire doucement.
- Très bien ! Dans ce cas nous allons envoyer des aventuriers pour calibrer le sablier, informa Kairozdormu.
Alors qu'il se dirigeait vers le nouveau groupe des gardiens d'Anduin, ce dernier se rapprocha Irion. Il s'assit sur le même banc que lui, et serra ses mains entre elles. Silencieux, il n'osait plus parler, ni même regarder Irion.
- Qu'y a t-il mon prince, murmura Irion, vous semblez perturbé ?
- Je pense que j'ai fait une erreur...
- La quelle ?
- Je n'aurai pas dû renvoyer Hamza... Et par la même occasion Tarenn.
- Pourquoi pensez vous comme cela ? Il m'a attaqué alors que j'avais le dos tourné ! Et pourquoi ? Pour un simple baiser ? Vous avez fait ce qu'il fallait, vis à vis de moi en tout cas.
- C'est Légolat qui m'a mis le doute. Il m'a dit que le sort "Pénitence" ne devrait pas se comporter ainsi, pas avec une telle puissance, même si Hamza est fort, il n'aurait pas dû vous blesser ainsi. Vous êtes si mal en point.
- En effet c'est étrange. Bien que je ne sous-estimais pas votre prêtre.
Extérieurement, Irion essayait d'aller dans le sens d'Anduin pour ne pas éveiller les soupçons. Intérieurement il bouillait. Il l'avait prédit que cet elfe de sang était intelligent. Mais à peine arrivé, qu'il lui mettait des bâtons dans les rouages de son plan.
- Hamza a assurément engendrer du pouvoir ses dernières années. Mais, il n'aurait pas eu l'intention de vous tuer, il voulait juste nous rappeler à l'ordre. Pas vous détruire. J'en suis certain... Enfin... Je pense que...
Irion regarda Anduin. Ce dernier savait quelque chose qu'il ne savait pas.
- Comment cela ? Vous doutez ?
Anduin fit une grimace puis il releva les yeux vers Irion.
- Est ce que vous vous rappelez, il y a quelques semaines que j'ai demandé ce qu'était les Dieux Très Anciens ?
- Oui vaguement.
- Je vous ai demandé s'ils étaient encore en vie.
Irion ne répondit pas.
- Prince Irion, j'ai sauvé Hamza d'un lieu très étrange, avec une créature bizarre. Tentaculaire, aux multiples yeux, qui murmurait des phrases sans queux ni tête dans l'esprit d'Hamza. J'ai été submergé par le vide... Si je n'avais pas prié si fort la Lumière, je ne suis pas certain que nous serions ici à nous parler...
Irion présenta à Anduin un visage déconfit par les explications.
- Ce n'est pas possible... dit il en déglutissant avec difficulté. Vous venez de me dire qu'un Dieu Très Ancien serait peut être au sein même de votre prêtre ?
- Je... n'en sais rien, je n'ai jamais vu de DTA. Mais cette oppression qu'il y avait dans le corps d'Hamza était inhabituelle. C'est peut être pour cela que "Pénitence" ne s'est pas comporté comme elle aurait dû ?
- Et nous venons de le libérer... Il y a peut être un moyen de les rattraper.
Anduin fit non de la tête.
- Ils sont partis tous les deux loin d'ici. Ils ont pris le bateau dès que je les ai rejeté. Irion, j'ai été impulsif sur ce coup. Nous aurions dû l'écouter, même si je désapprouvai réellement son geste.
Irion se frotta les yeux d'énervement. Ce qu'il avait vu ou entraperçu la première fois qu'il avait rencontré ce prêtre n'était donc pas une illusion. Il cachait quelque chose en son sein. Quelque chose de surement dangereux. Il allait devoir mettre quelques agents sur le coup, et peut être devra t-il se débarrasser définitivement de cet être. Il sentit soudainement une main caresser son bras. Irion se relâcha à cette douce caresse. Il regarda le prince qui était si inquiet.
- Ne vous en faites pas, je suis sûr que ce n'est rien, répondit il tout en attrapant la main du prince.
Il fixa son regard sur les lèvres rosées d'Anduin qui se pinçaient entre elles de regrets. Il porta son pouce pour les effleurer tendrement. Anduin se pencha machinalement contre la paume de sa main gantée. Ses yeux bleus s'accrochèrent aux siens. Irion sentit tout son corps réagir à ce regard si intense. Son torse se courba vers la bouche du prince qui semblait l'appeler quand soudain Kairozdormu leur cria :
- Nous avons envoyé une expédition !
Les deux princes sursautèrent et se rassirent correctement. Ils ne voulaient pas forcement dévoiler leur "petit jeu" devant tout le monde.
- Le worgen ainsi que les deux guerriers et le chasseur ont été dépêché sur un évènement en cours !
- Lequel ? Demanda Anduin qui fronça des sourcils.
Il n'avait plus de gardien à son service.
- Et bien le siège d'Orgrimmar !
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