Chapitre 46

Un nouveau jour se leva sur le camp des marcheurs du temps. Anduin peina à se lever ce matin là. Il attrapa sa nouvelle cane que lui avait confectionné le chronique Cho. Ce dernier s'était installé au campement, et aidait les aventuriers dans divers taches. Il avait remarqué que le prince avait encore quelques difficultés à se mouvoir. Pendant son temps de repos, il fabriqua un cane et sculpta un pommeau en forme de tête d'héron. Il avait entendu parlé de l'exploit contre le Vénérable Chi Ji. Il trouva l'idée plutôt bonne. Bien sur Anduin était ravi du cadeau.

Le prince, aidé de sa cane, marcha jusque dans la pièce principal de leur tente royal, mais ne vit aucune trace d'Irion. Pas plus que dans sa chambre. Il sortit de la tente et fut ébloui par le soleil.

- Prince Anduin ! 

Kairozdormu alla à sa rencontre.

- Avez vous bien dormi cette nuit ?

- Très bien Kairoz, mais quelques douleurs reviennent dans mes jambes et j'ai encore besoin d'aider pour marcher. Heureusement que Cho m'a confectionné ceci...

Il montra la cane au dragon.

- Magnifique ouvrage de la part du Chroniqueur. 

- Oui... Dites moi, vous n'avez toujours pas de nouvelle de mes gardiens ? Demanda Anduin avec une pointe d'inquiétude.

- Hélas non... Mais j'ai demanda tellement de chose pour le fonctionnement du sablier, qu'il est possible qu'ils en ont pour quelques jours encore.

Anduin baissa ses épaules de lassitude. Au début, il était enthousiaste à l'élaboration de cet artefact. Mais il se rendit compte qu'il n'était pas spécialement invité auprès des dragons pour la fabrication cet objet magique. Il chercha du regard l'ombre d'un petit dragon, mais il ne vit rien. Cho était déjà debout et parlait avec un nain et un draénei. Il indiqua quelque chose sur une carte, puis les deux aventuriers se retirèrent.

- Où est le prince noir ? Demanda Anduin à Kairozdormu qui s'était réinstallé à a sa table de travail.

- Je crois qu'il s'est dirigé vers la côte ce matin. Nous avons pratiquement fini le sablier, il ne manque plus que le sable... Il a dit qu'il avait besoin de se retirer afin de peaufiner son "propre" projet.

Anduin hocha la tête et marcha en direction de ce qui devait être la côte.

- Où allez vous prince ?

- Je vais retrouver Irion,

- C'est peut être dangereux !! Revenez !

- Ne vous inquiétez pas, vous avez vous même que l'endroit était sécurisé... Alors je n'ai rien à craindre n'est ce pas ?

Kairozdormu fit une grimace, mais il acquiesça en silence. Anduin le salua, puis partit dans la forêt de bambous géants. Il marcha d'un un rythme lent et difficile. Décidément, sa jambe gauche le trahissait beaucoup trop à son gout. Après une bonne demi heure de marche, il sentit les embruns marins. Il était tout proche de la côte. Il sourit et accéléra son pas. Puis il déboucha enfin  sur une plage de sable fin. Il regarda dans toutes les directions puis il aperçut enfin la silhouette d'Irion. Ce dernier s'était installé sur un rocher, tout près d'une colonie d'énormes tortues. Anduin marcha dans sa direction et cria :

- Me boudez vous ?

Irion sursauta. Il était rare de surprendre le prince noir. Celui ci se retourna pour découvrir qui l'avait interpellé. Il lâcha un soupir discret et se mit à sourire comme il avait l'habitude de faire.

- Désolé, j'ai été plus qu'occupé ces derniers temps...

Irion était en train d'écrire. Il rangea rapidement le parchemin ainsi qu'une plume. Anduin fronça des sourcils. Il s'assit à coté de lui et croisa les bras.

- Occupé ? Vous m'avez carrément laisser tomber dans l'ouvrage de ce sablier ! Et que faisiez vous à l'instant.

Irion toujours souriant, haussa les épaules puis son regard se tourna de nouveau sur la mer en silence.

- Cet objet est plus important que moi ? lâcha soudainement Anduin.

Le prince plaqua sa main sur sa bouche. Les mots qui étaient sorti de sa bouche, n'étaient pas réfléchis. Il avait dit cela d'un ton colérique.

Irion arqua un de ses sourcils, puis il se mit à rire.

- Seriez vous jaloux mon prince ?

- Moi ! Jaloux ? Mais qu'allez vous chercher comme bêtise. C'est simplement que j'aurai voulu être ... Plus impliquer au projet, qui semble vous tenir à cœur. N'est ce pas vous qui êtes venu me chercher pour que je vous accompagne ? Faire cette expédition ensemble ? Mais vous passez tout votre temps avec les marcheurs du temps, et le soir vous ne dinez que très peu !Vous ne discutez point. Puis vous vous couchez de suite... Nous nous voyons presque plus !

Plus Anduin parlait, plus sa voix accéléra. Il se tritura les doigts avec anxiété. Il était en train de perdre pied dans ses explications. La vérité s'était qu'il était vraiment jaloux de ce projet, qu'il se sentait mis de coté, et que les dragons étaient en parfait harmonie sans lui. Et qu'Irion ne faisait plus attention à lui. Il commençait à regretter le temps où ils étaient à l'auberge.

Une main se posa sur ses doigts angoissés. Anduin arrêta tout mouvement. Il leva les yeux vers Irion et rencontra ses deux braises rouges qui le regardaient avec intensité.

- Je suis désolé de vous avoir mis de coté ainsi. Ce n'était pas mon attention, c'est juste plus facile entre dragon...

Il se rapprocha doucement en même temps qu'il parlait.

- Le projet touche à son terme, et je pourrais bientôt vous prêter l'attention que vous me réclamez mon prince, murmura Irion à quelques centimètres de sa bouche.

- Ce n'est pas de cette attention là que je veux parler... répondit Anduin sur le même ton. 

- Ha bon ? chuchota Irion qui était maintenant  presque à effleurer les lèvres ouvertes d'Anduin.

- Assurément, finit Anduin

Le cœur battant à tout rompre, les lèvres du prince se plaquèrent sur celle du jeune dragon. Anduin sentit le sel qui s'était accroché sur la peau d'Irion. Depuis combien de temps était il ici ? Ce dernier ouvrit sa bouche et incita à faire de même pour Anduin. Il écarta doucement ses lèvres, accueillant la langue chaude de son homologue. Il sentit un léger sourire se dessinait sur le visage d'Irion, puis sa langue entra presque en force pour aller titiller la sienne. L'invitant à valser dans tous les sens. Anduin se sentit affreusement gêné par une telle entreprise au milieu de nulle part. Il voulut mettre un terme à ceci, mais la main d'Irion s'était faufilé derrière sa nuque. Ainsi il le bloqua.

- Détendez vous, murmura Irion entre deux baisers.

- Comment le pourrais je... Je me sens tellement mal... Et si on nous surprenait ?

Irion s'arrêta et recula.

- N'aviez vous pas envie ?

Anduin ne répondit pas et baissa les yeux.

- C'est juste... Enfin nous deux quoi ! Ce n'est pas normal que ... Que j'ai envie de faire ceci avec vous !

Les mots étaient dit. 

Anduin se recula à son tour violemment tout en plaquant de nouveau ses mains sur sa bouche. Il venait de se rendre compte, qu'encore une fois, les phrases étaient plus rapides que sa pensée raisonnable.

Irion le regarda avec un calme inquiétant. A son tour, il pressa sa main sur son visage puis rit.

- Anduin, mon ami ! Tout ceci est une expérience ! Ne vous l'ai-je pas déjà dit !

- Une expérience, répéta Anduin tremblant de ses émotions fortes.

- Ouuiii ! Il n'y a rien de mal à expérimenter !

Anduin garda le silence quelques secondes, puis dans un soupir, il répondit :

- Et les sentiments dans tout cela ? Je veux dire, ne vaut-il pas mieux avoir de réels sentiments envers celle ou celui avec qui ont fait ce genre de chose ?

Irion pinça ses lèvres, dans une grimace contrarié, il répondit :

- Mais votre altesse, avec vos obligations royales, nous savions depuis le départ que tout ceci n'était qu'un jeu ... N'est ce pas ?

Cette phrases rendit muet Anduin. Il se recroquevilla sur lui même. 

- C'est vrai après tout, vous m'avez bien dit dans la cabine : "ce n'est que de la curiosité", rien de plus que cela...

Irion cessa de sourire, puis il releva son regard vers la mer, sans rien dire, ce qui agaça Anduin.

- Et votre affection que vous avez en vers moi ? demanda t'il sur le ton de la colère, c'était un mensonge ?

Irion souleva un sourcil, puis il se mit à rire :

- Bien sur que non... J'ai réellement de l'affection pour vous, tout comme vous semblez en avoir pour moi, même si vous vous en rendez pas compte.

- Quoi ! Mais qu'est que vous racontez ! 

- Alors pourquoi prenez vous de tels expressions excessives ? Pourquoi rougissez vous à chaque fois que je m'approche un peu trop de vous ? Pourquoi êtes vous toujours à ma recherche quand je disparais ?

A chacun de ses mots, Anduin se contracta un peu plus. Ce qu'il disait, était vrai. Les larmes commencèrent à monter dans ses yeux. La vérité se dévoila de plus en plus. 

- Et puis c'est vous qui avait commencé ! C'est vous qui m'avait embrassé le premier Et ...

Anduin se précipita sur Irion pour lui clouer la bouche avec ses mains.

- Arrêtez... murmura t-il, Arrêtez de dire tout cela.

Irion se dégagea de ses mains, puis se pencha vers lui.

- Je n'ai pas raison ?

Anduin releva la tête, où les larmes coulèrent alors sur ses joues. Il se pinça les lèvres pour essayer d'endiguer le flot de larmes qui lui montaient à la tête. Il sentit alors le pouce d'Irion les caresser, comme pour l'inviter à cesser de les fermer.

- Pourquoi nous ne pourrions pas découvrir ce qui peut se cacher derrière tout ceci, tranquillement, sans pression. Juste deux amis qui découvrent la vie, les sentiments ? Demanda Irion

- Ce n'est pas un jeu... chuchota Anduin,

- Alors ce ne sera plus un jeu, si tel est votre souhait...

Irion se pencha encore plus sur Anduin et l'embrassa tendrement sur la bouche. Simplement, sans fureur, ni désir. Leurs bouches se goutèrent délicatement, et chaque baiser était un écrin de douceur. Anduin les apprécia à leur juste valeur, sans arrière pensée, sans penser tout simplement. Il trouva le gout si agréable qu'il aurait bien voulu continuer ce "petit jeu", S'il n'avait pas ouvert les yeux pour découvrir derrière Irion, un groupe qui s'approchait dangereusement d'eux. Il recula très rapidement quand il devina qui ils étaient.

- Par la Lumière... Nous sommes morts... dit il à Irion qui ne comprenait pas .

- Pourquoi dites vous cela !? Demanda Irion circonspect

A peine avait-il dit cela, qu'une douleur le transperça. Il hurla subitement et se raccrocha sur Anduin qui avait tout vu. Hamza avait envoyé un sort de pénitence sur le prince noir. Mais au lieu de soigner, celui ci faisait des dégâts.

- Hamza, Cessez ce que vous faites ! Vous le torturez ! Enjoint Anduin.

Le prêtre avait encore sa main levée, sa respiration était saccadée d'avoir couru vers eux.

- QU'EST CE QU'IL VOUS INFLIGEAIT ! hurla Hamza.

- Rien ! Il m'infligeait rien du tout !

Tarenn arriva sur Hamza et lui fit baisser la main de sortilège.

- Hé bien, je le savais qu'il était dangereux votre prêtre, mon prince, souffla Irion

- Vous allez bien ? Où avez vous mal ?

- Je vais m'en remettre. Ce n'est pas un simple sort de dégât qui va me détruire...

Soudain, Irion s'affala encore plus sur Anduin.

- Prince Irion ? Est ce que ça va ?

Irion se faisant de plus en plus lourd, Anduin comprit que ce dernier avait perdu connaissance.

- Irion ? IRION ! IRIOOONNN ! Repondez moi !! s'écria Anduin.

Mais le dragonnet ne lui répondit point.

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