Chapitre 41
La soirée était bien entamé quand Anduin commença à piquer du nez. Il avait bu plus qu'il ne l'aurait dû et cela affecté ses dires. Il touilla négligemment sa cuillère dans le dessert qui avait été apporté sur la table, un flan à la banane, tout en regardant la place vide à sa gauche.
- N'est ce pas votre altesse ?
Anduin quitta des yeux la place vide pour lancer un regard d'incompréhension vers Gimlys.
- Pardonnez moi... J'ai perdu le fils de la conversation, répondit le prince
- C'est normal, il est tard votre altesse, s'empressa de dire Hamza.
- Il serait peut être temps que j'aille me coucher à mon tour, dit Anduin rouge de confusion.
- Oui ! Je vais vous accompagner ! répondit Hamza.
- Non ! Je vais y aller seul, je peux le faire maintenant. Profitez de la soirée Hamza.
Alors qu'Anduin se leva avec difficulté, Chen lui attrapa le bras pour l'aider. Et à son tour, il se leva.
- Je vais vous accompagner votre altesse,
- Non, je ne veux pas vous déranger...
- Vous ne me dérangez pas, je vais en profiter pour chercher un autre tonneau. Nous avons à table des personnes dont la descente en ferait pâlir plus d'un à la brasserie, dit Chen tout en regardant le nain et le chevalier de la mort.
Anduin se mit à rire, puis répondit :
- Ce n'est pas de moi que vous parlez...
Chen lui sourit, et l'aida à partir de la table. Anduin entrevit Tarenn empêcher Hamza de les suivre. Comme à son habitude, son ancien précepteur était en panique. Alors qu'ils arrivaient dans les escaliers, Anduin tituba et faillit tomber en avant. Chen le rattrapa avec une facilité déconcertante.
- Vous n'avez peut être pas la descente des messieurs à table, mais vous avez quand même beaucoup bu, pour un jeune homme.
- Oui, je crois bien. Finalement votre aide est la bienvenue.
Ils descendirent les marches du pont supérieur, puis celui des cabines. Chen était devenu la cane d'Anduin.
- J'ai vu combien vous étiez ennuyé par le départ du prince Irion. Sa présence vous manquait ?
- Pourquoi dites vous cela ?
- J'ai vu vos nombreux coups d'œil sur son siège vide. Et quelques fois, vos réflexions semblaient tendre à avoir une réponse, mais aucun de vos gardiens, ni moi même, avons donné le change. Je suis sûr que vous êtes habitué à converser avec Irion, et ses nombreux arguments qui vont généralement jamais dans votre sens. Ai je tord ?
Anduin sourit, puis soupira :
- On ne peut rien vous cacher à vous les pandarens...
Chen se mit à rire, puis il soupira à son tour.
- J'ai fréquenté le prince noir, je sais comment il fonctionne, enfin je ne le connais pas suffisamment pour en faire un ami, il reste tout de même très énigmatique. Vous n'arriverez jamais à percevoir réellement ce qu'il pense de vous, croyez moi.
- Vous voulez dire que je dois me méfier de lui.
Chen ne répondit rien, il était mal à l'aise subitement.
- Je sais qui il est réellement, répondit Anduin
- Raison de plus pour faire attention à vous, prince Anduin. Attention, j'apprécie le prince noir, mais il reste un dragon, un dragon noir qui plus est. Je crois que nous sommes arrivés à votre cabine, il me semble.
Anduin regarda la porte close devant lui.
- Je crois bien, merci de votre aide, je vais pouvoir me débrouiller tout seul.
- Bien, alors bonne nuit prince Anduin.
Le pandaren s'éloigna doucement en chantonnant doucement, pendant qu'Anduin restait devant la porte de la chambre. Il attendit que Chen disparaisse de sa vue, puis entra sans prévenir. La cabine était plongée dans le noir à l'exception du lit d'Irion. Une bougie éclairait le visage concentré du prince noir qui lisait un parchemin. Dès qu'il entendit Anduin arrivait sur lui, il referma la lettre cachetée.
- Visiblement, je vous dérange, dit Anduin contrarié par un tel geste
- Nullement, mais ce sont des affaires qui ne vous intéresserez pas.
- J'en doute...
Anduin se retourna pour aller vers son lit. Il se déshabilla tranquillement quand il sentit alors un regard sur lui.
- Que voulez vous ? Demanda t-il avec suspicion.
- Avez vous de quoi vous vêtir pour la nuit qui arrive ?
Anduin grimaça. Il avait complétement oublié qu'il n'avait plus de vêtements. Il était maintenant torse nu, et bien obligé de constater qu'il n'avait bien sur rien à se mettre.
- Non... J'ai oublié ma mésaventure.
- Comme nous devions faire la même taille, dans ma grande générosité, je vais vous passer une chemise de nuit...
Il s'avança vers lui, et tendit la même chemise de nuit noire qu'il portait.
- Pourquoi n'avez vous pas fait de même au temple ?
- Je trouvais plus pratique de dormir avec mes vêtements de jour, tout simplement.
Anduin regarda la chemise tendue, puis la prit avec précaution.
- Je... vous remercie.
Irion s'assit en face d'Anduin et l'observa se déshabiller. Quand enfin Anduin enfila la chemise prêtée, il geint par le regard insistant de son homologue.
- Arrêtez de me reluquer ainsi ! Je ne suis pas une bête de foire !
- Non, vous êtes beau.
Anduin hoqueta à ce compliment.
- Quoi ?
Il trembla malgré lui maintenant.
- Le noir vous va si bien... Vous êtes toujours habillé de lumière, mais vous portez bien le noir...
Anduin jeta un coup d'œil de travers sur Irion,
- Vous ne me croyez pas ?
Le prince fronça des sourcils, puis alla vers le cabinet de toilette où surplombait un miroir au dessus d'une bassine d'eau. Il se mira dedans observant cette chemise noire, si sombre. Soudain dans le reflet, Irion se tint derrière lui. Il souriait, puis dit :
- Alors ? N'avais je pas raison ? Vous êtes magnifique dans du noir. Il révèle votre beauté lumineuse.
Anduin frissonna à ses mots. Il baissa les yeux et se mit à rougir doucement. L'alcool faisait il encore de l'effet ? Pourtant il n'en avait pas l'impression.
- Vous... me gênez de me dire ce genre de chose, murmura t-il
- Anduin... Vous ne vous rendez pas compte de l'effet que vous faites sur les gens. Vous réussissez à déstabiliser n'importe qui avec votre charme. Vous irez loin...
Anduin releva la tête, et découvrit qu'Irion n'était plus là. Il s'était allongé sur son lit. Il tapota à coté de lui, l'invitant à venir le rejoindre. Anduin s'avança doucement, inquiet.
- Pourquoi n'êtes vous pas installé dans votre lit ?
- Je n'ai jamais aussi bien dormi qu'à vos cotés, s'il vous plait, accédez à ma demande de dormir une fois de plus avec vous.
Anduin pinça les lèvres tandis qu'Irion lui adressa à nouveau un grand sourire.
- Vos flatteries c'était pour cela ?
- Oups... Je suis découvert, répondit Irion moqueur
Anduin leva les yeux en l'air et implora en silence la Lumière d'être patient avec celui qui était en face lui. Finalement il s'allongea à son tour et plaqua les mains sur son abdomen. Irion se rapprocha de lui silencieusement. Anduin pouvait sentir maintenant son souffle dans son cou. Puis un léger soupir.
- Je vous aide réellement à mieux dormir ? Demanda t-il
- Vous ne pouvez pas savoir à quel point.
- Qu'est ce que je fais pour que cela marche ?
- Vous ne portez pas un masque d'hypocrisie pour obtenir quelque chose de moi, vous ne me léchez pas les bottes, Vous et votre prêtre, lui je sais qu'il ne m'aime pas, êtes vous même.
- Cela, tout le monde peut y arriver...
Irion resta silencieux quelques instants.
- Vous n'avez pas peur, contrairement à moi qui suis tourmenté par ... Oubliez ce que je viens de dire.
- Tourmenter ? Par qui ?
Anduin tourna la tête vers Irion. Il n'entrapercevait que ses pupilles rouges vives qui semblaient se recouvrir un léger voile humide.
- Vous pleurez mon ami ? demanda Anduin
Instinctivement, sa main se posa sur la joue du prince noir.
- Vous vous trompez, répondit Irion qui retenait ses larmes.
- Je ne pensez pas que vous étiez si désemparé, je ne pensais pas que ... Dites moi ce qu'il vous tourmente autant !
- Il y a des choses que je ne puis vous partager, mon prince... Il y a des choses que je me dois de garder pour l'avenir. Mais bientôt vous pourrez m'aider.
- Je l'espère bien !
Irion plaqua sa main sur celle d'Anduin, puis la fit glisser jusqu'à sa bouche pour l'embrasser. Anduin sursauta de ce geste, et soudain la chaleur l'envahit. Son cœur se mit à battre tellement vite qu'il avait peur de faire une crise cardiaque.
- Irion...
- Qui y a t-il mon prince ?
- Cessez de faire ceci, je... suis mal à l'aise
- Pourquoi, n'ai je pas le droit de montrer l'affection que j'ai pour vous ?
- L'affection ?
Irion à son tour tendit sa main et la posa sur la joue d'Anduin. Il l'effleura doucement jusqu'à ses lèvres qu'il caressa lentement.
- Irion, que faites vous ? murmura Anduin désarçonné par l'approche du dragonnet.
- Laissez moi vous embrasser, laissez moi vous étreindre tendrement.
Anduin rougit encore plus de l'audace d'Irion.
- Mais... Mais notre marché est caduque, je veux dire, nous n'avons plus de marché
- Et alors ? souffla Irion qui était maintenant quelques centimètres de sa bouche.
- Nous ne sommes plus obligé à cela... Vous...
Le souffle chaud d'Irion se rapprocha d'Anduin.
- Faisons cela bien, chuchota Irion
Pris entre l'excitation et l'inquiétude, Anduin ne savait quoi faire. Il l'avait embrassé bien sur, mais c'était dans le cadre d'un stupide pacte. Mais là c'était clairement dit et conscient.
- Dois je... Dois je fermer les yeux ? demanda t-il tout bas.
- Vous pouvez... répondit Irion sur le même ton de voix
Alors Anduin ferma lentement les yeux pendant que les lèvres d'Irion se rapprochèrent des siennes, puis une pression s'exerça dessus. Douce, chaude et agréable. L'odeur du prince noir envahit l'esprit d'Anduin, un mélange de souffre et d'encens qui se mariaient étrangement bien. Les mains d'Irion s'agrippèrent sur sa chemise, comme s'il avait peur qu'Anduin s'enfuit subitement. Comme réponse, Anduin l'entoura de ses bras. La pression du baiser se fit plus dure, et les lèvres s'entrouvrirent progressivement pour laisser place à ces langues prisonnières de leurs bouches. Elles entremêlement délicatement au départ, puis les pulsions prirent place et la danse se fut plus audacieuse. Ils se goutèrent mutuellement, et s'apprécièrent férocement. Anduin avait l'impression de perdre pied dans ce baiser si passionné. Leurs souffles se tarirent et ils durent, malgré eux, se défèrent l'un de l'autre. Anduin rouvrit les yeux pour rencontrer ceux d'Irion. La brume de larmes avait disparu, il ne subsistait qu'un désir hardant.
- Avons nous fait cela bien ? Demanda Irion malicieux
- Je n'ai pas trouvé cela désagréable, répondit Anduin gêné,
- Moi non plus... Recommençons alors...
Anduin n'eut pas le temps de répondre, que les lèvres d'Irion étaient déjà sur les siennes. Sa langue lécha langoureusement ses lèvres qui tardaient à s'ouvrir de nouveau. Puis Anduin craqua. Sa bouche libéra l'objet du désir, et une nouvelle valse s'accomplit. Leurs corps se cherchèrent alors inconsciemment. Ils se frottèrent sans s'en rendre compte, plus pressant à chacun de leurs baisers. Les mains d'Irion se firent baladeuses et entreprenantes. C'était trop pour Anduin.
- Stop, arrêtes ceci... Je vais... chuchota Anduin
- Quoi ? N'est ce pas agréable ? répondit Irion
- Non... Je ne vois pas pourquoi nous allons aussi loin, nous ne pouvons pas, non, nous ne devons pas. Ce n'est pas bien ce que l'on fait.
- C'est mal ? susurra le dragonnet dans l'oreille du prince.
La voix envoutante du dragon noir faisait perdre la raison d'Anduin. Tout son corps criait d'aller plus loin, même son cœur. Mais franchir un tel pas. Non, ce n'était pas convenable. Irion voyait bien le combat interne de son homologue.
- Je vois, dit il vexé.
Irion se détacha d'Anduin et s'allongea gentiment à coté. Il regarda le plafond de la cabine, les yeux dans le vague.
- Irion... Je...
- Non, ce n'est rien, ce n'était rien que de la curiosité après tout.
Le cœur d'Anduin loupa un battement en entendant cela.
- De la curiosité ? Je ne comprends pas...
- Je voulais vous faire marcher, et cela a plutôt bien fonctionné.
C'est au tour d'Anduin de voir des larmes montaient dans ses yeux. Il se détourna d'Irion et les étouffa tant qu'il le put.
- Mon prince, murmura Irion, je ne voulais point vous décevoir. Vous me connaissez maintenant, je suis quelqu'un d'égotiste. Pourquoi vous vous détournez de moi...
C'était trop pour Anduin. Jouer avec les sentiments, ce n'était pas dans ses cordes et cela était trop douloureux.
- OUI ! VOUS ÊTES UN PUTAIN D'EGOISTE !!! lâcha Anduin
Anduin se statufia par ses propres propos. Il se recroquevilla sur lui même et le silence s'installa entre les deux princes. Plusieurs minutes passèrent et Irion se colla contre Anduin. Dans la pénombre, le prince noir s'était transformé en dragonnet.
- Je suis désolé d'être né ainsi, mon prince...
Anduin se mordit les lèvres, essayant de ne pas craquer. Mais l'affection que portait le prince à cet étrange individu fut plus fort que tout. Il se retourna et enlaça le petit dragon noir en lui disant :
- Je vous déteste...
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