Chapitre 38

Ils étaient tous trempés. L'orage avait éclaté quelques minutes après qu'ils avaient enfin réussi à descendre la falaise. Gauche avait trouvé un petit temple pour s'abriter le temps que passe le mauvais temps.  Chacun essayait tant bien que mal de se débarrasser de toute cette pluie accumulée sur les vêtements. Irion enleva son turban, et secoua la tête pour se débarrasser des gouttelettes qui glissaient sur son visage. Il inspira fortement et murmura quelques mots. La magie fit son effet, un vent l'entoura et le sécha en un rien de temps. Il soupira de bonheur d'être au sec. Ce n'était pas le cas de tout le monde. En particulier Anduin qui était mouillé jusqu'aux os. Alors qu'il s'avança jusqu'à l'autel pour remercier la divinité locale de sa protection pour les heures à venir, Hamza tomba sur Irion comme un chien enragé.

- J'ai vu ce que vous venez de faire !

- Et ?

- Je vous en prie, faites bénéficiez du même traitement pour son altesse royal.

Irion se mit à sourire,

- Sinon quoi ?

- Sinon ? Mais enfin ! Le prince Anduin n'a plus rien à se mettre ! Il est fragile, je ne veux pas qu'il tombe malade en plus de ses blessures... Alors.

- Ça va j'ai compris... répondit Irion d'un air blasé.

Il regarda le prince blond effectuer une inclination vers l'autel et le rejoint. Ce dernier lui sourit sans aucune arrière pensée.

- Hé bien ! Quelle aubaine nous avons eu de tomber sur cette édifice. Nous serons à l'abri le temps que se calme l'orage.

- Oui... Votre prêtre m'a dit qu'il me découperait en petits morceaux si je ne vous séchais pas immédiatement.

- Quoi ??

- Je rigole... Il se trouve que j'ai un sort qui permet de faire apparaitre un vent chaud. Il permettra de vous sécher rapidement et que vous n'attrapiez pas froid...

- Ho ! C'est honorable de votre part,

- Remerciez plutôt votre chien de garde...

- Je le ferais, et donc, que dois je faire ?

- Rien de particulier... Mais, il faut que nous soyons assez près l'un de l'autre, alors approchez vous de moi.

Anduin cligna ses grands yeux bleus, et piqua soudainement un fard. Ce qu'Irion avait du mal à comprendre. Cet humain avait des réactions disproportionnées. Que pouvait-il penser à ce moment ?

Il attrapa la main froide d'Anduin et d'un coup il le ramena à lui. N'étant pas prêt, il bascula complètement sur Irion. Son visage atterrit sur l'épaule du prince noir, et son souffle était subitement erratique.

- Ne bougez plus, je vais envoyer le sort.

Anduin hocha la tête sans rien dire. Irion leva un bras et répéta le sortilège qu'il avait envoyé quelques minutes plutôt sur lui. Un léger vent se leva et les entoura tous les deux, comme un mini cyclone. Anduin releva la tête et observa émerveillé ce qu'il se passait autour de lui. Ses cheveux blond virevoltèrent dans tous les sens, tandis que ses vêtements séchèrent promptement. Il sourit à nouveau à ce spectacle hors du commun pour lui. Ses yeux retombèrent sur ceux d'Irion qui scrutait ses réactions. Ils restèrent ainsi le temps que le sort se finissent et que le vent disparaisse.

- Merci, chuchota Anduin à l'oreille d'Irion.

A son tour, le prince noir fut pris de chaleur cette fois ci corporelle. Il secoua la tête, puis se détacha rapidement d'Anduin.

- Oui, enfin si je n'avais pas été menacé...

Anduin plissa ses yeux de moquerie douce.

- Vous l'auriez proposé gentiment, finit Anduin

Irion grommela alors qu'Anduin se dirigea vers ses gardiens qui s'étaient changés entre temps.

- Mon prince, interpella Droite, j'ai bien peur que le temps reste ainsi pendant un petit moment. Nous devrions camper ici, pour cette nuit.

Irion pesta. Il voulait aller au plus vite, mais si le temps s'y mettait, cela allait être compliqué.

- Nous ne sommes plus très loin de la côte, rajouta Gauche qui les avaient rejoint.

- Dans ce cas, nous n'avons pas le choix... Installons nous ici pour cette nuit.

- Bien, je vais prévenir le reste du groupe, répondit Droite.

Alors qu'elle s'éloignait, Gauche se pencha un peu plus sur Irion, elle lui murmura quelque chose rapidement, puis se releva.

- J'ai pris bonne note de ce que tu m'as dit Gauche, Nous ferons avec...ou sans lui.

L'orc hocha la tête et s'en alla rejoindre Droite et les gardiens qui étaient en pourparler. Anduin la croisa puis il alla jusqu'à Irion. Il se posta à coté de lui et dit :

- Droite nous a informé qu'il serait plus judicieux d'attendre ici et de camper pour la nuit.

Irion ne répondit rien. Il était légèrement contrarié par la nouvelle de Gauche.

- Vous semblez soucieux ?

Irion se détendit, il ne voulait aucunement montrer ses émotions à qui que ce soit, et surtout pas au prince de l'Alliance.

- Un détail, rien de bien important. Comment allons nous organiser pour la nuit ?

- Ils sont justement en train de parler de cela. Il y a une arrière salle dans ce temple. Ils veulent me la laisser pour que je puisse me reposer...

- Et moi alors ?

- Vos agents sont en train de négocier pour que vous puissiez dormir avec moi, mais vous connaissez Hamza ...

- Quel prêtre stupide...

- Qui est marié avec un elfe qui sera le calmer. Je ne comprends pas cette acharnement en vers vous. Vraiment.

Irion en avait une petite idée. Et cela ne lui plaisait guère. Il allait falloir se débarrasser de lui très rapidement, ou sinon il risquait de faire capoter son plan.

- Très bien ! J'accepte, mais il ne faudra pas vous plaindre s'il arrive quoique ce soit à notre prince ! s'écria Hamza.

Tarenn le prit dans ses bras pour le calmer, mais Hamza s'en arracha et partit vers un coin du temple.

- Un vrai gamin, votre prêtre, dit Irion amusé de la réaction excessive d'Hamza.

- Je vais aller le rassurer, puis nous dinerons et nous irions nous reposer.

Alors qu'Anduin le laissa au profit d'une discussion avec Hamza, Irion remarqua quelque chose. Anduin boitait de moins en moins. Il arrivait à se mouvoir, malgré la perte de sa canne quelques heures plutôt. Et c'était bon signe.

Idill prépara un feu à l'entrée du temple tandis que Bhohort souleva quelques pierres pour servir de bancs provisoires. Gauche ramena quelques biscuits qui n'avaient pas pris l'eau. 

- C'est tout ? Demanda Irion

- C'est tout ce que nous avons sauvé de la pluie, répondit l'orc.

- Ce n'est pas digne de repas de prince ...

- Si vous vouliez un repas royal, votre altesse, il aurait fallu ne pas partir, répondit Bhohort sur le ton de l'ironie.

Irion se vexa et s'assit sur l'une des pierres disposées en arc de cercle autour du foyer. Droite lui passa un de ses gros biscuits bourratifs, qu'il croqua sans plus attendre. Anduin se joint à lui puis attrapa à son tour un gâteau. 

- Estimons nous heureux que tout le monde est sa part, dit Tarenn qui en passa un à son mari boudeur.

- Ouais... répondit Hamza jetant de nombreux coups d'œil vers vers Irion.

- Nous partirons dès l'aube pour arriver rapidement sur les côtes de la forêt de Jade. De là bas, nous prendrons le seul moyen de transport pour l'instant vers l'ile du temps figé, annonça Gauche

- Un bateau ? demanda Anduin

- Oui, d'après ce que j'ai appris, nous ne pouvons pas voler sur l'ile du temps figé, répondit Irion

- Je vois, quelle étrangeté...

- C'est bien pour cela que je voulais que vous m'accompagniez vers cette destination, pour étudier tous ces mystères !

Anduin lui sourit et croqua dans son gâteau.

- Super... Un bateau, grommela Bhohort.

- Ne vous inquiétez pas monsieur, je ferais en sorte que vous ne tombiez pas dans l'eau... répliqua Idill, en posant la main sur la cuisse du worgen.

- J'aimerai bien voir cette technique, répondit Bhohort avec un sourire carnassier.

- Hahaha... Je... ne peux pas

Idill se mit à rougir plus que de raison.

- Tenez vous donc  tous les deux devant son altesse ! gronda Hamza.

- Ho... Ça va le prêtre mal baisé...

- Quoi !!!

Tarenn et Hamza s'étaient levés tous les deux en même temps. Soudain la tension se fit palpable. Bhohort semblait chercher le couple en face de lui.

- Ho, Vous allez vous calmer les gardiens ! S'écria Droite. Ça suffit, votre comportement est vraiment digne d'enfants qui n'ont pas eu d'éducation dans leurs vies !

Tous regardèrent Droite, surpris par une telle prise de parole. Elle se tenait debout, et ses yeux, s'il le pouvait, aurait lancé des éclairs sur tous les hommes présents.

- Vous avez raison, répondit Hamza, qui s'assit brutalement sur sa pierre.

- Ce n'est en effet par digne de ma part d'avoir réagit aussi excessivement à une plaisanterie douteuse venant d'un chien pouilleux... continua Tarenn

- Pouilleux ! Tu veux vraiment voir si je suis pouilleux, elfe !

- Il suffit !

Irion regarda celui qui venait enjoindre l'ordre. Il était lui aussi debout pour plus de prestance. Droit comme un i, Anduin toisaient tous ceux qui étaient encore debout.

- Bien sur votre altesse...

Bhohort et Tarenn s'inclinèrent devant Anduin, s'excusant de leur comportement.

- Bien... Je pense que nous sommes tous fatigués par ce voyage. Je vais me retirer et comme prévu le prince Irion sera avec moi. Sur ce, bonne nuit !

Irion regarda Anduin s'enfoncer dans le temple et disparut derrière l'autel, où se trouvait la pièce qu'il lui avait été attribuer.

- Je crois que nous venons de voir la puissance de persuasion de notre prince...chuchota Idill

- De notre futur roi, tu veux dire, répondit Hamza.

- Bien ! Étant donné que votre prince s'est retiré, je vais faire de même, dit Irion qui se leva à son tour. Gauche occupe toi des tours de garde... Vous êtes assez pour vous reposer tous.

- Oui, mon prince.

- Très bien, je vous laisse.

Alors qu'il s'éloignait, il pouvait entendre les chuchotements de ses agents avec ceux des gardiens du prince. Il soupira puis disparut à leurs yeux. Quand il entre dans la pièce servant de chambre provisoire, il s'aperçut qu'Anduin n'était pas encore couché. Et pour cause, il n'y avait qu'une seule couche.

- Nous avons un problème...Dit il. J'ai perdu ma couche pour dormir, elle était sur mon yack... Je n'y avait pas pensé. Je comprends mieux la réaction d'Hamza à présent.

- Nous allons devoir dormir tous les deux dans la même couche ?

- Vous voyez une autre solution ?

Irion réfléchit. Il voulait dormir, il était fatigué, mais devoir partager le même lit qu'Anduin ne le dérangerait pas plus que cela. Il semblait que le problème vienne plus du blondinet.

- Ce n'est pas la première fois que nous dormons ensemble ...

- Oui, mais c'est dans un lit avec de la place et qui plus ait c'était un accident...

Irion s'avança jusqu'à la couche déployée. Il n'avait pas envie de tergiverser. Il s'allongea tranquillement et attendit la réaction d'Anduin.

- Je vois... dit-il déçu.

- Allons, ne faites point la mijaurée, et venez. Je vais faire de la place...

Anduin fit une moue, mais malgré tout s'avança à son tour. Il était épuisé et ne voulait, lui non plus, pas perdre de temps dans des discussions interminables. Il s'assit d'abord et s'allongea à coté d'Irion. Ce dernier installa la couverture par dessus eux. Puis le silence s'installa entre eux. Ils pouvaient cependant entendre au loin les murmures des adultes parlant doucement. Irion sentit Anduin être mal à l'aise. Il faisait tout pour ne point toucher ne serait-ce qu'un centimètre de peau d'Irion. Puis subitement, il trembla.

- Vous avez froid ? Demanda le prince noir

- Oui. Je pense surtout que c'est la fatigue, et puis j'ai failli mourir aujourd'hui.

- Que d'émotion pour un petit homme.

- Merci pour le petit homme ! J'ai l'impression d'entendre Tarenn parler à Hamza. C'est ... Embarrassant.

Irion se retourna vers Anduin qui avait caché la moitié de son visage sous la couverture. Quand il s'aperçut qu'Irion l'observait, il ferma les yeux.

- Ne me demandez pas pourquoi, il lui a donné ce surnom...

- Non, je ne vous le demanderai pas... Mais vous avez l'air d'avoir si froid. Je peux faire quelque chose pour vous.

- Comment cela ?

- Rapprochez vous de moi, je vais faire monter la température corporelle. Vous verrez je suis une vrai bouillotte quand je m'y mets!

Irion déploya son bras gauche pour inviter Anduin  à se blottir. Il ne bougea pas d'un poil, le regard hésitant.

- Allons ! Je ne vais pas vous manger ! Et puis c'est un juste retour des choses. Vous m'avez bien bercé quand j'étais en dragonnet.

- Enfin... Vous étiez un dragonnet. Là... Vous êtes un homme.

Irion sourcilla. Il ne comprenait pas la réaction du blond.

- Venez ! Enjoint -il avec énervement.

Anduin le regarda une dernière fois, puis enfin il s'approcha. Il posa sa tête sur la poitrine d'Irion et soupira.

- Vous voyez, je vous donne de la chaleur pour mieux dormir, je ne vais pas vous manger... enfin vous dévorer.

- Cessez de dire n'importe quoi, et si vous le voulez bien, essayons de dormir, réellement.

- Hum...

Une nouvelle fois le silence retomba.

- merci... finit par murmurer Anduin.

- Ho ! De rien...

Irion posa sa main délicatement sur l'épaule du prince qui respirait maintenant très fort.

- Vraiment, de rien, chuchota Irion.

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