Chapitre 35

Irion tournait en rond devant Gauche et Droite qui étaient au garde à vous devant lui.

- Il faut que je le fasse... Je ne peux pas partir sans lui ! C'est impossible... Il m'est trop précieux pour... Pour la suite de mon plan.

- Si je peux me permettre, s'avança Gauche, Vous ne devriez pas avoir honte de vous découvrir. Votre forme n'est pas définitif.

- Je le sais cela ! Mais s'il se moquait de moi !

- Avec tout le respect que je vous dois, prince Irion, le prince Anduin n'a pas l'air d'être l'une de ces personnes qui se moque de qui que ce soit, répondit Droite.

- Oui... Oui... Le prince Anduin est bienveillant... lâcha Irion

- Lancez vous sans perdre de temps, si nous voulons partir le plus rapidement possible sur l'Ile du temps figé,

- Tu as raison Droite, je... Je vais le faire, mais peut être n'a-t-il pas fini de manger ?

- L'un de nos agents, m'a dit qu'il avait terminé et qu'il était monté dans sa chambre.

- Alors il dort...

- Prince Irion, son altesse royal dort rarement suite au diner, il lit bien souvent...

Toutes les deux avaient vraisemblablement réponse à tout. Il soupira puis s'avança vers l'auberge.

- Soyez prudent, les gardiens sont à l'affut.

- Je le serais,

Puis il se transforma et vola vers la fenêtre du prince Anduin, en prenant garde de n'éveiller aucune soupçon. Il entrevit le jeune guerrier avec le chevalier de la mort patrouillant à l'extérieur, mais par chance ils ne regardèrent point dans sa direction. Il atterrit tout en douceur sur le balcon de la chambre du prince, et se transforma rapidement. Il rajusta son turban, tira un peu entre ses doigts sur ses gants, puis inspira longuement. Il leva les yeux et le vit. Confortablement installé dans son lit, seul. Il feuilletait quelques pages sur la Pandarie. Peut être cherchait il déjà des informations sur l'île. Irion se redressa puis commença à avancer jusqu'à la fenêtre. Il entrevit son reflet dedans, et fit un sourire en coin avant d'entrer dans la chambre.

Quand il avança sur le parquet, Anduin ne l'entendit point arriver. Plongé dans sa lecture, il fronçait des sourcils. Irion prit le temps de l'admirer, et se demanda pourquoi il était si attiré par cet humain. Certes, il était le futur roi de l'Alliance et tout ce qui impliquait dans une stratégie bien ficelée. Mais il y avait quelque chose de plus intriguant qu'Irion n'arrivait pas à définir. Soudain, Anduin s'aperçut de sa présence et leva enfin les yeux vers lui. Un léger frisson le parcourut quand il croisa son regard si bleu et si transperçant. A la lumière de sa bougie, la flamme se reflétait dans ses pupilles, ce qui lui donnait un air magique.

- Bien le bonsoir, prince Anduin, murmura Irion

- Bonsoir prince Irion, Je commençais à désespérer de vous voir.

- Je n'aurai manqué pour rien au monde ce moment, mentit Irion

Anduin se tourna dans son lit, et attrapa sa canne. Il se leva et se dirigea vers un petit meuble. Il sortit une clé et l'enclencha dans la serrure. Un petit cliquetis se fit entendre dans la pièce et Anduin sortit une boite finement cisaillée de motif floral avec en son centre un lion rugissant. Irion s'approcha du prince et le regarda manipuler la petite boite. Elle s'ouvrit sur un écrin rouge qui en son centre présentait un sceau royal.

- Je ne l'utilise que très rarement, dit Anduin, juste quand j'écris à père.

- C'est parfait, répondit Irion qui le prit dans sa main.

Il y avait l'emblème d'Hurlevent et par la même occasion, celui de l'Alliance. Mais il remarqua alors que le sceau était au nom complet d'Anduin.

- Anduin Llane Wrynn, lut -il à voix haute.

- Llane était mon grand père, répondit Anduin

- Et cela nous arrange pas,

- Comment cela ?

- Je ne pensais pas que votre sceau était annoté de votre nom...

Anduin ne répondit pas. Il osa les épaules et emmena la boite avec lui sur le lit.

- Que vouliez vous faire avec cela ? demanda t-il

Irion, lui, eut ses épaules qui s'abaissèrent. Il s'avança vers Anduin et s'assit à son tour sur le matelas. Il se frotta les yeux, en signe de fatigue et murmura :

- Disons que j'avais dans l'idée de faire un faux document pour vous permettre de voyager, avec le sceau du roi. Pour que vos gardiens vous laisse partir.

- Ho ! Mais ils ne me laisserons jamais partir.

- C'est bien pour cela que j'avais besoin d'un sceau royale ! Pour qu'ils vous laisse partir avec moi !

- Je comprends, mais en fait, ils vont juste nous accompagner tout simplement.

Irion regarda Anduin ne comprenant pas l'allusion.

- Je vous ai devancé, je leur ai dit que je souhaitais partir d'ici, maintenant que j'allais mieux, et que je souhaitais visiter une île qui était apparue non loin.

Irion fut stupéfait par l'entreprise d'Anduin,

- Et ? Ils ont dit oui ?

- Du bout des lèvres, rit légèrement Anduin. Mais je leur ai dit que de tout façon j'étais le prince et qu'ils devaient me protéger quoi qu'il arrive et partout où j'irais ! 

Irion écarquilla les yeux. Anduin alors lui sourit doucement.

- Je crois que je vous ai bluffé ? Non ?

Irion explosa de rire,

- Comment, mais comment ? J'avoue que vous m'avez surpris. Je m'attendais pas à cela ! Mais votre père ?

- Il n'en saura rien. Je vais juste mettre Velen dans la confidence.  Au cas où... Il faudrait encore une fois me sauver.

- Je vois, et quand il aura vent que vous avez disparu de l'auberge, il me traquera et me tuera... Une méthode infaillible pour la chasse aux dragons noirs.

- Vous serez avec moi, et... Je vous protègerai de mon père tout simplement.

- Tout est si simple avec vous ?

- Non, pas tout le temps, mais quand ma royauté peut servir, alors je m'en sers.

Ils se regardèrent, et éclatèrent de rire ensemble. Anduin posa sa main sur l'épaule d'Irion , essayant de reprendre son souffle. Irion sécha ses larmes d'un coup de manche puis le silence retomba. Quelques instant de répit, puis Anduin demanda :

- Je suppose que je ne vous verrez jamais en dragon... Le marché ne tient plus.

Irion inspira fortement. Il se leva et se retourna vers Anduin le faisant face. Il le regarda une dernière en tant qu'humanoïde puis sourit à ce visage circonspect. Cette bouche entrouverte qui ne savait quoi dire avec cet air incertain de ce qu'il allait se passer.

- Non, le marché c'était qu'avec un baiser, vous me verrez en tant que dragon, et le baiser, je l'ai eu alors...

Il ferma ses yeux et se concentra sur sa magie draconique. Un vent chaud souleva le pan de son turban et un petit tourbillon l'enveloppa. Il se recroquevilla légèrement sentant ses ailes pousser dans son dos. Son nez s'allongea pour devenir un museau et ses dents poussèrent pour devenir des crocs. Des écailles le recouvrirent entièrement. Ses pieds et ses mains se transformèrent en pattes pourvus de griffes acérées. Seules ses pupilles ne changèrent pas, et quand il rouvrit ses yeux, elles flamboyèrent plus qu'à leur habitude.  Il vola sur place, attendant la réaction d'Anduin. Sa bouche forma un O parfait et il se mit à sourire.

- Vous êtes... si...

Le prince ne semblait pas trouver les mots.

- Je vois, dit le dragonnet

- Adorable, lâcha Anduin

Irion laissa échappé de sa gueule un petit bruit qui exprimait sa surprise. Anduin se leva et vint juste en face du petit dragon.

- Est ce que je pourrais vous prendre dans mes bras ?

- Je ne suis pas ridicule ?

- Pourquoi le seriez vous ? Après tout vous n'avez que cinq ans ?

- En age dragon !

- Bien sur, donc vous avez la forme qui correspond à votre age.

- Effectivement...

- Alors, je peux ?

Irion leva les yeux vers Anduin et vit avec quelle impatience il souhaite le prendre dans ses bras. Il hocha la tête et le sourire d'Anduin s'agrandit encore plus . Il écarta les bras pour l'accueillir, tandis qu'Irion se posa sur l'un d'eux. Le prince referma ses bras et vint blottir le dragonnet contre sa poitrine. Irion fut envahi par les odeurs du prince. Des odeurs si agréables à son nez qu'il faillit défaillir de plaisir. Il rétracta ses ailes pour se lover encore plus contre Anduin. 

- Acceptez vous les caresses ?

- Venant de vous, cher prince, j'accepterais n'importe quoi, répondit Irion qui était complètement envouté par la présence du prince humain.

Une main délicate effleura sa tête pour continuer sur sa colonne vertébrale. Ces caresses lui procuraient des frissons dans tout son corps et il s'abandonna complètement. Anduin rougit légèrement à son comportement, et Irion ronronnait presque de bonheur. Tranquillement, le prince amena le dragonnet dans son lit. Il s'assit, tout en continuant de le caresser. La chaleur du corps d'Anduin, l'odeur doux sucré et l'ambiance dans la chambre, fit tomber les derniers rempart du petit dragon noir. Il ferma les yeux et se laissa porter par la douceur du moment. Il finit par sombrer dans un profond sommeil, sans qu'un seul cauchemar ne le réveille en sursaut.


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