Chapitre 34

Anduin frissonna quand un courant d'air se glissa dans sa chambre. Il se leva avec encore quelques difficultés, mais il pouvait maintenant marcher seul. Il s'avança jusqu'à la fenêtre, regarda dehors et soupira. L'automne était en train de s'installer sur cette partie de la Pandarie et les feuilles changeaient de teinte, prenant des tons rouges orangés. Dehors quelques clients étaient en train de se prélasser dans les bains de l'auberge. Il ferma la fenêtre et retourna vers les parchemins qu'il étudiait avec assiduité. Il s'assit, regarda les différents rouleaux étalés devant lui, puis se jeta en arrière en se blottissant contre le dossier de son siège.  Il n'avait plus envie d'apprendre quoi que ce soit à cette heure avancée.

On toqua à la porte.

- Entrez ! cria Anduin pour se faire entendre.

Le visage d'Hamza se glissa dans l'entrebâillement de la porte. Il regarda la chambre pour tomber sur le prince. Il lui fit un sourire et entra.

- Je vous cherchais, c'est bientôt l'heure de votre bain. Et...

Il chercha ses mots avant de continuer:

- Nous avons décidé de vous faire prendre celui qui vous avez tant bouleversé quand nous sommes arrivés ici.

- Ha ! Très bien, je me sens prêt depuis longtemps.

- Je n'en doutais pas... répondit Hamza

Il resta silencieux, regardant Anduin avec ses yeux si particulier.

- Il vous manque, n'est ce pas ? dit il subitement

La question était douloureuse pour Anduin. Car cette fois là, encore une fois, Irion avait disparu de la circulation. Mais beaucoup, beaucoup, plus longtemps que la première fois. Et Hamza semblait admettre enfin cette amitié si particulière.

- Je ne comprends pas son attitude. Nous avions passé une excellente journée, bon certes avec quelques mauvaises surprises, mais delà à partir sans rien me dire...

- Oui... Une journée bien surprenante...

Hamza laissait entendre son mécontentement. Après être revenu de leur journée de repos. Hamza, Tarenn, Bhohort et Idill découvrirent que les princes avaient, eux aussi, profité de la journée à leur manière. Et quand Hamza avait deviné qu'ils avaient eu la même mésaventure des tonneaux de thé et d'alcool interchangés, il avait passé un savon mémorable au jeune prince noir. Celui ci n'avait pas du tout répliqué. Il était étrangement silencieux. La nuit passa, et le lendemain Irion était introuvable, ainsi que les agents de la griffe noire.

Au début, Anduin ne s'était pas inquiété de cela. Il avait mis sur le compte du caractère obtus du jeune homme à ne pas accepter un sermon qui était finalement bien mérité. Mais plus les jours passèrent et plus Anduin douta de cette pensée là.  Cela faisait maintenant plus d'un cycle lunaire qu'Irion n'était plus à l'auberge. Anduin, lui, se remettait de ses blessures autant qu'il le pouvait, mais il n'avait plus personne avec qui parler d'autre chose que ses jambes cassées, et son dos défoncé ou bien d'autres parties de son corps. Ses "gardiens", - il avait pris l'habitude de les appeler ainsi- bien qu'ils étaient serviables, ne voyaient en lui que "le prince d'Hurlevent". Un noble qu'il fallait bichonner et dont la guérison était aussi importante que leurs vies respectives.

Anduin se mit debout et rangea les parchemins avec délicatesse. Tandis qu'il les remettait en place, Hamza lui prépara ses affaires pour le bain. Le prince pouvait voir de sa place, les derniers clients se faire "virer" gentiment des bassins. Généralement Anduin était seul quand il devait y aller. Le protectionnisme de ses gardiens, était parfois exagéré. Alors qu'il observait l'évacuation des bains, Hamza l'interpella :

- Nous allons pouvoir y aller.

- Bien...

Il attrapa sa canne pour l'aider à marcher et alla rejoindre Hamza qui se tenait devant la porte. Alors qu'ils descendirent les escaliers menant aux bains, ils croisèrent ces clients virés. Chacun que cela soit de la Horde ou de l'Alliance, lui jetèrent des regards de mécontentement, voir pire de haine pour certains. Anduin baissait les yeux dans ce cas là. Il était fatigué de ces comportements en vers lui. Il arrive sur la plateforme des bassins, où attendait Tarenn avec un sourire affiché sur son visage.

- J'espère que vous allez passer un bon moment, dit il

- Cela me fera le plus grand bien, répondit poliment Anduin

- Venez, je vais vous accompagner jusqu'au bassin.

Il suivit Hamza sans entrain, puis ils s'arrêtèrent devant le fameux bain qu'il avait tant bouleversé au tout début de son arrivé. Il appréhendait l'eau ondulant tranquillement.

- Tout se passera bien, répondit Hamza qui devinait l'appréhension du prince.

- Très certainement, je ne suis plus dans le même état d'esprit qu'à mon arrivé ici.

Hamza hocha la tête, puis répondit :

- Je vous laisse ? Ou voulez vous de l'aide ?

- Je vais me débrouiller, ne vous inquiétez pas.

- Je ne serais pas loin de toute façon. Tarenn et moi seront près des escaliers.

Hamza s'inclina et partit laissant seul Anduin. L'adolescent se déshabilla lentement, puis attrapa une petite serviette qu'il enroula autour de sa taille. Il s'approcha du bord du bassin et regarda l'eau toujours aussi calme. Accompagné de sa canne, il s'immergea doucement. Puis il l'abandonna au bord. Il s'assit sur les banc en pierre, et souffla avec angoisse. Mais contrairement à sa première fois, rien ne se passa. Il inspira maintenant avec confiance, et se détendit enfin. La source s'occupait d'apaiser les blessures de son corps, sans toucher à son esprit.

Anduin ferma les yeux et se laissa voguer au doux clapotis de l'eau. Il perdit la notion du temps, jusqu'à presque somnoler. Quand il sentit alors l'eau s'agiter plus qu'elle ne devrait. Lentement, il ouvrit un œil et sursauta brusquement quand il vit alors un visage penché sur lui.

- Par la Lumière !!!

De suite, sa bouche fut obstruée par une paire de mains aux ongles acérés et  noires. Quand enfin il découvrit qui se cachait derrière cette emprise, sa respiration s'apaisa. Irion, tout sourire, était installé à coté de lui.

- Par mes ancêtres, vous m'avez fait peur !

- Vous m'en voyez ravi !

- Ce n'est pas drôle ! ... Et d'abord où étiez vous passé ?

- Vous vous faisiez du souci pour moi ?

- Vous... Arg.... Vous m'agacez à disparaitre sans rien dire !

- Vous devriez me remercier plutôt que d'aboyer sur moi !

 - Et pourquoi devrais je vous remercier ?

- Vous allez pouvoir vous évader d'ici ! Je vous emmène avec moi en expédition !

Anduin écarquilla ses yeux, puis il éclata de rire.

- Vous êtes infernal ! Et comment pourriez vous faire un tel tour de passe passe ?

- N'êtes vous point au courant des dernières nouvelles ?

- Si vous parlez de Garrosh et du cœur d'Y'Shaarj dans le Val du Printemps Éternel ....

- Non, bien que cela soit un évènement tragique... Je vous parle de l'apparition de l'Ile du temps figé !

Anduin resta muet à cette information. Circonspect pendant un long moment, il profita pour observer son homologue dans son plus simple appareil. Des cheveux noirs légèrement bouclés lui tombaient sur le front. Sa peau mate tirant sur le brun comme la terre, ses boucles d'oreilles tintillant faiblement dans sa masse de cheveux. Ses yeux rouges l'accrochant et sa bouche. Lèvres fines qui lui souriait. Anduin baissa les yeux de gène et compris alors qu'Irion était entièrement nu. Son visage se mit à chauffer et il détourna son regard vers l'eau du bassin qui ondulait avec les mouvements de leurs corps. Il finit par s'exprimer :

- De... De quoi parlez vous ? bégaya t-il

- Vous n'êtes donc pas au courant... Je pensais que Jaina vous aurez apporter la nouvelle.

- Jaina était surement trop occupé par les évènements que j'ai cité.

- Et votre père ?

Anduin marqua un temps d'arrêt. Il avait que très peu de nouvelles de son père. Mais il se doutait bien qu'il avait d'autres chats à fouetter que de s'occuper de la santé de son fils. Seul Velen prenait des nouvelles régulièrement, qu'il devait sûrement transmettre au roi. Voyant aucune réponse de sa part, Irion continua :

- Bref, un marcheur du temps du nom de Kairozdormu ait allé sur place pour commencer à étudier les effets de cette île mystérieuse, et de ce fait, souhaite que je le rejoigne.

- C'est pour cela que vous étiez absent si longtemps ?

- Entre autre chose, chuchota Irion. Alors ? Souhaitez vous m'accompagner dans cette aventure ?

Anduin releva la tête pour jauger du sérieux de son homologue.

- Vraiment ? murmura t-il

- Vraiment... Mon cher prince, vous êtes la personne idéale pour cette expédition. Nous allons sûrement découvrir des trésors cachés là bas, et plus encore ! Imaginez si nous pouvions trouver une solution pour battre un Dieu très ancien et arrêter Garrosh dans sa folie ?

- Je dois avouer que cela me tente, mais...

- Mais ?

- Ils ne me laisseront jamais partir.

Anduin regarda en direction de Tarenn et Hamza qui visiblement n'avait pas vu Irion arrivé. Ils parlèrent tranquillement, s'enlaçant comme deux jeunes mariés qu'ils étaient finalement.

- Vos gardiens, j'en fais mon affaire ! J'ai plus d'un tour dans mon sac, je vous demanderais juste de me prêtre votre... sceau royal. Vous en avez bien un ?

- Oui... Mais,

- Alors tout ira bien ! coupa Irion

 Irion se leva subitement, laissant découvrir toute son anatomie. Anduin se détourna encore une fois rapidement, avant de jeter un coup d'œil discret, sa curiosité l'emportant sur la raison. Le corps humanoïde du jeune dragon était fourni. Il semblait même être plus membré que lui même. Un vent chaud se leva subitement, et les vêtements si clinquant d'Irion apparurent comme par magie.

- Attendez ! S'écria Anduin

Irion se retourna vers le prince, intrigué.

- Vous n'avez pas tenu votre promesse, la dernière fois !

- De quoi parlez vous ?

- Si vous voulez que je vienne avec vous, si vous voulez mon sceau, alors vous devez tenir votre promesse !

Irion fronça les sourcils. Il était revenu ici juste pour demander à Anduin de l'accompagner. Il le voulait absolument dans son équipe. Il ne pouvait plus reculer désormais.

- Bien... Je viendrais dans votre chambre et alors nous ferons les échanges de bons procédés.

Puis avant que les gardiens viennent voir ce qu'il se passait, Irion courut vers le fond du parc, et disparut dans la noirceur de la nuit tombante.

- Prince Anduin ! Tout se passe bien ? Demanda Hamza qui était essoufflé d'avoir couru jusqu'à lui.

- Oui, tout va bien, juste un singe qui ait venu me voir d'un peu trop près, rit Anduin trouvant la comparaison avec Irion et de l'hominidé plus drôle.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top